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Origine site Econovateur : http://www.econovateur.com/rubriques/gril/lre011002.shtml
Octobre 2002
2 livres : « Comment l'esprit vient aux objets », et «Petites
mythologies d'aujourd'hui » de Serge Tisseron – Éditions
Aubier – 231 et 270 p – 2002 – 15 Euros chacun
Comment l'esprit vient aux objets
Petites mythologies d'aujourd'hui
Les objets n'ont pas qu'une fonction utilitaires. Ils sont bien
plus que cela. Avec les images publicitaires, les photos-souvenirs,
ils exercent sur nous des rapports complexes qu'il est nécessaire
de connaître pour mieux appréhender leurs évolutions
(objets high-tech), et, surtout, les profondes transformations sociales
et psychiques qu'ils subissent et induisent dans nos sociétés
modernes.
Commentaire
Les objets sont parmi nous.
La société de consommation a fait des objets et des
images des partenaires indispensables de nos vies. La publicité
nous vend, par des visuels et films très élaborés,
un idéal de bonheur et de vie qui ne dépend que de
nous de posséder… sous condition d'acheter toujours
plus d'objets.
Autre constat : les nouvelles technologies proposent sans cesse
des objets inédits (caméras numériques, tamagoshis,
lecteurs DVD) qui, mine de rien introduisent par petites touches
de nouveaux rapports à soi et aux autres.
En prenant conscience de tout ceci, des questions importantes ne
manquent pas de se présenter : la société consumériste
ne donne-t-elle pas un peu trop d'importance aux objets, aux images
? Quels sont les bons et les mauvais usages, les nouvelles habitudes
de vie que la « société de l'objet » amène
? Quelle est l'influence exacte de la publicité dans nos
rapports avec eux ?
En un mot, quel a été, et quel est actuellement le pouvoir
réel – positif ou négatif – des objets et
des images dans nos vies ?
Anatomie secrète d'un objet
Pour nous aider à répondre à toutes ces questions,
les deux livres de Serge Tisseron apportent un éclairage
précieux à toutes ces questions, même si certaines
de leurs conclusions peuvent prêter à discussion (comme
nous le verrons plus loin).
L'auteur, fort de ses doubles compétences en sociologie (comprendre
le groupe) et psychanalyse (comprendre l'individu) est à
même de décrypter les multiples niveaux d'influences
que les objets exercent dans nos vie, très souvent à
notre insu.
Dans le livre « Comment l'esprit vient aux objets »,
S. Tisseron s'attache surtout à analyser toutes les formes
d'influence des objets, en traquant les mécanismes inconscients
de nos comportements à leur égard. Dans le deuxième
livre « Petites mythologies d'aujourd'hui » il s'intéresse
en particulier aux nouveaux objets technologiques et médias
de communication – ordinateurs, portables, téléphones
mobiles, Internet, jouets robots – et à ces objets
particuliers que représentent l'image et le film.
Pour l'auteur, les 4 rapports fondamentaux à l'objet sont
d'ordre utilitaire, culturel, collectif et personnel : l'exemple
du couteau – instrument simple et quotidien par excellence
– est particulièrement démonstratif (1)
1 – Utilitaire : la fonction la plus simple à appréhender.
Dans ce cas cet objet permet de trancher des aliments, tailler le
bois…
2 – Signe culturel : la publicité use abondamment de
cette facette pour « positionner » un produit, lui donner
un « territoire ». « L'Opinel » évoque
l'improvisation, le « couteau suisse » la prévoyance
débrouillarde, tandis que le « Laguiole » au
manche de corne fait « bon chic bon genre ».
3 – Appartenance à une collectivité : selon
les époques et les milieux, certaines interdictions –
porter par exemple un couteau devant son propre visage – relèvent
de craintes sans aucun rapport avec des critères rationnels.
Le marketing ethnique et « local » utilise de plus en
plus souvent ces données.
4 – Intimité, rapports à soi-même : le
domaine le plus méconnu pour son importance et sa richesse.
Si, en tant que consommateur on se choisit un « Laguiole »
ou un « Opinel » à cause de signes culturels
qui nous situent par rapport aux autres, une fois en poche, ces
signes s'effacent derrière les souvenirs qu'il éveille,
et qui sont propres à chacun.
Un riche imaginaire se met alors en branle : souvenirs d'enfances,
moments heureux de l'existence… Tout objet devient ainsi une
sorte d'aide-mémoire, avec un rapport intime et unique lié
à chacun.
Chaque objet est ainsi tout à la fois « un support
de relation et de communication, un poteau indicateur de nos rêves,
avoués ou secrets, et un outil pour mieux assimiler le monde
».
Le « cadre » de ces rapports n'est pas fixe : chaque
objet peut être utilisé tantôt de manière
fonctionnelle et tantôt comme support relationnel intime :
il est « réversible » : un vêtement a par
exemple toujours une fonction utilitaire et souvent une valeur d'appartenance
sociale et culturelle. Mais il peut susciter aussi chez son porteur
des souvenirs et des associations conscientes ou inconscientes...
Les objets acteurs de nos vies
Le rapport intime et complexe que nous entretenons avec les objets,
les images, peut être très profond. Ceux-ci sont en
fait, à notre insu, des prolongements de notre esprit, assimilés
à des fragments de soi : ranger son espace familier procure
par exemple à beaucoup un sentiment de confiance et de détente
intérieure… Nous instaurons ainsi de véritables
relations humaines avec nos objets.
Ni bénéfiques ni maléfiques en eux-même,
ceux-ci peuvent être le support positif d'un travail psychique
élaboré, ou un moyen de lui échapper : porter
un vêtement dans certaines circonstances, ou le mettre à
l'écart peut signifier l'acceptation symbolique d'une situation,
ou la peur, le refus de l'affronter.
Nous pouvons faire endosser par exemple à des objets que
nous collectionnons (des cartes postales de pays lointains…),
toute une expérience psychique en attente de « symbolisation
», des rêves inassouvis, que nous pouvons reprendre
et accaparer lorsque nous sentons venir le moment. Le « doudou
» des tous-petits est ainsi un objet « transitionnel
» qui permet aux petits enfants d'intérioriser et de
nuancer les relations exclusives et passionnelles qui l'unissent
à sa mère.
Mais si ce moment ne vient pas, la fonction « transitionnelle
» bénéfique de l'objet ne se réalise
pas. Une « inclusion psychique» peut s'opérer
alors : un meuble transmis de génération en génération
peut constituer de façon ambigüe « le témoignage
muet d'un secret de famille indicible et pourtant essentiel à
l'identité et à la cohésion d'une famille ».
Les grands monuments officiels n'échappent pas non plus à
ces relations complexes : on ancre dans les monuments aux morts
officiels le souvenir collectif de certaines douleurs subies en
temps de guerre… pour mieux passer sous silence celui de certaines
souffrances infligées à « l'autre camp »…
Des cas extrêmes peuvent aller par exemple jusqu'au fétichisme
: les expériences traumatiques restées en souffrance
d'élaboration restent « enferrées » dans
l'objet : le fétichiste devient esclave de son fétiche.
(2)
Il serait trop long d'énumérer ici la grande richesse
de relations que nous pouvons entretenir avec nos objets. Ce qu'il
est important de retenir est qu'ils sont un support indispensable
à notre vie psychique intime, et notre évolution individuelle
: ils participent activement à la culture des peuples, la
vie des sociétés.
Les images : quand toucher est aussi important que voir
Pour l'auteur, les images et les films constituent des « objets-images
» spécialisés : la relation classique à
leur contenu visuel ne peut plus être envisagée sans
prendre aussi en compte la relation physique et psychique que le
sujet entretient avec son support : ce n'est plus le regard seul
qui
importe, mais « l'interaction entre l'œil et la main
comme moyen d'appropriation psychique des expériences du
monde ».
Ainsi, la matière et la taille influent grandement sur les
relations que nous entretenons avec les images : le croyant qui
glisse une petite image pieuse dans son portefeuille entretiendra
une complicité intime et familière avec elle, alors
qu'un grand tableau sur le même sujet lui inspirera une relation
distante et déférente.
Face aux réalisme grandissant des images numériques,
et à la confusion de plus en plus grande entre réel
et imaginaire instaurée dans les médias (télé-réalité,
jeux-vidéos, films d'horreur pour adolescents et même
les classiques reportages télévisés), S. Tisseron
souligne l'importance d'une éducation à l'image :
« Tout comme les fictions, les images d'actualités
devront de plus en plus s'entourer d'informations sur les conditions
de leur fabrication…»
Ce principe fondamental d'éducation suggère de nouvelles
pistes dans la façon même dont les législations
sur le sujet pourraient êtres conçues : il s'agirait
moins d'éliminer les images agressives (cadre d'exclusion
des images) que de chercher à associer aux images difficiles
d'autres images démontant leur mécanisme de fonctionnement
(notion de cadre d'inclusion).
Images et média : quelles influences ?
Mais introduire un système élaboré d'éducation
« pare-feu» aux images ne suffit pas à occulter
un des défauts principaux des images d'aujourd'hui : leur
violence excessive. Il est dommage à ce sujet que l'auteur
ne s'interroge pas plus sur le déséquilibre grandissant
entre contenu agressif et vertueux actuel des images : il suffit
de regarder un reportage télévisé pour constater
que les actions négatives des hommes (guerres, problèmes
sociaux, atteintes à l'environnement) prennent beaucoup plus
de place que les bonnes.
Les médias occidentaux jouent volontiers sur le « catastrophisme
éclairé » dans leurs articles, entretenant par
voie de fait très souvent une atmosphère d'insécurité
exagérée qui a pesé notamment sur les élections
présidentielles française de 2002, et joué
en faveur de l'extrême droite. Il est flagrant de constater
à ce sujet que le média qui se préoccupe le
plus « d'image positive » est la publicité. Mais
la façon intéressée dont celles-ci sont traitées
amène l'effet l'inverse : la mise en avant d'une forme douce
de violence.
« La puissance de feu de la publicité génère
un immense déséquilibre entre réel et imaginaire,
qu'il est très difficile de restaurer »
Les méfaits de dame pub sous-estimés
L'auteur suggère habilement, contrairement à certains
détracteurs « classiques » de la publicité,
que la publicité ne nous vend pas tant des objets «
vides de sens » et inutiles que, bien au contraire
des « supports matériels » riches de significations.
Son analyse d'une publicité sur un cosmétique est
à cet égard éloquente (3). Mais il n'en tire
pas les conclusions qu'il faudrait.
En fait, focalisé à juste titre sur la notion d'éducation
du regard, et porteur d'une sympathie évidente pour la publicité,
il sous-estime complètement le pouvoir médiatique
de celle-ci : les publicitaires utilisent à profusion les
fameux dispositifs identificatoires et fusionnels – que S.
Tisseron considère comme néfastes – et n'hésitent
pas à déployer d'énormes moyens pour les promouvoir
: des centaines de milliards d'euros sont ainsi dépensés
chaque année de par le monde en étude et communication
publicitaire. Cette puissance « de feu » sans équivalent
génère un immense déséquilibre entre
réel et imaginaire, qu'il est très difficile d'équilibrer
par des campagnes de sensibilisation sporadiques dotées de
très maigres moyens financiers, ou des législations
qu'il reste à renforcer et réinventer.
De plus, les médias privés appartiennent désormais
aux mêmes groupes industriels qui vendent les produits, ou
dépendent d'eux abusivement pour vivre (les recettes pub
représentent en moyenne 40 % du chiffre d'affaire global
presse). Ce qui amène à un deuxième constat
peu réjouissant : la création de la « charge
symbolique et culturelle » des objets est désormais
de plus en plus aux mains des entreprises. Elle a quitté
l'espace publique pour l'espace marchand. Désormais contrôlés
par une économie obsédée par la vente matérielle
d'objets, les objets s'acquittent mal de leur rôle ancestral
de supports à nos émotions et d'aide psychique : ils
deviennent autoritaires et perturbent nos vies en amoindrissant
nos relations « de chair » avec autrui.
La montée du célibat témoigne ainsi, selon
Christine Castelain – sociologue du CNRS qui travaille sur
l'identité masculine – d'une « envie de n'avoir
aucun compte à rendre » et « témoigne
de la difficulté à vivre avec quelqu'un, à
être dans le relationnel ». (4)
– La fameuse compulsion d'achat est peut-être le symptôme
le plus spectaculaire de ce dérèglement du signifiant
des objets par la pub : dorénavant nous achetons de plus
en plus pour donner littéralement un sens à nos vies.
Nous leur demandons tout simplement de nous rendre directement heureux.
(5)
Rappelons que dès 1965, l'écrivain Gorges Perec a
très bien su décrire l'influence excessive des objets
dans les sociétés modernes dans un roman prophétique
« Les choses ».
Les ambivalences du marketing polysensoriel et du design
Les analyses de l'auteur sur le design et le marketing olfactif
et sonore relèvent aussi de la même ambiguïté
dans leurs conclusions : si S. Tisseron estime par exemple à
juste titre que la prise en compte des odeurs et des sons et du
toucher représentent une saine tentaive de reéquilibrage
par rapport à une société trop tournée
vers le sens visuel, il en néglige les pièges marketing
: par exemple que vaut la douce odeur d'un cuir dans une voiture
d'occasion, quand elle est synthétique ?
Rappelons que pour les professionnels de la vente, le marketing
polysensoriel est d'abord une version sophistiquée du principe
d'achat d'impulsion (acheter sur un coup de tête), et permet
une reconnaissance de la marque plus forte : « Il faut qu'on
sache les yeux fermés qu'on est dans ce magasin et pas chez
un concurrent. » (6)
Le cas des objets « high-tech »
Pour l'auteur, les jouets intelligents – tels que le chien-robot
Aibo de Sony – préparent les enfants au monde des machines
intelligentes : « Ils y apprennent des comportements et des
attitudes psychiques qui leur seront indispensables demain ».
Si ce point de vue est sensé, l'auteur ne s'interroge pas
sur le fait qu'aujourd'hui, beaucoup d'enfants pensent que les carottes
poussent râpées, et confondent poule et canard. A quoi
sert de préparer à un monde nouveau, si celui-ci où
nous vivons actuellement est de plus en plus méconnu ?
Sans rejeter les nouveaux objets technologiques (ordinateurs, téléphones
portables, organiseurs électroniques…) nous devrions
nous méfier de leur intrusion sympathique dans nos vies,
ne serait-ce, nous l'avons vu, que par les rapports faussés
que la publicité établit entre eux et nous.
Mais il est un autre aspect, subtil, des objets contemporains en
général – et technologiques en particulier –
qui mérite d'être souligné : la technologie
humaine qui les a engendrés cache en effet une « naissance
» idéologique douteuse, issue d'un fantasme initial
de puissance et de domination.
Une fascination qui se retourne contre nous
Cette domination excessive des objets et images dans nos vies, et
les relations nouvelles engendrées, a en fait une histoire
bien antérieure à la période consumériste
actuelle : son origine réside dans la pensée occidentale
même.
Si celle-ci dote aussi spontanément les objets de vie –
nous appelons quelquefois notre voiture par un petit nom affectif
– perpétuant ainsi une forme atténuée
d'animisme (où l'objet et les formes de vies animales et
végétales sont considérées comme vivants),
elle a, au contraire des autres civilisations, cherché très
tôt à s'approprier des pouvoirs attribués autrefois
à des puissances sacrées, et à les séculariser
en les plaçant dans la science toute puissante. La vision
supplémentaire d'une nature-objet à la disposition
de l'homme – véhiculée notamment par la religion
chrétienne – à contribué ainsi au résultat
final :
Les objets se sont chargés d'un signifiant très lourd.
Ils sont devenus le fruit exclusif de notre propre création,
beaucoup plus que celui de la nature. Cette fascination infantile
de l'occident sur ses pouvoirs de création matérielle
a contribué à engendrer la société de
consommation actuelle. (7)
Nous avons déplacé ainsi le respect et l'amour
que nous avions de la nature sur les objets, les chargeant beaucoup
plus qu'il ne faudrait de symboliques profondes : la voiture
et la télévision, deux objets phares de nos sociétés,
sont en fait respectivement des figures paternelles et maternelles
puissantes qui empiètent sur les relations humaines…
Les 3 plaies des objets d'aujourd'hui
Selon nous, l'auteur jette un regard trop positif, car incomplet,
sur les relations que nous entretenons actuellement avec nos objets
et nos images (en particulier les objets « high-tech »).
Nous pensons qu'il n'a pas vu ou négligé 3 problèmes
contemporains engendrés par les objets : (8)
1 – déséquilibre et dévoiement des fonctions
multiples de l'objet : sa valeur économique est devenue excessive
: la société à besoin de vendre sans arrêt
des biens de consommations pour exister. Les rapports fondamentaux
que nous entretenons avec les objets sont dévoyés
: l'objet, dans sa valeur sociale et culturelle n'est plus tant
utilisé pour nous situer et nous intégrer dans une
société, que pour nous valoriser à l'excès
: l'objet devient, sous le couvert de promesses relationnelles,
le miroir quasi exclusif de nos désirs individuels, qui bien
souvent nous isolent.
C'est ainsi qu'une marque de pâtes alimentaires issues de
l'agriculture intensive peut vanter la convivialité de son
produit, tout en contribuant simultanément à la désertification
des campagnes.
2 – Manque de mémoire et de présence dans le
temps des objets : les objets actuels ne se situent plus dans le
temps : qui garde ses meubles plus de 10 ans aujourd'hui ? Cette
obsolescence trop rapide a certainement des conséquences
à long terme sur nos rapports avec le temps, et la mémoire
collective humaine.
3 – Charge environnementale excessive : les objets actuels
sont polluants à fabriquer, à entretenir et à
détruire : quand mille millions de chinois auront une voiture
qu'ils pourront chérir, quel sera le résultat sur
la couche d'ozone ? Le succès grandissant de l'ecodesign
(ou éco-conception) – ou la dimension environnementale
de l'objet est prise en compte – est heureusement une voie
positive à suivre.
Conclusion
Voici deux excellents livres, bourrés d'exemples sur la vie
et le comportement caché de nos objets, et qui mettent bien
en lumière le rôle complexe remarquable que ceux-ci
jouent dans nos vie. Nous regrettons cependant – malgré
beaucoup de remarques et analyses pertinentes – l'approche
trop occidentale du sujet, le manque d'exemples tirés des
peuples anciens ou traditionnels, qui auraient pu enrichir le débat,
et, surtout, la trop grande sous-estimation de l'emprise négative
de la publicité (et des entreprises, ses clients) sur la
destinée de nos objets, avec ses multiples conséquences.
Un dernier point : quand l'auteur affirme qu'il faut élargir
sa compréhension du monde au-delà du groupe et de
l'individu, pour le penser maintenant à partir de son «
entre-deux » – les objets – nous ne le rejoignons
qu'à moitié : si cette nouvelle approche peut aider
notamment à mieux décrypter l'influence de la société
de consommation, et des nouvelles technologies sur nos vies, il
manque ce faisant le principal : notre rapport à la nature
et à toutes les formes de vie organique animales et végétales
qui nous entourent.
Ce faisant nous accéderons de nouveau à un certain
« réenchantement du monde » (9) que les objets,
les plus cyber-évolués, et les images publicitaires
les plus séduisantes soient-ils – ne pourront jamais
nous offrir qu'imparfaitement, ou illusoirement.
– Sauveur Fernandez –
Annexe
(1) En page 25 du livre « Petites mythologies d'aujourd'hui
».
(2) Les romans de l'écrivain Anglais de Science-fiction J.G
Ballard illustrent très bien de façon cataclysmique
et psychotique le rapport étroit – et quelquefois fatal
– qui peut s'établir entre inconscient, fantasme et
objets : ces derniers renfermant la promesse hermétique d'une
tentative de déchiffrement nouveau de la réalité,
pouvant aller jusqu'à la démence. Citons notamment
« Crash !», « Vermillon Sand », «
La forêt de cristal »...
(3) En page 170 du livre « Petites mythologies d'aujourd'hui
».
(4) Stratégies, « Les célibattants » supplément
au n° 1242, 21 juin 2002http://www.econovateur.com/rubriques/anticiper/voirht1_011201.shtml.
(5) Lire à ce sujet, « La fièvre des achats
», éditions Les Empêcheurs de penser en rond,
1999, 187 pages, 15 Euros.
(6) Manière de Voir, « Consommateurs sous influence
», mai-juin 2002, page 89.
(7) Sur les particularités de la pensée occidentales
et de son influence sur nos objets technologiques, lire : «
Bienvenue en technotopie »
(8) Pour approfondir le thème de la valeur éthique
globale d'un bien de consommation, lire « L'éthique
du bien de consommation ».
(9) Sur ce thème, voir l'excellent livre d'un des fondateurs
de l'écologie française, Serge Moscovici : «
De la nature », éditions Métailié, 2002,
274 pages, 18 Euros.
publicitaire brillant, mais torturé.
Origine site Econovateur : http://www.econovateur.com/rubriques/gril/lre011002.shtml
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