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Origine : http://federationanar1997.free.fr/sororite.htm
J'ai dit dans ma lettre de démission un petit mot sur le
peu de soutien que j'ai eu à l'intérieur de la FA
par la commission femmes, elle-même déjà bien
mal en point par ailleurs, et de plus divisée en interne.
Je n'ai pas tout dit à l'époque…
Peu après notre exclusion de l'union locale Lyon de la FA,
De. et Al. ont participé à créer, avec des
sympathisantes FA notamment, une sorte de commission femmes non
mixte, mais externe à la FA, puisqu'en interne nous avions
échoué.
Ce groupe s'est appelé " femmes libres ", un nom
pas neutre pour qui connaît l'histoire de cette organisation
en 1936-1939 ! Un nom classe !
Mais, contrairement à cette organisation détruite
par le franquisme, " femmes libres " Lyon ne fut pas ouverte
à toutes.
En effet, c'est par des HOMMES adhérents de la FA Lyon (et
ayant donc voté pour mon exclusion) que j'ai appris la création
de ce groupement.
Lors de la commission femmes fédérale FA suivante,
Al. présente ce groupement à toutes. Je demande alors
quelles sont les modalités d'adhésion…il m'est
répondu qu'il y a " des oppositions " à
mon adhésion, car certaines dans le groupe me trouvent "
agressive ", et ce n'est pas l'image qu'elles veulent donner
de femmes libres…
J'imagine bien…
Je me souviens d'un car montant sur Paris, affrété
par les anars, à cette époque, où personne
de la FA n'a discuté avec moi, bien sûr, mais où
j'étais aussi " persona non grata " pour les féministes
avec qui j'avais monté une commission femmes FA quelques
mois plus tôt, ainsi que pour les sympathisante FA avec elles
dans ce car…aucune ne m'adressant la parole. Cette mise à
l'écart, par tous, et aussi…par toutes…était
au-delà du soutenable, et pourtant j'y ai survécu.
Durant plusieurs années, ce fut le mot exact : survécu…
Alors il est vrai que quand on me parle de " sororité
", maintenant encore, je ris jaune (" sororité
" est un mot qui est formé sur le modèle de "
fraternité ", mais fraternité vient de "
frère ", sororité vient de " sœur ",
donc la sororité, c'est la " solidarité entre
sœurs " par opposition à l'état traditionnel
de division entre femmes pour être dans les bonnes grâces
de l'homme).
Parfois, dans le monde du travail, les victimes de harcèlement
moral répondent par l'agressivité. Et, parfois aussi,
"on" se sert ensuite de ce motif pour les disqualifier,
les exclure encore plus. Pourquoi cela aurait-il été
différent dans le monde militant, après tout ?
Une violence, une pression psychologique extrême, comme celle
qui a perduré plusieurs années après mon exclusion
de l'UL FA Lyon, a en fait de quoi rendre tout espoir de sororité
illusoire, c'est mon analyse en conclusion de cette amère
aventure. L'exemple de " femmes libres ", créé
dans ce climat de violence, de pressions, par des membres et sympathisantes
de la FA Lyon, est frappant : pouvaient-elles faire le choix de
m'intégrer et de survivre avec une image dégradée
construite par la FA, qui avait beau jeu de montrer mon " agressivité
" du doigt ?
" Femmes libres " a fait le choix de ne pas m'intégrer,
par souci de son image, pour ne pas faire fuir les sympathisantes
FA qui étaient ses espoirs majeurs de " recrutement
". Sympathisantes sous pression, elles aussi, forcément.
Et femmes libres n'a pas survécu très longtemps pour
autant…simple constat, mon " sacrifice ", mon "
lâchage " n'aura finalement servi à rien. A rien
qu'à me casser et me dégoûter un peu plus.
Mais, point positif bien qu'amer, cela m'a rendue critique aussi
vis à vis des mouvements féministes, auxquels j'adhère
néanmoins toujours aujourd'hui. Avec esprit critique, oui,
j'insiste…
Notamment, les réactions à la mise sous pression
par des organisations politiques encore empreinte d'idéologie
machiste, peuvent être désastreuses, ce qui m'est arrivé
en est une preuve.
Et je ne remercie pas les "copines" lyonnaises de ce
lâchage, bien sûr, c'est le moins que je puisse dire...
De mon côté, ce ne sont donc pas les mouvements féministes
dont j'étais proches qui ont pu m'aider à me redresser
sur un plan personnel, et à retrouver une place dans le monde
militant lyonnais, tant j'étais devenue encombrante.
Sur ces deux plans, c'est le mouvement des chômeurs/euses
de 1998, avec tous ses gros défauts, qui m'a permis cela.
Je dois à des chômeurs/euses, dont beaucoup machos,
voire violents et alcoolisés, d'avoir pu reprendre pied et
sur un plan personnel, et sur un plan militant.
Je n'oublierai jamais les galères, mais aussi les rigolades,
partagées alors, et le sentiment, aussi, d'être enfin
investie dans une lutte qui ME concernait en tant que personne vivant
dans une extrême précarité. Chose que j'avais
déjà, un peu, vécue via le féminisme,
lutte qui ME concernait en tant que femme.
Le mouvement des sans papier/e/s a achevé de m'aider à
reprendre pied sur un plan personnel, et à me reconstruire
une place (meilleure que l'ancienne…) dans le monde militant
lyonnais.
Enfin, la CGT est devenue aussi pour moi, un lieu important de
convivialité militante, où la " camaraderie ",
pendant mixte de la sororité, n'était pas qu'un mot
sur un papier.
Plus particulièrement, je dois à ce syndicat ("
réformiste ", etc, si vous voulez), mon rétablissement
par rapport à la peur que m'avaient inculqué les anars.
Peur de ne pas être assez d'accord avec le leader (eh oui),
peur d'être exclue du groupe pour cela. Peur de penser librement…peur
d'être rejetée par tou/te/s, même les autres
exclu/e/s…
Le réel pluralisme qui existe dans une telle organisation
de grande taille (malgré tous les problèmes existants
aussi, mais pas plus développés que chez les anars),
et aussi une humanité chaleureuse rencontrée pour
la première fois chez des militant/e/s, m'ont permis, peu
à peu, d'avoir moins peur d'exprimer mes opinions à
moi sans passer par quelqu'un d'autre pour prendre le " risque
" de porter ma parole…
Bien sûr, le machisme existe aussi dans cette organisation,
mais les formes en sont différentes, et plus proche du niveau
existant dans l'ensemble de la population.
Il me semble, en effet, que le milieu militant d'extrême
gauche (dans lequel j'inclus les anars, pour faire vite) est plus
machiste que l'ensemble de la population…et il faut bien que
quelqu'un le dise, alors autant que ce soit moi. Et puis ce n'est
que mon opinion, toute subjective sans doute.
Néanmoins, c'est dans la durée que je (re)découvre
aussi les limites et gros défauts de cette structure qu'est
la CGT. Il est bien possible que ma carte valse bientôt en
l'air…il faut savoir évoluer avec son syndicat, puis
en-dehors quand on ne s'y sent plus " chez soi " pour
cause de trop de " dialogue social ", " syndicalisme
responsable ", etc, etc. Et aussi pour cause de trop de carences
incorrigibles dans le domaine de la lutte voire de la simple défense
individuelle : hélas, tout semble en train de se perdre.
Quelques dernières précisions autour de cette lettre,
et du processus qu'elle décrit :
Les anars sont plutôt " contre la famille " classique
du moins. Pourtant, il est commun de constater combien les anars
forment eux/elles-même une sorte de grande famille : dans
le " milieu " militant anar, remplacement fréquent
du nom de famille de la personne, qui reste inconnu, par le nom
du groupe auquel elle participe : " machin du groupe Kronstadt
", " truc du groupe Durrutti ". Une forme européenne
de totémisme ?
Nous avons aussi, dans des textes anars, des expressions comme
" nos arrières grands parents ", parlant du mouvement
libertaire. Pourtant, mon arrière grand-mère n'était
pas anarchiste ! Ainsi, une sorte de famille mythique semble se
constituer, où les " arrière grands parents "
des anars étaient eux/elles aussi anar…
Après cela, c'est moi qui me suis vue plus ou moins reprocher
de chercher " une famille " dans le militantisme anar…ce
fait n'est pas inexact me concernant, tant il est vrai que la "
famille " anar était moins violente que la mienne, malgré
tout, et donc plus attirante !
Mais ce fait doit être également mis en relation avec
les " coutumes " du monde libertaire, un peu soulignées
juste au-dessus.
Au chapitre de la mesquinerie, il convient de noter particulièrement
la méthode qui consiste à exclure, sur trois personnes
constituant la commission femmes de Lyon, deux d'entre elles seulement.
L'avantage premier est que personne ne peut alors dire " vous
avez exclu les féministes, vous vouliez détruire la
commission femmes ", puisque, non regardez, on en a gardé
une qui ELLE est une bonne féministe (et en plus, la première
à avoir voulu fonder cette commission, donc la plus "
radicale ", quelque part). Le second avantage est l'impossibilité
concrète, justement, de refonder une telle commission en
partant d'autres femmes membres de la FA Lyon, car le message reste
clair : quiconque s'y recolle, risque la porte et surtout la mise
au ban qui va avec. Alors, baignant dans ce système terroriste,
qui oserait retenter le coup ?
De plus, les méthodes utilisées pour mettre au ban
et pousser vers la sortie, ont beaucoup à voir avec celles,
relatées par M.F. Hirigoyen, de harcèlement moral.
Oui, cela existe aussi dans le monde militant, et même dans
l'univers "libertaire"… d'ailleurs, c'est suite
à la lecture de l'ouvrage de M.F. Hirigoyen, que j'ai pu
commencer à comprendre puis écrire ce que j'avais
vécu.
Finalement, la FA, c'est un peu comme être fonctionnaire
: l'on est invirable au niveau fédéral (il faut l'unanimité
du congrès pour être exclu/e), donc après avoir
été exclu/e au niveau local, la seule " solution
" pour vous mettre dehors est de vous pousser à la démission.
Et, comme si vous étiez fonctionnaire face à un chef
ou une direction décidée à vous pousser dehors,
" tous les moyens sont bons " pour que vous preniez de
vous-même la direction suggérée…
Dans ce contexte, les " torts partagés " dans
la responsabilité du processus ayant mené à
mon (notre) exclusion, me semblent avec le recul une vaste escroquerie,
c'est à dire une manière de voir qui ne tient pas
compte des rapports de force…et était celle que m'ont
inculqué les adhérent/e/s de l'union locale qui voulaient
ma réadhésion, comme un "lavage de cerveau"
nécessaire à me faire partager pour que je puisse
re-rentrer dans le "moule FA"…heureusement, cela
n'a pas suffi !!!!
Vous l'aurez compris, aujourd'hui je place les torts où
ils sont. A aucun moment, même mes comportements les plus
déplacés, agressifs si l'on veut, ne pouvaient justifier
ce que l'on m'a fait subir.
En conclusion, je voudrais parler un peu de ma crise de délire,
qui a justifié toutes les réserves à mon égard.
Il faudrait ajouter à cette crise les mois qui ont suivi,
où je n'ai pu dormir une seule nuit, restant dans un état
sommeilleux où les heures passaient aussi lentement qu'à
l'état de veille, mon cerveau cherchant à " comprendre
" ce qui s'était passé…mais moulinant à
vide, perpétuellement, car il n'y avait rien de " compréhensible
". Egalement des attaques de paniques et autres " syndromes
" qui m'ont bien plombée durant ces mois. Tous avaient
pour dénominateur commun : la peur. Oui, ce sont des anars
qui m'ont appris la PEUR. A titre de résidu, la peur de donner
mon opinion, de m'affirmer, des années après, a subsisté.
" Grâce " aux libertaires de la FA de Lyon et à
celles et ceux qui les ont laissé faire dans la FA.
" Merci " les libertaires de la FA de Lyon et ceux/celles
qui les ont laissé faire…
L'ultime offense, l'ultime injure qu'ils/elles m'ont faite, fut
d'exploiter cette fragilité qu'ils/elles avaient eux/elles-même
creusée comme un énorme gouffre : une crise de délire,
etc, on pourrait dire que c'est la réaction individuelle
d'une personne déjà fragile.
Je réponds qu'il est si facile d'exploiter les fragilités
et les failles d'une personne pour masquer des enjeux…politiques,
de pouvoir, pour justifier une mise à l'écart…
pourtant, on en a tou/te/s, des fragilités, des failles
!
Alors, dix ans après la création de la commission
femmes de la FA de Lyon, je souhaite toujours " bon vent "
à ces militant/e/s.
Surtout, qu'il les emporte loin, très loin de ma vie et
aussi de tout moyen d'influencer le sort de la société.
L'influence de personnes pareilles, ne peut être que néfaste
en pratique, aussi belle soit la théorie.
Que ceux et celles qui ont été les acteurs/trices
de mon exclusion, et ne m'ont jamais fait la moindre excuse pour
cela, soient assuré/e/s de ma rancune, méritée.
La position de Anne Laure
Quelques bribes de réponses à la question du pourquoi
par Anne-Laure
Quelques bribes de réponses à
la question du pourquoi par Anne-Laure
Ce qui s’est passé… par Anne-Laure
Ce qui s’est passé…
par Anne-Laure
D'une librairie à l'autre, du féminisme en milieu
hostile par Anne-Laure
D'une librairie à l'autre, du
féminisme en milieu hostile par Anne-Laure
Démission de la FA par une anarcha féministe
de Lyon Les libertaires et le féminisme (un exemple parmi
d'autres) Sophie
http://federationanar1997.free.fr/
Les effets de cette lettre de démission
http://federationanar1997.free.fr/les_effets_de_ce_courrier.htm
Les réactions à mon égard des co-fondatrices
de la commission femmes, suite à cette exclusion
http://federationanar1997.free.fr/sororite.htm
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Dossier “La Gryffe”: de l’antiféminisme
en milieu libertaire...
http://1libertaire.free.fr/DossierLaGryffe.html
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