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Interventions diverses
de Serge Tisseron


Ce principe de la métamorphose se retrouve dans le rapport que le spectateur entretien avec le monde virtuel. Pour Tisseron (1997) les images virtuelles permettent non seulement de représenter un objet (c’est-à-dire sont un support de représentation), mais permettent également d’envelopper et de transformer son spectateur. L’interactivité du virtuel implique la transformation réciproque.


" OBJETS ET IDENTITE "

Samedi 12 mai 2001, Rouen Colloque Objets et identité Information publiée le mardi 24 avril 2001 (source : GRHIS) Université de Rouen, GRHIS
JOURNEE D'ETUDE DU SAMEDI 12 MAI 2001 " OBJETS ET IDENTITE "

Objets et Identité INTENTIONS : En conclusion de son ouvrage Histoire des choses banales : naissance de la consommation, XVIIe-XIXe siècle (Fayard, 1997), Daniel Roche appelle à rompre avec l'indifférence qui fut longtemps celle des historiens pour le monde des objets, à l'exception de ceux auxquels la tradition prête une valeur artistique. Il propose d'en poursuivre l'étude, à sa suite, dans le cadre d'un "système" qui mette en évidence "au cœur du processus de consommation, l'action simultanée de l'intelligence et du sensible, du matériel et du symbolique" tout en montrant combien à cet égard "les effets des changements n'agissent pas de façon simple" (p. 270)

C'est en réponse à ces suggestions que voudrait se situer la journée d'études organisée le Groupe de Recherche en Histoire de l'université de Rouen sur le thème "Objets et Identité". Le terme "objets", ainsi que son libellé au pluriel le laisse supposer d'emblée, sera entendu non pas en son sens philosophique, opposé au "sujet", mais en son sens courant de "choses". Que la notion ait partie liée avec celle d'"identité" n'étonnera pas : l'identité, ou les identités, reçues et recherchées, en perpétuelle construction, se disent et s'élaborent par divers langages, dont celui des choses. On en veut pour preuve la convoitise que suscitent certains objets dont la possession "signe" un statut qui ne se réduit pas uniquement à une appartenance sociale

L'objet, parce qu'il est le fruit d'une création inscrite dans un contexte et parce qu'il devient l'élément d'une appropriation plus ou moins délibérée, ne saurait en effet se réduire à un ensemble de dispositifs techniques que ses utilisateurs sont, pour leur écrasante majorité, dans l'incapacité — parfois cultivée ! — de comprendre. "N'importe quel objet, même le plus ordinaire, enferme de l'ingéniosité, des choix, une culture" (François Dagognet, Éloge de l'objet, Paris, Vrin, 1989, p. 12). Toute chose, quelle que soit sa nature, se présente donc comme un ensemble de signes dont la mise en œuvre obéit à des processus identitaires complexes. Les sociologues ont appris à en décrypter quelques-uns. Pour leur part, psychologues et psychanalystes observent que les choses dont un individu est environné contribuent à la construction de sa personne, en soi et au sein des groupes auxquels il appartient. "Les objets dessinent autour de nous des cercles concentriques qui constituent les enveloppes de l'identité de chacun (Serge Tisseron, Comment l'esprit vient aux objets, Paris, Aubier, 1999, p. 218)

Dans le prolongement de ce qui précède, on suggèrera quelques pistes de réflexion

On pourra tout d'abord se pencher sur le statut que les différentes époques ont accordé aux divers objets dont elles se sont dotées, en fonction des conditions de leur production. Sans prétendre pouvoir découvrir les relations intimes des sujets aux objets qui les ont entourés avant des temps relativement récents, on pensera pourtant à la valeur particulière accordée à certains objets, souvent à la suite de rituels spécifiques.

Quelques-uns devinrent ainsi signes du sacré : lieux et objets consacrés pour servir au culte ; reliques ; souvenirs de pèlerinage qui conservent une part de la sacralité du lieu. D'autres furent érigés en attributs du pouvoir, tels les regalia pour la monarchie médiévale et moderne, entre autres. D'autres encore manifestèrent une fonction, comme l'outillage dont la possession nécessite un apprentissage. Il y a là une identité propre à l'objet qui, avant d'être reconnue, a donné lieu à une élaboration, elle-même susceptible d'évolution

En fonction de ces présupposés, partagés par la communauté qui les construit et les reçoit, se dégagent des jeux collectifs d'expression identitaire : ceux-ci prolongent, affichent ou dissimulent, pour soi et à l'intention des autres, une situation ou une relation particulière. Pensons, notamment, au rôle joué à cet égard par le vêtement qui peut manifester l'intégration comme son contraire, délibérément ou non

En retour, dans une perspective plus épistémologique, on pourra se demander jusqu'où peut aller l'historien dans l'utilisation des objets comme source d'identification des sujets autour desquels il les découvre, que ce soit au travers de fouilles archéologiques ou à la lecture d'inventaires après décès, voire d'autres descriptions de collections de biens personnels


Samedi 12 mai 2001

GRHIS-Université de Rouen-Faculté des Lettres


Lien d'origine http://www.revues.org/calenda/articles/842.html



"Le cinéma rend-il méchant ?"

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM FANTASTIQUE DE BRUXELLES

Influences du cinéma sur les valeurs et les comportements
Ceci n’est pas réellement un compte-rendu, mais juste les points importants soulevés par chaque intervenant. Bien sûr, ce rapport n’est ni parfait, ni complet et nous vous invitons à contacter les intervenants personnellement afin d’avoir des informations plus précises et complètes… Par ailleurs, toutes les interventions n’ont pas été retranscrites ici, mais uniquement celles pertinentes par rapport à la problématique de ce site, c’est-à-dire la sociologie des médias… Nous encourageons également les intervenants de ce colloque à se manifester s’ils veulent rajouter quelque chose ou faire part d’une erreur qui aurait été commise à propos de ce qui est rapporté ci-dessous…

POINTS IMPORTANTS DEVELOPPES PAR CHAQUE INTERVENANT :

Serge Tisseron (psychiatre et psychanalyste, enseignant à Paris VII, co-directeur de la collection « Renouveau en psychanalyse »)
Lire une biographie de Serge Tisseron proposée par lui-même...
- Les images ne sont pas suffisantes pour créer le désir. Elles peuvent fournir un modèle pour ceux qui en cherchent.
- Les images qui bouleversent sont celles qui révèlent des traumatismes personnels.
- Les images violentes provoquent des sentiments démobilisateurs.
- Pour qu’un stress se transforme en traumatisme, il faut être désarmé. Les outils pour gérer ce stress sont : les mots, le cinéma intérieur et les manifestations non-verbales (mimiques, gestes, etc.). Lors des entretiens avec des enfants qui viennent d’avoir été exposés à des scènes violentes, ces enfants développent ces outils pour gérer le stress, mais il y avait un psychiatre avec eux, comme interlocuteur adulte. Dans la réalité, ils n’ont que leur groupe d’amis.
- Tout groupe exerce une violence.
- Concernant les effets de groupe sur les images violentes, on peut se poser différentes questions comme : Les images violentes ne réduiraient-elles pas les particularités de chacun ? Ne réduiraient-elles pas la capacité de chacun à s’opposer au groupe ?
- Concernant l’éducation aux médias, il faut insister sur les émotions et les états du corps. Il faut par ailleurs que ça permette de comprendre comment ça a été fait, ce qui permet de se rassurer, de se dire que ce n’est pas vrai, que c’est fictif. Il faut donc encourager la programmation de making-of.
- Serge Tisseron met également l’accent sur l’importance du cinéma interne, d’où la nécessité de permettre aux enfants de réaliser et produire eux-mêmes des images, des films, etc.
- Il faut également organiser des groupes de jeux de rôles où on proposerait aux enfants de jouer les images qu’ils ont vues. On voit donc l’importance du faire-semblant.
- Pourquoi les jeunes cherchent-ils des images violentes ? Ces jeunes se sentent incompris, rejetés, etc
Beaucoup de scènes de la vie quotidienne provoquent également des émotions désagréables. Et au cinéma, on sait quand ça commence et quand ça finit, on contrôle. Beaucoup cherchent en fait à revivre ces scènes désagréables au cinéma. De plus, après, il y a la possibilité de socialiser ces expériences avec les autres qui ont vu le même film
Quelques liens intéressants concernant Serge Tisseron :
- Conférence de Serge Tisseron lors de la Journée APTE à Paris, le 21 novembre 1998 : la construction du sens chez le spectateur.
- L'objet de médiation, à la fois objet et médiation.
- Sans régression, il n'est pas de progression possible.
- Extrait d'une interview.
- Biographie.
- De l’inconscient aux objets.
- Images, la violence en question.
- Société de l'image et construction du sens.
- Texte du Sénat


Bibliographie :
- « Enfants sous influence (Les écrans rendent-ils les jeunes violents?) », 2000.
- « Psychanalyse de la bande dessinée », 2000.
- « Petites mythologies d'aujourd'hui », 2000.
- « Nos secrets de famille », 1999.
- « Le mystère de la chambre claire », 1999.
- « Comment l'esprit vient aux objets », 1999.
- « Y a-t-il un pilote dans l'image », 1998.
- « Psychanalyse de l'image », 1997.
- « Le bonheur dans l'image », 1996.
- « Le Secret d'Hergé », 1993.
- « La Honte », 1992.
- « Tintin et les secrets de famille », 1992.
- « La BD au pied du mot », 1990

Serge Tisseron Enfants Sous Influence (Les Écrans Rendent-Ils Les Jeunes Violents?), Armand Colin, Pari, 2000
Les conséquences des images violentes sur les enfants préoccupent les parents, les pédagogues et les pouvoirs publics. Télévision, cinéma, jeux vidéos ont-ils une influence sur les comportements des " bandes ", en particulier dans les banlieues ? Mais comment définir les images " violentes " ? Leurs effets sont-ils les mêmes selon qu'elles sont vues par des garçons ou par des filles, par des enfants de milieu social favorisé ou défavorisé ? Les enfants qui parlent plus facilement de ce qu'ils ont ressenti face à elles sont-ils mieux protégés que les autres ? Et comment interfèrent les groupes et les images pour entraîner des comportements violents qu'on est parfois tenté d'attribuer trop rapidement aux images seules ?

Laurent Servais (Psychiatre aux Institutions Publiques de la protection de la Jeunesse de Wauthier-Braine et de Braine-le-Château et chercheur au laboratoire de psychologie médicale de l’ULB-CHU Brugmann)
- Comme C. Bontinckx, il pense qu’il serait indécent de penser que ces jeunes délinquants sont arrivés là à cause du cinéma.
- Il met également l’accent sur les aspects socio-économiques et culturels.
- Le profil des jeunes étudiés lors de l’enquête correspond à ceci : o Age de la mère lors de la naissance du premier enfant : 13 à 26 ans. o Niveau scolaire des parents (dernière année d’étude) : 16 ans. o Antécédents professionnels des parents : père ouvrier
Mère ouvrière ou foyer. o Activité professionnelle : 75% au chômage. o Antécédents d’abus de psychotropes : 40% des pères en abus d’alcool. o Antécédents judiciaires : père 18%. o Antécédents psychiatriques : mère 50%. o Violence intra-familiale : 40%
- L’étude a consisté entre autres à proposer des photos de visages exprimant des émotions. Toujours le même visage mais exprimant différentes émotions à des pourcentages différents grâce au morphing. On a pu remarquer grâce à cela que ces jeunes reconnaissent plus vite la peur que les autres. Par contre ils ne reconnaissent pas la tristesse

Bernard Petre (Client Service Manager chez TNS Dimarso, filiale belge de Taylor Nelson Sofres, et Professeur à l’Ecole des Hautes Etudes en Communication Sociale)
- La technique utilisée est la sémiométrie : on soumet le répondant à 210 mots et on interprète les valeurs de la personne par rapport à ce qu’elle dit sur ce mot et sur ce que ça lui donne comme émotions.
- Il y a deux axes à cette analyse
1° axe : d’un côté les mots liés au plaisir, de l’autre ceux liés au devoir. 2° axe : d’un côté les mots liés à l’attachement affectif, de l’autre ceux liés au détachement affectif.
- Cela permet de classer les types de violence : 1. La violence liée à la fusion affective (ex :Cendrillon, privée du lien affectif) 2. Le totalitarisme : toute puissance, l’autre doit devenir ma chose. 3. La violence destructrice (ex : le chasseur dans Bambi). 4. La pulsion pure (ex : Cruella dans les 101 Dalmatiens).
- L’enquête montre que le cinéma n’a pas une grande influence sur les valeurs des jeunes. Qu’ils aiment ou pas le cinéma, les jeunes restent des jeunes…
- Néanmoins, ceux qui aiment le cinéma utilisent des mots plus spirituels. Ceux qui n’aiment pas le cinéma utilisent des mots plus physiques.
- Pour les classes hautes, la violence est liée au désordre et donc on la sublime par le théâtre, l’écriture, etc. Pour les classes basses, la violence est davantage liée à la punition, etc.
- Concernant les types de film, l’hypothèse est que si un genre a une influence sur les valeurs des jeunes, on va trouver dans le public de ce genre de films, les films violents par exemple, des comportements plus violents. 1. Les films présentant une violence familiale sont généralement acceptés par tout le monde. Il y a un consensus positif. Exemple : Dallas. 2. Dans les comédies, la violence destructrice est généralement mal vue. Il y a un consensus négatif. La question est « peut-on rire de tout ? » 3. Les drames ne posent généralement pas de problèmes. 4. Dans les Western, la violence est liée à des valeurs comme la victoire, la justice, etc., qui permettent de résoudre la violence. 5. Dans les films érotiques, la violence est très traditionnelle (protection, argent, etc.) 6. Dans la science-fiction, les valeurs sont la vitesse, l’ironie, le changement, l’histoire, etc. Les jeunes amateurs de science-fiction sont plus attirés par la science et la logique que les autres. 7. Pour les films policiers, on voit que leurs consommateurs sont plus violents que les autres. Mais, comme pour les Western, il y a des valeurs qui limitent cette violence (humilité, politesse, etc.) 8. Les films de guerre sont ceux qui proposent le plus de valeurs violentes aux jeunes. L’idée de victoire y est très forte. 9. Le public des films d’horreur n’est pas le plus inquiétant des publics, celui-ci est très traditionnel. 10. Les Thriller mettent en avant le héros qui se sacrifie. L’idéologie du héros est très présente dans ce public

Bernard Devos (Directeur SOS Jeunes)
- Les jeunes sont moins violents aujourd’hui qu’avant. Par contre, le nombre d’incivilités augmente

Roland Coenen (Directeur Le Tamaris)
- Les films ne sont pas les premiers déclencheurs de violence. Les jeunes dont le milieu éducatif est relativement fragile ne sont pas plus influencés que les autres. Le cinéma n’a donc pas l’influence qu’on lui donne.
- La programmation d’un film violent à la télévision belge n’a jamais eu comme conséquence une augmentation de la criminalité.
- C’est le contexte qui a la plus grande influence, pour les opinions politiques par exemple. Star Wars a put doper l’électorat de Bush mais c’est le conte militaro-industriel qui lui a donné son électorat majoritairement.
- Il ne faut pas oublier que si un film marche, c’est qu’il correspond certainement à une attente

Yves Lecarme (Juge de la Jeunesse)
- Si le cinéma influence, c’est par exemple au niveau des procédures pour passer à l’acte et non au niveau du désir de passer à l’acte.
- Les jeunes n’ont plus de repères par rapport à l’école ou à la famille. Ils deviennent des « boarder-lines ».
- La tâche est de restaurer une raison de vie chez ses jeunes.
- Le cinéma fait partie de notre société, elle fait partie d’un tout

Patrick Zéoly (Institut Chomé Wijns)
- On ne se demande jamais si affamer la moitié de la planète rend violent, si laisser des gens dormir dehors rend violent, etc
Les jeunes s’expriment violemment parce qu’ils n’ont pas d’autres moyens d’expression


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