"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google

Du nouveau
Stéphanie Gilet-Lebon


C'est toujours « un nouveau qui court les rues ». Tout le monde connaît la psychanalyse. Pourtant ce nouveau ne s'est pas présenté dans « les clameurs agitatoires » d'une révolution, même si l'on en parle parfois comme d'une révolution.

Une toujours nouvelle pratique, et depuis Lacan, un nouveau lien social déterminé par cette pratique « qui vaut d'être porté à la hauteur des plus fondamentaux parmi les liens qui restent pour nous en activité ». Mais arrêtons-nous à nous demander ce que vaut ce nouveau, à L'heure actuelle. Quel crédit lui accorde-t-on ? Quelle place dans le marché absolutisé du savoir ? Quel est son avenir ? Questions d'école Pour les psychanalystes car, « la psychanalyse ne vaudra », dit Lacan à :celui qui demande à être psychanalyste, a que ce que tu vaudras quand tu seras psychanalyste.»

« Ce n'est pas moi qui vaincrai mais le Discours que je sers »: Lacan nous donne à entendre que le discours analytique a, comme on dit, un bel avenir, qu'il va son train... malgré - oserions-nous dire - l'option obscurantiste des analystes qui laissent leur acte dans l'ineffable et qui se contentent de ce qu'en effet l'acte psychanalytique n'ait pas besoin d'être éclairé pour opérer. Mais qui dit « victoire » dit bataille à livrer. Encore faut-il savoir à quoi.

Lacan a démontré que la psychanalyse n'implique d'autre sujet que : celui de la science, et que c'est ce seul sujet qui peut la faire scientifique. II n'empêche que ce qui lui est donné de contrer, c'est le projet de la science de venir à bout de la sexualité, ou celui du capitalisme de « mettre le sexe au rancart » - c'est son idéologie universalisante qui, au nom du bien de tous, veut annuler les particularités subjectives, les façons particulières de jouir (où l'on conçoit bien que les femmes soient particulièrement visées), engendrant les racismes, puisqu'au « tous pareils », à l'uniformisation des modes de jouissance, répondent de nouvelles ségrégations qui e construisent autour « du retour du passé funeste de Dieu ».

On peut dire que la psychanalyse a jusqu'ici échappé à sa résorption dans les diverses thérapeutiques, soit à devenir une caution de plus pour la théorie de l'exploitation sociale qui perfectionne ses moyens d'imposer «un mode de jouissance normé, uniformisé. Elle y a échappé malgré la pente qu'elle a prise du côté de l'Ego-psychologie, de s'attacher à produire des moi-forts, « sexolo-éduqués », bons pour le service de l'exploitation inter-humaine » - ou malgré la pente à la dénonciation de cette exploitation au nom d'une libération du désir, où l'analyste collabore dans la méconnaissance au discours du capitalisme, « parce qu'à le dénoncer (il) le renforce, de le normer, soit de le perfectionner ».


Il y a pour la psychanalyse un côté « garde-toi à droite, garde-toi à gauche » dans la bataille qui se livre depuis Freud, pour que la voie ouverte par lui le reste et que le discours analytique, doté par Lacan de concepts nouveaux, continue d'ex-sister dialectiquement aux autres discours .

Nous devons à Lacan d'avoir préservé le sens subversif du freudisme, n'ayant su s'opposer aux déviations comme Freud lui-même, avec « une sûreté sans retard et une rigueur inflexible ». Saurons-nous, en cette fin de siècle, prendre la relève de leur courage logique ?


La page d'origine de ce texte http://members.aol.com/bosson/gilet1.htm