André Saucisse, un Moisdonnais passionné
de l'Histoire de sa commune. Ici, devant l'ancienne forge.
Moisdon-la-Rivière accueillera, dimanche, les cérémonies
en mémoire des internés du camp de la Forge, entre
1939 et 1942. Soixante ans plus tard, que reste-t-il de ce sombre
et douloureux passé ?
Qui se souvient des camps d'internements de Moisdon-la-Rivière
? De 1939 à 1942, les anciennes forges ont accueilli les
réfugiés espagnols qui fuyaient les soldats de Franco,
puis, les nomades.
Soixante ans après, rien dans la commune ne rappelle cet
épisode de l'histoire locale. Aujourd'hui pourtant, un homme
essaie de faire sortir le passé de l'oubli.
À Moisdon, André Saucisse se passionne pour l'histoire
de sa commune (1). En 2001, il entend pour la première fois
parler d'un camp qui aurait existé à Moisdon durant
la Seconde Guerre mondiale. « J'ai pu effectuer des recherches
à partir des archives départementales. Ensuite, pour
recueillir du vécu, c'est plus difficile... » Rares
sont ceux en effet qui peuvent témoigner aujourd'hui. «
Soit ils ne sont plus de ce monde, soit leur mémoire s'est
envolée... »
Pas l'indifférence
Conseiller de la commune, de 1989 à 1995, Armand Châtelier
se dit favorable à l'idée d'une stèle commémorative.
Récemment, il a guidé, sur les vestiges du camp de
la Forge, une cinquantaine de collégiens de Donges. C'est
la première fois qu'était évoquée l'histoire
de ces lieux dans un cadre scolaire.
Aux élèves et à leurs professeurs, il a rappelé
le contexte de l'époque. « On ne peut pas parler d'indifférence
quant au sort des internés. Leur existence était méconnue.
Ce qui nourrissait le débat local, c'était l'Occupation,
les soldats français faits prisonniers dont on était
sans nouvelles. Et puis, les restrictions... »
Le père Joseph Roul, prêtre intervenant à l'hôpital
de Châteaubriant, est natif de Moisdon. L'enfant de choeur
qu'il était en 1939 se souvient très fort d'une chose
: « Ces longues plaintes chantées des mamans qui pleuraient
la mort de leurs nouveaux-nés. C'était curieux et
très émouvant. »
« Ils chantaient et dansaient »
Dernière habitante à avoir connu la Forge telle qu'elle
était à l'époque, Monique Taillandier y a vécu
de 1940 à 1955. « J'avais 8 ans. Des Espagnols et des
Tsiganes, les gens n'en parlaient pas. Ils étaient là,
c'était tout. Je me souviens que le soir, ils montaient sur
la butte, devant le manoir, pour chanter et danser. »
Monique, 75 ans, vit à Fougères (Ille-et-Vilaine)
mais revient chaque semaine dans sa maison de Moisdon. « Je
n'ai jamais eu de problèmes avec eux. Dimanche, j'aimerais
être présente aux commémorations. »
Une célébration publique sera donnée en l'église.
Les Moidonnais seront-ils au rendez-vous ? Fin janvier, un tract
« sauvage » et anonyme avait mis la population en émoi.
Intitulé À propos du
camp de concentration de Moisdon-la-Rivière, il avait
alors fait ressurgir la mémoire du passé. (cf
note en bas de page)
« Certaines personnes ont pensé que j'en étais
l'auteur, se défend André Saucisse. C'est faux. Pour
autant, je ne veux pas qu'on oublie ce qui s'est passé. Plutôt,
je veux qu'on se souvienne. Pour ne pas recommencer. »
Nathalie BARIL.
(Lire aussi en page Loire-Atlantique de notre édition d'hier)
(1) André Saucisse a effectué ses recherches notamment
à partir des archives départementales et des travaux
universitaires d'Émilie Jouand.
Ces recherches ont eu lieu dans le cadre de l'association Aspic,
« Aider ceux qui souhaitent participer à des initiatives
dans la commune », soutenue par l'association Tradition et
environnement.
Site Internet : http://www.moisdon-la-riviere.org
De 2001 à 2003, « Le Petit Journal d'Aspic »
aidera à suivre les travaux de l'association.
Note sur ce texte intitulé " A PROPOS
DU CAMP DE CONCENTRATION DE MOISDON-LA-RIVIÈRE (1939-1942)"
L'auteur s'est fait connaître publiquement deux jours après,
il a contacté la Mairie de Moisdon La Rivière et a fourni
ses sources.
Il s'agit de Patrick Drevet
Son texte est consultable ici
À propos du camp de concentration
de Moisdon-la-Rivière
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