"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google

Le mirage de la course à l’emploi
Georges Birault


L’emploi, voilà bien le « cauchemar » des hommes politiques. Un « cauchemar » commencé dans la seconde moitié des années 70 et qui devient de plus en plus difficile à gérer. Officiellement, il y aurait 35 millions de demandeurs d’emplois dans les pays de l’O.C.D.E., mais plus vraisemblablement 50 ; dans l’hexagone, ils seraient 3 millions (3,5 millions selon le Bureau International du travail), En fait, le nombre de personnes qui recherchent un emploi à plein temps ou à temps partiel (choisi de préférence) avoisine sans doute les 6 millions, compte tenu te toutes celles qui ont été radiées des listes de l’ANPE, de celles qui sont en période de formation ou tout simplement qui ne s’inscrivent pas parce qu’elles considèrent qu’il est impossible de trouver du travail.

EN DEHORS D’UN EMPLOI POINT DE SALUT !
La question de l’emploi est donc au cœur des actions gouvernementales depuis 25 ans. Même si dans de nombreux cas, les mesures adoptées ont pour objectif de financer indirectement les entreprises, le but idéologique a toute son importance. La courbe des sondages d’opinions suit les fluctuations de celle du chômage, même si ce n’est pas le seul élément d’influence.
L’emploi est une préoccupation majeure parce qu’il tient une place centrale dans la vie de tout un chacun. Le travail est toujours présenté comme constitutif de l’identité individuelle et du lien social. A contrario, chaque fois qu’un problème de société est analysé, il est rare que le non emploi ne soit pas présenté comme une des causes. Ainsi le non emploi est responsable de la mal vie, de la morosité, de la perte d’identité, de la délinquance, de la montée du Front National ... En dehors d’un emploi point de salut !

Chaque plan emploi vise donc à donner un emploi à ceux ou celles qui n’en ont pas, pour faire en sorte qu’ils soient occupés, qu’ils se sentent utiles, qu’ils s’épanouissent et qu’ils aient un revenu quelque soit son niveau. Pour les libéraux les plus ultras, le chômage se résoudra de lui-même, il suffit de supporter et d’accepter les potions amères des licenciements, de la mobilité, du temps partiel forcé, ... après l’orage l’éclaircie (c’est aussi une des directives du FMI), La Grande-Bretagne et les USA sont donnés en exemple. Les moins libéraux (sociaux démocrates, démocrate chrétiens, centristes) utilisent les leviers de l’état pour diminuer le nombre de chômeurs (de la révision du mode de comptage des demandeurs d’emploi au plan Aubry en passant par la loi De Robien), tout en adaptant les lois du travail aux nécessités du marché. Les socialistes sont souvent les meilleurs en la matière.
Les grandes confédérations syndicales ont toujours comme objectif le plein emploi. Il s’agit pour eux de maintenir le volume d’une clientèle qui par ailleurs est de moins en moins syndiquée. C’est aussi pour certains rester sur le vieux schéma de la classe ouvrière seul sujet politique capable de transformer la société.

UNE TENDANCE INELUCTABLE.
La situation actuelle est-elle le produit d’une crise conjoncturelle ? Quelques améliorations comme la réduction du temps de travail peuvent-elles nous ramener au plein emploi ? Ou faut-il penser qu’il s’agit d’une transformation de fond de la société ?

Quelques constatations :

Si on regarde ce qui s’est passé dans cette deuxième moitié du 20ème siècle, on constate divers phénomènes qui ont eu pour effet de supprimer des dizaines de milliers d’emplois.
1 - Le développement des techniques a permis de réaliser en moins de temps avec moins de travailleurs ce qui demandait avant des semaines ou des mois. Dans le bâtiment, secteur sinistré diront la CGT et les patrons du BTP, l’impact est évident. Dans la métallurgie ou la chimie, la mécanisation et la robotisation remplacent l’intervention humaine. Dans les campagnes, l’agriculture très dévoreuse de main d’œuvre, même au sortir de la guerre, ne représente qu’un infime pourcentage de ceux et celles qui ont un emploi. Les crises dans les différents secteurs se sont succédées : sidérurgie, textile, navale, bois, habillement, automobile et entraînent avec elles des dizaines de milliers de licenciements.

Le secteur tertiaire s’est développée, mais on constate que y compris dans ce secteur, les crises couvent depuis longtemps (assurance, banque, mutuelles, ...). Le développement des ordinateurs, de la bureautique, de la télématique peuvent dès à présent des dizaines de milliers d’emplois.

Cette situation est-elle spécifique aux pays développés ?
Première remarque : Si une partie des emplois a quitté les pays européens au profit des pays où la main d’œuvre est à bas prix, il ne faut pas surestimer ces transferts (80% des échanges se font d’abord entre les pays de l’O.C.D.E.). Par ailleurs, de nombreux emplois dans l’hexagone existent parce que la production est exportée dans les pays du sud. Les échanges avec l’Afrique profitent d’abord aux pays riches qui reçoivent plus qu’ils ne donnent. Si tout ce qui est produit dans l’hexagone et exporté dans le sud était produit dans les pays importateurs, ce sont des milliers d’emplois qui disparaîtraient.
Deuxième remarque : la mécanisation n’échappe à aucun pays. Au Brésil par exemple la cueillette du café est faite mécaniquement, il ne faut plus que 80 ouvriers là où avant il y en avait 2000. En Chine, les usines qui sont installées utilisent les outils les plus modernes, même si elles en côtoient d’autres très archaïques.

2 - L’augmentation de la croissance est attendue par tous les premiers ministres pour diminuer les courbes du chômage. Qu’en est-il ? Un taux de croissance du PIB de 3% pourrait stabiliser le chômage et encore avec de nombreuses pirouettes. Pour résoudre le chômage, il faudrait un taux de croissance de 10%. Mais que représente un tel taux de croissance et même un taux de 5% ? 5% de voitures en plus chaque année, 5% de pollution, de déchets, de buildings, de consommation de médicaments, ... On peut certes augmenter le PIB en détruisant pour reconstruire, ce qui est déjà le cas dans de nombreux domaines (l’habitat et l’informatique en sont de bons exemples). En effet dans le PIB, rentrent non seulement les activités de création, mais aussi celles de destruction, de gestion des déchets, ... le ramassage des poubelles et leur traitement rentrent dans le cadre du PIB.
On voit bien les limites atteintes, limites écologiques, limites de la planète, ...

3 - Les gisements d’emplois ou les services transformées en marchandises.
Depuis une dizaine d’années, on voit des politiciens accoutrés de leurs baguettes magiques recherchant les gisements d’emplois. Et chacun annonce sa découverte, ici les chèques emplois, là les dégrèvements d’impôts pour embauche de femmes de ménage, ici encore dans le social où l’écologie. Le dernier plan de Martine Aubry a découvert de nouveaux métiers dans l’assistance, l’accueil, la sécurité, ...
Le terme « gisement » permet de créer l’illusion et d’endormir. Un gisement fait plus penser à la richesse, à l’abondance, alors que le résultat aggrave la domination et l’exclusion !
En fait de gisements d’emplois, il s’agit souvent de transformer les rapports sociaux en marchandises, de transformer toute activité en emploi salarié. C’est net dans les loisirs ou le social. Des entreprises comme la Générale des Eaux se lancent dans l’aide à domicile, le portage de plats aux personnes dépendantes. Il s’agit aussi de trouver les moyens à moindre frais de réparer les dégâts du système, c’est clair pour tout ce qui touche à l’environnement, l’écologie. Bien sur ces emplois sont temporaires, sous-payés, avec des garanties minimales.
En même temps la volonté de transformer toute activité humaine en emploi salarié bute sur le refus des personnes à utiliser des services payants qu’ils peuvent faire par eux-mêmes ou avec d’autres.

4 - Les gains de productivité.
Sont-ils facteurs de création d’emplois ? La tendance actuelle prouve plutôt le contraire. En effet dès qu’une reprise économique pointe son nez et améliore la situation des entreprises, les patrons en profitent pour investir dans de nouvelles machines dans le but de supprimer des emplois. Il est en effet indispensable d’être toujours le meilleur pour attirer, du moins garder la faveur des investisseurs dont la préoccupation principale est la spéculation boursière. Un pays qui voit son taux de chômage diminué trop rapidement est un mauvais élève qui risque de perturber les marchés financiers.

5 - Du travail à l’employabilité.
L’emploi tel qu’il s’est développé avant la guerre puis pendant les trente glorieuses s’est transformé.
De l’emploi stable, voire à vie dans la sidérurgie ou les charbonnages par exemple, on est passé à l’employabilité. Il ne s’agit plus de trouver un emploi qui corresponde à un métier, choisi parfois très tôt. Les écoles d’apprentissage dans la métallurgie étaient souvent liées à une entreprise qui embauchait les lauréats du CAP. L’ouvrier progressant plus ou moins régulièrement dans la hiérarchie. C’était une minorité qui changeait de métier et la mobilité entre les entreprises était souvent le moyen pour le salarié de faire pression sur les patrons pour obtenir de meilleurs salaires. Pour certains salariés, être licencié, c’était avoir la sensation de ne plus savoir rien faire, tant il est vrai qu’ils avaient été tellement rivés à leur outil de travail, ce fut le cas de nombreux sidérurgistes ou mineurs. Le patronat avait besoin de salariés stables, fidèles, fiers de leur travail, de leur entreprise. Il organisait la vie du travailleur dans ce sens, lui procurant logements, jardins, loisirs (les équipes de foot corporatiste), et faisant parfois cause commune avec le curé contre le maire rouge du coin.

Aujourd’hui le patronat veut des travailleurs mobiles, polyvalents, battants, acceptant la loi du mérite. Pour le patronat, la planète est devenue un immense marché non seulement pour les marchandises, mais aussi pour la main d’œuvre. De la même façon que l’on peut créer son ordinateur en achetant les composants chez les producteurs les plus offrants, le patronat monte ses bureaux, ces usines en se procurant la main d’œuvre dont il a besoin à un moment donné, pour une durée donnée, dans un lieu donné. Par exemple les SSII (Sociétés de Service et d’Ingénierie en Informatique) cherchent des personnes dont le profil correspond aux nécessités du contrat qu’elle est en train de négocier avec une usine, une administration. Les personnes ne seront embauchées en CDD seulement si le contrat est obtenu
Etre mobile, c’est donc savoir se vendre sur le marché de l’emploi : savoir changer de métier, d’usine, de villes, de régions, de pays. Il faut aller là où il y a une opportunité de trouver un emploi. C’est donc aussi accepter les périodes d’emploi alternées avec des périodes de chômage, ou des périodes de formation. C’est accepter la polyvalence, ne pas s’attacher à un métier, accepter tous les emplois qui se présentent. Il n’y a pas d’emploi sot comme le présente l’entreprise « Le petit Cireur » : « cirer les chaussures, c’est une ouverture vers un avenir meilleur ». C’est améliorer sa formation générale et se former à d’autres métiers. C’est aussi au sein de l’entreprise accepter de changer de poste, de remplacer les absents, ...
Etre un battant, c’est se présenter comme un loup aux dents longues, avoir de l’ambition, être sportif, accepter la surcharge de travail car c’est l’avenir de l’entreprise qui est en jeu, ...
Accepter la loi du mérite, c’est passer un contrat avec l’entreprise et en accepter les conséquences tant en terme de salaire que de pérennité dans l’entreprise. C’est accepter l’individualisme au détriment du collectif.

Voilà les qualités requises par le patronat pour être employable. Cette situation est de plus en plus vraie pour la génération de jeunes qui arrivent sur « le marché de l’emploi ».

6 - Réduction du temps de travail.
La réduction du temps de travail trouve son fondement dans le fait qu’il est insupportable que des millions de personnes n’aient pas de travail alors que les autres travaillent toujours 39H, voir 40, 45.

Aujourd’hui, on constate que la réduction du temps de travail est une revendication qui, bien que mise en avant par des syndicats et certaines organisations politiques, ne fait pas réellement l’objet de luttes. Les accords qui se signent sont souvent le résultat d’une situation où l’entreprise est en difficulté et où le patron utilise la réduction du temps de travail comme moyen d’éviter les conflits, les licenciements. La Loi Robien joue ce rôle là. Cela ne correspond presque jamais à une vision de la société comme pouvait l’offrir les 40H ou la journée de 8H.

La revendication de réduction du temps de travail telle qu’elle est présentée, apparaît trop arbitraire, non significative. C’est particulièrement vrai pour la durée : pourquoi 35H, 32H ou 20H par semaine ?
Elle pose problème quand à la question de l’organisation du travail. Si dans les secteurs où le travail est très parcellisé (usine, travail à la chaîne, ...), cela ne semble pas poser à priori trop de problèmes, cela est beaucoup moins vrai dans d’autres secteurs où la pérennité et le suivi des dossiers nécessitent une présence relativement soutenue. C’est encore beaucoup moins vrai, dès qu’il s’agit d’encadrement, de niveau de compétence importante.
Elle ne correspond pas forcément à la représentation que peuvent en avoir ceux et celles qui ont un emploi. Ce n’est pas forcément d’avoir 4, 5 ou 6 Heures de travail en moins par semaine. Dans les années 70 et début 80, l’intérim fut choisi par un certain nombre de travailleurs (jeunes, célibataires, sans trop d’attaches) parce qu’il permettait une certaine autonomie, une possibilité d’avoir des périodes non travaillées plus ou moins longues. Lorsqu’une entreprise met en place les horaires variables, la revendication est de pouvoir cumuler des périodes de congés importantes. Le lieu de travail est de moins en moins un lieu privilégié, pour la majorité, plus on peut le fuir, mieux c’est.
Elle est ressentie comme une mesure de gestionnaire. On répond à un problème de société par une mesure de gestion. Ainsi, elle ne fait pas sens car elle ne permet plus de poser les problèmes de société. Il y a de moins en moins d’enjeux idéologiques, politiques, il n’y a de plus en plus qu’un enjeu humanitaire (le partage). Les revendications historiques de la journée de 8 Heures puis de la semaine de 40 Heures étaient vécues par les travailleurs comme justes, face à l’exploitation inhumaine que leur faisait subir le patronat. Elles faisaient sens pour le prolétariat. Elles relevaient de l’idéologie et non de la gestion. C’est comme l’interdiction d’exploiter les enfants, cela apparaît aux yeux des gens comme étant évident et impossible à remettre en cause.
Il n’est pas possible de poser la réduction du temps de travail, sans se poser la question de quelle société voulons-nous ? Or cette question n’est jamais posée par les syndicats et la gauche en général, car le cadre du capitalisme est accepté.

7 - De l’emploi à l’apartheid social.
La société prend de plus en plus les formes d’un apartheid. Certes la comparaison peut sembler osée, mais en l’absence d’autres termes plus judicieux, nous utiliserons celui-là. A l’inverse de l’apartheid racial, la seule différence est qu’il n’y a pas de frontières infranchissables entre les deux parties et que l’on peut être tout à tour dans l’une ou dans l’autre.
Ces deux groupes sociaux sont d’une part un premier plutôt majoritaire composé de personnes qui ont un emploi très ou relativement stable, ayant un revenu qui peut aller de plusieurs centaines de milliers de francs à plus ou moins 250 000 francs par an. D’autre part un deuxième composé de 6 à 7 millions de personnes dont les situations varient entre être demandeur d’emploi, en formation, en stage, occupés à des petits boulots, des boulots de service, en CDD, CES, emploi jeune, emploi ville, .... Leurs revenus varient entre 60 000F et 0F par an, plus les allocations logements, les dégrèvements d’impôts, ... Entre ces deux groupes, une population plus ou moins importante fluctue au gré des opportunités, des situations économiques.
Ces deux groupes peuvent avoir parfois des intérêts communs, par exemple la baisse des prix, l’exploitation des pays du sud, l’expulsion des immigrés; des revendications communes comme un meilleur environnement, plus de prise en charge de l’état pour la santé, le logement, ...
Aucun des deux groupes n’est homogène. Le premier l’est sans doute moins que le deuxième, les disparités y sont encore plus grandes, à la différence qu’il ne s’agit pas de disparités dans la misère, mais dans la richesse pour certains, l’aisance pour d’autres.
Le premier groupe a la reconnaissance sociale, il est aux postes de commande. C’est pour lui que les villes dépensent des budgets colossaux pour la culture. C’est lui qui profite des avantages fiscaux, qui fait marcher les agences de voyages, qui peut payer des études à ses enfants, ... il s’oppose aux titularisations des vacataires, des CES, et autres précaires, car les riches n’acceptent que sous la contrainte le partage des richesses. C’est lui aussi qui ne peut plus se passer des larbins pour garder ses mômes, faire son ménage, tondre sa pelouse, porter ses cabas, cirer ses chaussures, trier ses ordures, apporter ses à pizza domicile. Ah ils en ont trouvé des gisements d’emplois ! Quelle bonne occasion de pouvoir s’offrir des domestiques comme du temps de cette noblesse arrogante, méprisante, au dessus de tout.

Cette description peut paraître exagérée et elle est certainement critiquable.
Cependant, c’est bien cette tendance qui est à l’œuvre. Le dernier plan d’Aubry vérifie cette tendance. Voilà un plan qui vise à donner du travail aux enfants d’une partie du premier groupe. De même que les concours dans la fonction publique deviennent fermés à ceux et celles qui n’ont que le niveau requis (BEPC, CAP pour les catégories C, BAC pour les catégories B) car ceux qui réussissent ont des bac +2, des licences, des maîtrises, de même pour le plan emploi jeunes, ce seront les mêmes qui auront les postes. Et Tous et ceux celles qui sont les exclus de cette société le seront encore davantage, le premier groupe a depuis longtemps décidé qu’il ne valait pas le coup de s’en occuper sinon avec des flics et l’aide du Front National.

Cette mise en place de l’apartheid remet en cause l’analyse de classe, la notion de classe ouvrière. Il y a beau y avoir 22 millions de salariés dans l’hexagone, dans ces 22 millions, il y en a de plus en plus qui ont intérêt à ce que la société capitaliste se maintienne en l’état, parce qu’ils profitent de leur place dominante, même si c’est dans le cadre de la domination du capitalisme. Contrairement à la période allant du moyen âge à la révolution où c’étaient ceux qui ne travaillaient pas qui étaient valorisés et dominaient, aujourd’hui c’est l’inverse, ceux et celles qui sont valorisés et dominent ont un travail qui dépasse souvent les 40 heures (c’est le cas d’une bonne partie de l’encadrement dans le privé ou le public). Mais qu’importe de travailler 40 heures si le reste du temps est libre, les tâches ménagères, la bouffe ; ils ont juste à gérer leur compte en banque et leurs actions.
Ce n’est donc pas parce que la richesse du premier groupe passe par la médiation du travail et ce pour sans doute encore un bon moment qu’il y a ou peut y avoir une unité contre la domination du capital.

On peut aussi noter que la gestion de l’apartheid donne du travail à des dizaines de milliers de personnes dont les fonctions sont de prendre en charge les personnes, des assistants sociaux aux médiateurs, des éducateurs aux îlotiers. Mais ce travail va au delà de la simple exécution, elle permet d’avoir un pouvoir, une tutelle sur une bonne partie de la société. Le fait de mettre de plus en plus de personnes sous curatelle, c’est accroître la dépendance, la subordination.
La transformation de la société vise la suppression des ces fonctions, ce qui va à l’encontre des intérêts de ces personnes.

La détermination du prolétariat était relativement facile : ceux et celles dont le travail permet d’extorquer de la plus value : les producteurs et les productrices. Aujourd’hui, ils sont de moins en moins nombreux. En rester à la définition classique du prolétariat nous bloque, car il ne s’agit plus de lutter contre la domination unique du patronat, mais contre les différentes formes de domination qu’il nous faut analyser.

Georges Birault Nantes le 10/01/98


Ce texte a été publié dans la revue Les Temps Maudits de la CNT Vignoles
La CNT dite " Vignoles " CNT Vignoles