Objecteurs de conscience : « les pires des criminels »

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Objecteurs de conscience : « les pires des criminels »
PROCES DES REFUZNIKS en Israel

Message internet
Date: Tue, 30 Dec 2003 01:15:30 +0100
X Subject: [multitudes-infos] Objecteurs de conscience : « les pires des criminels »

------- PROCES DES REFUZNIKS
Objecteurs de conscience : « les pires des criminels » Par Adam Keller
Gush Shalom
23 décembre 2003
http://www.gush-shalom.org/

Compte rendu de l'audience du 23 décembre 2003

Cela aurait dû être Le Jour - le point culminant de plus d'un an de batailles juridiques, le jour où le Tribunal Militaire de Jaffa devait enfin rendre son jugement sur Haggai Matar, Matan Kaminer, Noam Bahat, Adam Ma'or et Shimri Tzameret Plus d'une heure avant le début de l'audience, des centaines de manifestants étaient présents, brandissant des pancartes avec «Nous sommes tous des Refuzniks» - «Nous refusons de servir l'Occupation» - «La Conscience en prison - la Stupidité au pouvoir!».

La nouvelle s'est répandue que l'accès au tribunal serait restreint aujourd'hui aux membres de la famille et aux journalistes - apparemment dans le but d'empêcher la répétition de la manifestation qui s'est développée spontanément la semaine dernière dans l'enceinte du tribunal. Mais Anat Matar, la mère de Haggai, est parvenue à négocier avec l'administration du tribunal, et a pu obtenir que bon nombre d'entre nous puissent assister à l'audience. Lorsque les Cinq sont entrés dans le prétoire, ils ont été acclamés comme des héros, comme c'est devenu l'habitude.

Le procureur, le Capitaine Yaron Kostelitz, était visiblement encouragé par le fait que la cour avait repoussé ses arguments la semaine dernière:
«Messieurs les juges, vous avez bien fait de désigner coupables ces cinq accusés, mais votre verdict doit être complété par l'application d'une peine sévère appropriée. Nous avons affaire ici à des criminels idéologiques, et l'ancien Juge de la Cour Suprême Yitzhak Zamir a déjà observé qu'il s'agit là des pires des criminels, en ce qu'ils n'enfreignent pas seulement la loi, mais font fi de son autorité, et que dès lors ils doivent être doublement punis. Le fait même qu'il s'agisse d'idéalistes et, à bien des égards, de personnalités affirmées, devrait être retenu contre eux, car cela les aide à recruter des partisans et à répandre plus avant dans la société leur infraction.» Kostelitz n'a pas fait de référence explicite à un sondage effectué la semaine dernière, qui montre que 30% des jeunes Israéliens considèrent légitime l'objection de conscience. Il a poursuivi en citant de nombreux précédents en matière de délits ayant une motivation idéologique - pour la plupart, des colons et des fanatiques d'extrême droite, comme le célèbre Avigdor Eskin.
«Je fais objection à cette terminologie de 'crime idéologique' introduite par mon collègue du ministère public», a dit l'avocat de la défense, Dov Chenin.

«Elle regroupe diverses infractions criminelles qui n'ont absolument aucune similarité. Avigdor Eskin, dont mon collègue a parlé, a été condamné pour plusieurs accusations graves d'attaques et d'incendies volontaires; il n'y a rien de similaire entre lui et les cinq qui comparaissent aujourd'hui, qui n'ont commis aucun acte violent, et de fait l'acte pour lequel ils ont été condamnés la semaine passée est leur refus de prendre part de quelque manière que ce soit à la violence.» En attendant, Kostelitz a dévoilé clairement le sort que le système militaire souhaite voir réservé aux Cinq: «Ces personnes qui enfreignent obstinément la loi doivent être forcées d'accomplir le service militaire qu'ils doivent à leur pays. Le temps que cela prendra importe peu: à la fin, ils seront tenus de l'accomplir. Si une lourde peine et la crainte d'une peine plus lourde encore en constituent le seul moyen, celui-ci doit être mis en ¦uvre. Cela s'est déjà produit. Il y a déjà eu des objecteurs aussi décidés que ceux-ci, et les cours militaires savaient comment les traiter. Prenons le cas de Gadi Elgazi en 1980: il a refusé à quatre reprises et a été condamné à chaque fois à une peine d'un mois; comme il persistait, la cour l'a condamné à un an.» «Et cela n'y a rien changé», a lancé Gadi Elgazi en personne depuis les bancs du public...

«Laissez-moi achever l'histoire de Gadi Elgazi», a poursuivi l'avocat Chenin. «Il a en effet été condamné à une peine de prison d'un an. Mais au bout d'une demi année, il a été gracié et dispensé du service militaire par le Chef de l'État-major de l'époque, Rafael Eitan. Il ne fut pas question d'exiger sans fin de lui qu'il s'engage dans l'armée, comme il semble que veuille le faire aujourd'hui l'autorité militaire. Je ne peux que m'étonner qu'ils veuillent aller bien au-delà des principes d'Eitan, qui avait la réputation d'être strict en matière de discipline. 'Ce qu'ils ne veulent pas faire de leur plein gré, ils le feront sous l'effet de la peur' - cette nouvelle directive des militaires, telle qu'exprimée par le Procureur dans cette cour, n'est pas réellement nouvelle. Notre peuple a pu l'entendre dans les générations passées d'institutions telles que l'Inquisition espagnole. Cette semaine, nous célébrons Hanouka, une fête instituée pour commémorer un prêtre juif nommé Mattathias qui a été confronté à une directive exactement pareille de la part de l'autorité constituée de son époque, une autorité qui exigeait qu'il s'agenouille devant une idole, et le menaçait de mort s'il s'y refusait. Se souvenir avec fierté de son refus et de sa rébellion fait partie de notre tradition.

«Une telle directive», a poursuivi Chenin, «n'a pas sa place dans un État démocratique, un État qui a adopté une Loi Fondamentale sur la Dignité Humaine. Mon collègue a eu recours à d'abondantes citations de l'ancien juge de la Cour suprême Yitzhak Zamir et de la juriste Ruth Gavison. Il a présenté devant cette cour, comme preuves à l'appui, de nombreux articles écrits par eux. Permettez-moi de citer l'un de ces articles: 'Un État démocratique peut estimer nécessaire de punir un objecteur de conscience, mais il ne devrait pas tenter de briser sa volonté et de le forcer à des actes qui vont contre sa conscience.' Dans votre verdict de la semaine passée, vous avez mentionné que ces cinq jeunes gens ont exprimé leur horreur morale et idéologique de participer à une armée dont ils considèrent qu'elle commet des actes manifestement immoraux. Il est vrai que vous avez ajouté qu'ils avaient également agi dans le but de changer l'opinion publique en général, ce que vous considérez comme un motif illégitime, mais vous avez accepté qu'il y avait, et qu'il a derrière cela une motivation morale. Laissez-moi vous dire qu'au cours de l'année écoulée, j'ai appris à connaître assez bien ces jeunes gens, et non seulement ils sont mes clients, mais je suis fier de les considérer comme mes amis. Je peux affirmer sans crainte de me tromper qu'ils ne sont pas prêts de céder, même si leur emprisonnement doit se poursuivre. Cela n'aura aucun effet ni sur eux, ni sur l'armée ou sur la société israélienne. Il vaudrait bien mieux leur donner l'occasion d'accomplir trois ans d'un service civil au bénéfice de la société, conformément à leur souhait et leur plus vif désir.

«Mon collègue du ministère public a dit qu'une lourde peine devait être infligée afin de dissuader d'autres objecteurs. Laissons même de côté le fait qu'une commission composée de juristes très respectables a déterminé récemment qu'il était inadmissible d'imposer une lourde peine à une personne sur la base non de ses propres actes, mais dans le but d'en dissuader d'autres. De toute façon, quelle dissuasion est-elle encore nécessaire? Ce que ces jeunes gens ont enduré jusqu'ici, plus d'un an d'emprisonnements à répétition, ne suffit-il pas à illustrer de manière éclatante qu'une déclaration loyale de refus de servir pour des raisons de conscience constitue le moyen le plus difficile, le plus long et le plus douloureux d'échapper aux obligations militaires? N'est-il pas de notoriété publique qu'il existe d'autres moyens d'être exempté, comme de recourir à un psychiatre, et que le nombre de gens qui ont recours à ces moyens dépasse, et de loin, celui des objecteurs avoués et potentiels? «Pour résumer: Vous avez déterminé que ces jeunes gens sont coupables d'infraction devant le tribunal militaire et qu'ils méritent une peine. Pour déterminer quelle devrait être cette peine, vous devriez vous laisser guider par les usages des cours militaires des Forces Israéliennes de Défense. J'ai rassemblé à votre intention plusieurs jugements qui, je pense, sont pertinents.

« - Le sergent Yosef Bachar a été reconnu coupable d'avoir battu à trois reprises des détenus palestiniens, et il a été condamné à trois mois de prison ferme et quatre mois avec sursis.

« - Le soldat Saguy Harpaz a été reconnu coupable d'avoir battu un détenu palestinien et a été condamné à cinq mois avec sursis. En appel, un mois et demi ont été convertis en prison ferme.

« - Un lieutenant colonel dont la censure a interdit que soit publié le nom a donné à ses soldats des ordres dont la mise en application a abouti à la mort par balle d'un Palestinien non armé. La cour militaire qui l'a jugé a déclaré 'qu'il avait donné un ordre dont l'illégalité est criante'. Elle a décidé que la sentence appropriée consistait en un mois avec sursis.

« - Quatre soldats de la Brigade Givati ont, à plusieurs reprises, battu deux enfants palestiniens qui avaient les menottes aux poignets, et l'un d'eux en est mort par la suite. Certains d'entre eux ont été condamnés à trois mois, d'autres à deux mois, en plus d'une rétrogradation.

« - Quatre soldats de l'unité d'élite Duvdevan ont tiré par négligence sur un véhicule palestinien, tuant son conducteur. Ils ont été condamnés à une amende d'un Agore [moins d'un cent US]. En appel, cette peine a été commuée en emprisonnement de courte durée avec sursis.

«Je pourrais poursuivre et donner plus d'exemples. Je pourrais aussi mentionner le fait que ces exemples ne représentent que les quelques cas dont les auteurs ont tout simplement été appréhendés et condamnés. Mais cela suffit pour montrer les standards que le système judiciaire militaire applique dans les cas d'infractions commises sans considérations morales. Je pense qu'il est évident que la dureté morale est un phénomène pire que la sensibilité morale, qui est la motivation reconnue par la cour des actes qui sont reprochés à mes clients. Que leur peine soit moindre ne saurait donc être que juste et approprié.» Ce n'est que tard dans la soirée que le juge présidant la séance, le Colonel Avi Levy, a annoncé sèchement: «Vous comprendrez bien sûr qu'un jugement ne saurait être rendu cette nuit. Un peu de temps nous est nécessaire pour prendre tout ceci en considération.» De sorte qu'il nous faut attendre encore un acte avant que le rideau ne tombe, et que les Cinq devront passer plusieurs jours de plus dans la crispation avant de connaître leur sort.

Traduit de l'anglais par Giorgio Basile

-- m u l t i t u d e s - i n f o s
Liste transnationale des lecteurs de "Multitudes"
.http://listes.samizdat.net/wws/info/multitudes-infos

Des soldats israéliens refusent de servir dans les territoires

les sites de témoignages de ces soldats : Vous n'osez pas y croire? je sais c'est la dure réalité.

Extrait du site : http://www.jafi.org.il/cnef/opinions/opinions_sionisme_nazisme.asp

site1 : http://www.fairelejour.org/breve.php3?id_breve=345

site2 : http://www.chretiens-et-juifs.org/article.php?voir%5B%5D=1601&voir%5B%5D=1745

site3 : http://www.monde-diplomatique.fr/2002/03/ALGAZY/16302

site4 : http://www.upjf.org/documents/showthread.php?s=&threadid=5737

site5 : http://perso.wanadoo.fr/d-d.natanson/tsahal.htm (très important ce site)

site6 : http://www.autodafe.org/fr/correspondence/cor_art_09.htm

site7 : http://1libertaire.free.fr/Refuzniks01.html

site8 : http://www.bibliotheque-sonore.org/palestine/refuzniks/

site9 : http://www.paix-en-palestine.org/doss/cousoldref.htm

site10 : http://www.pourlapaixenpalestine.ras.eu.org/breve.php3?id_breve=7

site11 : http://www.cinquieme-zone.org/site_cz/du_121_au_130/128.htm

site12 : http://www.penelopes.org/archives/pages/actualites/solidari/19602.htm