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Date : 25 Novembre 2002
Subject: [atsx] prostitution: communiqué sos sexisme
PROSTITUTION
Communiqué de l'Association SOS Sexisme
(Hélène Palma et Michèle Dayras - 24/11/2002)
* Sos Sexisme dénonce la proposition de Loi sur la Sécurité
intérieure.
Jusqu'à présent, selon la loi, seuls le proxénétisme
et le désordre sur la voie publique étaient réprimés.
Aucune loi n'avait encore osé s'en prendre aussi durement aux prostitué-e-s
que la proposition de loi sur la "sécurité intérieure",
qui prévoit de punir de 3500 euros d'amende et de 6 mois d'emprisonnement
toute personne se livrant au "racolage passif".
Nous dénonçons cette proposition de loi pour deux raisons
majeures :
* elle risque de pénaliser toutes les femmes, surtout les plus
jeunes, puisque toute personne attendant sur un trottoir, vêtue
d'une manière jugée "indécente" par la
police, pourra être considérée, a priori, comme une
prostituée et sera passible d'amende et d'emprisonnement
* elle criminalise les prostitué-e-s dont elle fait des délinquant-e-s
alors qu'elles ne sont que des victimes. Pour
la tranquillité des bourgeois-e-s bien pensant-e-s, dérangé-e-s
par la présence de prostitué-e-s dans leur
voisinage, la réponse à apporter ne consiste certainement
pas à pénaliser encore plus ces femmes (ou ces
hommes), mais à lutter contre la demande masculine.
Une telle disposition légale aura l'effet pervers d'isoler, plus
encore, les personnes prostituées, de les stigmatiser davantage,
de les pousser vers la clandestinité et de les contraindre à
accepter des conditions de vie plus précaires et plus dangereuses
pour leur sécurité.
* Sos Sexisme exige une législation qui lutte plus efficacement
contre les réseaux mafieux et qui incrimine les acheteurs de la
prostitution, " les viandards ", car ce sont eux les premiers
fauteurs de troubles !
Si des femmes et des hommes tombent dans la prostitution, c'est que leur
passé de violences et d'inceste les ont rendus vulnérables
et en ont fait des proies faciles pour les maquereaux. Il existe aussi
depuis quelques années, du fait de la mondialisation et de la chute
du communisme, des jeunes femmes " importées " en France
depuis l'ex-URSS ou l'Afrique subsaharienne avec la promesse d'y trouver
un emploi et qui sont victimes et prisonnières de réseaux
mafieux qui les contraignent à se prostituer.
Punir les proxénètes c'est bien !
Pénaliser les clients, c'est mieux !
Il est temps de reconnaître le rôle des clients dans la pérennisation
de cet esclavage qu'est la prostitution, de les considérer comme
responsables, avant les réseaux de proxénétisme :
car sans la demande il n'y aurait pas l'organisation de l'offre !
Ainsi, une loi dont la finalité serait, comme en Suède,
de poursuivre et de punir les clients, aurait une forte portée
symbolique en affirmant que la marchandisation du corps humain est inadmissible
! En effet, si la loi suédoise de janvier 1999 fait l'objet de
nombreuses critiques, et notamment, celle d'avoir rendu la prostitution
moins visible sans pour autant l'avoir éradiquée, les clients
des prostitué-e-s sont réellement confondus et punis, même
si les moyens mis en ¦uvre pour les réprimer sont jugés
trop faibles.
C'est la valeur symbolique d'une telle législation qui importe
: il est inacceptable, dans une société qui prône
l'égalité entre les citoyennes et les citoyens, que la population
masculine puisse acheter du sexe sous prétexte que les hommes auraient
des " besoins sexuels irrépressibles "
* Sos Sexisme se prononce contre la réglementation de la prostitution
Au c¦ur du débat qui se développe actuellement autour
de cette proposition de loi, l'on reparle de "maisons closes",
de "régularisation" de la prostitution, de "fiches
de paie" et de "retraites" pour les personnes prostituées
Et l'on cite l'exemple hollandais.
Aux Pays-Bas, depuis octobre 2000, chaque proxénète peut
ouvrir un établissement de prostitution, tel un chef d'entreprise,
et embaucher, par petites annonces, des prostitué-e-s. Ces personnes
bénéficient de la protection sociale comme tout-e-s travailleur-se-s
salarié-e-s. L'élément crucial et novateur de cette
loi, selon le législateur hollandais, est que ces personnes se
prostituent "librement". Là réside toute l'ambiguïté
: sont considérées comme prostituées-esclaves les
seules immigrées clandestines victimes de réseaux mafieux.
Comment peut-on croire que des femmes (et des hommes) fassent réellement
et " librement " le choix de devenir " travailleu-r-se
du sexe " en dehors de toute contrainte et de toute pression ?
De quelle immense détresse faut-il être animé-e pour
en arriver à de tels extrêmes !
De quelle totale inconscience des risques de violences, d'agressions,
de maladies sexuellement transmissibles, pour certaines incurables ?
Par le système hollandais, ces prostitué-e-s dit-e-s "libres",
salarié-e-s de bordels d'Etat, sont définivement prisonnièr-e-s
de leur condition dont elles/ils ne pourront plus sortir, même si
c'est leur souhait profond.
Enfin, quand la prostitution devient un métier officiellement reconnu,
des demandeur-se -s d'emploi se verront proposer, très sérieusement,
d'aller postuler dans l'éros-center du coin et il leur sera, alors,
difficile de refuser sous peine de perdre leurs allocations-chômage
Sos Sexisme appelle à une opposition massive à la Loi sur
la Sécurité intérieure et demande, de toute urgence,
l'organisation d'une réflexion pragmatique et sérieuse sur
le fait prostitutionnel.
Dans une société moderne qui a aboli la peine de mort, comment
pourrait-on admettre l'esclavage qu'est la marchandisation du corps humain
dans la prostitution ?
SOS Sexisme 2, rue du Bel Air
92190 Meudon-Bellevue
Le site http://www.sos-sexisme.org
Le mail : sexisme @ sos-sexisme.org
La page d'accueil du SOS-sexisme : http://www.sos-sexisme.org/framef.htm
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