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La pornographie est-elle forcément sexiste  ?


Un message Internet sur la liste antisexista revient sur le sexisme et la pornographie

Date: Fri, 15 Mar 2002 00:19:09 +0100
Subject: [antisexista] La pornographie est-elle forcément sexiste ?

Paru le : 19 mai 2001 La pornographie est-elle forcément sexiste ?
SOCIÉTÉ . La pornographie, son imagerie et sa terminologie ont envahi la sphère publique. Analyse d'un phénomène et rencontre avec Ovidie, star montante du porno français et militante pour un X «différent».
RODERIC MOUNIR

Cannes, 17 mai dernier.

En marge des flonflons du Festival international du film, une autre manifestation a fait grand bruit: la 10e cérémonie des Hot d 'Or, les Oscars du X. Boutés hors du palace où ils donnaient leur conférence de presse, répudiés par le maire de la ville, les professionnels du X et leurs starlettes se sont finalement remis leurs trophées entre eux, dans le calme, au cours d'une soirée presque banale. Tempête dans un verre d'eau ? La mini polémique du X à Cannes aura au moins mis le doigt, sinon sur un malaise, du moins sur une certaine hypocrisie. Le nu, sur les plages de la Croisette et sous les objectifs des paparazzi, a toujours eu droit de cité. Quant au porno à proprement parler, son omniprésence actuelle est un fait. Publicités, cinéma, talk-shows télévisés, musique rap et pop: les références au porno deviennent tellement systématiques qu'on en oublierait presque qu' il n'en a pas toujours été ainsi. Chez les jeunes, comme icône de la féminité, la porno star a quasiment remplacé le top model de la décennie précédente. Et dans la rue, la femme déshabillée, arquée, accroupie, étendue, vend aussi bien des pâtes et de la téléphonie que de la lingerie. La faute au porno ?

LA DÉFERLANTE X

Comme le rappelle un récent article du Monde (27 avril dernier), «la question de l'image de la femme dans la publicité n'est pas nouvelle». Et de rappeler la fameuse campagne de l'agence française Avenir, en 1981, avec cette brunette annonçant fièrement: «Demain, j'enlève le haut!» L'affaire fit grand bruit à l'époque, mais semble anodine aujourd'hui. C'est que, depuis, les choses ont pris une tournure presque incontrôlable. En France, devant la surenchère de nudité, voire d'allusions à la zoophilie et au viol (les pubs Weston et la City, notamment), et poussé dans ce sens par les politiques, le Bureau de vérification de la publicité (BVP) a dû hausser le ton. Il a retiré les annonces litigieuses et proposé une révision plus contraignante du code de déontologie des «créatifs». Mais c'est sur le Web que la déferlante est la plus importante. On estime qu 'au moins 50% des 400 millions d'internautes recensés aujourd'hui dans le monde se connectent à des sites pornos. A l'échelle planétaire, le cybersexe est devenu une affaire plus que juteuse. Et sa clientèle, qui inclut de plus en plus de jeunes, reste difficile à filtrer. Ainsi, les K7 vidéo et les chaînes de TV payantes qui avaient, en leur temps, révolutionné l'accès à la pornographie, sont-elles reléguées au second plan. Secteur privilégié de l'autonomisation des comportements, Internet se fait l'écho d'un phénomène de mode généralisé: la percée du porno auprès du grand public.

FEMMES, OBJETS ?

Face à une explosion aussi incontrôlée, quelle réponse apporter ? Manifestement, le laisser-faire intégral posant problème, la répression n' est plus prônée par les seules ligues de vertu. Les acquis du féminisme, mais aussi la dénonciation des dérives criminelles - réseaux mafieux de prostitution, pédophilie - ont favorisé une révision de la relative indifférence qui s'était installée depuis le milieu des années 70. Ainsi, le juriste Pierre-André Wagner, conseiller de Viol-Secours à Genève, estimait-il récemment, à l'occasion d'une conférence (voir Le Temps du 7 février dernier), que la pornographie est discriminatoire par nature car elle «met en scène la subordination explicitement sexuelle des femmes, (...) présentées comme des marchandises et des objets voués à l'humiliation, et qui aiment ça. (...) La sexualité féminine est ainsi assimilée et réduite à la prostitution.» A priori, si l'on prend en compte le gros de la production pornographique disponible sur le marché, un postulat comme celui-ci relève du bon sens. Pourtant, si l'on se plonge dans la littérature de sexologie et de psycho-sociologie, les appréciations sont plus nuancées.

PORNO, KÉZACO ?

Car en fait, de quoi parle-t-on ? La définition du mot pornographie n'est déjà pas simple. Pour ne prendre que le Petit Robert, le terme recouvre toutes les «représentations (par écrits, dessins, peintures, photos) de choses obscènes destinées à être communiquées au public». Or le mot obscène contient une dimension explicitement morale, puisqu'il désigne ce qui «blesse délibérément la pudeur en suscitant des représentations d'ordre sexuel». On attribue donc souvent à la pornographie un caractère a priori offensif. Qui l'oppose presque naturellement à l'érotisme, dont les définitions contiennent toujours une référence à la notion d'amour. Faut-il y voir une traduction du «malentendu» décrit par le sociologue italien Francesco Alberoni dans son traité sur L'érotisme ? D'un côté, les hommes, portés sur une sexualité du visuel, de l'explicite et de l'immédiat. De l'autre, les femmes, davantage réceptives à la mise en place des émotions, des points de repères corporels, bref, de la contextualisation de l'acte sexuel. De là à reléguer les femmes au rayon littérature sentimentale pendant que les hommes se gaveraient de porno hard, ne prend-on pas le risque d'une schématisation hasardeuse ? Et peut-être d'une autre forme de sexisme ? La pornographie est-elle forcément sexiste ? «Certainement pas!» répond sans hésiter le Dr Claude Roux-Deslandes, sexologue chargée de cours à l' Université de Toulouse et chercheuse à Genève. «Tout d'abord il faut définir des critères objectifs, car la plupart des définitions sont subjectives ou idéologiques: la pornographie serait obscène, contraire aux bonnes mours, discriminatoire, etc. Mais d'un strict point de vue de santé sexuelle, la pornographie est un domaine de la psychosexualité humaine, qui vise à stimuler l'excitation érotique selon trois critères: la décontextualisation de la sexualité, la centration sur le génital, et l'exagération ou l' hypertrophie. Ni plus, ni moins. C'est un point de vue sexologique qui se réfère à l'imaginaire érotique, à la fantasmatique.»

SEXE, ART ET MARCHANDISE
L
a pornographie ne serait donc que la mise en scène des fantasmes. Que ceux-ci ne soient pas rigoureusement les mêmes chez les hommes et les femmes, soit. Et encore. Les expériences du Dr Roux-Deslandes mettent en évidence une «réceptivité physiologique» semblable chez les deux sexes face aux représentations visuelles... Des réactions souvent nuancées ensuite par le jugement intellectuel, «ce qui est davantage affaire de mours et d' éducation.» Et de fait, il n'y a jamais eu autant de production féminine à caractère sexuel, en littérature comme dans les arts visuels et plastiques. Alors, excès, violence (même symbolique) il y a, certes. Pauvreté artistique, absence d'imagination, bien souvent aussi. Mais est-ce là le péché originel de la pornographie ou une dérive naturelle du système marchand tel qu'il fonctionne - marchand des corps comme des biens et des services, pour mieux atteindre un bénéfice et un plaisir à court terme ? «La pornographie n'est pas une invention récente», écrivaient Marie-Françoise Hans et Gilles Lapouge dans Les femmes, la pornographie et l'érotisme il y a vingt ans. «On a découvert sur les murs de Lascaux des images du sexe, des figures de copulation. (...) La sexualité ne semble pas pourvoir s'accomplir sans son commentaire: la pornographie. [Mais] le spectacle sexuel est devenu industrie et commerce. Du coup, obéissant à la loi du profit, [la pornographie] doit toucher le plus grand nombre. Elle se voue à la qualité inférieure.» Constat non moins désabusé chez Alan Humerose, photographe et ancien directeur du Centre de la photographie à Genève, (dans Equinoxe, revue de sciences humaines, no19, printemps 1998). Désincarné, le porno ne contiendrait plus les qualités grivoises des photos de grand-papa, destinées à confronter la morale. «Le tout-à-l'image, y compris pornographique, auquel la société est arrivée, s'enivre de lui-même, débouche sur une production folle, et redéfinit la lecture même des images, tout comme leur rôle, leur apparition. Le sujet traité ne change rien à l'affaire. (...) Magazines spécialisés, festivals avec compétition, gang-bang, cancans sur les coulisses ou politisation de stars, tout trahit un univers de travail, un secteur de marché.» La chair est bien triste au royaume du silicone-minute. Sexiste, la pornographie l'est peut-être parce que ses consommateurs s'en accommodent, par paresse, comme ils ingurgitent de mauvais films à la télévision - tout le cinéma est-il pour autant nuisible ? - et de la nourriture conditionnée sous vide - mais faut-il pour autant interdire les repas ?


Ovidie: «ma démarche est un acte militant!»

Destin farceur, ce n'est pas seulement le nom de la BD de P'tit Luc où Ovidie a pioché son pseudonyme. Depuis mercredi dernier, c'est la description fidèle du parcours de cette jeune française de 21 ans, titulaire d'un bac latin-littérature et d'un deug de philosophie, ancienne militante anarchiste, végétalienne convaincue, bisexuelle mariée à un prof de philo et, surtout, star montante et atypique du cinéma porno hexagonal. Car, après tout juste deux ans passés dans une profession où elle a d'abord fait figure d'empêcheuse de travailler en rond, refusant bon nombre de pratiques qu'elle jugeait dégradantes et réclamant, chose impensable, un minimum de garanties sociales, la voici récompensée par cette même profession aux derniers «Hot d'Or» à Cannes (l'équivalent des Oscars dans le X). Meilleur scénario pour son premier film en tant que réalisatrice (Orgies en noir), et Hot d'honneur pour sa participation à un film dit «traditionnel» (le second après Mortel Transfert de Beinex): Le pornographe de Bertrand Bonello, avec Romane Borhinger et l'acteur fétiche de Truffaut, Jean-Pierre Léaud, un film présenté au Cannes officiel. Deux trophées que doit savourer cette militante active d'une certaine idée du féminisme. Forte de cette reconnaissance, mais aussi de la médiatisation dont elle est devenue l' objet, Ovidie espère bien promouvoir ce qui lui tient le plus à cour et auquel elle croit dur comme fer: l'émergence d'une pornographie non sexiste et s'adressant aux femmes autant qu'aux hommes. Quand on sait que Lars Von Trier, avec la filiale Pussy Power de sa société de production Zentropa, nourrit les mêmes ambitions, on se dit que ce n'est peut-être qu'un début...

Le Courrier: Pourquoi cette irruption du porno dans la sphère publique ?

- Ovidie: D'abord, il ne faut pas se leurrer, le porno est vendeur. Il répond à une pure logique marketing dans l'industrie du spectacle. Mais les gens adoptent le porno sans distance critique car leur sexualité est généralement pauvre. Résultat, dans la mode par exemple, l'imagerie sexuelle vire au malsain, avec des filles anorexiques qui font la gueule. Quant au cinéma, c'est pareil. La récupération du porno par le «traditionnel» ne sert jamais des points de vues positifs mais plutôt stigmatisants ou moralisants. Je trouve ça hypocrite et agaçant. Selon vous, quelle influence ce phénomène peut-il avoir sur la société ?

- Lorsque j'entends parler les jeunes, je suis toujours atterrée. Quand j' avais 14 ans, on ne parlait pas de sodomie ou de fellation! L'influence du porno existe et j'ai conscience de cette responsabilité quand je tourne un film. Le préservatif, c'est clair, je m'en sers d'abord pour ma propre sécurité, mais je tiens aussi à une certaine qualité. Le bon porno existe. Bien sûr, ce n'est pas celui qui passe à la télé. Le problème finalement, c' est que les gens ont la sexualité des consommateurs qu'ils sont, sans réfléchir ni aspirer à mieux. Alors je me dis que si je peux faire des films qui leur ouvrent l'esprit, tant mieux! Une pornographie non sexiste, qu'est-ce que cela signifie ?

- C'est une remise en question globale de la société, dont le point de départ est le sexe. Si la femme se déculpabilise envers le sexe, elle devient libre. Du coup, elle n'a plus besoin de transférer ses fantasmes sur la consommation. Pour moi la promotion de cette idée est une activité militante. J'ai des contacts avec la gauche et les féministes, qui ne m'ont d'ailleurs pas toujours suivie sur ces idées, bien que cela ait tendance à changer. Et je m'inspire avant tout d'Annie Sprinkle, une féministes pro-sexe américaine que je considère comme mon héroïne. Cette pensée, vraiment libertaire, est beaucoup plus développée aux Etats-Unis, mais j' essaie de la faire connaître ici. Au cinéma, je vais bientôt réaliser mon deuxième film, Lilith, qui cette fois sera vraiment l'application de mon discours: une Lilith moderne se libère de son boulot, de son homme et sexuellement! Enfin, je planche toujours sur mon livre, Les femmes et la pornographie, un texte politique qui sera ma révision du féminisme.

Sur Internet: www.ovidie-pornslut.com/

Sexe: dura lex, sed lex «La loi est dure, mais c'est la loi». Et quand c'est la pornographie dure qui est visée, la loi entend taper fort. C'est en tout cas ce qui se prépare à Berne, à savoir une modification du code pénal «relativement aux infractions contre l'intégrité sexuelle». Jusqu'ici, suite à une votation populaire du 17 mai 1992, le droit pénal en matière sexuelle ne rendait coupable d'infraction à l'article 197 du code pénal suisse que le diffuseur ou vendeur de pornographie dure, soit «des écrits, enregistrements sonores ou visuels, images ou autres objets pornographiques (...) ayant comme contenu des actes sexuels avec des enfants, des animaux, des excréments humains ou comprenant des actes de violence». Or il s'agit de pouvoir punir désormais aussi l'utilisateur, qu'il soit acheteur ou internaute. Le principe invoqué est celui de la co-responsabilié de l'acquéreur dans la fabrication de pornographie dure. Le Conseil fédéral devra légiférer d'ici l 'été.


----- Original Message -----

To: list_antisexista <antisexista@yahoogroups.com
> Sent: Thursday, July 26, 2001 7:40 PM
Subject: Re: [antisexista] Quarante raisons...

> >Un texte extrait du site web d'Ovidie, pornstar talentueuse, féministe
> >pro-sexe et antispéciste (voir son site -en construction- sur
> > http://www.ovidie-pornslut.com )
> > (...) > > Qu'es aquò (qu'est-ce que c'est) exactament le feminisme pro-sexe ?
Me pòts > (tu peux m') explicar ?
> > OFM > >
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> C o r r e s p o n d é n c i a s O c c i t a n > F r a n c é s
> Quauques règlas per qu'un-a francofòn-e/a comprengua l'occitan:
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> -a > -e
> o > ou, o
> ò > o, eu
> e > é
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