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L'existence de cette lettre m'a été transmise via
un mail.
Les choses entre [ ] sont des précisions ajoutées a
postériori, et qui ne figuraient pas dans ma lettre à
l'époque.
UN NOUVEAU DEPART
http://federationanar1997.free.fr/
http://federationanar1997.free.fr/lettredem.htm
[Précision préalable : à la Fédération
Anarchiste, toutes les décisions se prennent à l'unanimité
moins les éventuelles abstentions ; une opposition suffit
à ce que la décision soit rejetée, c'est pourquoi
toute opposition doit être motivée par une argumentation.]
J'écris aujourd'hui pour annoncer à tou/te/s ma DEMISSION
de la Fédération Anarchiste, et expliquer surtout
ses raisons, car elles montrent bien à quel point entre l'idéal,
les beaux discours, et la réalité des pratiques, il
y a parfois un fossé inquiétant.
Certain/e/s pensent que la cause de tous les maux de la FA est le
" fonctionnement ", d'autres qu'il y a aussi un problème
de " comportements ".
Je pense que l'un et l'autre sont interdépendants : il y
a le fonctionnement théorique, officiel, et celui officieux,
réel, engendré par nos comportements. Je pense qu'à
cet égard ce qui suit est un échantillon éloquent
de ce réel parfois pitoyable, de ces comportements qui ne
devraient même pas se produire de la part d'anars (ni d'humains
lambda d'ailleurs).
Pour ceux/celles qui sont pressé/e/s, il y a un résumé
à la fin. Vous m'excuserez pour la longueur du texte, d'autant
plus que c'est le dernier de moi que vous lirez ici...
Comment en suis-je venue à adhérer puis militer à
la FA : J'ai commencé à me poser sérieusement
des questions sur la politique quand j'étais en classe de
troisième : c'était l'année de la chute du
mur de Berlin et aussi le bicentenaire de la Révolution française.
J'en étais à l'idée, peu satisfaisante moralement
par la violence nécessaire, que la seule solution pour que
" le peuple " vive dans la prospérité, la
liberté et l'égalité était de refaire
souvent des révolutions, à chaque fois que les dirigeant/e/s
commençaient à jouer les accapareurs/euses et à
se prendre la grosse tête.
En 1991, je découvre dans la bibliothèque municipale
un minuscule rayon "anarchisme " ce qui me permet de prendre
connaissance des expériences concrètes en Espagne
notamment. Très contente d'avoir trouvé une autre
solution que mes révolutions successives aux problèmes
que me posait la société, je lis tous les autres bouquins
du rayon durant l'année, puis, naturellement me demande s'il
en existe encore, de ces anarchistes. C'est alors que je tombe,
par hasard, sur une affiche anar de l'OCL [Organisation Communiste
Libertaire] dans la rue, puis sur le ML [Monde Libertaire, journal
hebdomadaire] dans un kiosque, et, de proche en proche, sur des
anars en chair et en os, ceux de la FA en l'occurrence.
J'y ai adhéré en 1992, à l'époque au
groupe Desjacques, le groupe de B. (il n'y avait alors que deux
groupes dans l'UL [Union Locale], l'autre étant le groupe
Kronstadt). J'étais jeune (16 ans) et sans doute un peu naïve,
la suite le prouvera.
Le groupe se réunit tout d'abord régulièrement
mais les réunions tournent très vite à la discussion
informelle style " salon de thé " (je n'ai rien
contre mais ce n'aurait pas dû être le lieu...). Puis,
un peu du fait qu'il y avait beaucoup de femmes quarantenaires seules
entre leurs enfants et leur boulot, donc très peu disponibles,
le groupe a vu ses réunions s'étioler, et enfin ne
s'est plus réuni.
De temps en temps, j'entendais parler de "réunions d'UR"
[Union Régionale] mais personne ne prenait jamais la peine
d'annoncer à tout le monde quand était la prochaine
(panneau d'affichage ou communication orale), alors je n'y allais
pas, n'étant pas à priori invitée.
Par ailleurs, et ce de 1991 à 1994, j'ai participé
à l'animation toutes les semaines, puis tous les quinze jours,
de l'émission radio de l'UL. C'est B. qui m'avait proposé,
avant mon adhésion, de le faire.
Voulant participer à un groupe digne de ce nom, j'ai demandé
mon transfert au groupe Kronstadt. Je n'y suis restée que
quelques mois, puisqu'un nouveau groupe était en gestation
: le groupe étudiant-lycéen Durruti. Sa création
a été officialisée fin 1994.
Etant lycéenne, j'ai trouvé logique de passer dans
ce groupe-ci. Il est utile de préciser qu'à Lyon à
chaque fois qu'un conflit de personnes (ou de pouvoir ?) prend trop
d'ampleur, cela finit généralement par la création
d'un nouveau groupe, qui permet la mise à distance et l'autonomie
des protagonistes de chaque " camp "... les tensions continuant
juste, alors, à s'exprimer quand tous se retrouvent en réunion
d'UL (je ne mets que le masculin ici devinez pourquoi). Je précise
en passant que l'agressivité verbale et les débats
internes sur " un ton vif " sont la norme à la
FA de Lyon.
Le groupe Durruti né d'un conflit entre de nouveaux adhérents
désireux de prendre leur place et des plus anciens ne comprenant
pas que leur poids étouffait ces jeunes, fut hélas
la " chose " de ses créateurs et de leurs potes.
Cela permit d'ailleurs à certain/e/s d'adhérer, car
ils/elles se sentaient plus proches des animateurs de ce nouveau
groupe que des anciens.
Rapidement, le groupe Durruti est donc devenu pour le meilleur et
pour le pire, un groupe affinitaire d'étudiant/e/s de Lyon
II (fac de lettres-sciences humaines). Pour mon malheur, je ne fumais
pas ce qu'il fallait après les réunions, je n'étais
pas à Lyon II mais au lycée, puis en fac de sciences
... en dehors des réunions, de la politique, je ne partageais
donc rien avec eux/elles, et cela était plus que réciproque.
Là ou ce fait devenait gênant, c'est que du coup, pendant
les réunions, lorsque j'étais en désaccord
avec eux/elles, et que je le disais, j'avais l'impression de me
trouver face à un mur, d'être la chieuse de service.
Bref, l'impression que j'aurais mieux fait de me taire et de me
contenter de distribuer les tracts au lieu de tenter de les faire
amender. A leur décharge, il est vrai que le fait d'être
sur la même fac devait beaucoup leur permettre de discuter
avant les réunions de manière informelle, et donc
de faire converger leurs points de vue naturellement, ce que je
ne pouvais faire n'étant pas sur le même lieu qu'eux/elles.
Suite au mouvement lycéen de l994, quelques lycéens
ont adhéré au tout jeune groupe, puis en l995 deux
ou trois étudiant/e/s. Les réunions étaient
alors devenues, à mes yeux, un long monologue des leaders
du groupe, D. et Pt, dans un silence de plomb. Eux-mêmes commençaient
d'ailleurs à se demander comment sortir de cette situation.
A., quant à elle, distribuait par ses regards et ses propos
la parole à la tête du client, et comme elle m'avait
déjà prise en grippe bien que je ne lui aie jamais
cherché quelque pou que ce soit à l'époque.
.
.
Enfin, entrant à la fac fin l994, j'y ai initié la
tenue de tables de presse hebdomadaires, aidée exclusivement
de sympathisants (il y avait déjà une table de presse
sur l'autre fac, et surtout peu d'enthousiasme chez les adhérent/e/s
du groupe pour s' "expatrier" à Lyon 1), la première
année, puis également d'O., actuellement à
la FA de Clermont.
Au niveau régional, il y a eu en l995 une demande d'exclusion
envers "Tante Michèle" de Grenoble, car elle avait
paraît-il un mandat municipal. J'étais à la
réunion d'UR car l'info passait mieux et surtout que cette
réunion était à Lyon. Ayant appris en cours
de réunion que Jean-Marc, du groupe de Bourgoin, avait hérité
de la PME de son père, dont il était patron car "
ses " ouvriers ne souhaitaient pas se mettre en coopérative,
il a été alors également exigé son exclusion
à lui. J'avais 1'impression de ne pas avoir tous les éléments
en main et puis il y avait une telle nécessité, selon
les leaders, en qui je croyais (si si, c'est le mot exact), de les
exclure à cause de leurs places dans la société,
que je n'ai rien dit. Et de toute manière, on ne me demandait
rien : " y 'a-t-il des oppositions ? ", Ma main était
trop lourde, paralysée par la frousse d'aller contre la majorité,
et je n'avais pas d'arguments, hormis que, quand même, j'aurais
bien voulu savoir comment, pourquoi une anar accepte une responsabilité
municipale ; et aussi dire que pour Jean-Marc, sa situation n'était
pas plus contestable que celle d'être permanent confédéral
d'un syndicat alors qu'on est contre les permanent/e/s aussi [il
y a des permanents syndicaux adhérents à la FA, sans
problèmes, de fait] ! C'est ça, le vice de l'unanimité
telle qu'on la pratique à la FA : n'être pas obligé/e
de lever la main pour ou contre (ou pour s'abstenir), donc on a
tendance à aller au plus facile, se taire. Etre lâche.
Mais de toute manière, je n'ai jamais eu l'occasion de poser
ma question à Tante Michèle : elle n'est jamais revenue,
Jean-Marc non plus. Tous deux ont démissionné quand
ils ont appris que "nous" voulions les exclure.
C'est dans ce contexte déjà peu reluisant que se sont
produits les " événements ",
Les " événements ", ou comment j'en arrive
à être exclue de l'UL...
A la rentrée 1995, ma situation personnelle étant
assez chaotique, j'ai fini par avoir des problèmes psychosomatiques
assez impressionnants. En effet faisant pour mon malheur partie
des jeunes qui ont des parents maltraitants (pas avec des gros hématomes
hein, juste des trucs qui laissent pas de traces [physiques, s'entend]),
je suis partie de chez eux dès mes l8 ans, avec un engagement
de leur part de me payer ce qu'ils auraient dépensé
pour moi si j'étais restée avec eux. J'allais donc
les voir tous les dimanches, véritable corvée, et
repartais après dure bataille pour leur extirper mon dû,
avec l'argent promis, pour ma semaine. Bien évidemment, au
bout d'un an de ce régime, j'en ai fait ce qu'on appelle
des " crises d'angoisse ".
Al., adhérente au groupe Dejacques, m'a alors hébergée
pendant deux ou trois semaines en attendant que j'aille mieux.
C'est alors qu'il y a eu la grande manif féministe du 25
novembre 1995 (50 000 personnes). Je n'ai pas pu y aller car pas
encore entièrement remise de mes " émotions ".
Au retour d'Al., quelle n'est pas ma surprise de la voir emballée
par l'idée de ... créer une commission femme non mixte
sur Lyon ! Cela lui est venu suite à des discussions avec
De., nouvelle adhérente, dans le car du retour.
En plus, ses arguments me convainquent. Alors j'accepte avec enthousiasme
l'idée de participer à sa création. Pourtant,
je me souviens qu'auparavant je pensais que les féministes
étaient des espèces d'hystériques anti-mecs
regardes. Et la FA, à laquelle j'étais pourtant adhérente
depuis plus d'un an, n'avait pas été jusqu'alors foutue
de m'ôter cette idée de la tête ! Bien au contraire,
au congrès de Rouen, la réunion de la commission femmes
fédérale n'avait suscitée que silence ou commentaires
désapprobateurs de la part des lyonnais (les lyonnaises se
contentant pour la plupart d'écouter les leaders lyonnais).
Par exemple, B. : "de toute façon, y'a que des vieilles
dans cette commission". Manière de dire que le féminisme,
c'est ringard, vieillot, ça ne se discute même pas
! Quelques minutes plus tard, j'apercevais justement une jeune femme
en mini jupe qui se rendait à la réunion de la commission...
Tiens, bizarre.
A., prenant son courage à deux mains, y a été
voir et en est ressortie en pestant : "c'est n'importe quoi,
etc...". Personnellement, ce soir-là, en y réfléchissant,
j'en vins à adopter un point de vue très modéré
(si si) par rapport à celui de mes camarades lyonnais/e/s
qui fût qu'après tout, si ça leur faisait plaisir
de se réunir entre meufs, ma foi, qu'elles se démerdent,
on n'a pas à leur interdire mais ça n'empêche
pas de ne pas être d'accord avec elles.
Le congrès de Rouen est loin et nous préparons la
présentation de notre commission pour l'UL. Nous sommes trois
: moi, De. et Al..
Le mouvement social de décembre 95 nous occupe aussi pas
mal. Je me suis à peu près remise de mes problèmes
mais au passage toute l'UL a été mise au courant de
l'affaire par Al., et même du fait que je suis une psychothérapie
depuis. Pour ma part, il m'est revenu aux oreilles qu'A. étant
étudiante en fac de psycho, s'est crue permis de me juger
derrière mon dos : selon elle, si je faisais des crises d'angoisse,
c'est parce que je manquais de volonté [j'aurais aimé
l'y voir, tiens !]. Quand on ne sait pas de quoi on parle on se
tait et on révise son cours de psycho ! De plus, quand on
n'a que des relations au niveau militant, qu'on n'est pas ami/e/s
ou même potes, on n'a pas à se permettre des commentaires
sur la vie privée de la personne !
Heureusement le reste de l'UL a eu des réactions plus correctes
que cela à ce propos.
Par contre, ce point faible fût amplement utilisé contre
moi par la suite, puisqu'il sera question dans la bouche de certains
militants de " problèmes relationnels avec les mecs"
(pour résumer).
En effet l'existence de la commission femmes locale a aussitôt
suscité un conflit avec certain/e/s militant/e/s de l'UL.
En l'occurrence, les acteurs/trices principales/aux de ce conflit
furent :
- d'un côté, pour feu la commission femmes de Lyon
: moi, Al., un peu De.
- de l'autre côté, les principaux leaders de l'union
locale à l'époque : B. (du groupe virtuel Dejacques),
Pa. et R. (Kronstadt), D. et Pt (Durruti).
Je n'oublie pas de citer A. dans le rôle fondamental du bras
droit très véhément des leaders.
Tou/te/s ces " camarades " (oui, maintenant j'en suis
hélas à mettre des guillemets) ont dès le départ
exprimé une hostilité très viscérale
envers l'initiative (sarcasmes divers, demandes permanentes de justifications
de ce qui pour eux/elles était de toute manière injustifiable
: la non mixité féministe...).
Ce conflit n'ayant pu contrairement à l'habitude, été
traité comme un conflit politique légitime, acceptable,
par les leaders de I'UL, il s'est envenimé au fil des mois.
Nota : j'emploie le terme de leader car c'est celui qui me semble
le plus refléter la réalité. Dans l'UL, on
les désignait plus pudiquement sous le nom d " éléments
moteurs ", plus flatteur pour des anars, et qui évitait
surtout de reconnaître la réalité (à
savoir notre échec là-dessus) en la nommant franchement.
Je vais donner quelques exemples de ce qui s'est passé.
Premier exemple : depuis janvier 1996, A. ne me fait plus la gueule
car je l'ai soutenue dans ce qu'elle disait sur la tenue du café
libertaire en réunion de groupe [le café libertaire
est situé dan l'arrière salle de la librairie de l'UL,
c'est un café associatif créé et géré
par l'UL].
Cela n'a pas duré longtemps. En effet au printemps, j'ai
le malheur d'apporter ma pierre à la décoration du
café libertaire.
Le groupe des étudiant/e/s de Lyon II étaient les
principales/aux acteurs/trices de cette décoration, via notamment
le collage d'autocollants d'actualité dans les toilettes.
Croyant, à tort, être leur égale en tout, j'ajoute
un papier scotché portant les statistiques de la répartition
des tâches domestiques selon les sexes. J'affuble le tout
d'un commentaire : "le machisme, ya basta !" .
Lors de ma visite suivante à la librairie, j'apprends qu'A.
court partout, hors d'elle, demandant à tout le monde qui
a ajouté ce papier dans les toilettes. La voilà justement.
Je lui réponds " c'est moi, pourquoi ? ".
Ce jour-là j'ai appris à mes dépens que je
n'avais pas le droit de participer à la décoration
du café. Je commençais par ce biais à réaliser
que certain/e/s étaient plus égaux/ales que d'autres
dans l'UL. Bien entendu, s'en est suivie une " belle "
dispute entre A. et ... Al., A. affirmant que j'étais "
manipulée par Al. ", et s'adressant donc, en conséquence,
à mon "chef " (le délire commence) ! Les
mecs présents s'en mêlent et pendant qu'elles s'expliquent
dans la salle à côté, me font remarquer que
j'aurais pu au moins croiser ces données avec les classes
sociales (histoire de montrer que les prolos sont plus gentils avec
" leur femme " que les bourges? Pff...) , m'assaillent
de questions et de remarques...
Tout ça pour un misérable bout de papier dénonçant
le machisme !
Deuxième exemple : été 1996. Il y a des réunions
hebdomadaires à la librairie, afin de préparer la
journée libertaire qui aura lieu durant l'automne. On en
est à décider des thèmes de débat. Avec
Al., on se dit qu'on pourrait animer un débat sur le patriarcat.
Parallèlement à cela, les leaders du groupe Durruti
ont enregistré une demande d'Al. de passer du groupe Dejacques
virtuel au groupe Durruti. Ce jour là, Al. n'est pas présente
à la réunion de la commission journée libertaire.
C'est donc moi qui suis chargée de proposer notre projet
de débat.
J'arrive en avance, et tombe sur les leaders du groupe Durruti.
Ils m'annoncent derechef qu'Al. ne peut adhérer au groupe
Durruti, car ils y sont fermement opposés. Devant ma demande
d'explications, ils précisent juste que, pour eux, elle constituerait
une menace pour l'équilibre du groupe, et qu'elle a divulgué
des infos sur la vie privée d'un certain militant ce qui
est inadmissible.
En réalité, son tort semble avoir été,
lors de l'UL de fin d'année, en juin, qui se déroulait
à la campagne, d'avoir tenté de consoler une adhérente
du groupe Durruti en présence de deux autres adhérentes
de ce groupe, dans la cuisine. Celle-ci avait d'autant plus de mal
à digérer sa rupture avec son ex mec, adhérent
à l'UL également, qu'il avait passé la matinée
à se bécoter avec sa nouvelle compagne en réunion.
Manifestement une oreille traînait autour de la cuisine et
a rapporté la conversation, on l'imagine, un tantinet médisante,
aux deux tourtereaux. C'est ainsi qu'Al. est devenue celle qui répand
des bruits de chiotte sur la vie privée des mecs de l'UL...
Et c'est sur cette base que son adhésion au groupe Durruti
était alors jugée "dangereuse pour l'équilibre
du groupe".
La réunion, en tout cas, commençait bien ! Mais le
bouquet, ce fut sans aucun doute quand je lus la trame du débat
que nous proposions.
A peine avais-je fini que plusieurs militants me pressaient de questions
sur ce que je pensais de la notion de "classe des femmes",
car j'avais déclaré avoir trouvé "intéressant"
un article paru dans RAS, journal de I'URCO [union régionale
centre et ouest], qui parlait de cette analyse. Ils me firent bien
comprendre qu'ils ne pourraient accepter qu'on anime le débat
sur de telles bases, puis divers propos à peine nommables
ont été tenus à mon encontre : D. m'a traitée
d' "hérétique" (glups, l'Inquisition n'est
pas loin ?), X., actuellement à Besançon [enfin à
Besançon à l'époque de la rédaction
de ce texte], a été carrément insultant. Ma
réponse dans ce contexte fut un tantinet bafouillée
et confuse...
Et c'est malgré la clarté de la trame que je venais
de leur lire qu'ils m'ont attaqué ainsi : dans ce texte,
je disais notamment que " être gouverné/e/s par
des Jacques ou des Simone nous indiffère", ce qui est
totalement incompatible avec une analyse en termes de "classes
de sexe", il me semble.
Je suis ressortie estomaquée de cette réunion. Et
il se trouve que le lendemain j'ai croisé un militant de
la LCR que je connais, et ai alors vidé mon sac en lui expliquant
qu'il y avait "des problèmes par rapport au féminisme
à la FA de Lyon". Il m'a assuré qu'à la
Ligue tout était clair à cet égard et que j'y
serais donc la bienvenue... (pauv' vieux va ! Moi trotskiste !).
Ce sont des propos comme ceux-ci qui seront qualifiés, ultérieurement
de "volonté de pourrissement de l'organisation"
de ma part.
Pendant un bon mois nous avons été tenues dans l'incertitude
de savoir si nous serions "autorisées" par nos
"camarades" à animer le débat sur le patriarcat.
Finalement, c'est B. qui nous a donné le feu vert lors d'une
réunion d'UL. R. a quant à lui insisté pour
que l'intitulé soit : " oppression des femmes et sexisme
" et non " patriarcat " car quelque part les mecs
aussi sont, d'après lui, opprimés dans cette histoire
(ah ? Mais par " qui " donc ? La question n'est pas anodine,
et la réponse est intéressante !).
L'adhésion d'Al. au groupe Durruti a été rejetée
à l'unanimité des silencieux/euses, sans le moindre
débat réel. En effet, puisqu'elle est venue à
la réunion, Pt et D. lui ont d'emblée expliqué
qu'ils ne voyaient pas pourquoi elle venait puisqu'elle était
au courant que c'était " non ".
J'ai alors fait remarqué que cela n'avait pas été
discuté en groupe, et que moi par exemple, je voulais que
soient expliqués clairement les motifs de l'opposition de
Pt, D. et A.. Réponse : " on peut pas en dire plus parce
que ça concerne la vie privée de certains militants
". Pas de tour de table ni de discussion, silence lourd. Je
me lève et annonce alors ma démission du groupe, expliquant
que je trouve que l' " équilibre " actuel du groupe
repose sur des bases malsaines, et que le groupe est étouffant,
car il n'y a pas de possibilité de discussion réelle
et pas de prise en compte de tou/te/s les adhérent/e/s.
Il y a aussi eu à cette époque une tentative (louable)
de débat interne à l'UL sur la question du patriarcat,
afin de clarifier les positions. Les leaders de l'UL en sont ressortis
en nous reprochant le fait qu'il n'y ait pas eu de "vrai débat",
suspectant que nous cachions nos véritables conceptions du
féminisme, puisque les désaccords sur l'analyse du
patriarcat exprimés au cours de cette réunion n'avaient
rien du fossé que tout le monde s'imaginait ! Nous avons
animé le débat à la journée libertaire,
il s'est très bien passé. Il y a alors eu une accalmie
des tensions. Un moment, on a cru enfin être admises à
part entière.
L'exclusion de l'UL (janvier 1997) :
Et puis le groupe NTM a été censuré. J'ai
bondi en voyant l'intitulé du communiqué fédéral
: "nique la justice !". J'ai parallèlement eu l'info
qu'il y avait une manif de protestation à Lyon. J'ai transmis
cette info à la mandatée locale aux relations extérieures,
G., afin qu'elle prenne le relais. Au téléphone, je
lui ai fait part de mon opposition à un soutien " acritique
" à NTM : contre la censure oui, mais ça ne veut
pas dire être d'accord avec les propos (notamment sexistes)
du groupe.
Quelle ne fut pas ma surprise, quelques jours plus tard, de voir
à la librairie les piles de tracts signés UL, ayant
pour titre : " nique la justice ! " ce qui pour le moins,
ne prenait pas en compte mon opposition. J'ai alors demandé
aux personnes présentes comment cela c'était produit.
Le ton de la discussion a été courtois jusqu'au moment
où B. est entré. Aussitôt qu'il eut compris
la situation, il éleva le ton contre moi. Voyant qu'il n'était
plus possible de rien tirer de constructif je suis partie en précisant
que j'avais du linge qui m'attendais à la laverie d'à
côté. Commentaire de B. : " c'est ça, va
faire la vaisselle ! ". Hors de moi, je réponds alors
: " C'est ça ! En guise de vaisselle j'en vais plutôt
te casser les assiettes sur la tête tiens ! " avant de
claquer la porte. C'est ce qui s'appelle voler bien bas...
S'en suivit une longue discussion entre les mecs présents
sur tout ce qui avait pu les énerver chez nous, anarcha-féministes
lyonnaises (cette discussion m'a été rapportée
par une adhérente alors présente). Je suis allée
pour ma part à la manif avec un panneau exprimant mes positions
: "contre la censure de NTM, mais ne laissons pas pour autant
nos frères et nos pères niquer nos mères !".
Je n'ai pas diffusé " leur " tract. Certain/e/s
m'ont reproché d'avoir été à la manif
avec un panneau qui " contredisait la position de la FA "
alors que je suis connue comme adhérente sur Lyon. Fichtre
! Autonomie, fédéralisme...hum.
En réunion d'UL, qui avait lieu juste après, j'ai
redemandé des explications (que j'ai enfin eues : G., malade
donc crevée, a dit " oui " sans regarder le tract
dont on lui parlait) sur la non prise en compte de mon opposition.
J'ai demandé à ce que pour les éventuelles
actions futures elle soit bien prise en compte. C'est alors qu'on
m'a expliqué (Pa. en tête, pour changer un peu), que
y'en avait marre de nos " cours d'antisexisme " que j'étais
sur les positions de l'affreux ministre qui voulait censurer, et
enfin qu'il n'y avait pas de " dictionnaire du vocabulaire
correct " (encore Pa.), que " nique " n'était
donc pas sexiste. Que mon opposition était donc invalide,
car non motivée de manière valable.
C'est quelques jours après que j'ai appris ce qui venait
de se mijoter : B. demandait, profitant du contexte de tensions
suivant cette UL, mon exclusion et celle d'Al.. Motifs : "
féminisme séparatiste ", " volonté
de pourrissement de l'organisation " (notamment divulgation
de propos sur la vie privée des militants - comme si sur
la mienne aucune médisance n'avait été échangée
!- et divulgation de ragots sur la FA-Lyon auprès d' "
ennemis politiques " [comme la LCR, mais aussi des "anars
" non-FA…]). C'est par De. que j'ai appris l'info, la
secrétaire d'UL, A., n'ayant pas pris la peine de me mettre
au courant. Pour en connaître les motifs j'ai appelé
cette dernière. Elle m'a quasiment engueulée au téléphone,
me faisant des reproches sur mon panneau pendant la manif (sûr
que ça légitimait mon exclusion !). J'ai dû
appeler R. pour avoir des motifs plus conséquents, exposés
sur un ton plus correct. Il m'a aussi assuré que si nous
" faisions la preuve " que nous n'étions pas ce
qu'ils croyaient nous pourrions tout à fait être réintégrées
à l'UL ultérieurement.
Al. a aussitôt démissionné de l'UL.
L'unanimité des présent/e/s à la réunion
d'UL suivante a accepté mon exclusion, moins l'abstention
de Gu. et l'absence d'un petit nombre.
J'y ai été, et ai eu droit à un véritable
lynchage verbal, durant lequel on m'a carrément expliqué
que pour prouver ma bonne volonté, il fallait que je démissionne
de la fédération, car si j'y restais " à
côté " de l'UL, cela montrait que j'avais une
volonté d'affrontement et donc de pourrissement contre l'UL
! Les plus véhéments furent B., M., A., Pt, D. et
X. (Pa. était absent). D. m'a comparée à Lympham
(anarcha-féministe = antisémite ?!?) [Lympham était
un adhérent FA dont l'exclusion était demandée
pour antisémitisme à cette époque, mais comme
il faut l'unanimité du congrès pour exclure, et qu'il
y a toujours un/e " pote " pour s'y opposer…]. M.,
A. puis B. m'ont parlé presqu'en hurlant. Il y avait de quoi
bégayer ! Seuls R. et De. se sont opposé/e/s à
cette démarche. J'ai exposé mon point de vue et mes
propositions, qui ont d'abord surpris (je proposais qu'on définisse
des engagements de respect mutuel et de dialogue dans l'optique
d'une réintégration dans l'UL, puis j'ai exposé
les engagements que j'attendais de leur part). Il y a eu 30 secondes
d'un silence gêné, puis on m'a demandé à
quoi je m'engageais moi. J'ai répondu que ce n'était
pas à moi mais à l'UL de préciser ses exigences
à mon égard, comme je venais de le faire pour les
miennes à leur égard. Re-silence, puis réaction
brutale de Pt : " je fais opposition à ta proposition,
comme ça c'est réglé ". Reprise alors
des pressions pour que je démissionne de la FA, A. expliquant
même qu'il n'était pas logique de ma part que je reste
à la FA alors que j'étais exclue de l'UL, puisque
la FA et l'UL étaient un même tout, qu'il y a une cohérence
idéologique entre les deux. J'ai répondu que cela
n'était pas négociable, et que pour prouver ma bonne
foi, je démissionnais de l'UR mais pas au-delà, car
il n'y avait pas de raisons que je cède à toutes leurs
exigences et eux à aucune des miennes. Ils/elle ont donc
continué à me rentrer dedans. Ai. est arrivé
à ce moment là et leur a alors dit qu'il trouvait
inadmissible le ton sur lequel on me parlait, parce que ça
voulait dire " casse toi sinon gare ". J'ai alors craqué,
chialé, et comme il n'y avait plus rien à ajouter,
suis partie après avoir rendu les clefs en claquant la porte,
répondant à une ultime vanne de B.
Et après, ça continue ...
Mais pour certain/e/s avoir obtenu ma démission de l'UR,
avoir pu vider leur sac de la sorte et réunion, m'avoir fait
chialer en réunion n'a pas suffi. Il leur fallait me montrer
que je n'étais vraiment plus dans leur " clan ".
B. a commencé par me faire remarquer que je n'avais plus
à m'asseoir derrière le comptoir du café pendant
les débats (ma place habituelle), car cela pouvait laisser
croire que je faisais partie de I'UL (horreur !). Egalement hors
de question que je serve (ou me serve moi-même) des boissons
au café, que j'enregistre des ventes de livres, et même
que je pénètre dans la salle "interne "
à la FA de Lyon dans le local, pour la même raison.
Puis il a arrêté toute animosité quand j'ai
fait une crise de délire [au sens médical-psy du terme,
je précise] un soir chez G., car il a dû lui sembler
clair qu'il n'y était pas pour rien ; B. était effectivement
quelqu'un d'important pour moi à l'époque, et son
attitude odieuse lors de la création de la commission femmes
m'avait déjà beaucoup déçue. Ces humiliations
et cette animosité, alors même qu'il avait obtenu l'exclusion
qu'il cherchait, ont été la grosse coupe d'eau qui
a fait déborder le vase. Bien entendu, la nouvelle s'est
propagée à toute l'UL : S. a pété un
plomb l'autre soir chez G. Ah ! Mais c'est qu'avant de pouvoir réadhérer
à l'UL, faudra aussi qu'elle nous prouve qu'elle est en bonne
santé mentale ! Il y a eu une espèce de " trève
" à ce moment là de la part de certains militants.
En septembre, je suis passée aux débats de temps en
temps. Un jour, comme je n'avais pas de monnaie en poche, j'ai demandé
à C. de me noter une ardoise de 3F pour une boisson.
Intervention très véhémente de X. à
ce moment-là : " non, on fait plus d'ardoises ! ".
C. et Ri. trouvent justement la feuille d'ardoise dans la caisse
: " Ah ? T 'es sûr ? ".
X. précise alors : " Ouais, on fait plus l'ardoise que
pour les membres de l'UL parce que sinon y'avait des gens qui remboursaient
pas et qu'on revoyait pas ". Ri. et C., du coup, me servent
ma boisson ! X. affirme alors, devant eux et une sympathisante (qui
me connaissait et s'est empressée de partir !) : " comme
disait Staline, il faut épurer le parti pour le faire croître
" (je cite approximativement Staline, mais X., lui connaissait
bien sa citation).
Quelques temps plus tard, c'est A. qui me refuse une ardoise (toujours
de 3F), m'expliquant que je n'avais qu'à " assumer mes
actes " (!). On s'est alors engueulées...Mon droit d'avoir
des ardoises (de 3F, jamais plus !) au café fut donc le fruit
d'une âpre lutte.
Quelles pratiques minables.
Au printemps, j'ai essayé de demander mon adhésion
au groupe Desjacques, les choses s'étant un peu apaisées.
Pendant un mois, je n'ai pas eu de suites, hormis : " nous
n'avons pas eu le temps d'en discuter en réunion ".
Puis j'ai appris par hasard, en questionnant Ma., que c'était
niet. Motif : " trop séparatiste ". [Apprécions
le " trop "…]
Au congrès, je prends B. à part pour avoir une version
plus précise. Il m'explique que dans mes comportements, ma
manière d'être, même si je pense le contraire,
je suis séparatiste. Ahah, c'est donc une attitude machinale
de ma part, dont je ne me rends pas compte. Fichtre, ceci est inquiétant
: pire qu'être somnambule, dirai-je même ! Je crains
que ce soit incurable, si c'est si machinal et inconscient. Ca tiendrait
presque de la psychopathologie, non ? Mais tiens je croyais que
le séparatisme était une théorie politique.
Ici, le " camarade " ne parle pas de conceptions ou de
pratiques politiques, mais de comportements, dont il est de plus
incapable de citer des exemples, dans mes relations avec les mecs
(enfin...ceux de l'UL). Autre fait troublant, j'ai des relations
avec eux : je discute, etc... Est-ce qu'une séparatiste fréquenterait
ainsi d'affreux mâles ? La rhétorique de B. n'est même
pas cohérente ! Elle était surtout un moyen de déstabilisation
envers moi : tu as des problèmes psychologiques, tout le
monde le sait, et je peux te dire que parmi ces problèmes,
tu en as un gros avec les mecs, même et surtout si tu ne t'en
rends pas compte.
Un an plus tard, je récidive, cette fois-ci via la publication
d'un texte dans le bulletin intérieur (n° 361, mars 1999
pIII3-III7), afin de les remuer un peu plus, et une demande de médiation
fédérale.
Aucune réponse à mes demandes ne m'a été
communiquée de la part de l'UL. J'ai su par certains militants
que les groupes ont discuté de la question, que paraît-il
certains étaient tangents. Mais même ces groupes-là
n'ont pas pris la peine de m'inviter à en discuter avec eux.
C'est parce que j'ai rencontré Mi. de Clermont lors de la
manif pour Beurrier que j'ai su qu'il y avait une UR d'ici peu.
C'est elle qui m'a communiqué date et lieu. Et si je n'avais
pas été à Clermont, hein ?
C'est parce que je me suis pointée à l'improviste
à cette UR où il y avait peu de lyonnais/e/s que ma
ré adhésion a été acceptée (y
compris par B., qui a poussé cette fois dans ce sens là.
allez savoir pourquoi !). Au congrès (de Lorient), j'avais
prévu d'intervenir là-dessus, puisque je demandais
à l'UL de reconnaître qu'elle avait commis des impairs
elle aussi dans cette histoire, que les torts étaient largement
partagés. Là, j'ai été l'objet de pressions
(bien intentionnées pourtant) de la part de militant/e/s
lyonnais/e/s qui étaient pour ma réadhésion,
afin que je ne fasse pas cette intervention, ou du moins que j'arrondisse
les angles au maximum, que je l'édulcore.
J'étais venue dans un des deux minibus organisés par
l'UL car certain/e/s avaient poussé à ce que j'y sois
acceptée. Mais dans la chambre de l'hôtel, quand je
demande à une de ces personnes pourtant bien intentionnée
quelles seraient selon elle les conséquences d'une intervention
trop "carton ", elle me répond : " ben, en
quelque sorte c'est pas sûr que tu rentres à Lyon en
minibus". Bon, OK, j'édulcore, je ne tiens pas à
rentrer à pieds ! Mais pourquoi n'ai-je pas les moyens de
me payer le train Lorient -Lyon !!! Du coup l'intervention que j'ai
faite a été, à mon goût, plutôt
confuse. Elle n'a donné aucun résultat, et de plus
j'ai du faire le forcing contre le président de séance
qui déclarait cela " hors sujet " pour pouvoir
parler ! Mais où je parle si au congrès c'est hors
sujet ? Ensuite, H., secrétaire général, est
venu m'expliquer qu'il n'avait pas répondu à ma demande
car, malgré que je lui ai envoyé le texte à
lui SG, cette demande ne lui était pas adressée, puisqu'elle
ne lui demandait rien explicitement. Comme si une commission de
médiation fédérale, ça ne le concernait
pas ! Enfin, E., secrétaire RI, m'a expliqué que lui
n'aurait pas répondu à ma demande car je parlais d'UL
et que les UL n'existant pas officiellement à la FA, il ne
pouvait rien faire, Ah, si j'avais su, j'aurais mis " les groupes
FA de Lyon " au lieu de "UL" ! Qu'auraient-ils trouvé
alors comme détail pour faire l'autruche, hein ? Il est positif
toutefois qu'E. ait changé de position depuis sur la manière
de gérer les " crasses": c'est bien de dire que
par rapport au problème " Jean Marie B. ", c'est
inacceptable de faire l'autruche [oui, encore un gros sexiste…].
Mais c'aurait été mieux plus tôt . . . non ?
Pourquoi je me tire de cette orga :
De mon exclusion jusqu'à il y a un an, j'ai essayé
de m'investir dans des trucs fédéraux : d'abord la
commission femmes, j'étais prête à animer des
débats sur différents thèmes autour du patriarcat.
Certaines m'ont freinée des quatre fers en me disant "
attention à l'activisme ". J'ai donc laissé tomber,
devant le peu d'enthousiasme. Puis j'ai participé au mouvement
des chômeurs, et ai écrit quelques articles dans le
ML là-dessus. J'ai aussi essayé de faire du travail
pour les relations internationales. Mais la masse de journaux en
langue étrangère m'a rebutée, j'ai donc dit
que je ne m'engageais finalement que sur un travail de traduction
pour le ML d'articles de quelques journaux parmi tous ceux-là,
afin de tenir mon engagement réellement.
J'avais fait abstention pour le mandatement du deuxième CRML
[Comité de Rédaction du Monde Libertaire] lyonnais,
car il y avait B. et M. qui étaient toujours allergiques
à l'anarcha-féminisme.
J'ai envoyé à la rentrée une première
traduction, qui n'est jamais passée dans le ML, sans explications.
Puis le CR m'a rappelée pour me demander si je n'avais pas
des photos sur je sais plus quel thème. Ben non, et là
même si j'en avais eu, j'aurais répondu non. Là,
je décroche (cf. BI n° 3 68 janvier 2000, p. II130-III31).
Je me rends compte que même au niveau fédéral,
je suis bloquée. Je commence à être vraiment
écoeurée. Je me demande ce que je fous encore dans
une orga qui refuse d'aborder le problème posé par
mon exclusion de l'UL … : A. a raison là-dessus, il
y a une cohérence entre la FA et chacune de ses composantes.
Si mon exclusion de l'UL est justifiée, alors il faut aussi
m'exclure de la FA, sinon c'est la preuve qu'elle n'est pas justifiée
et il aurait fallu que l'UL me réintègre.
L'UR m'a un peu retenue, parce que là l'ambiance était
correcte (d'autant plus que les rares lyonnais/e/s présent/e/s,
Dl. et G., étaient tout à fait réglo avec moi),
parce qu'il y avait des discussions. Mais petit à petit je
me suis rendue compte là aussi qu'en tant qu'individuelle,
hormis discuter pendant la réunion, ou prendre un mandat
ce qui ne me branchait pas pour l'instant, je ne pouvais pas faire
grand chose. Et puis à vrai dire la motivation n'y est plus,
même si les camarades de l'UR sont sympa.
Je n'arrive même plus à payer mes cotisations FA :
je pense de temps en temps au problème, mais oublie systématiquement...
je ne parviens jamais jusqu'au stade de l'envoi du chèque.
J'arrête donc les frais, je pars.
Je suis toujours anarchiste, je n'irai pas adhérer au PC
ou à LO.
Mais à propos de PC, ce que j'ai subi à la FA à
Lyon, la manière dont j'ai été exclue puis
usée par des moyens mesquins, la manière, aussi, dont
certain/e/s ont essayé de me tailler une sale réputation
au niveau fédéral, me rappelle trop les récits
de certains de mes amis âgés sur l'âge d'or du
PC. La manière dont ses militant/e/s traînaient dans
la boue ceux/celles qui n'étaient pas dans leur ligne à
la CGT, répandaient des ragots odieux, les mettaient à
l'écart. Maintenant ils/elles ne peuvent plus : le PC n'est
plus assez fort, même si l'appareil de la CGT est toujours
son efficace courroie de transmission [du moins celle de certaines
de ses " tendances " internes…].
Mais ayant l'occasion de fréquenter régulièrement
certain/e/s permanent/e/s départementaux CGT, je peux vous
dire que l'ambiance qu'ils/elles créent autour d'eux me rappelle
fortement ce que j'ai vécu à l'UL FA de Lyon, et je
ne doute pas un seul instant que s'ils/elles le pouvaient ils/elles
recommenceraient comme au " bon vieux temps ".
A la CGT, je ne suis donc pas dépaysée (si j'y reste
c'est parce que de nombreux/euses adhérentes de base [y compris
membres du PC, d'ailleurs !] sont dans une optique autre que ces
fossiles). Je peux dire que mon passage à la FA de Lyon m'a
armée pour survivre au milieu des crabes-bureaucrates de
la CGT et les combattre malgré eux. C'est justement pour
cela que je ne veux plus ré adhérer, A AUCUN PRIX,
à l'UL de la FA de Lyon.
En effet, il y a de nouveaux/elles militant/e/s, d'autres sont parti/e/s
mais la dynamique de groupe de l'UL ne me semble pas être
devenue moins craignos.
Je souhaite d'autant moins y ré-adhérer que depuis
que je n'y suis plus après une phase très pénible
de six mois je ne me suis jamais sentie aussi bien... dans ma tête
! En passant, j'invite d'ailleurs toutes les personnes qui, adhérentes
à l'UL, sont accros (et non simples adeptes occasionnel/le/s)
à l'alcool, au shit, aux anxios (et il y en a plus d'un/e),
voire aux stages au Vinatier, à examiner ce fait. Et je pose
la question : un groupe fusionnel et hyper conflictuel comme l'est
(l'était ?) l'UL ne crée-t-il pas des tensions voire
de véritables problèmes psychologiques chez des gens
déjà fragilisés par ailleurs ? J'ai encore
le souvenir de cet adhérent de l'UL qui a terminé
le mouvement des chômeurs au Vinatier après avoir dansé
sur les tables de l'ANPE occupée en croyant être entouré
par le complot des rouges... chacun son délire, mais c'est
triste (et dangereux pour soi) d'en arriver là parce qu'on
a adhéré à une structure pour mieux faire changer
le monde.
Ce que j 'appelle un groupe "fusionnel " c'est un groupe
très soudé, qui sera souvent perçu comme "
sectaire " voire " replié sur lui-même "
par ses voisins politiques (CNT, Gryffe à Lyon). Un groupe
pour lequel les autres structures, parfois même anars, seront
sans que cela choque qualifiées d' "ennemie politiques".
Ou alors si cela choque, les adhérent/e/s choqué/e/s
garderont le silence... Un groupe enfin, où l'on boit des
coups ensemble, on l'on fait des bouffes ensemble, où l'on
fait la fête ensemble, où l'on se rencontre beaucoup
hors réunions, où l'on pioche en grande partie ses
ami/e/s et petit/e/s ami/e/s ou du moins ses relations sociales.
En conclusion et résumé : Les " affaires "
de cette année : Jean Marie B., le CRML et son permanent
en septembre, ainsi que celles des années précédentes
(…), me font penser qu'en l'état actuel des choses
même ailleurs qu'à Lyon, il n'y a rien d'intéressant
pour moi à la FA.
Ne voulant à aucun prix réadhérer à
l'UL de Lyon car je trouve leur fonctionnement insupportable (voir
ci-dessus pour plus de détails), ne voyant aucune dynamique
intéressante émerger au niveau fédéral,
je me défédère donc, jusqu'à nouvel
ordre.
Peut-être que, si je suis amenée à déménager,
à changer de ville, j'envisagerai de me refédérer
via un groupe. Cela dépendra de 1'évolution de la
FA et du fonctionnement réel du groupe local.
Je sais également que, si je tombe sur une ville où
se trouvent des lyonnais/e/s ayant participé à mon
exclusion, je serai mise dans 1'impossibilité d'adhérer
au groupe local par leur caprice... qu'à cela ne tienne.
J'irai voir ailleurs (Alternative Libertaire, ils sont comment ?),
et la FA se démerdera avec la connerie humaine qu'elle aura
accepté de cautionner ! Alors, peut être qu'à
Lyon certain/e/s, apprenant ma démission, sableront le champagne
de la " Victoire " qu'ils/elles avaient mis au frais depuis
1997, car sans nul doute, cela constitue un pas indéniable
vers la réalisation du projet de société anarchiste,
une société plus juste, libre et égalitaire.
Je le leur souhaite en tout cas, ne souhaitant pas leur gâcher
le plaisir ! Ceci étant, que ceux/ celles-là ne croient
pas la victoire si positive. Car à force de croire détenir
la Vérité Vraie, il se pourrait bien qu'ils elles
s'égarent en quelque basse fosse mal famée, comme
certain/e/s qui s'appelaient pourtant camarades en 19l7, quelque
part au-delà de l'Oural, et croyaient apporter, au prix du
sang des dissident/e/s de Kronstadt, d'Ukraine ou d'ailleurs, la
paix et le bonheur au prolétariat. Cela, j'invite tou/te/s
les camarades anarchistes à faire leur possible pour en faire
la critique et s'en tenir éloigné/e/ s comme de la
pire peste !
Quelques commentaires enfin, sur les " affaires " : [je
saute ce passage, qui n'est pas intéressant pour nous ici].
Pour ma part, en tout cas, ce qu'il me restera de ce passage à
la FA c'est l'amertume d'avoir constaté un si grand fossé
entre la théorie à la pratique. Et j'ose le dire :
il me semble que cela doit refléter une ou des insuffisances
de la théorie. Nous ne sommes pas des humains désincarné/e/s,
il faudrait trouver le moyen de le prendre en compte dans nos belles
idées, notamment en regardant plus en détail pourquoi
émergent des leaders et réseaux de pouvoir officieux,
même à la FA et comment les réduire afin d'être
un minimum cohérente/s avec notre idéal.
Allez, bon courage pour le congrès
Cordiales salutations anarcha-féministes à tou/te/s.
S., ex-individuelle de Lyon malgré elle.
http://federationanar1997.free.fr/lettredem.htm
La position de Anne Laure
Quelques bribes de réponses à la question du pourquoi
par Anne-Laure
Quelques bribes de réponses à
la question du pourquoi par Anne-Laure
Ce qui s’est passé… par Anne-Laure
Ce qui s’est passé…
par Anne-Laure
D'une librairie à l'autre, du féminisme en milieu
hostile par Anne-Laure
D'une librairie à l'autre, du
féminisme en milieu hostile par Anne-Laure
Démission de la FA par une anarcha féministe
de Lyon Les libertaires et le féminisme (un exemple parmi
d'autres) Sophie
http://federationanar1997.free.fr/
Les effets de cette lettre de démission
http://federationanar1997.free.fr/les_effets_de_ce_courrier.htm
Les réactions à mon égard des co-fondatrices
de la commission femmes, suite à cette exclusion
http://federationanar1997.free.fr/sororite.htm
Voir les écrits d'autres personnes concernant ces événements
et aussi ceux survenus à la librairie la gryffe
Dossier “La Gryffe”: de l’antiféminisme
en milieu libertaire...
http://1libertaire.free.fr/DossierLaGryffe.html
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