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Articles sur le camp de Moisdon la rivière parus dans Ouest France

Le camp de Moisdon-la-Rivière sort de l'oubli
11 Avril 2008

André Saucisse, un Moisdonnais passionné de l'Histoire de sa commune. Ici, devant l'ancienne forge.

Moisdon-la-Rivière accueillera, dimanche, les cérémonies en mémoire des internés du camp de la Forge, entre 1939 et 1942. Soixante ans plus tard, que reste-t-il de ce sombre et douloureux passé ?

Qui se souvient des camps d'internements de Moisdon-la-Rivière ? De 1939 à 1942, les anciennes forges ont accueilli les réfugiés espagnols qui fuyaient les soldats de Franco, puis, les nomades.

Soixante ans après, rien dans la commune ne rappelle cet épisode de l'histoire locale. Aujourd'hui pourtant, un homme essaie de faire sortir le passé de l'oubli.

À Moisdon, André Saucisse se passionne pour l'histoire de sa commune (1). En 2001, il entend pour la première fois parler d'un camp qui aurait existé à Moisdon durant la Seconde Guerre mondiale. « J'ai pu effectuer des recherches à partir des archives départementales. Ensuite, pour recueillir du vécu, c'est plus difficile... » Rares sont ceux en effet qui peuvent témoigner aujourd'hui. « Soit ils ne sont plus de ce monde, soit leur mémoire s'est envolée... »

Pas l'indifférence

Conseiller de la commune, de 1989 à 1995, Armand Châtelier se dit favorable à l'idée d'une stèle commémorative. Récemment, il a guidé, sur les vestiges du camp de la Forge, une cinquantaine de collégiens de Donges. C'est la première fois qu'était évoquée l'histoire de ces lieux dans un cadre scolaire.

Aux élèves et à leurs professeurs, il a rappelé le contexte de l'époque. « On ne peut pas parler d'indifférence quant au sort des internés. Leur existence était méconnue. Ce qui nourrissait le débat local, c'était l'Occupation, les soldats français faits prisonniers dont on était sans nouvelles. Et puis, les restrictions... »

Le père Joseph Roul, prêtre intervenant à l'hôpital de Châteaubriant, est natif de Moisdon. L'enfant de choeur qu'il était en 1939 se souvient très fort d'une chose : « Ces longues plaintes chantées des mamans qui pleuraient la mort de leurs nouveaux-nés. C'était curieux et très émouvant. »

« Ils chantaient et dansaient »

Dernière habitante à avoir connu la Forge telle qu'elle était à l'époque, Monique Taillandier y a vécu de 1940 à 1955. « J'avais 8 ans. Des Espagnols et des Tsiganes, les gens n'en parlaient pas. Ils étaient là, c'était tout. Je me souviens que le soir, ils montaient sur la butte, devant le manoir, pour chanter et danser. »

Monique, 75 ans, vit à Fougères (Ille-et-Vilaine) mais revient chaque semaine dans sa maison de Moisdon. « Je n'ai jamais eu de problèmes avec eux. Dimanche, j'aimerais être présente aux commémorations. »

Une célébration publique sera donnée en l'église. Les Moidonnais seront-ils au rendez-vous ? Fin janvier, un tract « sauvage » et anonyme avait mis la population en émoi. Intitulé À propos du camp de concentration de Moisdon-la-Rivière, il avait alors fait ressurgir la mémoire du passé.

« Certaines personnes ont pensé que j'en étais l'auteur, se défend André Saucisse. C'est faux. Pour autant, je ne veux pas qu'on oublie ce qui s'est passé. Plutôt, je veux qu'on se souvienne. Pour ne pas recommencer. »

Nathalie BARIL.

(Lire aussi en page Loire-Atlantique de notre édition d'hier)

(1) André Saucisse a effectué ses recherches notamment à partir des archives départementales et des travaux universitaires d'Émilie Jouand.
Ces recherches ont eu lieu dans le cadre de l'association Aspic, « Aider ceux qui souhaitent participer à des initiatives dans la commune », soutenue par l'association Tradition et environnement.

Site Internet : http://www.moisdon-la-riviere.org

De 2001 à 2003, « Le Petit Journal d'Aspic » aidera à suivre les travaux de l'association.


14 avril

Voyageurs et gadgés se souviennent, 66 ans après

Au cimetière de Moisdon-la-Rivière, la petite Cheyenne rend hommage « aux enfants partis pendant cette triste période... » À droite, Christophe Sauvé, aumônier et vice-président de l'Association nationale des gens du voyage catholique.

Dimanche, Moisdon-la-Rivière a rendu hommage aux centaines d'Espagnols et de tsiganes internés pendant la guerre dans le sinistre camp de la Forge.

D'abord le brouillard et puis, des trombes d'eau tombées des nuages. Peut-être pour expier les larmes des Espagnols et des tsiganes, internés comme prisonniers politiques dans le camp de Moisdon-la-Rivière, pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1939 et 1942. Dimanche matin, le chef-lieu de canton a réussi son pari : mettre un terme à soixante-six ans « de silence et d'oubli », selon son maire André Lemaître.

La commune et de nombreux habitants ont célébré la mémoire des centaines de ceux qui furent prisonniers derrière les barbelés, dans le bourbier humide de la Forge-Neuve. Pour la première fois, la mémoire des nomades a été évoquée dans les anciennes forges, devenu aujourd'hui un site touristique. Auparavant, une messe a été célébrée par l'évêque de Nantes, Mgr Soubrier, dans une église trop petite à cause de l'affluence.

« N'oublions pas ces crimes »

Après la messe, c'est le temps d'un premier hommage au cimetière, sur la tombe d'enfants tsiganes. « Une victime reste une victime et il n'y en a pas de bonne ou de mauvaise, lit la petite Cheyenne, devant une assistance émue et transie. Nous les petits voyageurs, nous avons la chance d'être là, présents, pleins de fougue et de joie de vivre mais nous n'oublions pas ces crimes. »

« Comme le font nos parents, nous continuerons à nous battre pour faire reconnaître ces lieux et cette terrible histoire qui nous a touchés et qui est très souvent niée ou cachée. »

Une gerbe est ensuite déposée, sur la tombe du communiste Raymond Laforge. Le Comité du souvenir des fusillés, et son président Joël Busson, a souhaité également associer les 27 fusillés du camp de Choisel, dont l'instituteur de Montargis, Raymond Laforge, inhumé après le drame au cimetière de Moisdon-la-Rivière.

« Morts de froid et de faim,eux aussi indésirables »

Pas loin, rappelle Lucienne Méchaussie, de l'amicale Châteaubriant-Voves-Rouillé, « se trouvaient aussi les sépultures des enfants et des anciens, gens du voyage qui avaient été parqués près d'ici, laissés sans soins, morts de froid et de faim, eux aussi indésirables, dangereux parce que voulant vivre libres ».

« Votre présence à tous est un message fort, confie le maire André Lemaître, sur le site des anciennes forges, rappelant l'histoire de ce lieu chargé. Il prouve l'importance que vous accordez à cette commémoration ». Saluant les associations Regards et des gens du voyage catholiques (ANGVC), l'élu remercie solennellement « tous ceux qui ont pris l'initiative de cette journée. Je souhaite la poursuite de ces échanges pour qu'elle ne reste pas unique. »

Joël Busson encourage « les militants de la mémoire ». Alice Januel, présidente de l'ANGVC, enfonce le clou : « L'histoire ne doit pas rester confidentielle. Jamais nous n'oublierons que l'ignorance scelle le socle de la discrimination. »

Au cimetière, quelques heures plus tôt, avant de déposer des tulipes sur les petites tombes, la petite Cheyenne a transmis le même message : « Nous déposons ces quelques fleurs pour rendre hommage, pour que cette histoire ne se répète plus. Pour que les différences entre les cultures soient enfin acceptées. Pour que le rejet de l'autre qui ne nous ressemble pas, n'existe plus. Pour faire voir que nous étions là hier à travers nos ancêtres, que nous sommes là présents aujourd'hui et que nos enfants seront là demain. Nous sommes là aussi pour grandir, pour avancer dans la vie, pour ne pas perdre nos identités et, pour cela, nous avons besoin de cette reconnaissance. »

Gaël HAUTEMULLE.

Les gadgés : surnom utilisé par les gens du voyage pour désigner les sédentaires.


14 avril Loire-Atlantique

Moisdon-la-Rivière a rendu hommage aux tsiganes, 66 ans après

Au cimetière de Moisdon-la-Rivière, Michel Debart et Eugène Fauveau, les « vieux » comme disent les tsiganes, ont déposé une gerbe.

Soixante-six ans « de silence et d'oubli », selon son maire André Lemaître : Moisdon-la-Rivière a rendu hommage aux centaines d'Espagnols et de tsiganes, internés pendant la Seconde Guerre mondiale dans son sinistre camp de la Forge.

Entre 1939 et 1942, ces prisonniers « politiques » ont été internés derrière les barbelés, dans le bourbier humide de la Forge-Neuve.

Hier, le chef-lieu du canton voisin de Châteaubriant a officiellement évoqué, pour la première fois, l'internement des nomades sur le site devenu aujourd'hui touristique.

Auparavant, l'évêque de Nantes, Mgr Soubrier, a célébré une messe. Au cimetière, un bouquet de fleurs a été déposé sur la tombe d'enfants tsiganes. « Une victime reste une victime et il n'y en a pas de bonne ou de mauvaise », a lu la petite Cheyenne, devant une assistance émue et transie.

Avant d'implorer : « Nous sommes là pour grandir, pour avancer dans la vie, pour ne pas perdre nos identités et, pour cela, nous avons besoin de cette reconnaissance. »

Une gerbe a également été déposée sur la tombe du communiste Raymond Laforge, l'un des 27 fusillés du camp de Choisel, à Châteaubriant, inhumé après le drame au cimetière de Moisdon-la-Rivière.



10 avril 2008
Le camp de Moisdon-la-Rivière sort de l'ombre

Considérés comme dangereux, les nomades furent surveillés, regroupés et internés derrière les barbelés à Moisdon-la-Rivière.

Archives départementales

Des centaines d'Espagnols et de nomades furent internés à Moisdon-la-Rivière. Leur mémoire sera évoquée, dimanche, en présence du maire et de l'évêque.

Pourquoi cette commémoration.
De 1939 à 1942, les anciennes forges de Moisdon-la-Rivière furent un camp d'internement. Dans un premier temps, on y regroupa les réfugiés espagnols, surtout des femmes et des enfants, qui fuyaient les soldats de Franco. Les nomades les remplacèrent à partir du 11 novembre 1940. Considérés comme dangereux, ils furent surveillés, regroupés et internés derrière les barbelés. Des centaines de nomades transiteront dans le bourbier humide de la Forge-Neuve. C'est à ces populations que sera rendu hommage, dimanche 13 avril, à Moisdon-la-Rivière. Présidé par Joël Busson, le comité du souvenir des fusillés a voulu associer toutes les victimes : les Espagnols, les nomades dont la mémoire sera évoquée pour la première fois en ce lieu, et les fusillés du camp de Choisel dont l'un est inhumé au cimetière de Moisdon-la-Rivière.

Le camp en 1941. « Près de Moisdon-la-Rivière, les Romanos devenus sédentaires font l'apprentissage de la vie sociale... ce qui ne les empêche pas de préférer quatre jours de prison à la douche ». Ces termes méprisants sont ceux d'un journal collaborationniste. La réalité est bien différente. Les témoignages font état de conditions de vie éprouvantes dans un lieu sinistre et humide, entouré de barbelés. Une assistante sociale en 1941 : « Si quelques familles, parmi les mieux loties, sont réunies dans une pièce avec quelques paillasses pour s'étendre le soir venu, toutes les autres sont parquées comme des bêtes dans deux grands baraquements de bois repoussants de saleté, où jamais ne pénètrent ni le soleil ni l'air. » En mai 1942, quand ferme le camp, 267 personnes encore internées, dont 150 enfants, sont déplacées en wagons dans la Sarthe. Ils seront ensuite dirigés vers Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire), lieu de concentration de tous les Tsiganes de l'ouest de la France. Ceux-ci ne retrouveront la liberté qu'en avril... 1946, laissant derrière eux des dizaines de morts, principalement des enfants.

Vigilance chez les gens du voyage.

Pour lui, cet hommage n'est qu'un premier pas. Christophe Sauvé voudrait qu'une stèle, sur place, rappelle l'histoire de la Forge. L'aumônier, vice-président de l'association nationale des gens du voyage catholique, reste vigilant. « J'attends de voir comment les gens vont réagir, sur place. » Il espère que cet hommage permettra d'engager un dialogue entre gens du voyage et « gadjés », et d'entreprendre des combats contre les discriminations. « Le carnet de circulation des gens du voyage existe toujours. Comme le montre un rapport de la Haute autorité de lutte contre les discriminations, ces dernières sont aussi fortes aujourd'hui qu'il y a soixante ans. » Et la peur de voir se reproduire cette « déportation intérieure » reste présente dans les mémoires. Ce n'est pas un hasard, fait-il remarquer, si des familles refusent de s'installer au camp de la Fardière, sous le pont de Cheviré. « C'est là que furent rassemblés, contrôlés et fichés des nomades avant d'être envoyés à Moisdon-la-Rivière ».

L'évêque sera présent. Dimanche 13 avril, 10 h, messe en l'église de Moisdon-la-Rivière, en présence de Mgr Soubrier, évêque de Nantes. 11 h. Cimetière : hommage à Raymond Laforge, l'un des 50 Otages fusillés le 22 octobre 1941. À 11 h 45, sur le site du camp de la Forge : allocutions du maire, d'un représentant des associations de gens du voyage, et de Joël Busson, président du comité départemental du souvenir des fusillés de Nantes et Châteaubriant et de la Résistance en Loire-Inférieure.

Marc LE DUC.


lundi 24 mars 2008
Edition : Chateaubriant Ancenis - Rubriques : Moisdon-la-Rivière

Des élèves de Donges ont visité le site de la Forge

Une cinquantaine d'élèves de 3e du collège Arthur-Rimbaud de Donges, accompagnés de cinq professeurs, dont Jean-Claude Bonhomme, leur professeur d'histoire, ont visité, la semaine dernière, les vestiges du camp de concentration pour Tsiganes de la Seconde Guerre mondiale, sur le site de la Forge.

Cette visite est incluse dans leur projet de fin de cycle, qui inclut aussi la visite de l'unique camp de concentration nazie en France : le Struthof en Alsace. À La Forge, ils ont été accueillis par André Saucisse et Armand Chatellier pour la partie historique de ce camp d'internement pour Tsiganes. Ils sont repartis avec un document d'une soixantaine de pages.

Gisèle Piton, des Amis de la Forge, leur a ouvert la maison de pays.

Le matin, ces élèves, studieux et attentifs, avaient visité, à Châteaubriant, le camp de Choisel et la Sablière, sous la houlette d'Henri Baron.


mercredi 28 mars 2007
Edition : St Nazaire La Baule - Rubriques : Missillac

La guerre civile espagnole racontée aux élèves

Les témoins des événements de la Guerre civile espagnole sont venus rencontrer les élèves du collège, très impressionnés par ces récits.

Depuis un mois, les élèves de troisième du collège ont revisité la guerre civile espagnole à travers les textes de la littérature, les livres d'histoire et divers documents. Leurs recherches ont abouti à une exposition dont le vernissage a eu lieu vendredi. Elle est constituée de leurs propres travaux, mais aussi de documents mis à disposition par les Archives départementales de Loire-Atlantique, le Centre culturel espagnol de Rennes, ou encore par « Le Ring » de Nantes qui avait prêté des reproductions des différentes esquisses du célèbre Guernica de Picasso. Pour clôturer ce travail, une journée spécialement consacrée à l'Espagne et à son histoire a été organisée au collège. Les jeunes historiens ont ainsi pu appréhender cette période à travers différents témoignages qui les ont beaucoup impressionnés. Ainsi, Mme Gutierrez, de Châteaubriant, leur a raconté son passage de la frontière à pied lors de la « Retirada » (débâcle), puis son transfert au camp de Moisdon-la-Rivière, en février 1939. Et son mari a évoqué son engagement dans la résistance au fascisme avant d'arriver, lui aussi, en France. « On lit cela dans les livres d'histoire, mais là on voit que c'est vrai », faisait remarquer une élève, impressionnée par ce témoignage. Puis, après un repas au menu espagnol, Robert de Choiseul a évoqué la construction de la base sous-marine de Saint-Nazaire par les réfugiés espagnols enrôlés de force. La journée s'est terminée par l'intervention de Gabrielle Garcia, venue avec le peintre Mariano Otero parler de son livre Mémoire retrouvée des Républicains espagnols.

 


mardi 27 mars 2007
Edition : Redon - Rubriques : Missillac

Guerre civile espagnole : les collégiens rencontrent des témoins

Les témoins des événements de la Guerre civile espagnole sont venus rencontrer les élèves du collège, très impressionnés par ces récits.

Depuis un mois, les élèves de troisième du collège ont revisité la guerre civile espagnole à travers les textes de la littérature, les livres d'histoire et divers documents. Leurs recherches ont abouti à une exposition dont le vernissage a eu lieu vendredi dernier. Elle est constituée de leurs propres travaux, mais aussi de documents mis à disposition par les Archives départementales de Loire-Atlantique, le Centre culturel espagnol de Rennes, ou encore par « Le Ring » de Nantes qui avait prêté des reproductions des différentes esquisses du célèbre Guernica de Picasso.

Pour clôturer ce travail, une journée spécialement consacrée à l'Espagne et à son histoire a été organisée au collège. Les jeunes historiens ont ainsi pu appréhender cette période à travers différents témoignages qui les ont beaucoup impressionnés. Ainsi, Mme Gutierrez, de Châteaubriant, leur a raconté son passage de la frontière à pied lors de la « Retirada » (débâcle), puis son transfert au camp de Moisdon-la-Rivière, en février 1939. Et son mari a évoqué son engagement dans la résistance au fascisme avant d'arriver, lui aussi, en France.

« On lit cela dans les livres d'histoire, mais là on voit que c'est vrai », faisait remarquer une élève, impressionnée par ce témoignage. Puis, après un repas au menu espagnol, Robert de Choiseul a évoqué la construction de la base sous-marine de Saint-Nazaire par les réfugiés espagnols enrôlés de force. La journée s'est terminée par l'intervention de Gabrielle Garcia, venue avec le peintre Mariano Otero parler de son livre Mémoire retrouvée des Républicains espagnols.


lundi 28 janvier 2008
Edition : Loire Atlantique - Rubriques : Départementale

Guy Môquet, mais aussi les autres victimes

Le terrain du Bêle à Nantes : le mois prochain y seront lus les noms des 82 personnes qui y furent exécutées pendant la Seconde guerre mondiale.

Le comité du souvenir des fusillés élargit son action. Il s'intéresse à la mémoire des nomades internés, explique son président, Joël Busson.

Votre bilan après les commémorations d'octobre, et l'accent mis sur Guy Môquet ?

Nous avons occupé le terrain qui était le nôtre, afin de ne pas laisser Nicolas Sarkozy instrumentaliser la mémoire de Guy Môquet. Nous avons rappelé le sens de son combat, l'histoire de son engagement. L'importante médiatisation nous a d'ailleurs aidés à mobiliser. Il y avait 5 000 personnes à Châteaubriant. Ce travail continue.

Est-ce que Guy Môquet ne va pas occulter la mémoire des autres fusillés ?

Il y a un an, avant qu'il soit question de Guy Môquet, nous avions décidé d'évoquer les autres jeunes de la Résistance. Des collectifs de jeunes y travaillent déjà. Il faut rappeler que cinq moins de 21 ans furent exécutés le même jour. Et qu'André Rouault, l'un des fusillés de 1943 avait, à trois semaines près, le même âge que Guy Môquet (1). Nous allons élargir l'hommage. Les 9 et 10 février, lors des cérémonies en mémoire de ceux de 1943, les noms de toutes les personnes exécutées au terrain du Bêle, à Nantes, seront lus, avec âges et professions. En l'état de nos connaissances, il y a eu 82.

Le lendemain, à La Chapelle-Basse-Mer, ce sera l'hommage aux Espagnols. La petite-fille de l'un d'entre eux sera présente, avec ses enfants. Le comité du souvenir ne veut pas en rester là. Il s'intéresse aux gens du voyage internés à Moisdon-la-Rivière.

Les gens du voyage ?

Pour la première fois, un hommage leur sera rendu sur le site de la Forge où ils furent internés dans des conditions terribles. Nous y travaillons avec leurs associations. En 1938, le camp a d'abord accueilli des Républicains espagnols, puis les nomades les ont remplacés. Les conditions étaient tellement mauvaises que le gouvernement de Vichy les envoya au camp de Choisel à Châteaubriant. Quand les internés politiques sont arrivés, les gens du voyage sont repartis à Moisdon, avant d'être conduits à Montreuil-Bellay. Des tombes d'enfants sont toujours là, au cimetière de Moisdon. J'espère qu'une plaque sera posée, et rappellera les souffrances de ces gens qui ont fini dans les camps.

Recueilli par

Marc LE DUC.

(1) Il s'agit de 42 résistants qui tombèrent, à l'été 1942, dans les filets de la police anticommuniste nantaise. Ils furent jugés en janvier 1943 par un tribunal militaire allemand lors d'un procès à grand spectacle. 37 furent fusillés, quatre déportés, et l'un fut déclaré hors de cause.