Avertissement :
Ce compte-rendu a été envoyé à Philippe
Garnier, il avait envisagé de le reprendre pour publier un article
sur ce thème. Ce projet n'est pas arrivé à son
terme. Mais le contenu de cette intervention a été important
pour lui (et pour nous), il s'y réfère explicitement dans
le texte sur la pédophilie
(De la pédophilie)
.
Ce texte est un point de vue personnel sur ce que j'ai reçu de
la parole de Philippe Garnier ce jour là.
Philippe Coutant.
Il annonce qu’il parle en son nom propre.
Il commence par nous lire une bande dessinée de Lauzier, qui
évoque “ les parents professionnels ”,
qui pose la question des capacités à être parents.
Il nous dit que le thème soulève des questions difficiles.
Il va essayer d’aborder le thème du couple lié à
celui de l’institution et celui du désir.
Il démarre son exposé en expliquant qu’un homme
ou qu’une femme a un sexe biologique et un sexe lié à
la société, celui du genre. Cette double approche soulève
deux séries de questions.
1 / Un homme biologiquement parlant peut avoir des désirs
de femme, il peut alors être homosexuel ou non. Ce qui veut dire
que se pose la question de la sexuation de l’enfant et de sa remise
en question.
2 / Une femme biologique et de genre social femme peut vivre son
désir dans un couple avec deux femmes, mais elle peut aussi avoir
un désir d’homme. La sexuation n’est pas univoque.
Le couple hétérosexuel n’est qu’une variante
des combinaisons possibles entre sexe biologique et genre social. De
plus, il peut fonctionner avec un homme, qui a un désir inconscient
de femme et une femme qui a un désir inconscient d’homme.
Ce sont donc des questions difficiles.
En préalable de ses futurs développements, il pense qu’il
faut accepter ou constater que la démocratie induit de nouveaux
couples, des nouvelles formes de vivre en couple. Il insiste sur le
développement de l’individualisme. Il remarque qu’il
existe un écart entre la parentalité et la sexualité.
Sous l’effet de la démocratie et de la science, on assiste
à la mise en place de tribus reconstituées, que les familles
évoluent. Il existe de nouveaux liens, on le voit chez les anarchistes
par exemple, une nouvelle parentalité, un nouvel érotisme.
La question de savoir si cela va déboucher sur de nouveaux droits
ou de nouvelles institutions reste ouverte.
Les changements actuels et la complexité
Nous sommes dans un contexte de mutations profondes. Nous sommes en
train de passer de la pyramide aux systèmes complexes. La pyramide
fonctionne avec une norme, une référence, c’est
un système stable qui évolue peu. C’est grâce
à un élément extérieur que le système
tient. La théorie des ensembles le démontre très
bien. La pyramide fonctionne sur la base du patriarcat, du pouvoir.
Au niveau mental, elle est corollaire de concepts binaires : bien /
mal, objet / sujet, beau / laid, etc. La séparation est binaire
entre ces éléments. Dans la pyramide, la filiation est
basée sur le nom. La théorie du langage avec des signifiants
binaires est centrale. Ainsi, on peut penser une articulation entre
le signifiant et la théorie de l’inconscient. Cela fonctionne
sur le tout ou rien, il y a langage ou pas.
Dans la clinique actuelle, on se rende compte que tout n’est pas
déterminé totalement. Nous devons admettre le réseau
comme système complexe. La notion de maillage semble plus appropriée.
Dans ce cadre, il n’y a pas un réfèrent fixe, ce
n’est pas le règne du tout ou rien. La différence
est plus importante que par le passé. C’est sur la différence
que s’appuie souvent l’identité. Il s’agit
de savoir comment le penser, c’est à nous de la penser.
Nous rencontrons la notion de complexité avec la notion de genre
vis à vis de la sexuation. Il peut même y avoir asexuation
avec un genre social déterminé. La parentalité
fonctionne de plus en plus souvent avec des co-parents. La puissance
est distribuée à des personnes alliées. Dans ce
contexte des questions peuvent apparaître : “ Qui est
la mère ? ” Est-ce la mère maternante ?
La nourrice ? “ Qui est le père ? ”
Sous les coups des avancées de la science ces notions tendent
à se déliter.
Si on prend l’exemple des martiniquais et des Na en Chine, on
remarque que c’est la grande mère maternelle qui soutient
la différence. Ce n’est ni la mère, ni le père
qui appuie la référence, mais la grande mère maternelle.
Ce qui ne va pas sans provoquer des difficultés et parfois se
retrouver face à une aberration, puisque la fonction tierce est
tenue par une autre femme.
Le système est complexe, on le constate dans la science depuis
longtemps, la science conteste la notion de linéarité.
La philosophie aussi remet en cause la linéarité. Il me
semble que le coté complexe de la situation offre une plus grande
perméabilité aux idées anarchistes.
Mon thème étant d’essayer de comprendre le rôle
et la place de l’institution, il me faut définir un peu
ce que j’entends comme institution. La première institution
est celle de la famille, mais avec cette institution circulent les désirs.
Quand je parle de l’institution, ce n’est pas l’Etat,
même si l’Etat a un rapport avec l’institution. L’institution
est un lieu où s’institue la vie humaine. Je reprends ici
l’approche de Pierre Legendre.
Nous pouvons constater la difficulté avec la notion de sujet,
qui à la fois veut dire assujetti/e et la possibilité
d’exister comme sujet libre. Les normes de l’institution
sont importantes. L’institution définit les places et soutient
la filiation. Le passage du statut de fils à celui de père
est difficile chez l’homme. Par exemple, à Naples il existait
un rituel qui prenait cela en charge.
Le genre homme et le genre femme assure la filiation humaine. L’institution
empêche la solidification du lien entre l’enfant et la mère,
qu’un enfant se prenne pour le père de son père,
par exemple. C’est l’institution qui a en charge cette régulation.
L’institution contrôle les corps. On peut l’observer
à travers l’étude faite par un sociologue sur la
nudité à la plage. Les seins nus sont soumis à
des codes précis et forts. Derrière la nudité,
il y a d’autres habits, les habits symboliques.
L'institution et l'image
L’institution modèle les normes en fonction de ses besoins.
Évidemment, ces normes sont intériorisées, elles
concernent ce qui a trait au corps, à la santé, au travail,
etc. On peut les observer dans les diverses prescriptions que les messages
des campagnes officielles véhiculent.
L’emprise sur les corps fonctionne en imprimant les signifiants.
L’institution est donc impérialiste et inscrit sa marque
dans le langage. On le voit bien avec les psychotiques qui ont une difficulté
avec le langage.
Nous sommes au coeur de l’économie de la jouissance. Attention
quand je parle de jouissance, je ne parle pas du plaisir, mais de quelque
chose qui efface le sujet. Il y a une mise “ out ”
du sujet, du “ je ”. Nous sommes en quelque sorte
“ fasciné/es ”. On l’a bien vu lors
des attentats de New York, où la boucle des images saturait notre
vision de l’événement. Cette ronde des images nous
captive tant et si bien qu’on ne pense plus.
Cette force des images, qui nous plonge dans la jouissance est une captation
du voir, qui fonctionne sur le mode la fascination. Un des exemples
célèbre, ce sont les jeux du cirque à Rome. L’institution
suscite la jouissance pour nous asservir. On retrouve ce type de phénomènes
dans la prise de certaines drogues, dans l’opéra où
la voix fascine tant et où l’Etat soutient cette activité,
dans tous les jeux, dans l’art, dans le sexe et ses usages. L’Etat
intervient dans la contraception, pour la prévention de l’épidémie
de Sida, dans les visites de contrôle médical.
Il y a bien une mainmise de l’institution sur les corps et sur
les esprits par le biais de l’image.
Le rôle de l’image est important pour le contrôle
de l’autre, car cela touche l’intime. L’image de nous-mêmes
se constitue entre 8 mois et 18 mois, c’est ce que Lacan décrit
sous le nom de stade du miroir. Pour éviter de tomber dans le
drame de narcisse, il y a besoin d’un décalage. C’est
ici que le coin du Tiers vient se loger. C’est dans cet espace
entre soi et son image que se situe la problématique du désir
et de l’institution.
Le maniement de l’image par l’institution est conjointe
du rôle joué par le langage. L’importance des images
dans notre société est facile à observer : cinéma,
télévision, musée, publicité, etc.
L’institution nous fournit beaucoup d’images pour susciter
beaucoup de jouissance et on le voit bien elle suscite, contrôle
et asservit. L’amour narcissique est contenu dedans, mais ne constitue
pas la totalité des désirs. L’institution intervient
et ça marche bien, le rôle de des images fait miroiter
la jouissance. Nous sommes dans le “ faire croire ”
le jeu des images tend à nous faire croire qu’il existe
un rapport sexuel. Vous connaissez certainement la phrase célèbre
de Lacan, qui énonce qu’il n’y a pas de rapport sexuel.
Lacan ne parlait pas ici du concret, mais au sens qu’il n’y
a pas de rapport direct, il existe avec une médiation. Chez l’homme
le rapport passe par le langage et c’est avec le désir
de l’autre que se constitue la sexuation. Mais, il y a un incalculable
qui échappe à l’institution et qui permet au sujet
de dire “ je ”.
Le biais du “ faire croire ” est très souvent
utilisé dans notre monde contemporain. Il l’est par tout
ce qui touche au comportemental. Par exemple les sexologues sont dans
ce registre, ils pensent que le sexe est comportementalisable, instrumentalisable.
Il parait que au Canada des chercheurs ont mis au point une électrode,
qui placée à un endroit précis du cerveau pourra
déclencher des orgasmes à la demande. Ils essaient de
nous faire croire qu’il existe un pôle du plaisir.
D’ailleurs, en écoutant les débats cet après
midi où il a été question d’amour libre,
je pense qu’il vaudrait mieux parler d’amour en liberté.
Mais comment le penser ? Il existe diverses modes de désir. On
connaît bien le désir conscient qui donne le “ désir
de ”, mais il existe une autre conception du désir,
le désir inconscient qui lui est impossible à dire. Le
désir inconscient nous détermine à notre insu.
Le but de l’analyse est alors de libérer le désir
sans pouvoir dire. On voit comme « après coup »
et c’est différent de la conscience. Le désir inconscient
est le désir désassujetti. C’est avec lui que l’on
peut sortir du sujet institué. Avec l’inconscient ici peut
apparaître le “ je ” qui est hors norme,
hors institution. Foucault a eut une belle phrase à propos du
désir qui fait le lit du “ je ” : “ C’est
le sujet en train de s’inventer en se déprenant de soi-même ”.
Ici, se manifeste le désir qui inclut l’autre comme “ je ”.
Nous retrouvons la phrase de Bakounine sur la liberté, je ne
peux être libre si l’autre n’est pas libre. On peut
dire que le “ je ” de l’autre fonde le possible
de mon “ je ”. Nous sommes dans l’éthique
du “ je ”, qui peut dire non à la jouissance,
non à la pulsion de mort.
Le sujet inconscient est sexué hors de l’anatomie, hors
de l’image. Le “ je ” est lié au
langage, il est indépendant de la biologie. Il y a du fading
en soi. C’est là que l’on retrouve le genre et le
désir qui provoque la souffrance. Si le genre est trop fort,
il peut bloquer le “ je ”. La complexité
du désir se heurte aux rails de l’institution.
Alors maintenant le couple ?
C’est une sorte de mixte, il y a famille s’il y a enfant.
Le couple est à la charnière entre la place donné
par l’institution et le désir inconscient. C’est
une sorte de lieu d’articulation entre l’institution et
le désir.
Il existe plusieurs sorte de couples :
* le couple purement institué,
* le couple narcissique, où on aime dans l’autre son image,
* le couple, où l’on cherche l’objet perdu, la mère
et ses attributs,
* le couple fondé sur la jouissance mutuelle, où on est
un objet pour l’autre, en général dans ce type de
couple il existe une grande souffrance des personnes,
* le couple idéal temporaire, où existe la rencontre de
deux “ je ”, l’énonciation et le
corps sont présents. Ce couple est le lieu de l’articulation
entre le désir et l’amour, je le nommerai volontiers le
couple en liberté.
Le couple est un lieu, où se projette des morceaux d’enfance,
une scène, où se rejoue des morceaux d’enfance.
C’est donc aussi le lieu de la répétition. Cette
scène peut avoir été joué par les parents
ou les grands parents.
Maintenant quel rapport tout cela a-t-il avec l’anarchie ?
L’anarchie bute sur des invaraints du style de l’interdit
de l’inceste. Cet invariant est-il structurel ? On ne sait pas.
Si on touche à ça est-ce que ça s’effondre
? Peut-on prendre le risque de désinstitutionnaliser ?
Peut-être, devons-nous interroger sans le détruire la filiation
et la référence. On peut se demander si on peut limiter
l’emprise sur les corps et les esprits. Comment laisser émerger
le désir et le “ je ”?
Pour faire advenir le “ je ”, nous devons inventer
notre vie. Là, l’anarchie a un rôle à jouer,
parce qu’elle permet de se placer dans une dynamique inventive,
de mettre un peu de poésie dans la vie.
La question de l’éthique anarchiste est une question difficile.
Il s’agit bien d’une liberté à plusieurs,
nous ne sommes pas seul/les, comme le dit bien Bakounine. L’individualisme
est un leurre, parce qu’il énonce que on s’en fout
de l’autre. Au contraire, il faut admettre que nous ne sommes
libres que grâceà l’autre, je ne peux pas désirer
seul.
L’anarchie promeut un espace de liberté, elle permet de
penser la rencontre de deux “ je ”.
Le débat avec la salle :
Question de R. S. qui commence par faire l’éloge de l’intervention
de Ph Garnier et qui glisse rapidement vers une critique de la psychanalyse
qui, selon lui, enferme les enfants. Il dit que c’est la psychanalyse
qui est à l’origne de nos souffrances actuelles, parce
qu’elle véhicule une conception faussée de la sexualité.
Il s’appuie sur la pensée de Foucault avec la notion de
« dispositif de sexualité ». Il dit que
Foucault a bien montre comment la vérité se constatait
dans le sexe. Il propose d’abandonner la psychanalyse. Il cite
ensuite Deleuze et Guattari, qui ont proposé de libérer
l’inconscient dans l'anti-oedipe. Il dit que les anarchistes sont
dans la contradiction et qu’ils doivent abandonner la psychanalyse.
C’est la psychanalyse qui est, selon lui, au centre du malaise
de la civilisation. Il dit que Lacan opprime, qu’il a construit
un carcan dans la pensée dont on ne peut sortir. Il énonce
que la psychanalyse transmet une fausse mythologie sur l’inceste,
elle a tout faux ,dit-il.
Il termine en disant que si un père touche la quequette de son
fils ou la chatte de sa fille ce n’est pas un drame.
Cris dans la salle !!!!
Philippe Garnier répond que c’est lui qui récupère
les enfants après ce type de comportement, et que les petites
filles doivent pouvoir parler de ce qui leur arrive. Il dit qu’il
ne défend pas une psychanalyse transformée en religion,
comme on peut le constater assez souvent. Il pense que nous sommes à
une époque de remise en cause, que nous devons réinventer
la psychanalyse. Il en veut pour preuve que l’on arrive à
travailler avec les enfants victimes de sévices sexuels. Il insiste
avec viguer sur le fait que les enfants qui ont subi ce dont parle Monsieur
S avec tant de légèreté, sont gravement atteint/es,
ces enfants sont détruits sur le plan mental. Il se demande si
le débat sur l’interdit doit être mener en ces termes.
Il sait de par la clinique que ce type de transgression détruit
les enfants mentalement.
Sur la loi et Lacan, il pense que le bon angle d’attaque est de
se demander ce que cela implique. Qu’est-ce que l’inceste
? Qu’est-ce que l’autorité ?
Il explique qu’il y a eu plusieurs Lacan. Effectivement, il y
a eu le Lacan de la loi du père, mais il a remis cela en question
dans les dix dernières années de sa vie en disant que
le père pouvait être partout. Il pense que le nom du père
ça marche, mais il ne faut pas en faire une religion du père.
Les dix dernières années de Lacan ont été
consacrées à une théorie complexe, il a essayé
des théories nouvelles. Il constate que la psychanalyse de Freud
est en échec, il soulève des questions oubliées.
Il situe ses recherches dans une remise en cause permanente, il n’y
a pas de sécurité. Il pense que le refus des dogmes est
ici aussi nécessaire. La loi est mise en pièces.
Question sur l’éthique anarchiste. Un moyen pas une fin ?
Quelle fin ? Une limite ou un stimulant ?
Philippe garnier : Il faut pouvoir dire non à certaines choses,
un non qui vient de la personne.
Françoise d’Eaubonne dit qu’elle se sent proche
de Sartre sur la question de la morale. Elle explique qu’elle
a rencontré une grande proximité dans les derniers écrits
de Sartre, qui a essayé à la fin de sa vie de refonder
une morale,mais qui a eu des difficultés et qui a échoué
dans sa tentative.
Une question sur l’appréciation de Popper sur la psychanalyse.
La personne soutient que le béhaviorisme est une meilleure solution.
Philippe Garnier : La science non plus n’est pas complètement
réfutable, il ne faut pas en faire un absolu. Il est exact que
la psychanalyse ne peut pas être réfutée, mais ceci
n’empêche pas une démarche rigoureuse. Sur le béhaviorisme,
il faut redire que c’est une théorie mécaniste,
qui ne s’intéresse qu’au comportement, qui ne peut
penser qu’une mécanisation comportementale.
Floréal dit qu’il a trouvé l’intervention
bien. Il note l’absence des enfants dans cette approche. Il a
trouvé que la définition de l’amour en liberté
était bien. Il dit qu’il faut promouvoir aussi la parole
en liberté. Il dit que la psychanalyse pourrait reprendre les
apports de Fromm, qui n’accepte pas la pulsion de mort. Il pense
que ce ne doit pas être penser une fois pour toutes. Il dit également
que la patriarcat c’est une façon de penser qui touche
y compris les femmes.
Philippe Coutant
Nantes le 26 Septembre 2001
Note complémentaire :
Les Na en Chine : « Sans père, ni mari »
?
Agriculteurs dans l'aire himalayenne, les Na sont une ethnie de Chine.
Jusqu'à nos jours ils ont toujours vécu sans l'institution
du mariage. Les mots de père et de mari sont inconnus dans leur
langue et les enfants ne connaissent pas leur géniteur. Durant
toute leur vie, frères et soeurs na partagent le même feu
et le même pot et élèvent ensemble les enfants des
femmes. Comme dans toute société, il y a prohibition de
l'inceste, limité ici aux consanguins. Le vie sexuelle est organisée
selon un système de visite nocturne, furtive ou ostensible, de
l'homme chez la femme, peut-être unique au monde.
Lien d'origine de l'explication sur les Na en Chine : http://www.ined.fr/rencontres/seminaires/famille/240699.htm