Vivre dans cette société, c'est au mieux y mourir d'ennui.
Rien dans cette société ne concerne les femmes. Alors, à
toutes celles qui ont un brin de civisme, le sens des responsabilités
et celui de la rigolade, il ne reste qu'à renverser le gouvernement,
en finir avec l'argent, instaurer l'automation à tous les niveaux
et supprimer le sexe masculin.
Grâce au progrès technique, on peut aujourd'hui reproduire
la race humaine sans l'aide des hommes (ou d'ailleurs sans l'aide des
femmes) et produire uniquement des femmes ; conserver le mâle n'a
même pas la douteuse utilité de permettre la reproduction
de l'espèce.
Le mâle est un accident biologique ; le gène Y (mâle)
n'est qu'un gène X (femelle) incomplet, une série incomplète
de chromosomes. En d'autres termes, l'homme est une femme manquée,
une fausse couche ambulante, un avorton congénital. Être
homme c'est avoir quelque chose en moins, c'est avoir une sensibilité
limitée. La virilité est une déficience organique,
et les hommes sont des êtres affectivement infirmes. L'homme est
complètement égocentrique, prisonnier de lui-même,
incapable de partager, ou de s'identifier à d'autres ; inapte à
l'amour, à l'amitié, à l'affection, la tendresse.
Cellule complètement isolée, incapable d'établir
des relations avec qui que ce soit, ses enthousiasmes ne sont pas réfléchis,
ils sont toujours animaux, viscéraux, son intelligence ne lui sert
qu'à satisfaire ses besoins et ses pulsions. Il ne connaît
pas les passions de l'esprit ni les échanges mentaux ; il ne s'intéresse
qu'à ses petites sensations physiques. Il n'est qu'un mort-vivant,
un tas insensible, et pour ce qui est du plaisir et du bonheur, il ne
sait ni en donner ni en recevoir. Au mieux de sa forme, il ne fait que
distiller l'ennui, il n'est qu'une bavure sans conséquence, puisque
seuls ont du charme ceux qui savent s'absorber dans les autres. Emprisonné
dans cette zone crépusculaire qui s'étend des singes aux
humains, il est encore beaucoup plus défavorisé que les
singes parce que, au contraire d'eux, il présente tout un éventail
de sentiments négatifs haine, jalousie, mépris, dégoût,
culpabilité, honte, blâme, doute pis encore, il est
pleinement conscient de ce qu'il est et de ce qu'il n'est pas.
Bien qu'il ne soit qu'un corps, l'homme n'est même pas doué
pour la fonction d'étalon. À supposer qu'il possède
une compétence purement technique bien rare en vérité
on ne peut déceler aucune sensualité, aucun humour
dans sa façon de s'envoyer en l'air. Quand ça lui arrive,
il culpabilise, il est dévoré de honte, de peur et d'angoisse
(sentiments qui ont leurs racines profondément ancrées dans
la nature du mâle, et même l'éducation la plus éclairée
ne peut en venir tout à fait à bout). Ensuite, la jouissance
qu'il en tire est proche du néant. Et pour finir, obsédé
qu'il est par son désir de bien s'en sortir, de battre un record,
de ramoner consciencieusement, il se soucie peu d'être en harmonie
avec sa partenaire. C'est encore trop le flatter que de le comparer à
un animal. Il n'est qu'une mécanique, un godemiché ambulant.
On prétend souvent que les hommes utilisent les femmes. Les utilisent
à quoi ? En tout cas, sûrement pas au plaisir.
Rongé qu'il est de culpabilité, de honte, de peurs et d'angoisses,
et malgré la vague sensation décrochée au bout de
ses efforts, son idée fixe est toujours : baiser, baiser. Il n'hésitera
ni à nager dans un océan de merde ni à s'enfoncer
dans des kilomètres de vomi, s'il a le moindre espoir de trouver
sur l'autre rive un con bien chaud. Il baisera n'importe quelle vieille
sorcière édentée, n'importe quelle femme même
s'il la méprise, et il ira jusqu'à payer pour ça.
Et pourquoi toute cette agitation ? Si c'était pour soulager une
tension physique, il lui suffirait de se masturber, et puis s'il va jusqu'à
violer des cadavres et des bébés, ce n'est sûrement
pas pour combler son ego. Alors pourquoi ?
Complètement égocentrique, incapable de communiquer et de
s'identifier aux autres (voir plus haut), n'existant que par une sexualité
endémique et diffuse, le mâle est psychiquement passif. Et
parce que sa propre passivité lui fait horreur, il tente de s'en
débarrasser en la projetant sur les femmes. Il postule que l'homme
est Actif, et s'attache ensuite à démontrer qu'il est actif,
donc qu'il est un Homme. Et pour ce faire, il baise ! (Moi je suis un
Vrai Mec et j'ai une Grosse Queue et comment que je Tire mon Coup). Mais
comme ce qu'il cherche à démontrer est faux, il est obligé
de toujours recommencer. Alors baiser devient un besoin irrépressible,
une tentative désespérée de prouver qu'il n'est pas
passif, qu'il n'est pas une femme. Mais en fait il est passif, et son
désir profond est d'être une femme. Femelle incomplète,
le mâle passe sa vie à chercher ce qui lui manque, à
tenter de devenir une femme. Voilà pourquoi il est constamment
à l'affût des femmes, voilà pourquoi il fraternise
; il veut vivre à travers elles, se fondre en elles. Voilà
pourquoi il revendique tout ce qui caractérise en fait les femmes,
la force de caractère et l'indépendance affective, l'énergie,
le dynamisme, l'esprit d'initiative, l'aisance, l'objectivité,
l'assurance, le courage, l'intégrité, la vitalité,
l'intensité, la profondeur, le sens de la rigolade, etc. Voilà
pourquoi il projette sur les femmes tout ce qui caractérise les
hommes, la vanité, la frivolité, la banalité, la
faiblesse, etc. (Il faut cependant reconnaître qu'il existe un domaine
dans lequel les hommes sont largement supérieurs aux femmes : celui
des relations publiques. C'est de cette façon qu'ils réussissent
à faire croire à des millions de femmes qu'elles sont des
hommes et vice versa). Les hommes prétendent que les femmes trouvent
leur épanouissement dans la maternité et la sexualité,
ce qui correspond à ce qu'ils trouveraient satisfaisant, les pauvres,
s'ils étaient des femmes. Autrement dit, ce ne sont pas les femmes
qui envient le pénis, mais les hommes qui envient le vagin. Lorsque
le mâle se résout finalement à accepter sa passivité
et se définit comme femme (les hommes, aussi bien que les femmes,
prennent chaque sexe pour l'autre), bref lorsque le mâle devient
un travesti, il perd tout désir de baiser (ou de quoi que ce soit
d'autre, d'ailleurs, son rôle de vamp à pédé
lui suffit), et il se fait couper la queue dans l'espoir de ressentir
on ne sait quelle vague jouissance permanente à l'idée d'être
femme. Baiser permet aux hommes de se protéger contre leur désir
d'être des femmes. La sexualité est en elle-même une
sublimation.
Sa recherche frénétique de compensations parce qu'il
n'est pas une femme combinée avec son incapacité
fondamentale à communiquer et à compatir, a permis à
l'homme de faire du monde un gigantesque tas de merde.
Il porte l'entière responsabilité de :
LA GUERRE
Le système de compensation le plus courant du mâle, savoir
dégainer son gros calibre, se révélant notoirement
inefficace, puisqu'il ne peut le sortir qu'un nombre très limité
de fois, il dégaine sur une échelle franchement massive,
donc sublime, prouvant ainsi au monde entier qu'il est un « Homme
». Du fait de son incapacité à éprouver de
la compassion pour les autres, à les comprendre ou à s'identifier
à eux (voir plus haut), il trouve que l'affirmation de sa virilité
vaut bien toutes sortes de mutilations et de souffrances, et il la fait
passer avant un nombre incalculable de vies humaines, la sienne comprise.
Pour ce que vaut celle-là, il préfère mourir ébloui
de gloire que de se traîner lugubrement cinquante ans de plus.
LA GENTILLESSE, LA POLITESSE, LA « DIGNITÉ »
Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans
intérêt. Submergé par la sensation de sa bestialité
et par la honte qu'elle lui inspire, il ne cherche pas à s'exprimer
mais au contraire à camoufler les limites de son être purement
physique et son parfait égocentrisme. À cause de son système
nerveux grossièrement constitué et bouleversé à
la moindre marque d'émotion ou de sentiment, le mâle se protège
à l'aide d'un code « social » parfaitement insipide
d'où est absente toute trace de sentiments ou d'opinions gênantes.
Il utilise des termes comme « copuler », « commerce
sexuel », « avoir des rapports » (pour les hommes, parler
de rapports sexuels est un pléonasme), et il en parle avec des
allures guindées de chimpanzé en habit à queue.
L'ARGENT, LE MARIAGE ET LA PROSTITUTION, LE TRAVAIL CONTRE L'AUTOMATION
Rien, humainement, ne justifie l'argent, ni le travail pour quiconque
au-delà de deux ou trois heures par semaine au grand maximum. Tous
les travaux non créatifs (à peu près tous les travaux
exercés à ce jour) auraient pu être automatisés
depuis longtemps. Et dans un système sans argent, tout le monde
aurait tout ce qu'il veut, et du meilleur. Les raisons qui maintiennent
en place ce système basé sur l'argent et le travail n'ont
rien d'humain, elles sont mâles :
1 Le con. Le mâle, qui méprise sa nature déficiente,
est saisi d'une anxiété profonde et submergé par
une immense solitude lorsqu'il se retrouve dans sa seule affligeante compagnie.
Il s'accroche alors à n'importe quelle femme dans le vague espoir
de remplir son vide intérieur, et se nourrissant de l'illusion
mystique qu'à force de toucher de l'or il se transformera en or,
il convoite en permanence la compagnie des femmes. Il préfère
à sa propre compagnie, et à celle des autres hommes, celle
de la femme la plus méprisable. Mais pour parvenir à ses
fins, il est obligé d'employer la force ou la corruption, à
moins de tomber sur des femmes très jeunes ou très atteintes.
2 L'homme, incapable d'entrer en relation avec les autres (voir
plus haut), et contraint de se donner l'illusion de servir à quelque
chose, s'active, pour justifier son existence, à creuser des trous
et à les remplir. L'homme est horrifié à l'idée
d'avoir du temps libre, pendant lequel il ne trouverait rien d'autre à
faire que de contempler sa grotesque personne. Puisqu'il ne peut aimer
ni établir de contacts, l'homme travaille. Les femmes, elles, rêvent
d'activités intelligentes, absorbantes, à même de
combler leur sensibilité, mais par manque d'occasion ou de compétence
elles préfèrent folâtrer et perdre leur temps à
leur guise : dormir, faire des emplettes, jouer au bowling, miser de l'argent,
jouer aux cartes, procréer, lire, marcher, rêvasser, manger,
se tripoter, s'envoyer des pilules derrière la cravate, aller au
cinéma, se faire psychanalyser, biberonner, voyager, élever
des chiens et des chats, se vautrer sur le sable, nager, regarder la télé,
écouter de la musique, décorer la maison, jardiner, coudre,
aller dans les boîtes, danser, visiter, s'« enrichir »
(suivre des stages), se « cultiver » (conférences,
théâtre, concerts, cinéma « d'art »).
Ainsi beaucoup de femmes, même dans le cas d'une complète
égalité économique, préfèrent vivre
avec des hommes ou traîner leurs fesses dans la rue, c'est-à-dire
disposer le plus possible de leur temps, plutôt que passer huit
heures par jour à faire pour d'autres un travail ennuyeux, abrutissant
et absolument pas créatif qui fait d'elles pis que des bêtes,
des machines, à moins qu'un travail « intéressant
» ne fasse d'elles, au mieux, les cogérantes de la merde
ambiante. Ce qui pourra libérer les femmes de l'emprise masculine,
ce sera donc la destruction totale du système fondé sur
l'argent et le travail et non l'égalité économique
à l'intérieur du système.
3 Le pouvoir. Ne pouvant dominer les femmes dans ses relations
personnelles, l'homme recherche la domination en général
en manipulant l'argent ainsi que toute chose et tout être régi
par l'argent, c'est-à-dire en manipulant tout et tout le monde.
4 Trouver un substitut à l'amour. L'homme, inapte qu'il
est à donner de l'amour ou de l'affection, donne de l'argent. Il
se sent maternel. La mère donne le lait ; il donne le pain. Il
est le Gagne-Pain.
5 Fournir un but à l'homme. Puisqu'il est incapable de profiter
de l'instant présent, l'homme doit trouver un but à poursuivre
et l'argent est la carotte après laquelle il peut courir éternellement
: pensez un peu à tout ce qu'on peut faire avec quatre-vingts milliards
de dollars : ah, investir ! Et dans trois ans ça vous fera trois
cent mille millions de dollars, les gars !
6 Donner à l'homme sa plus belle occasion de manipuler les
autres : la paternité.
LA PATERNITÉ ET LA MALADIE MENTALE (peur, lâcheté,
timidité, humilité, insécurité, passivité)
Maman veut le bien de ses enfants, Papa ne veut que le bien de Papa, il
veut qu'on lui fiche la paix, il veut que ses lubies de « dignité
» soient respectées, il veut présenter bien (le statut)
et il veut contrôler et manipuler à volonté ce qui
s'appellera « guider » s'il est un père « moderne
». Ce qu'il veut aussi, c'est s'approprier sa fille sexuellement.
Il donne la main de sa fille en mariage, le reste est pour lui.
Papa, au contraire de Maman, ne cède jamais à ses enfants
car il doit à tout prix préserver l'image de l'homme décidé,
fort, énergique, qui a toujours raison.
À force de ne jamais agir à sa façon, on se sent
dépassé par ce monde et on accepte passivement le statu
quo. Maman aime ses enfants. Elle se met quelquefois en colère,
mais la crise passe vite et n'exclut jamais ni l'amour ni l'acceptation
profonde. Papa, lui, est un débile affectif et il n'aime pas ses
enfants ; il les approuve s'ils sont « sages », gentils,
« respectueux », obéissants, soumis, silencieux et
non sujets à des sautes d'humeur qui pourraient bouleverser le
système nerveux mâle et fragile de Papa en d'autres
termes, s'ils vivent à l'état végétal. S'ils
ne sont pas « sages », Père ne se fâche pas
quand il est un père moderne et « civilisé »
(la brute moralisatrice et gesticulante d'autrefois est bien préférable
car suffisamment ridicule pour se déconsidérer d'elle-même)
non, il se contente de désapprouver, attitude qui, contrairement
à la colère, persiste, et exprime un rejet fondamental :
le résultat pour l'enfant, qui se sent dévalorisé
et recherchera toute sa vie l'approbation des autres, c'est la peur de
penser par lui-même, puisqu'une telle faculté conduit à
des opinions et des modes de vie non conventionnels qui seront désapprouvés.
Si l'enfant veut gagner l'approbation paternelle, il doit respecter Papa,
et Papa qui n'est qu'un tas de pourriture n'a pas d'autre moyen d'imposer
le respect que de rester à bonne distance, suivant le précepte
que « la familiarité engendre le mépris », ce
qui est naturellement vrai lorsqu'on est méprisable. En se montrant
distant, le Père reste inconnu, mystérieux, il inspire donc
la peur (le « respect »).
Comme il réprouve les « scènes », les enfants
en viennent à craindre toute émotion, à avoir peur
de leur propre colère et de leur haine, finalement à redouter
d'affronter la réalité puisque la réalité
ne peut déclencher que colère et haine. Cette peur, alliée
à un sentiment d'incapacité à changer ce monde qui
vous dépasse, voire à influer un tant soit peu sur son destin,
aboutit au sentiment facile que tout va très bien, que la moindre
banalité vous comble et qu'on se fend la pêche pour un rien.
L'effet de la paternité sur les garçons, notamment, est
d'en faire des «Hommes», c'est-à-dire de développer
en eux un système de défenses farouches contre leur tendances
à la passivité, à l'hystérie « grande-folle
», et contre leur désir d'être des femmes. Tous les
garçons veulent imiter leur mère, être elle, fusionner
avec elle, mais Papa interdit de telles choses. C'est lui la mère.
Lui, fusionne avec elle. Alors, plus ou moins directement il dit au petit
garçon de ne pas faire la « mauviette » et de se conduire
en « homme ». Le petit garçon qui chie dans son froc
devant son père, autrement dit le « respecte », se
soumet et devient un vrai petit Papa, ce modèle de Virilité,
ce rêve américain : le lourd crétin qu'est l'hétérosexuel
bon teint.
L'effet de la paternité sur les femmes est d'en faire des hommes
dépendantes, passives, domestiquées, animalastiquées,
gentilles, inquiètes, avides de sécurité et d'approbation,
trouillardes, humbles, « respectueuses » des autorités
et des hommes, fermées, sans réaction, à demi mortes,
futiles, ennuyeuses, conventionnelles, insipides et profondément
méprisables. La Fille à son Papa, toujours contractée
et apeurée, mal à l'aise, dénuée d'esprit
analytique et d'objectivité, situe Papa, et par suite tous les
hommes, dans un contexte de peur nommée « respect ».
Elle ne voit pas que la lointaine silhouette paternelle n'est qu'un trompe-l'il,
elle accepte la définition de l'homme comme être supérieur
en tant que femme, et accepte d'être considérée inférieure
en tant que mâle, ce que, merci Papa, elle est effectivement.
C'est l'épanouissement de la Paternité, dû au développement
et à la meilleure répartition des richesses (dont la Paternité
a besoin pour prospérer), qui est la cause de l'ascension de la
bêtise et du déclin des femmes aux États-Unis depuis
les années vingt : voyez la montée de l'allaitement, de
l'accouchement naturel, et de la pratique religieuse. L'association étroite
entre richesse et Paternité a valu aux filles les plus mal choisies,
c'est-à-dire les « petites bourgeoises » soi-disant
privilégiées, d'avoir droit à l'« instruction
».
En résumé, le rôle du père a été
d'apporter au monde la gangrène de l'esprit mâle. Les hommes
sont des Midas d'un genre spécial : tout ce qu'ils touchent se
change en merde.
ANIMALITÉ (domesticité et maternité) ET SUPPRESSION
DE L'INDIVIDUALITÉ
L'homme est une suite de réflexes conditionnés, il est incapable
de réagir librement, avec son esprit. Il est entièrement
déterminé par le conditionnement subi pendant son enfance.
Ses premières expériences ont été vécues
avec sa mère et il est lié à elle pour la vie. Pour
l'homme il n'est jamais très clair qu'il puisse être autre
chose qu'une partie de sa mère, qu'il est lui et qu'elle est elle.
Son plus grand besoin est d'être guidé, abrité, protégé
et admiré par sa Mamma (les hommes s'attendent à ce que
les femmes adorent ce qui, eux, les pétrifie d'horreur : eux-mêmes).
N'existant que par son corps, l'homme aspire à passer son temps
(celui qu'il ne perd pas « dans le monde » à se défendre
âprement contre sa passivité) dans une béatitude animale
consistant à manger, dormir, chier, s'écrouler dans un fauteuil
et se faire dorloter par la Mamma.
La Fille à son Papa, passive et abrutie, avide d'approbation et
de petites tapes sur la joue, qui manifeste son respect au moindre tas
d'immondices passant par là, se laisse facilement transformer en
Mamma. Elle prête machinalement son corps, éponge le front
simiesque plissé par l'effort, pousse au cul le petit ego défaillant,
complimente la crapule. Elle n'est plus qu'une bouillotte avec des nichons.
Réduites à l'état de bêtes, les femmes du secteur
le plus arriéré de la société, les classes
moyennes « privilégiées » et « instruites
», déchet de l'humanité sur lequel Papa règne
en maître, essaient de se défoncer en mettant bas, et dans
la nation la plus avancée du monde, en plein xxe siècle,
elles se ventrouillent avec des enfants pendus à leurs seins. Oh,
ce n'est pas pour le bien des enfants que les « spécialistes
» racontent aux femmes que la Mamma doit rester à la maison
pour croupir comme une bête. C'est pour le bien de Papa, naturellement.
C'est Papa qui a besoin de se cramponner à des nichons. C'est Papa
qui se pique d'obstétrique et se défonce ainsi par procuration
(ce mort-vivant a besoin de stimulants vigoureux).
La nécessité de faire de la femme une bête, une Mamma,
un mâle, est autant psychologique que pratique. Le mâle n'est
qu'un échantillon de l'espèce, interchangeable avec tous
les autres mâles. Il n'a pas d'individualité profonde (ne
sait pas différencier les êtres, ne connaît pas l'autosuffisance
mentale, la complétude), car l'individualité ne peut naître
que de ce qui éveille la curiosité, vous fait sortir de
vous-même, ce avec quoi on entre en relation. Complètement
absorbés en eux-mêmes, ne sachant communiquer qu'avec leur
propre corps et leurs sensations physiques, les hommes ne se différencient
entre eux que par la façon dont ils se défendent contre
leur passivité et leur désir d'être femme, et par
le degré d'acharnement qu'ils y mettent.
L'individualité de la femme s'impose aux yeux de l'homme, mais
il est incapable de la saisir, incapable d'entrer en relation avec elle
; elle le bouleverse, l'emplit d'effroi et d'envie. Aussi la nie-t-il
et entreprend-il de définir chacun et chacune en termes de fonction
et d'usage, s'assignant bien entendu, les fonctions les plus importantes
docteur, président, savant ce qui l'aide à
revêtir une identité sinon à atteindre à l'individualité,
et il cherche à se convaincre comme à convaincre les femmes
(il a mieux réussi de ce côté) que la fonction de
la femme est de porter et d'élever les enfants, d'apaiser, de réconforter
et de stimuler l'ego masculin ; que sa fonction fait d'elle un être
interchangeable avec les autres femmes.
En fait, la fonction de la femme est d'explorer, découvrir, inventer,
résoudre des problèmes, dire des joyeusetés, faire
de la musique le tout, avec amour. En d'autres termes de créer
un monde magique.
La fonction de l'homme est de produire du sperme. Nous avons maintenant
des banques de sperme.
LE VOL DE L'INTIMITÉ
L'homme, qui a honte de ce qu'il est et d'à peu près tout
ce qu'il fait, tient beaucoup à garder secrets tous les aspects
de sa vie mais n'a aucun respect pour la vie privée des autres.
Lui qui est vide, qui n'a pas de réalité propre, pas d'individualité,
pas d'états d'âme jouissifs, a constamment besoin de la compagnie
des femmes et ne voit absolument rien de mal à s'immiscer dans
les pensées d'une inconnue, n'importe où n'importe quand
; et par-dessus le marché il s'indigne et se sent insulté
lorsqu'il se fait rembarrer ; il en est tout désorienté
: cela le dépasse complètement que quelqu'un puisse préférer
une seule minute de solitude à la compagnie de n'importe quel taré.
Comme il voudrait en être, il se démène pour être
toujours dans les pattes des femmes, ce qui est le plus près qu'il
puisse atteindre de son but, et s'ingénie à fabriquer une
société fondée sur la famille le couple et
les enfants (qui sont la bonne excuse de la famille) et tout ce
monde est censé vivre les uns sur les autres en violant scrupuleusement
les droits de la femme et son intimité, en détériorant
sa santé mentale.
L'ISOLEMENT, LES PAVILLONS DE BANLIEUE ET L'IMPOSSIBILITÉ DE LA
VIE COMMUNAUTAIRE
Notre société n'est pas une communauté, c'est un
entassement de cellules familiales. Miné par son sentiment d'insécurité,
l'homme est persuadé que sa femme va le quitter si elle s'expose
aux autres hommes et à tout ce qui peut présenter une lointaine
ressemblance avec la vie. Aussi cherche-t-il à l'isoler de ses
rivaux et de cette faible agitation qu'on nomme civilisation, en l'emmenant
en banlieue pour la caser dans une rangée de pavillons où
s'enferment dans une contemplation mutuelle des couples et leurs enfants.
En devenant un « farouche individualiste », un grand solitaire,
il croit pouvoir prétendre à l'individualité, qu'il
confond avec la claustration et le manque de coopération.
Il y a encore une autre explication à cet isolement : chaque homme
est une île. Enfermé en lui-même, sans aucun contact,
sans émotion, incapable de communiquer, l'homme a horreur de la
civilisation, des gens, des villes, de toute situation qui demande de
comprendre les autres et d'entrer en relations avec eux. Papa détale
comme un lièvre apeuré et traîne son cul à
la recherche des contrées sauvages : les banlieues. Ou s'il est
un « hippie », il part alors là, qu'est-ce qu'il
est parti, les gars ! pour le pré à vaches où
il peut baiser et procréer à son aise en s'ébattant
au milieu de ses flûtes et de sa verroterie.
Le hippie, dont le désir d'être un « Homme »
et un « farouche individualiste » est moins forcené
que chez la plupart des hommes parce qu'il se défend moins
contre sa passivité ; qui, par ailleurs, est follement excité
à l'idée d'avoir tout un tas de femmes à sa disposition,
se révolte contre le rôle éreintant de Gagne-pain
et la monotonie de la monogamie. Au nom de la coopération et du
partage, il forme une communauté ou tribu qui, en dépit
de tous ses principes de solidarité et en partie à cause
d'eux (ladite communauté, qui est une extension de la famille,
ne fait donc que bafouer un peu plus les droits des femmes, violer leur
intimité et détériorer leur santé mentale),
ne ressemble pas plus à une communauté que le reste de la
société.
Une véritable communauté se compose d'individus pas
de simples échantillons de l'espèce, pas de couples
qui se respectent les uns les autres dans leur individualité et
leur intimité, établissent entre eux des contacts intellectuels
et affectifs en esprits libres ayant des relations libres
et coopèrent à l'achèvement de buts communs. Pour
les traditionalistes, l'unité de base de la société
est la famille ; pour les « hippies », c'est la tribu. Pour
aucun d'eux, ce n'est l'individu.
Le hippie babille beaucoup sur l'individu, mais comme les autres hommes,
il n'a aucune idée de ce que c'est. Il voudrait retourner à
la Nature, à la vie sauvage, retrouver l'antre des animaux à
fourrure dont il fait partie, loin de la ville, où au moins on
repère quelques traces, un vague début de civilisation,
pour vivre au niveau primaire de l'espèce et s'occuper à
de simples travaux, non intellectuels : élever des cochons, baiser,
enfiler des perles.
L'activité la plus importante de la vie communautaire, celle sur
laquelle elle se fonde, c'est le baisage à la chaîne. Ce
qui allèche le plus le hippie, dans l'idée de vivre en communauté,
c'est tout le con qu'il va y trouver. Du con en libre circulation : le
bien collectif par excellence ; il suffit de demander. Mais, aveuglé
par le désir, il ne pense pas à tous les hommes avec lesquels
il devra partager, ni à la jalousie et à la possessivité
des mignons cons eux-mêmes.
Les hommes ne peuvent pas coopérer à la réalisation
d'un but commun, car le seul but de chaque homme est d'avoir tout le con
pour lui. La communauté est donc vouée à l'échec
: chaque hippie, pris de panique, va empoigner la première jobarde
qui en pince pour lui et filer avec elle dans un pavillon de banlieue.
L'homme ne peut progresser socialement, il ne peut qu'aller et venir entre
l'isolement et la partie de cul associée.
LE CONFORMISME
Tout en désirant être un individu, l'homme a peur de ce qui
pourrait le différencier un tant soit peu des autres. Il craint
de n'être pas vraiment un « Homme », d'être passif
et déterminé par la sexualité, tous soupçons
qui le bouleversent. Si les autres hommes sont « A » et qu'il
ne l'est pas, alors il ne doit pas être un homme. Il doit être
une pédale, selon ses termes. Alors il essaye d'affirmer sa Virilité
en ressemblant aux autres hommes. Mais toute différence constatée
chez les autres le menace aussi bien : ce sont eux les « pédales
» qu'il doit éviter à tout prix et il fait tout pour
les obliger à rentrer dans le rang.
L'homme ose se montrer différent dans la mesure où il accepte
sa passivité et son désir d'être une femme, sa réalité
de pédale. L'homme le plus conséquent avec lui-même
est le travesti mais là encore, bien qu'il soit différent
des autres hommes, il ressemble exactement à tous les autres travestis.
Fonctionnaliste, il ne cherche que l'identité formelle : être
une femme. Il se débarrasse de ses problèmes en leur collant
des étiquettes, mais toujours pas trace d'individualité.
N'arrivant pas à se convaincre tout à fait qu'il est une
femme, angoissé à l'idée de n'être pas assez
femelle, il se conforme désespérément au stéréotype
féminin inventé par les hommes, et devient une marionnette
bourrée de tics.
Pour s'assurer qu'il est un « Homme », le mâle doit
veiller à ce que la femelle se comporte bien en « Femme »,
le contraire de l'homme viril, autrement dit qu'elle se comporte en grande-folle.
Et la Fille à son Papa, dont on a massacré tous les instincts
de femme dés l'enfance, s'adapte au rôle avec aisance et
obligeance.
L'AUTORITÉ ET LE GOUVERNEMENT
L'homme, qui n'a aucun sens du bien et du mal, aucune conscience morale
(elle ne peut naître qu'avec la faculté de se mettre à
la place des autres), qui ne croit pas en lui-même (pour la bonne
raison qu'il n'a pas de réalité), compétitif par
nécessité et inapte à la vie communautaire par nature,
a besoin de direction et de contrôle. Pour cette raison il a mis
en place diverses autorités les prêtres, les spécialistes,
les patrons, les chefs, etc. et institué le Gouvernement.
Comme il désire que la femme soit son guide (la Mamma) mais qu'il
est incapable d'accepter cette idée (après tout il est un
Homme), comme il veut jouer à la femme, usurper sa fonction de
Guide et de Protectrice, il s'arrange pour que toutes les autorités
soient masculines.
Il n'y a aucune raison pour qu'une société composée
d'individus rationnels et capables de se comprendre les uns les autres,
complets en eux-mêmes et n'étant pas enclins naturellement
à entrer en compétition les uns avec les autres, ait besoin
d'un gouvernement, de lois ou de chefs.
LA PHILOSOPHIE, LA RELIGION ET LA MORALE BASÉES SUR LE SEXE
Vu son incompétence pour entrer en relation avec qui ou quoi que
ce soit, l'homme dont la vie est dépourvue de sens (le dernier
mot de la pensée mâle est que le monde est absurde) a dû
inventer la philosophie et la religion. Ne trouvant en lui que vide, l'homme
doit se tourner vers l'extérieur, non seulement pour trouver une
direction et un contrôle, mais aussi le salut et un sens à
sa vie. Le bonheur étant pour lui impossible sur cette terre, il
a inventé le Ciel.
Comme nous savons, l'homme est incapable de comprendre les autres et ne
vit que par sa sexualité, aussi pour lui le « mal »
est la « licence » sexuelle, qui conduit aux pratiques sexuelles
« déviantes » (non viriles), c'est-à-dire aux
pratiques qui ne le défendent pas contre sa passivité et
sa sexualité omniprésente, lesquelles risqueraient, s'il
les laissait s'exprimer, de détruire la « civilisation »
puisque la « civilisation » repose exclusivement sur le besoin
de l'homme de se défendre contre ces caractéristiques masculines.
Pour une femme (d'après les hommes), le mal est tout comportement
pouvant entraîner les hommes à la « licence »
sexuelle, c'est-à-dire lorsqu'elle ne place pas les besoins de
l'homme au-dessus des siens et refuse de jouer les tantouses.
Quant à la Religion, elle procure un but à l'homme (le Ciel),
elle renforce par son code « moral » l'assujettissement des
femmes aux hommes, et de plus fournit à l'homme des rituels lui
permettant d'exorciser la honte et la culpabilité qu'il éprouve
de ne pas se défendre assez contre ses pulsions sexuelles : finalement
la honte et la culpabilité qu'il éprouve d'être un
homme.
La plupart des hommes, dans leur immense lâcheté, projettent
les faiblesses qui leur sont inhérentes sur les femmes, les désignent
comme faiblesses typiquement féminines et s'attribuent la véritable
force féminine. La plupart des philosophes, un peu moins lâches,
reconnaissent à l'homme certaines lacunes, mais n'arrivent toujours
pas à admettre que ces lacunes n'existent que chez les hommes.
Ainsi ils étiquettent la condition masculine : Condition Humaine,
posent leur problème du néant, qui les horrifie, comme un
dilemme philosophique, affublant ainsi leur animalité de grandeur,
baptisent pompeusement leur néant « Problème d'Identité
» et pérorent avec grandiloquence sur la « Crise de
l'Individu », l'« Essence de l'Être », l'«
Existence précédant l'Essence », les « Modes
Existentiels de l'Être », etc.
Les femmes, elles, prennent pour acquises leur identité et leur
individualité, elles savent instinctivement que le seul mal est
de nuire aux autres et que le sens de la vie est l'amour.
LES PRÉJUGÉS (raciaux, ethniques, religieux, etc.)
L'homme a besoin de boucs émissaires sur lesquels il peut projeter
ses lacunes et ses imperfections et sur lesquels il peut défouler
sa frustration de n'être pas une femme. Les multiples discriminations
ont d'ailleurs un avantage pratique : elles accroissent substantiellement
la masse de cons disponible pour les hommes qui campent au sommet de la
pyramide.
LA COMPÉTITION, LE PRESTIGE, LE STATUT, L'ÉDUCATION, L'IGNORANCE,
LES CLASSES SOCIALES ET ÉCONOMIQUES
Obsédé par le désir d'être admiré par
les femmes mais n'ayant aucune valeur intrinsèque, l'homme fabrique
une société complètement artificielle qui lui attribue
un semblant de valeur à travers l'argent, le prestige, la «
supériorité » de classe, les diplômes, la profession
et le savoir, tout en reléguant au bas de l'échelle sociale,
professionnelle, économique et culturelle, le plus grand nombre
d'hommes possible.
Le but de l'enseignement « supérieur » n'est pas d'instruire
mais d'exclure le plus grand nombre possible de gens de certaines professions.
L'homme, qui n'est qu'un corps, inapte aux rapports intellectuels, est
sans doute capable d'utiliser à ses fins la connaissance et les
idées, mais pas d'entrer en relation avec elles, de les saisir
sur le plan émotionnel. Il n'attribue pas de valeur à la
connaissance et aux idées pour elles-mêmes (elles ne sont
que les moyens de servir ses buts) et n'éprouve donc pas le besoin
de communiquer avec d'autres esprits ni de cultiver les possibilités
intellectuelles des autres. Bien au contraire, il investit tout dans l'ignorance.
Cela donne aux rares hommes instruits une supériorité décisive
sur ceux qui ne le sont pas et, de plus, le mâle sait qu'une population
féminine éclairée et consciente signifierait sa perte.
La femme saine, la femme suffisante, recherche la compagnie d'égaux
qu'elle peut respecter et avec lesquels elle peut prendre son pied. Mais
l'homme et la femme-mec (atrophiée, manquant d'assurance et souffrant
d'un sentiment d'insécurité) n'aspirent, eux, qu'à
la compagnie de larves rampantes qu'ils pourront facilement regarder de
haut.
Aucune véritable révolution sociale ne peut être réalisée
par les hommes, car ceux qui sont en haut de l'échelle veulent
y rester et ceux qui sont en bas n'ont qu'une idée, c'est d'être
en haut. La « révolte », chez les hommes, n'est qu'une
farce. Nous sommes dans une société masculine, faite par
l'homme pour satisfaire ses besoins. S'il n'est jamais satisfait, c'est
qu'il lui est impossible de l'être. En fin de compte, ce qui révolte
« l'homme révolté », c'est d'être un homme.
L'homme ne change que lorsqu'il y est obligé par le progrès
technique, quand il n'a pas le choix, quand la société arrive
au point où il doit changer ou mourir. Nous en sommes là.
Si les femmes ne se remuent pas le cul en vitesse, nous risquons de crever
tous.
L'IMPOSSIBILITÉ DE LA CONVERSATION
Etant donné la nature totalement égocentrique de l'homme
et son incapacité à communiquer avec autre chose que lui-même,
sa conversation, lorsqu'elle ne porte pas sur sa personne, se réduit
à un bourdonnement impersonnel, détaché de tout ce
qui peut avoir valeur humaine. La « conversation intellectuelle
» du mâle, lorsqu'elle n'est pas une simple fuite de lui-même,
n'est qu'une tentative laborieuse et grotesque d'impressionner les femmes.
La Fille à son Papa, passive, malléable, qui respecte et
craint le mâle, se laisse volontiers assommer par son bavardage
débile. Cela ne lui est pas trop difficile car elle est tellement
crispée, anxieuse, mal à l'aise, peu sûre d'elle (grâce
à Papa qui a semé l'incertitude dans tous ses sentiments
et sensations), que sa perception en est obscurcie et qu'elle est incapable
de voir que le bavardage masculin n'est que du bavardage. Comme l'esthète
qui « apprécie » la crotte baptisée «
Grand Art », elle s'imagine faire ses choux gras de la conversation
masculine alors qu'elle en chie d'ennui. Et non seulement elle le laisse
postillonner à sa guise, mais en plus elle s'adapte au style de
la «conversation». Entraînée comme elle l'est
depuis l'enfance à la gentillesse, la politesse et la « dignité
», à entrer dans le jeu des hommes lorsqu'ils cherchent à
camoufler leur réalité bestiale, elle leur fait la fleur
de réduire sa conversation à des propos mielleux et insipides,
évitant tout sujet profond ou bien, s'il s'agit d'une fille «
cultivée », elle a une discussion « intellectuelle
», c'est-à-dire qu'elle discourt de façon impersonnelle
sur des abstractions oiseuses telles que le Produit National Brut, le
Sionisme, l'influence de Rimbaud sur la peinture symboliste. Elle est
si bien versée dans l'art de lécher le cul des hommes que
cela devient bientôt une seconde nature et qu'elle continue à
jouer leur jeu même lorsqu'elle se trouve seulement avec des femmes.
En dehors de son côté lèche-cul, la conversation de
la Fille à son Papa est encore limitée par sa crainte d'exprimer
des opinions déviantes ou originales et par son sentiment d'insécurité
qui l'emprisonne. Ce qui lui enlève tout charme. La gentillesse,
la politesse, la « dignité », le sentiment d'insécurité
et la claustration mentale ont peu de chance de s'allier à l'intensité
et à l'humour, qualités dont ne peut se passer une conversation
digne de ce nom. Et la conversation digne de ce nom ne court pas les rues,
étant donné que seules les femmes tout à fait sûres
d'elles, arrogantes, exubérantes, et fortiches, sont capables d'avoir
une conversation intense et spirituelle de vraies salopes.
L'IMPOSSIBILITÉ DE L'AMITIÉ (DE L'AMOUR)
Les hommes se méprisent eux-mêmes, méprisent tous
les autres hommes qu'ils ont l'occasion d'approcher d'un peu près
et qu'ils ne prennent ni pour des femmes (comme les analystes «
sympa » et les « Grands Artistes ») ni pour des agents
de Dieu et ils méprisent toutes les femmes qui leur lèchent
le cul. Les femmes-mec, les lèche-cul en mal d'approbation et de
sécurité se méprisent elles-mêmes ainsi que
toutes les femmes qui leur ressemblent. Les femmes sûres d'elles,
celles qui n'ont pas froid aux yeux, qui aiment que ça bouge, les
femmes-femmes, méprisent les hommes et les femmes-mec lèche-cul.
Pour tout dire, le mépris est à l'ordre du jour.
L'amour n'est ni la dépendance ni la sexualité, c'est l'amitié.
L'amour ne peut donc exister entre deux hommes, entre un homme et une
femme ou entre deux femmes si l'un des deux, ou les deux, est un mec ou
un lèche-cul à mec sans esprit et timoré. De même
que la conversation, l'amour ne peut exister qu'entre deux femmes-femmes
libres rouleuses, sûres d'elles, indépendantes et à
l'aise, puisque l'amitié est basée sur le respect et non
sur le mépris.
Même chez les femmes à la coule, les amitiés profondes
sont rares à l'âge adulte car elles sont presque toutes ligotées
à un homme afin de survivre économiquement, ou bien elles
essayent de se tailler un chemin dans la jungle et de se maintenir à
la surface des masses amorphes. L'amour ne peut s'épanouir dans
une société basée sur l'argent et sur un travail
dépourvu de sens. Il exige une totale liberté économique
et individuelle, des loisirs et la possibilité de s'engager intensément
dans des activités absorbantes, à même de combler
la sensibilité, et pouvant conduire à l'amitié profonde
lorsqu'on les partage avec ceux que l'on respecte. Notre société
n'offre aucune activité de ce genre.
Après avoir éliminé de ce monde la conversation,
l'amitié et l'amour, voici les substituts dérisoires que
nous propose l'homme :
LE « GRAND ART » ET LA « CULTURE »
L'artiste mâle essaye de compenser son incapacité à
vivre et son impuissance à être une femme en fabriquant un
monde complètement factice dans lequel il fait figure de héros,
c'est-à-dire s'affuble des caractéristiques féminines,
et où la femme est réduite à des rôles subsidiaires
insipides, c'est-à-dire fait figure d'homme.
L'« Art » masculin ayant pour but, non de communiquer (un
être entièrement vide n'a rien à dire), mais de déguiser
la réalité bestiale de l'homme, il a recours au symbolisme
et à l'obscurité (au « profond »). La grande
majorité des gens, en particulier les personnes « cultivées
», n'osant pas juger par elles-mêmes, humbles, respectueuses
des autorités (« Mon Papa, y sait » devient dans le
langage adulte « les critiques ils s'y connaissent », «
les écrivains, ils savent mieux », et « les agrégés,
ça en connaît un bout »), se laissent facilement persuader
que ce qui est obscur, vague, incompréhensible, indirect, ambigu
et ennuyeux, est à coup sûr profond et brillant.
Le « Grand Art » se veut « preuve » de la supériorité
des hommes sur les femmes, preuve que les hommes sont des femmes, non
seulement par son contenu, mais aussi par le simple fait de se baptiser
« Grand Art », puisque comme aiment à nous le rappeler
les antiféministes, il est presque entièrement l'uvre
des hommes. Nous savons que le « Grand Art » est grand parce
que les hommes, des « spécialistes », nous l'ont dit,
et nous ne pouvons pas dire le contraire vu que seules des sensibilités
exquises bien supérieures à la nôtre sont à
même de percevoir et d'apprécier ce qui est grand, la preuve
de leur sensibilité supérieure étant qu'ils apprécient
les saloperies qu'ils apprécient.
« Apprécier », c'est tout ce que sait faire l'homme
« cultivé ». Passif, nul, dépourvu d'imagination
et d'humour, il faut bien qu'il se débrouille avec ça. Incapable
de se créer ses propres distractions, de se créer un monde
à lui, d'agir d'une façon ou d'une autre sur son environnement,
il doit se contenter de ce qu'on lui offre. Il ne sait pas créer,
il ne sait pas communiquer : il est spectateur. En se gobergeant de culture,
il cherche désespérément à prendre son pied
dans un monde qui n'a rien de jouissif ; il cherche à fuir l'horreur
d'une existence stérile d'où l'esprit est absent. La «
culture » c'est le baba du pauvre, le croûton spirituel des
tarés, une façon de justifier le spectateur dans son rôle
passif. Elle permet aux hommes de se glorifier de leur faculté
d'apprécier « les belles choses », de voir un bijou
à la place d'une crotte. Ce qu'ils veulent, c'est qu'on admire
leur admiration. Ne se croyant pas capables de changer quoi que ce soit,
résignés qu'ils sont au statu quo, ils sont obligés
de s'extasier sur des crottes vu qu'il n'y a que des crottes à
l'horizon de leur courte vue.
La vénération pour l'« Art » et la « Culture
» distrait les femmes d'activités plus importantes et plus
satisfaisantes, les empêche de développer activement leurs
dons, et parasite notre sensibilité de pompeuses dissertations
sur la beauté profonde de telle ou telle crotte. Permettre à
l'« Artiste » d'affirmer comme supérieurs ses sentiments,
ses perceptions, ses jugements et sa vision du monde, renforce le sentiment
d'insécurité des femmes et les empêche de croire à
la validité de leurs propres sentiments, perceptions, jugements
et vision du monde.
Le concept même d'« Artiste », défini par des
traits féminins, le mâle l'a inventé pour «
prouver » qu'il est une femme (« Tous les Grands Artistes
sont des hommes ») ; il met en avant l'« Artiste » comme
un guide qui va nous expliquer à quoi ressemble la vie. Mais l'«
Artiste » masculin n'émerge pas du moule mâle : son
éventail de sentiments est très limité ; il n'a donc
pas grand chose en fait de perceptions, jugements et vision du monde,
puisque tout cela dépend des sentiments. Incapable d'entrer en
contact avec autre chose que ses propres sensations physiques, il n'a
rien à dire, sinon que pour lui la vie est absurde, et ne peut
donc être un artiste. Comment quelqu'un qui ne sait pas vivre pourrait-il
nous dire à quoi ressemble la vie ? L'« artiste » au
masculin, c'est une contradiction dans les termes. Un dégénéré
ne peut que produire de l'« art » dégénéré.
L'artiste véritable, c'est toute femme saine et sûre d'elle,
et dans une société féminine, le seul Art, la seule
Culture, ce sera des femmes déchaînées, contentes
les unes des autres, et qui prennent leur pied entre elles et avec tout
l'univers.
LA SEXUALITÉ
Le sexe ne permet aucune relation. C'est au contraire une expérience
solitaire, elle n'est pas créatrice, c'est une perte de temps.
Une femme peut facilement, bien plus facilement qu'elle ne pourrait le
penser, se débarrasser de ses pulsions sexuelles et devenir suffisamment
cérébrale et décontractée pour se tourner
vers des formes de relation et des activités vraiment valables.
Mais le mâle libidineux met en chaleur la femelle lascive. Les hommes,
qui ont l'air d'en pincer sexuellement pour les femmes et qui passent
leur temps à vouloir les exciter, jettent les femmes portées
sur la chose dans des transes lubriques et les fourrent dans un piège
à con dont peu de femmes arrivent jamais à se sortir.
Le sexe est le refuge des pauvres d'esprit. Et plus une femme est pauvre
d'esprit, plus elle est embourbée dans la « culture
» masculine plus elle est charmante et plus elle est portée
sur le sexe. Dans notre société, les femmes charmantes ont
le feu au cul. Mais comme elles sont atrocement charmantes, elles ne s'abaissent
pas à baiser, tu parles, elles font l'amour, elles communiquent
avec leur corps, elles établissent un contact sensuel. Les plus
littéraires valsent au rythme d'Éros et s'enfilent l'Univers
entier ; les mystiques se fondent dans le Principe érotique et
fusionnent avec le Cosmos, et celles qui marchent à l'acide Vibrent.
Les femmes qui sont les moins compromises dans la culture mâle,
celles qui ne sont pas charmantes, ces esprits simples et grossiers pour
qui baiser n'est que baiser, trop infantiles pour ce monde adulte de grands
ensembles, d'intérêts à 14%, de casseroles et de merde
de bébé, trop arrogantes pour respecter Papa, les «
Grands » ou la profonde sagesse des Anciens, qui ne font confiance
qu'à leurs instincts les plus bas, pour qui la seule Culture, c'est
le déchaînement des femmes, dont le seul divertissement est
de rôder à la recherche d'émotions et d'événements
excitants, qui « font des scènes » et offrent le spectacle
répugnant, vil, gênant, de salopes acharnées contre
ceux qui leur agacent les dents, qui n'hésiteraient pas à
planter un couteau dans le ventre d'un type ou à lui enfoncer un
pic à glace dans le cul au premier coup d'il si elles pensaient
pouvoir s'en tirer, bref celles qui, selon les critères de notre
« culture », sont la lie de la terre, les SCUM(1)
sont
des filles à l'aise, plutôt cérébrales et tout
près d'être asexuées. Débarrassées des
convenances, de la gentillesse, de la discrétion, de l'opinion
publique, de la « morale », du « respect » des
trous-du-cul, toujours surchauffées, pétant le feu, sales
et abjectes, les SCUM déferlent
elles ont tout vu
tout le machin, baise et compagnie, suce-bite et suce-con elles
ont été à voile et à vapeur, elles ont fait
tous les ports et se sont fait tous les porcs
Il faut avoir pas
mal baisé pour devenir anti-baise, et les SCUM sont passées
par tout ça, maintenant elles veulent du nouveau ; elles veulent
sortir de la fange, bouger, décoller, sombrer dans les hauteurs.
Mais l'heure de SCUM n'est pas encore arrivée. La société
nous confine encore dans ses égouts. Mais si rien ne change et
si la Bombe ne tombe pas sur tout ça, notre société
crèvera d'elle-même.
L'ENNUI
La vie, dans une société créée par et pour
des créatures à la sensibilité plus que limitée,
donc profondément ennuyeuses, lorsqu'elles ne sont pas sinistres
et déprimantes, ne peut être que profondément ennuyeuse,
lorsqu'elle n'est pas sinistre et déprimante.
LE SECRET, LA CENSURE, L'ÉLIMINATION DE LA CONNAISSANCE ET DES
IDÉES, LA CHASSE AUX SORCIÈRES
Enfouie au fond de l'homme, gît la peur hideuse et secrète
que l'on découvre qu'il n'est pas une femme, qu'il est un mâle,
un être moins qu'humain. Bien que la gentillesse, la politesse et
la « dignité » suffisent à le protéger
sur le plan personnel, l'homme doit, pour éviter qu'on ne découvre
l'imposture générale du sexe masculin, et maintenir ses
pouvoirs artificiels sur la société, avoir recours aux procédés
suivants :
1 La censure. L'homme qui réagit par réflexe à
des mots ou à des phrases isolés au lieu de réagir
avec son cerveau à des significations globales, essaye d'empêcher
l'éveil et la découverte de sa bestialité en censurant
non seulement la « pornographie », mais aussi tout ouvrage
contenant des mots « sales », quel qu'en soit le contexte.
2 L'élimination de toute idée et connaissance risquant
de le démasquer ou de menacer sa position dominante dans la société,
une vaste documentation biologique et psychologique est mise hors de circulation,
car elle révélerait la flagrante infériorité
de l'homme par rapport à la femme. De plus, le problème
de la maladie mentale ne sera jamais résolu tant que l'homme gardera
les rênes du pouvoir pour la bonne raison qu'il y trouve son intérêt
: seules des femmes auxquelles il manque pas mal de cases peuvent laisser
aux hommes la moindre parcelle de pouvoir, et pour résoudre ce
problème il faudrait que l'homme admette le rôle que joue
le Père dans l'origine des folies.
3 La chasse aux sorcières. Ce qui met l'homme en joie
dans la mesure où cette créature sinistre et constipée
est capable d'éprouver de la joie c'est de dénoncer
les autres. Peu importe ce qu'il dénonce, du moment qu'il dénonce
et détourne l'attention de sa propre personne. Dénoncer
les autres comme agents de l'ennemi (Communistes et Socialistes) est l'un
de ses passe-temps favoris : cela lui permet de se disculper, lui, la
patrie et l'Occident tout entier. Ce n'est pas dans son cul que grouille
la vermine, c'est en Russie.
LA MÉFIANCE
Dans son incapacité à se mettre à la place des autres,
à éprouver de l'affection ou à se dévouer,
ne sachant s'extérioriser que pour contempler ses tripes, l'homme,
évidemment, ne joue jamais franc-jeu. Lâche comme il l'est,
ayant constamment besoin de faire la pute avec les femmes pour gagner
leur approbation sans laquelle il n'est rien, toujours sur le qui-vive
dans la terreur que sa réalité mâle et animale ne
soit étalée au grand jour, ayant constamment besoin de se
protéger, l'homme doit mentir en permanence. Dans son néant
il ne peut avoir ni honneur ni intégrité il ne sait
pas ce que ces mots signifient. L'homme, en bref, est traître et
dans une société mâle le seul comportement valable
est le cynisme et la méfiance.
LA LAIDEUR
Grâce à sa sexualité envahissante, son indigence mentale
et esthétique, son matérialisme et sa gloutonnerie, l'homme,
non content de nous avoir infligé son « Grand Art »,
a cru devoir affubler ses villes sans paysage de constructions hideuses
(dehors comme dedans) et de décors non moins moches, d'affiches,
d'autoroutes, de bagnoles, de camions pleins de merde, et tout particulièrement
de sa nauséabonde personne.
LA HAINE ET LA VIOLENCE
L'homme est rongé sans relâche par l'amertume de n'être
pas femme et d'être incapable d'éprouver jamais aucun plaisir
ni aucune satisfaction. Il est ravagé de haine, non de cette haine
rationnelle que l'on renvoie à ceux qui vous insultent ou abusent
de vous, mais d'une haine irrationnelle qui frappe sans discernement,
haine, au fond, dirigée contre lui-même.
La violence gratuite « prouve » qu'il est un « Homme
», tout en servant d'exutoire à sa haine ; et puisque l'homme
n'a de réactions que sexuelles et qu'il faut des stimulants vraiment
puissants pour exciter ce mort-vivant, elle lui procure, sexuellement,
un petit frisson.
LA MALADIE ET LA MORT
Toutes les maladies sont guérissables, et le vieillissement et
la mort sont dus à la maladie. Il est donc possible de ne jamais
vieillir et de vivre éternellement. En fait, les problèmes
de la vieillesse et de la mort pourraient être résolus d'ici
quelques années si la science y mettait le paquet. Cette éventualité
n'aura cependant pas lieu dans un monde régi par les hommes pour
les raisons suivantes :
1 De nombreux chercheurs potentiels sont découragés
des carrières scientifiques à cause de la rigidité,
de l'ennui, de la cherté, des pertes de temps et de la sélection
sociale qui caractérisent notre enseignement « supérieur
».
2 Les chercheurs en place, dans leur insécurité mâle,
protègent jalousement leur poste, et veulent nous faire croire
que seule une petite élite est à même d'apprécier
les concepts scientifiques abstraits.
3 Beaucoup de gens doués, dont la confiance en soi a été
minée par l'éducation du Père, renoncent à
devenir des savants.
4 Le système de l'argent conduit à ces postes les
gens les moins créatifs. La plupart des scientifiques sont issus
de familles plutôt aisées, où Papa règne en
maître.
5 L'automation est insuffisante. Nous disposons actuellement de
tonnes d'informations qui, utilisées à bon escient, pourraient
permettre de guérir le cancer ainsi que d'autres maladies et peut-être
nous apporter la clé de la vie. Mais les données à
utiliser sont si nombreuses qu'il nous faudrait des ordinateurs ultra-rapides
pour les relier. L institution de l'ordinateur sera continuellement retardée
dans un système régi par les hommes car ceux-ci ont horreur
d'être remplacés par des machines.
6 L'homme a une préférence marquée pour les
objectifs « virils », la guerre et la mort.
7 La finance a un insatiable besoin de nouveaux produits. Les rares
savants dont les recherches ne visent pas la destruction et la mort sont
ligotés par les intérêts des corporations pour lesquelles
ils travaillent : leurs inventions et leurs expériences ne concernent
que des marchandises.
8 De nombreux savants mâles s'écartent prudemment
de la recherche biologique dans leur terreur de découvrir que les
hommes sont des femmes plus qu'incomplètes.
***
L'homme, qui est incapable de connaître un bonheur positif, seule
justification à l'existence, peut atteindre tout au mieux un
état neutre de confort physique qui n'est pas appelé à
durer car l'ennui, état négatif, fait rapidement son apparition.
Il est donc condamné à une vie de souffrance, soulagée
seulement par un assoupissement occasionnel et fugace qu'il ne pourra
connaître qu'aux dépens d'une femme. L'homme est par nature
une sangsue, un parasite affectif, et aucune raison éthique ne
justifie de le laisser vivre et prospérer car personne n'a le
droit de vivre aux dépens de quelqu'un d'autre. De même
que la vie des humains prime celle des animaux pour la seule raison
qu'ils sont plus évolués et doués d'une conscience
supérieure, de même la vie des femmes doit primer celle
des hommes.
Cependant, cet épilogue moral pourrait bien être purement
académique car l'homme travaille à sa propre destruction.
En dehors des procédés classiques de la guerre et des
émeutes raciales, honorés par l'Histoire, les hommes versent
de plus en plus dans la tantouzerie ou se consument dans la drogue.
Les femmes, qu'elles le veuillent ou non, prendront bientôt le
monde en main, ne serait-ce que parce qu'elles ne pourront faire autrement
: les hommes, pour des raisons pratiques, auront disparu du globe. Cette
tendance autodestructrice est renforcée par le fait que les hommes
commencent à avoir une vision plus éclairée de
leurs intérêts. Ils se rendent de mieux en mieux compte
que l'intérêt des femmes est leur intérêt,
qu'ils ne peuvent vivre que par les femmes, et que plus les femmes seront
encouragées à vivre, à se réaliser, à
être des femmes et non des hommes, plus ils approcheront eux-mêmes
de ce qui ressemble à la vie. Ils entrevoient déjà
qu'il est plus facile et plus satisfaisant de vivre à travers
elles que d'essayer de devenir elles usurper leurs qualités
et repousser les femmes dans la fosse à purin en déclarant
que ce sont des hommes. Le pédé, qui accepte sa nature
de mâle, c'est-à-dire sa passivité et sa sexualité
envahissante, sa féminité, a également intérêt
à ce que les femmes se révèlent véritablement
femmes car alors il lui serait plus facile d'être mâle,
d'être féminin. Si les hommes étaient raisonnables,
ils chercheraient à se changer carrément en femmes, mèneraient
des recherches biologiques intensives qui permettraient, au moyen d'opérations
sur le cerveau et le système nerveux, de transformer les hommes
en femmes, corps et esprit.
La question de savoir s'il faudra continuer à utiliser les femmes
pour la reproduction ou si celle-ci se fera en laboratoire est encore
un faux problème : que se passera-t-il quand chaque femme, dès
l'âge de douze ans, prendra régulièrement la Pilule,
et avortera en cas d'accident ? Combien de femmes accepteront-elles
délibérément d'être enceintes (ou, en cas
d'accident, de le rester) ? Non, Virginia (2), les femmes n'adorent
pas couver des ribambelles d'enfants, malgré ce qu'en disent
les braves épouses hébétées. Quand toutes
les femmes seront conscientes, la réponse sera : aucune. Devrait-on
alors obliger un petit nombre de femmes à faire office de lapines
pour les besoins de l'espèce ? C'est hors de question, évidemment.
La réponse, c'est les laboratoires de reproduction.
Pour ce qui est de reproduire le genre masculin, il ne s'ensuit pas,
sous prétexte que les hommes, comme la maladie, ont toujours
existé, qu'ils devraient continuer à exister. Quand le
contrôle génétique sera possible et il le
sera bientôt il est évident que nous ne devrons
produire que des êtres complets, sans défauts physiques
ni déficiences générales telles que la masculinité.
De même que la production délibérée d'aveugles
serait parfaitement immorale, de même en serait-il pour la production
délibérée d'êtres tarés sur le plan
affectif.
Et pourquoi reproduire des femmes ? Pourquoi des générations
futures ? À quoi serviront-elles ? Quand la vieillesse et la
mort seront éliminées, pourquoi se reproduire ? Et même
si elles ne sont pas éliminées, pourquoi se reproduire
? Qu'est-ce que cela peut bien nous faire ce qui arrivera quand nous
serons morts ? Qu'est-ce que cela peut bien nous faire qu'il y ait ou
non une nouvelle génération pour nous succéder
?
Le cours naturel des événements, de l'évolution
sociale, aboutira au contrôle total des femmes sur le monde. Il
s'ensuit qu'elles cesseront de reproduire des hommes et pour finir elles
cesseront de reproduire des femmes.
Mais SCUM est impatiente. SCUM ne se laisse pas consoler par la perspective
des générations futures. SCUM veut prendre son pied tout
de suite. Et si une grande majorité de femmes étaient
SCUM, elles parviendraient en quelques semaines aux commandes du pays
en refusant de travailler, c'est-à-dire en paralysant la nation
entière. Elles pourraient y ajouter d'autres mesures, dont chacune
serait suffisante pour bouleverser l'économie et le reste, comme
de rompre avec le système de l'argent, dévaliser les magasins
au lieu d'acheter, et refuser d'obéir aux lois chaque fois que
ça leur chante. La Police, la Garde Nationale et l'Armée
réunies ne pourraient réprimer la rébellion de
plus de la moitié de la population, surtout s'il s'agit des femmes,
sans lesquelles ils se retrouveraient complètement désemparés.
Si toutes les femmes laissaient tomber les hommes, tout simplement,
le gouvernement et l'économie nationale s'effondreraient. Même
sans les laisser tomber, les femmes, une fois conscientes de l'étendue
de leur supériorité et de leur pouvoir sur les hommes,
pourraient devenir maîtresses de tout en quelques semaines et
parvenir à l'assujettissement total des hommes. Dans une société
saine, l'homme trottinerait docilement derrière la femme. L'homme
est un être obéissant, il se plie facilement au joug de
toute femme qui veut bien essayer de le dominer. Les hommes, en fait,
désirent désespérément se soumettre aux
femmes, être sous la conduite de leur Mamma et s'abandonner à
ses soins. Mais cette société n'est pas saine et la plupart
des femmes n'ont pas la plus faible idée de ce qu'est le véritable
rapport des forces.
Le conflit ne se situe donc pas entre les hommes et les femmes, mais
entre les SCUM les femmes dominatrices, à l'aise, sûres
d'elles, méchantes, violentes, égoïstes, indépendantes,
fières, aventureuses, sans gêne, arrogantes, qui se considèrent
aptes à gouverner l'univers, qui ont bourlingué jusqu'aux
limites de cette société et sont prêtes à
se déchaîner bien au-delà, et les Filles à
son Papa, gentilles, passives, consentantes, « cultivées
», subjuguées, dépendantes, apeurées, ternes,
angoissées, avides d'approbation, déconcertées
par l'inconnu, qui préfèrent croupir dans le purin (là
au moins le paysage est familier), s'accrocher aux singes, sentir Papa
derrière et se reposer sur ses gros biceps, qui ont besoin de
voir une grosse face poilue à la Maison Blanche, trop lâches
pour regarder en face l'hideuse réalité de l'homme, de
Papa, qui ont établi leurs quartiers une fois pour toutes dans
l'auge à cochons, se sont adaptées à l'animalité
qu'on attend d'elles, y trouvent un confort superficiel et ne connaissent
pas d'autre mode de vie, ont rabaissé leur esprit, leurs pensées
et leurs perceptions au niveau du mâle ; qui, dépourvues
de jugement, d'imagination et d'humour, ne peuvent gagner la considération
que dans une société masculine, qui ne peuvent se faire
une place au soleil, ou plutôt dans le fumier, que comme pondeuses
et repos du guerrier, compresses d'ego et tétines roboratives
; qui sont négligées par les autres femmes, qui projettent
leurs tares, leur masculinité, sur toutes les femmes et considèrent
les femmes comme des vers de terre.
Mais SCUM est trop impatiente pour espérer et attendre la prise
de conscience de millions de trous-du-cul. Pourquoi les trépidantes,
les scories bouillonnantes continueraient-elles à se traîner
misérablement au milieu de toutes ces sinistres mec-femmes ?
Pourquoi le destin des grisantes devrait-il croiser celui des grisâtres
? Pourquoi les actives et les imaginatives devraient-elles tenir compte
des passives et des médiocres ? Pourquoi les indépendantes
devraient-elles patauger dans la morve avec les crampons à Papa
? Il n'y a aucune raison.
En baisant le système à tout bout de champ, en détruisant
la propriété de façon sélective et en assassinant,
une poignée de SCUM peut prendre le contrôle du pays en
l'espace d'un an.
SCUM sera la grande force bousi-baisante, la force du dé-travail.
Les SCUM choisiront toutes sortes de professions et dé-travailleront.
Par exemple, les vendeuses et les standardistes SCUM ne feront pas payer.
Les employées de bureau et les ouvrières SCUM, tout en
sabotant le travail, détruiront secrètement le matériel.
Les filles SCUM dé-travailleront systématiquement jusqu'à
ce qu'elles se fassent renvoyer, puis chercheront un nouvel emploi à
bousiller.
SCUM prendra d'assaut les autobus, les taxis et les services de distribution
de tickets, conduira les autobus et les taxis et donnera gratuitement
les tickets.
SCUM détruira tous les objets inutiles et nocifs tels que les
voitures, les vitrines, le « Grand Art », etc.
Ensuite SCUM s'emparera des antennes de la radio et de la télévision,
et s'empressera de soulager de leur besogne tous les employés
qui s'opposeraient à l'entrée de SCUM dans les studios.
SCUM exterminera tous les hommes qui ne feront pas partie de l'Auxiliaire
Masculin de SCUM. Font partie de l'Auxiliaire Masculin les hommes qui
s'emploient méthodiquement à leur propre élimination,
les hommes qui pratiquent le bien, quels que soient leurs motifs, et
entrent dans le jeu de SCUM. Exemples de ce qu'on peut trouver dans
l'Auxiliaire Masculin de SCUM :
- les hommes qui en tuent d'autres ;
- les chercheurs en biologie qui travaillent à des recherches
constructives (au lieu de préparer la guerre biologique) ;
- les écrivains, les rédacteurs en chef les éditeurs
et les producteurs qui répandent et favorisent les idées
susceptibles de servir les buts de SCUM ;
- les travelos qui par leur exemple magnifique encouragent les autres
hommes à se démasculiniser et à se rendre ainsi
relativement inoffensifs ;
- les hommes qui prodiguent généreusement l'argent et
tous services gratuits ;
- les hommes qui disent ce qui est (jusqu'à présent il
n'y en a pas eu un seul) et ont une attitude juste avec les femmes,
qui révèlent la vérité sur eux-mêmes,
donnent aux écervelées des phrases correctes à
répéter et leur disent que le but premier d'une femme
devrait être d'écraser le sexe masculin (pour aider les
hommes dans cette tâche, SCUM organisera des Sessions Merdiques
au cours desquelles chaque homme présent fera un discours commençant
par la phrase : « Je suis une merde, une merde minable et abjecte
», à la suite de quoi il fera une longue liste des différents
aspects de sa merdicité. En récompense, il pourra fraterniser
une heure entière avec les membres de SCUM à la fin de
la session. On invitera aux sessions les femmes gentilles et proprettes
afin d'éclaircir avec elles tous les doutes et malentendus qui
subsistent à propos du sexe masculin) ;
- les fabricants de bouquins pornos, de films suédois, etc.,
qui nous rapprochent du jour où on ne verra plus sur l'écran
que Baise et Sucerie (les hommes, comme les rats accourant aux sons
de la flûte enchantée, seront menés à leur
perdition par les charmes trompeurs de La Chatte, et dépassés,
submergés, ils sombreront finalement dans la chair passive qu'ils
ont toujours été) ; ceux qui incitent à la drogue
et précipitent la déchéance masculine.
Faire le bien est une condition nécessaire mais non suffisante
pour faire partie de l'Auxiliaire Masculin de SCUM. Pour sauver leurs
mornes culs, les hommes doivent aussi éviter de faire le mal.
Parmi les hommes les plus odieux ou les plus nuisibles, on compte :
- ceux qui violent ;
- les politiciens et toute leur clique ;
- les chanteurs, compositeurs et, musiciens gnangnan ;
- les P.D.G. ;
- les Chefs de famille et honnêtes travailleurs ;
- les proprios ;
- les possesseurs de cuillers graisseuses, de restaurants et de boutiques
à musique d'ambiance ;
- les « Grands Artistes » ;
- les joueurs qui jouent petit ;
- les flics qui alpaguent, les procureurs qui accusent et les juges
qui collent des années à tous ceux qui violent les lois
antidrogue et antijeu, aux prostituées, aux fauteurs de pornographie
et à ceux qui commettent des crimes contre les entreprises ;
- les magnats ;
- les savants dont les recherches visent la mort ou la destruction ou
qui travaillent pour l'industrie privée ;
- les menteurs et les bidons ;
- les agents immobiliers ;
- les agents de change ;
- les hommes qui parlent pour ne rien dire ;
- les pollueurs de voie publique ;
- les plagiaires ;
- les hommes qui font un tant soit peu de mal aux femmes ;
- tous les requins de la publicité ;
- les psychiatres et les psy ;
- les hommes qui s'imaginent avoir droit à la compagnie des inconnues
qu'ils rencontrent ;
- les censeurs publics et privés ;
- toute l'armée, y compris les appelés.
Si un homme peut être classé à la fois dans les
catégories bien et mal, l'ensemble de sa conduite sera examiné
de façon toute subjective pour déterminer de quel côté
penche la balance.
Il est assez tentant de mettre dans le même sac que les hommes,
les « Grands Artistes » et les faux jetons de sexe féminin,
mais ce serait gênant car la plupart des gens ne comprendraient
pas clairement que les femmes liquidées sont des mecs.
Laisser tout tomber et vivre en marge n'est plus la solution. Baiser
le système, oui. La plupart des femmes vivent déjà
en marge, elles n'ont jamais été intégrées.
Vivre en marge, c'est laisser le champ libre à ceux qui restent
; c'est exactement ce que veulent les dirigeants ; c'est faire le jeu
de l'ennemi ; c'est renforcer le système au lieu de le saper
car il mise sur l'inaction, la passivité, l'apathie et le retrait
de la masse des femmes. C'est, en revanche, une excellente solution
pour les hommes et SCUM les y encouragera vivement.
Chercher le salut en soi, contempler son nombril, comme voudraient nous
le faire croire les partisans du Grand Lâchage, n'est pas la solution.
Le bonheur réside en dehors de soi, dans les relations avec les
autres. Notre but devrait être le débordement et non l'auto-contemplation.
L'homme, qui n'est capable que de cette dernière éventualité,
fait d'un vice fondamental une vertu et l'élève au rang
du Bien Philosophique, ce qui le fait passer pour profond.
SCUM n'a rien à faire de banderoles, de défilés
ou de grèves pour réaliser ses desseins. De telles tactiques
sont bonnes pour les dames comme il faut, qui choisissent soigneusement
les moyens les plus sûrs d'être inefficaces. D'ailleurs,
seules des femmes-mec du genre convenable, élevées pour
se fondre dans l'espèce, peuvent rechercher les mouvements de
foule. SCUM se constitue d'individus. SCUM n'est pas un gros tas. Les
actions de SCUM ne seront menées que par le nombre strictement
nécessaire. De plus, SCUM, qui est égoïste et garde
la tête froide, n'ira pas se jeter sous les matraques des flics
; c'est bon pour les fifilles bien élevées qui tiennent
en haute estime Papa et les policiers et manifestent une foi touchante
en leur bonté intrinsèque. Si SCUM défile un jour,
ce sera sur la face stupide et répugnante du Président.
Et en fait de piquets de grève, ce seront de longs couteaux que
SCUM plantera dans la nuit.
Les agissements de SCUM seront criminels. Il ne s'agira pas de simple
désobéissance civile, de violer ouvertement la loi pour
aller en prison et attirer l'attention sur l'injustice. Cette tactique
suppose l'acceptation globale du système et n'est utilisée
que pour le modifier légèrement, pour changer certaines
lois précises. SCUM se dresse contre le système tout entier,
contre l'idée même de lois et de gouvernement. Ce que SCUM
veut, c'est démolir le système et non obtenir certains
droits à l'intérieur du système. D'ailleurs, SCUM
qui garde la tête froide, qui est avant tout égoïste
évitera toujours de se faire prendre et de se faire condamner.
SCUM agira par en dessous, furtivement et sournoisement (mais les meurtres
de SCUM seront toujours connus en tant que tels).
Meurtres et destructions seront réalisés avec discernement,
de façon sélective. SCUM est contre ces soulèvements
confus et hystériques, sans objectif précis, qui sont
souvent fatals à ceux de votre propre camp. SCUM n'encouragera
jamais les émeutes ni aucune de ces formes de destruction aveugle,
et elle n'y participera pas. SCUM traquera sa proie froidement, dans
l'ombre, et tuera avec le plus grand calme. Ses entreprises de destruction
n'auront jamais pour conséquence de bloquer les routes nécessaires
au transport de nourriture ou autres produits vitaux, de contaminer
l'eau ou d'en empêcher l'accès, de gêner la circulation
des ambulances ou d'entraver le bon fonctionnement des hôpitaux.
SCUM continuera à détruire, piller, saboter et tuer jusqu'à
ce que le système basé sur l'argent et le travail se soit
effondré et que l'automation soit instituée à tous
les niveaux, ou jusqu'à ce qu'un nombre suffisant de femmes alliées
à SCUM permette d'atteindre ces buts sans recourir à la
violence, en laissant tomber le travail ou en le sabotant, en quittant
les hommes et en refusant d'obéir à toute loi inappropriée
à une société véritablement civilisée.
Beaucoup de femmes se rangeront à ces vues, mais beaucoup d'autres
(qui se sont depuis longtemps rendues à l'ennemi, qui se sont
si bien adaptées à l'animalité, la mâlitude,
qu'elles ont pris goût à la répression et aux contraintes
et qu'elles ne sauraient plus que faire de leur liberté), continueront
à jouer les lèche-cul et les paillassons, tout comme les
paysans des rizières restent les paysans des rizières
tandis que les régimes se succèdent. Les plus étourdies
pleurnicheront et bouderont, jetteront leurs jouets et leurs torchons
par terre, mais SCUM passera, imperturbable, le rouleau compresseur.
Il est facile de parvenir rapidement à une société
entièrement automatisée, à partir du moment où
la demande est générale. Les plans existent déjà,
et si des millions de gens y travaillent, la construction ne prendra
que quelques semaines. Malgré la suppression de l'argent, tout
le monde sera ravi de mettre la main à la pâte et de participer
à la construction d'une société automatisée.
Cela marquera le début d'une ère nouvelle et fantastique,
et son édification se fera dans une atmosphère de fête.
La suppression de l'argent et l'automation généralisée
sont la base de toutes les autres réformes de SCUM qui seraient
impossibles sans elles, mais qui pourront être réalisées
sans tarder à partir de ces préliminaires. Le gouvernement
s'effondrera automatiquement. Grâce à l'automation généralisée,
il sera possible à tout le monde de voter directement depuis
chez soi en se servant d'une machine à vote électronique.
Mais comme le gouvernement ne s'occupe pratiquement que d'organiser
les finances et d'édicter des lois visant à faire ingérence
dans la vie privée, la suppression de l'argent, et avec elle
l'élimination des mâles qui réglementent la «
morale », ne laisseront plus guère de raisons de voter.
Une fois la finance foutue en l'air, il ne sera plus nécessaire
de tuer les hommes. Ils seront démunis du seul pouvoir qu'ils
peuvent avoir sur des femmes psychologiquement indépendantes.
Ils ne pourront plus s'imposer qu'aux paillassons, qui adorent ça.
Les autres femmes s'activeront à résoudre les quelques
problèmes restants, avant de mettre au programme l'éternité
et l'Utopie. L'enseignement sera tout autre chose et des millions de
gens pourront en quelques mois parvenir à un niveau intellectuel
qui exige actuellement des années d'études (il est très
facile de réaliser ce but à partir du moment où
l'objectif de l'enseignement est d'instruire et non de perpétuer
une élite académique et intellectuelle). Elles résoudront
les problèmes de la maladie, de la vieillesse et de la mort et
réinventeront complètement les villes et l'habitat. Beaucoup
de femmes continueront à s'imaginer pendant un certain temps
qu'elles en pincent pour les hommes, mais au fur et à mesure
qu'elles s'habitueront à une société féminine
et qu'elles seront accaparées par leurs projets, la lumière
se fera en elles et elles verront clairement à quel point l'homme
est inutile et banal.
Les quelques hommes qui resteront sur la planète auront tout
le loisir de traîner leurs vieux jours chétifs. Ils pourront
se défoncer ou frimer en travelo ou regarder agir les puissantes
femmes en spectateurs passifs, essayant de vivre par procuration (un
procédé électronique leur permettra de se brancher
sur la femme de leur choix et de suivre en détail ses moindres
mouvements. Les femmes y consentiront avec obligeance car cela ne leur
fera pas le moindre mal et sera une façon particulièrement
humaine et généreuse de venir en aide à leurs malheureux
compagnons handicapés), ou bien ils procréeront dans les
pâturages avec leurs paillassons, ou encore ils pourront se présenter
au centre de suicide le plus proche, amical et accueillant, où
ils seront passés au gaz en douceur, rapidement et sans douleur.
Avant que l'automation ne soit généralement instaurée,
avant que les hommes ne soient remplacés par des machines, il
faudra qu'ils se rendent utiles. Ils devront attendre les ordres des
femmes, obéir à leurs moindres caprices, répondre
à toutes leurs exigences, leur être totalement soumis et
n'exister que par leur volonté, au lieu de cette situation complètement
dégénérée et pervertie où les hommes
non seulement existent et encombrent le monde de leur ignominieuse présence,
mais en plus se font lécher le cul par la masse des femmes qui
se prosternent devant eux, millions de femmes adorant le veau d'or.
Et nous voyons le chien tirer son maître par la laisse alors que
la seule position acceptable pour l'homme, celle où il est le
moins misérable, sauf lorsqu'il choisit d'être travesti,
est d'être couché aux pieds de la femme, reconnu dans sa
chiennerie : cela n'exige pas de lui ce dont il est émotionnellement
incapable ; les femmes, êtres complets, s'occupent du reste.
Les hommes irrationnels, les malades, ceux qui essaient de nier leur
sous-humanité, en voyant les SCUM arriver sur eux comme une lame
de fond, hurleront de terreur et s'agripperont aux Gros Lolos tremblotants
de Grosse Mamma, mais les lolos ne les protégeront plus contre
SCUM et Grosse Mamma s'accrochera à Gros Père qui sera
recroquevillé dans un coin et chiera dans son slip dynam. Les
hommes rationnels, eux, ne se débattront pas, ils ne lanceront
pas de ruades, ne provoqueront pas de brouhaha pénible, ils resteront
sagement assis, détendus, ils profiteront du spectacle et se
laisseront dériver jusqu'à leur destin fatal.
(1) Scum, en anglais (prononcer « scome »), veut dire :
rebut, lie, écume, scorie, etc. (N.D.T.).
(2) Virginia est presque une institution aux États-Unis. C'est
une petite fille qui, en 1897 (elle est morte à l'âge de
81 ans) est devenue célèbre pour avoir envoyé cette
lettre à un grand quotidien, le New York Sun :« ...Mes
amis me disent que le Père Noël existe. Papa me dit que
si on le voit dans le Sun c'est que c'est vrai. Alors, y a-t-il un Père
Noël ? »
Voici ce que le New York Sun a répondu : « Oui, Virginia,
le Père Noël existe, il existe aussi sûrement que
l'amour, la générosité et la dévotion, et
vous savez que ces qualités abondent et donnent à notre
vie toute sa beauté et toute sa joie. Hélas, comme serait
triste un monde sans Père Noël. Il serait aussi triste que
s'il n'y avait pas de Virginia. » (N.D.T.).
Ce texte date de 1967. Il m'a été envoyé par
Zanzara athée. Voici son message :
"A ma connaissance, la version en français n'est pas dispo
sur le net, alors si tu pouvais la mettre, ça pourrait être
chouette, (c'est quand même un document qui a marqué l'histoire
du féminisme...). voili, ......".
Voilà, c'est fait !
Un message de Rebecca BEHAR me fait remarquer que la traduction pose problème
: "Association pour couper les couilles des hommes". Ou plus
poliment, "Association pour castrer les Messieurs". "Tailler
en pièce" est un euphémisme et un contre sens.
Il existe maintenant sur de nombreux sites. Il a été publié
en France en 1970 et réédité en poche aux Mille et
une nuits.
Christiane Rochefort a écrit la préface de Scum. A cette
occasion elle a donné cette définition de la domination
" Définition de
l'opprimée"
Une biographie de Valérie Solanas (sans garantie)
(née en 1936 - décédée en 1988). Valérie
Solanas est connue pour avoir tiré sur Andy Warhol avec un flingue
en 1968. Solanas a ensuite fondé un groupe « SCUM »
(the Sociéty to Cut UP Men). Solanas a été abusée
en étant enfant. Plus tard, elle se prostitua pour pouvoir financer
ses études universitaires. Elle a écrit quelques articles
dans un journal universitaire où déjà elle affirme
que les femmes pourraient se reproduire sans les hommes. Elle passa
son diplôme de psychologie avec les félicitations. Ensuite
elle alla à New York où elle continua à écrire.
« le sexe est le refuge des simples esprits » explique
Solanas. Warhol, connu pour son asexualité est d'accord avec
elle. Dans la publication de son manifeste (1967), elle en fait un des
« hommes qui travaillent pour les éliminer » (les
autres hommes). Warhol décide de produire un des ses textes.
Mais son script intitulé « Up Your Ass » est reçu
avec moqueries par les proches de Warhol poussant Solanas devenir violente.
Son Manifeste SCUM est sorti juste après sa tentative d'assassinat
contre Warhol et devient un texte fondateur du mouvement féministe
mondial. Ce texte radical exprime avant tout un rejet viscéral
des hommes. Elle utilise ici volontairement l'agressivité des
mots. Mais au delà du verbe, la plupart de ses remarques sont
intéressantes et sont d'une étonnante intuition.
Trouvé sur le site http://lille.indymedia.org/article.php3?id_article=2864
Valérie Solanas vivante ?
" Ma façon de penser, dites-vous, ne peut être approuvée.
Et que m'importe ? Bien fou est celui qui adopte une façon de
penser pour les autres ! Ma façon de penser est le fruit de mes
réflexions ; elle tient à mon existence, à mon
organisation. Je ne suis pas le maître de la changer ; je le serais,
que je ne le ferais pas. Cette façon de penser que vous blâmez
fait l'unique consolation de ma vie ; elle allège toutes mes
peines en prison, elle compose tous mes plaisirs dans le monde et j'y
tiens plus qu'à la vie. Ce n'est point ma façon de penser
qui a fait mon malheur, c'est celle des autres. " Sade
Comme bien l'on pense, Valérie Solanas n'emporta pas en paradis
d'avoir commis SCUM.
Ecrit dès 1967, son pamphlet parut en 1968 - et, pour la traduction
française, en 1971 - soit, à New York comme à Paris,
lors des tous premiers balbutiements du moderne " mouvement de
libération des femmes " ; aussi la réaction la plus
simple et la plus répandue consista-t-elle à classer l'oeuvre
dans la catégorie des cris de révolte individuels inévitables
et excusables en de telles circonstances, mais dont le caractère
résolument irréaliste justifie, dit-on, l'oubli rapide...
SCUM ne connut donc qu'un éphémère succès
de scandale. A peine prit-on le temps de le lire ; l'on savait déjà
tout ce qu'il y avait à en savoir : qu'il s'agissait d'un pur
et simple appel à l'extermination des mâles, fleur vénéneuse
éclose à quelque extrémité d'un domaine
nouvellement défriché parmi tous ceux des particularismes
sociaux... Dans le meilleur des cas, cependant, la force poétique
de l'oeuvre se vit louée et appréciée ; mais comme
peut l'être une explosion de " fantasmes " libérateurs.
Rien, ou presque, n'a frappé les premiers lecteurs de la rigueur
du raisonnement, de la lucidité des descriptions, ni de la profondeur
de l'analyse du rapport social entre les sexes, d'emblée assez
au-delà des conjonctures pour qu'elle nous apparaisse aujourd'hui
plus d'actualité que jamais. - Sans doute la société
s'adresse-t-elle désormais de plus en plus " aux-hommes-et-aux-femmes
" ; et cette évolution n'est guère annoncée
par Valérie Solanas. Mais cela ne décèle nullement
une lacune de sa pensée. Bien au contraire, son analyse, au-delà
de la description partiellement datée, nous aide à comprendre
que l'accès des femmes à la reconnaissance sociale se
paie aujourd'hui d'un enfermement d'autant moins contesté dans
la féminité - rénovée s'entend. En témoigne
- entre mille faits quotidiens - que personne ne relève jamais
l'incongruité de cette formule par laquelle tout candidat aux
suffrages de ses concitoyens se doit de nous rappeler sans trêve
qu'il existe, parmi nous, deux sortes d'êtres : les-hommes-et-les-femmes
! Ainsi se parachève le système de l'identité par
le sexe, cette impitoyable machine de guerre contre la singularité
des êtres, dont SCUM dévoilait la monstruosité par
un coup de génie, celui, tout bonnement, d'inverser avec la plus
grande conséquence les préjugés omniprésents,
et prétendument naturels… (Voir à ce propos une
analyse de la portée de SCUM, disponible auprès de L'Unique
et son ombre, sous le titre : " Vingt ans après, comme toujours,
ou Tant qu'il y aura des hommes et des femmes. ")
Il y eut aussi plus direct, sinon plus efficace que l'indifférence
- car Valérie Solanas ne se plia guère au rôle commode
de précurseur destiné à s'effacer, à sagement
rentrer dans le rang. Une blessure qu'elle infligea à l'artiste
Andy Warhol fut l'occasion de son enfermement ; on sait que son écrit
constitua alors un argument essentiel pour démontrer sa folie
(" L'argument le plus solide avancé pour prouver la folie
de Mademoiselle Solanas était que les femmes ne peuvent pas se
séparer des hommes. " (Ti-Grace Atkinson, Odyssée
d'une Amazone, p. 123)). Plus tard encore, se mit à courir sans
aucun fondement la rumeur de son suicide : rarement vit-on souhait de
mort plus explicite !
Mais non ! Ni par la mort ni par l'asile, Valérie Solanas n'était
vaincue. Elle n'avait rien perdu, même, de son indomptable impertinence.
Laissons-lui donc à nouveau la parole. Voici ce qu'elle déclara
en 1977, après tous ces événements, à un
journaliste venu interviewer " la femme qui tira, il y a neuf ans,
sur l'artiste pop Andy Warhol " (d'après le New York Daily
Planet, 4 juillet 1977) :
" J'ai un nouveau livre en cours : Valérie Solanas ; il
doit paraître dans quelques mois. Ce n'est pas une autobiographie,
mais il comportera des commentaires sur le coup de feu, sur les événements
qui y ont conduit, et sur d'autres événements de ma vie
depuis 1968. Il portera sur tout, et sera le commencement de la fin.
Pendant les neuf dernières années je n'ai rien fait dans
le domaine public - écrire, donner des interviews, tirer sur
quelqu'un, etc. : j'étais en grève. L'une des conditions
que je pose pour permettre aux hommes d'argent de publier mon nouveau
livre est que certains de ces hommes d'argent avouent publiquement avoir
payé les médecins pour qu'ils me déclarent aliénée.
Presque tout ce qui a été écrit à mon sujet
jusqu'à présent est de la merde pure et simple.
Après la publication de mon prochain livre, je serai la personne
la plus puissante du monde, et je réglerai mes comptes avec tous
ces artistes de merde. Pour certains d'entre eux, parmi les principaux,
je m'en occupe déjà dans mon prochain livre. J'ai bonne
mémoire, et une liste de salauds bien fournie.
Je toucherai 100 millions de dollars d'avance pour mon prochain livre.
Le système de l'argent ne tiendra pas longtemps le coup après
sa parution ; que ferais-je donc avec mes 100 millions de dollars en
attendant son effondrement ? Je financerai une prison, ma prison, tout
ce qu'il y a de plus personnalisée.
Le type qui tient la librairie de l'East Side, à Saint Marks
Place, m'a dit qu'il ne vend pas SCUM Manifesto parce que c'est trop
cher - quelques pages seulement pour un dollar. C'est un homme qui remue
de l'air. Je pourrais gonfler mon livre de vent et lui dire : "
Le voilà ton vent. Maintenant ça vaut un dollar ",
et il serait content. La plupart des livres sont du vent, et rien d'autre.
Ce que je propose, moi, c'est la plus belle affaire de l'histoire. Pour
un malheureux bifton, vous avez droit à SCUM Manifesto, le meilleur
texte de toute l'histoire, qui ne sera surpassé que par mon prochain
livre.
La semaine dernière, j'ai appelé les éditions
Random House pour leur demander un exemplaire de Going Too Far, de Robin
Morgan. J'ai dit que j'en ferais une critique pour le Daily Planet.
Ils m'ont envoyé le livre, aussi je suppose que je leur dois
maintenant une critique, en échange des 36 cents qu'ils ont dépensés
pour moi (35 cents de port, et 1 cent de coût du livre). O.K.,
voici donc ma critique : je jette le livre aux ordures. Je ne l'ai pas
encore lu, mais je n'ai pas besoin de le faire pour savoir que c'est
de l'ordure. L'ordure engendre l'ordure. Alors, pourquoi l'ai-je voulu,
ce livre ? Parce que je suis un collecteur d'ordures. Mon prochain livre
sera un ouvrage sur l'ordure : l'origine de l'ordure, la nature de l'ordure,
le remède à l'ordure. "
Nous ne savons rien du nouvel ouvrage annoncé. Mais en 1977
encore, Valérie Solanas imprimait et diffusait à son compte
une nouvelle édition de SCUM, présentée sous la
forme d'une sorte de journal de 8 pages. Rappelons qu'elle avait d'abord
imprimé son livre elle-même (à l'offset) en octobre
1967, puis qu'il avait été édité en août
1968 par Maurice Girodias pour Olympia Press, aux Etats-Unis, avec une
seconde édition en 1970.
Le texte de 1977 comporte des corrections d'auteur, ainsi que, par
rapport aux éditions d'Olympia Press, un nombre assez important
de rectifications de fautes d'impression, lesquelles consistent le plus
souvent en l'oubli d'un mot ou d'un membre de phrase. Dans la brève
introduction où elle s'en explique, Valérie Solanas précise
que ces erreurs ne touchaient guère qu'à la lettre du
texte, et non à son fond - si ce n'est pour le titre. Celui-ci
était, dans l'original : SCUM Manifesto. Scum, rappelons-le,
signifie : la lie. Mais aussi, par transformation du mot en sigle, Society
for Cutting Up Men : Association pour Tailler les Hommes en Pièces.
Pour Olympia Press, ce titre était devenu : S.C.U.M. (Society
for Cutting Up Men) Manifesto - laissant de côté le sens
premier de " scum " -, ce que Valérie Solanas juge
" d'un mauvais goût peu ordinaire ". Quant au reste,
sans rien bouleverser, en effet, rectifications et corrections confortent
nettement la rigueur et la clarté de l'ensemble.
La première édition française de SCUM est actuellement
introuvable, même d'occasion. Outre le mérite évident
d'exister, elle présentait celui d'offrir aux lecteurs français
une traduction pleine de verve, digne en cela du texte original. Mais
elle date de 1971 et reproduit les fautes de l'édition américaine.
Désirant la voir à nouveau disponible, nous avons donc
saisi l'occasion de cette réédition pour la rendre aussi
tout à fait conforme au texte voulu par l'auteur. Quant au titre,
nous avons conservé le simple SCUM par lequel l'oeuvre avait
déjà été désignée en France,
et qui ne posait pas le problème soulevé par Valérie
Solanas à propos du titre de l'édition américaine.
(En revanche, mieux vaut sans doute fermer purement et simplement les
yeux sur la bande-annonce qui enveloppait le tout : " Faut-il châtrer
les hommes ? " y interrogeait-on au nom de l'auteur, dont nous
ignorons comment elle qualifierait cette faute de goût. Rappelons
donc seulement que " to cut up " ne signifie pas "châtrer").
Pour finir, voici comment Valérie Solanas envisageait alors
le mode de diffusion de son oeuvre (cet " avis " fait suite
au texte de 1977) :
" Outre la vente dans les kiosques, SCUM Manifesto est vendu par
correspondance pour 2 dollars (envoyez les commandes à mon adresse,
donnée plus bas ; payez en liquide, par mandat, ou par chèque
certifié) et est colporté dans les rues pour 1 dollar.
J'autorise quiconque le désire à le colporter - femmes,
hommes, Hare Krishna, Filles de la Révolution Américaine,
ou American Legion. Maurice Girodias, vous êtes toujours financièrement
aux abois. Voici la chance de votre vie : colportez SCUM Manifesto.
Vous pouvez le proposer aux alentours du salon de massage. Anita Bryant,
financez votre campagne antipédés en vendant le seul livre
qui en vaille la peine - SCUM Manifesto. Andy Warhol, proposez-le à
toutes ces partouzes où vous vous rendez.
SCUM Manifesto se vend partout - sur les campus, à Times Square,
à Harlem, aux Nations-Unies, dans les bars à pédés,
à Gristedes, le long des docks, sous les docks (si vous y trouvez
quelqu'un), à Wall Street, sur les chantiers de construction,
à Sutton Place, dans les lycées, au Palais de justice.
Colporteurs, passez prendre vos SCUM Manifesto chez moi : 170 E. 3º
St., NYC 10009, ou envoyez vos commandes à la même adresse.
50 cents l'exemplaire. La commande minimale pour les colporteurs est
de 200 exemplaires. Ni crédit, ni remises. Je n'aime pas l'arithmétique.
Et évitez les guerres de gangs pour vos territoires respectifs
- ce n'est pas correct. "
Enfin, la publication s'achevait par une brève anthologie ainsi
présentée :
" Voici ce que divers personnages publics ont eu à dire
à propos de moi-même et de SCUM Manifesto :
" Je ne l'ai jamais lu. " - Jo (Joreen) Freeman (auteur de
BITCH Manifesto, 1970), Rapport Majoritaire, 30 avril-13 mai 1977.
" SCUM Manifesto et le mouvement radical de libération
des femmes ont toujours été en opposition. " - Brooke
(collaboratrice de Feminist Revolution, et " féministe radicale
"), Rapport Majoritaire, 30 avril-13 mai 1977.
" [SCUM Manifesto] n'a aucune valeur pour comprendre quoi que
ce soit, si ce n'est le désir de [Girodias] de faire de l'argent.
" - Phoebe Adams, Atlantic, novembre 1968.
" [En 1967] j'avais un contrat [pour SCUM Manifesto] préparé
pour [Valérie]. " - Maurice Girodias, préface à
la première édition de SCUM Manifesto par Olympia Press,
1968.
"... il a fallu le coup de revolver contre Andy Warhol [en juin
1968] pour que Maurice Girodias publie SCUM Manifesto... " - Paul
Krassner, commentaire à la première édition de
SCUM Manifesto par Olympia Press, 1968.
" Quelques mois de plus à colporter SCUM Manifesto au long
de la 42 rue, et je peux laisser tomber l'aide sociale. " - Maurice
Girodias, 1978.
" Valérie Solanas s'est tuée à 32 ans dans
un hôpital psychiatrique. " - Paule Lebrun, pour l'édition
française de Châtelaine, novembre 1974 (Canada).
" [Valérie Solanas] s'est donné la mort du scorpion
piégé dans un cercle de feu. " - Françoise
d'Eaubonne, " Une Rose pour Valérie " (panégyrique
tiré de Tombeau pour SCUM, ouvrage annoncé), publié
dans son livre, Le Féminisme ou la Mort, 1974 (France).
" La police m'a dit avoir trouvé Valérie Solanas
morte dans une chambre d'hôtel, à Paris. " - Françoise
d'Eaubonne, lors d'une réunion à Paris, France, 19/4.
" Valérie Solanas est une vraie catastrophe. " - Andy
Warhol, 1978.
Dominique Fauquet, mars 1987.
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