Message Internet sut la liste Atsx
Le 17 Octobre 2003
Source : <http://www.swc-cfc.gc.ca/pubs/0662882857/200303_0662882857_13_f.html#3_3>
Canada : Les arguments du discours masculiniste
Pour s'établir, ce discours affirme que le mouvement des femmes
a réalisé l'égalité des sexes et que, grâce
à la lutte menée par les féministes, en quelques
décennies les femmes ont rattrapé les hommes dans pratiquement
tous les domaines. Elles auraient toutefois dépassé les
limites de l'équité et relégué les hommes
au second rang, même dans les champs qui leur étaient traditionnellement
réservés. La situation entre les hommes et les femmes
serait donc totalement renversée au profit des femmes.
Voici deux exemples de ce genre de propos qui laissent entendre que
partout les filles ont déclassé les garçons. Le
premier extrait est tiré de l'article « Pitié pour
les garçons », publié dans l'Actualité (février
1992), et le second est paru dans The Vancouver Sun (1er mars 2000)
:
« Être un homme n'est vraiment plus quelque chose de très
intéressant » constate un sexologue à la clinique
de psychologie Hochelaga et professeur à l'Université
du Québec à Montréal. Aux filles, tout semble désormais
possible. On leur demande, on les supplie même de faire une carrière
scientifique. D'être pilotes d'avion, pompiers, policiers. «
Pour les garçons, rien ne va plus! Ils semblent appelés
à jouer désormais les seconds violons. Etre petit garçon
semble complètement 'out' aujourd'hui. De plus en plus, la société
québécoise n'en a plus que pour ses filles, espoirs de
demain, incarnations vivantes d'un monde meilleur et d'un avenir radieux,
alors que le garçon est dénoncé comme l'héritier
coupable de siècles de violence, de guerre et de destruction
14. »
« Et voilà que d'un seul coup, le portrait a changé.
Le profil entier de la victime a changé de sexe. Les garçons
piétinent, disent les recherches. Dans toute l'Amérique
du Nord, ils ont du retard sur les filles dans la plupart des sujets.
Ils abandonnent plus jeunes l'école, ils sont accusés
d'être à l'origine de la flambée de violence dans
les écoles, ils gobent Ritalin et Prozac et ils se suicident
à un rythme alarmant. Et les filles? C'est la vie en rose, depuis
la maternelle jusqu'aux études supérieures, écoles
publiques ou privées, écoles mixtes ou non - le monde
leur appartient » [traduction, 000301vs].
Le message est clair, à défaut d'être convaincant
: pendant que les femmes jouissent d'une vie absolument sans problèmes,
tout va terriblement mal pour les hommes.
Dans la famille
Selon le discours masculiniste, le féminisme a renversé
« les valeurs essentielles et fondamentales qui concernent la
famille » [910724p], donnant encore une fois l'avantage aux femmes.
Pendant que celles-ci affirmaient leur autonomie et accédaient
à de nouveaux rôles, les hommes, eux, se voyaient privés
même de leur identité de père.
« Cette perte d'identité glisse facilement vers le sentiment
que le mâle lui-même est devenu inutile. Même son
rôle de reproducteur devient très aléatoire... Pendant
ce temps, la femme, elle, reste « indispensable » dans son
rôle de mère, car le clonage généralisé
n'est sûrement pas pour demain. Perçant en même temps
dans plusieurs champs d'activités autrefois réservés
aux hommes, elle enrichit même son sens de l'identité »[990705dr].
Ce déclassement social de l'homme, amorcé au sein de
la famille, se transporte aussi dans le champ des études et du
marché du travail.
Dans le champ des études
A l'université, par exemple, il n'y a qu'au doctorat que les
hommes ont encore une avance sur les femmes, ces dernières étant
devenues majoritaires aux deux premiers cycles :
« La Conférence des recteurs rapporte que, depuis 1994,
les étudiantes sont devenues majoritaires aux études du
second cycle universitaire : l'an dernier, elles ont formé 51,2
% des inscrits à la maîtrise. Au doctorat, les hommes sont
cependant en surnombre, occupant 59,8 % des places. Par contre, la tendance
montre qu'année après année, les femmes gagnent
du terrain. Comme à tous les niveaux des études universitaires.
Tendance « implacable, mais pas inquiétante », glisse
avec humour, un recteur [960928s].
Est-ce vraiment de l'humour? L'inquiétude semble plutôt
bien réelle, car certains proposent une restructuration de l'école
pour mieux servir les intérêts des garçons et la
mise en place de quotas15 pour ralentir la progression des filles maintenant
majoritaires dans des domaines autrefois réservés aux
hommes, tels le droit et la médecine. Ce n'est qu'en sciences
pures et en génie qu'il leur reste un retard à rattraper.
« Sans une restructuration de l'école qui respecterait
mieux les particularités et les intérêts des garçons,
les hommes vont se faire de plus en plus rares à l'université.
« S'il n y a pas de changement, je serai favorable à l'instauration
de quotas ». On prendrait les 50 meilleurs gars et les 50 meilleures
filles. » Verra -t-on les hommes exiger à leur tour des
programmes de discrimination positive? » [940222d].
Devant le constat de la bonne performance des filles, certains y vont
de leurs commentaires, comme dans l'article « La misère
scolaire des garçons » publié dans La presse : «
où sont les femmes parmi les grands inventeurs, les grands architectes,
les grands philosophes, les grands explorateurs? Il faut admettre qu'elles
brillent par leur absence dans tous ces domaines » [991025p(3)].
Des propos qu'on pourrait qualifier à tout le moins de mesquins.
Sur le marché du travail
Il faut s'inquiéter de la situation économique des hommes,
affirment les masculinistes, car même s'ils dominent encore l'économie,
ils en sont en fait les premières victimes :
« Ahuris, certains découvrent que, oui, les hommes dominent
encore le paysage économique, mais qu'ils en payent le prix :
les hommes enregistrent des taux d'alcoolisme et d'abus des drogues
plus élevés que les femmes, ils souffrent davantage que
les femmes de maladies liées au stress. Leur taux d'abandon des
études au niveau collégial est plus haut et, finalement,
la synthèse de tout ça, ils meurent sept ans plus jeunes
que les femmes » [980531p].
Les hommes, du point de vue masculiniste, seraient nettement désavantagés
par rapport aux femmes, car la somme de leurs privilèges est
annulée par le fait qu'elles vivent plus longtemps qu'eux. Ce
qui inquiète en fait les masculinistes, c'est que le succès
scolaire des filles - ils ne font pas de nuances - risque de leur valoir
les meilleurs emplois : dans un contexte de rareté, ce sont ceux
et celles qui se distinguent par leurs diplômes et leur formation
qui seront avantagés. Ce que les filles semblent avoir saisi,
mais pas les garçons.
« Pour compléter le portrait, il faut des données
sur les attitudes respectives des jeunes hommes et des jeunes femmes
À l'égard de l'utilité des études. Des recherches
récentes révèlent que les adolescents ne semblent
pas faire le rapport entre les études et la réussite professionnelle.
Ces attitudes s'opposent à celles des adolescentes et des jeunes
femmes, qui sont beaucoup plus susceptibles de considérer qu'une
scolarité solide est tout à leur intérêt,
à longue échéance » [traduction, 990504GM].
Les masculinistes font alors peser la menace du chômage et du
déclassement des garçons décrocheurs pour appuyer
leur discours de victimisation :
« Depuis 1990, les femmes, au Québec, chôment moins
que les hommes. Depuis cette date encore, la présence des hommes
sur le marché du travail (le 'taux d'activité') a continué
de chuter (de 75 % À 70 %), tandis que la présence des
femmes se maintenait (environ 54 %). Quant à l'avenir, si l'on
en juge par les indicateurs du ministère de l'éducation
du Québec, il appartient davantage aux femmes qu'aux hommes.
Ne serait-ce pas plutôt le sort des hommes qui devrait nous inquiéter
? »[990315a].
Que dire de l'écart entre 54 p. 100 et 70 p. 100? Poursuivant
leur stratégie de victimisation des hommes, les groupes masculinistes
laissent entendre que si les femmes ont tellement de succès dans
tout ce qu'elles entreprennent, c'est que toute l'attention, au cours
des dernières décennies, a été tournée
vers les filles à qui l'on a pavé le chemin de la réussite.
Soit que les mesures en faveur du sexe féminin avaient un effet
démobilisateur sur le sexe masculin, soit qu'on ne faisait absolument
rien pour s'occuper des garçons.
« Nous avons songé à ce qu'il fallait changer pour
les femmes, et des changements ont été faits, mais rien
n'a changé pour les hommes. C'est comme si nous avions oublié
l'autre part de l'équation », déclare une directrice
du Calgary Counselling Centre et mère de deux garçons.
« Si la situation demandait à être rectifiée
pour les filles et les femmes, on a supposé que c'était
parce qu'elle était favorable pour les garçons et les
hommes. C'est faux. » Enlever les limitations pour un sexe semble
en avoir ajoutée pour l'autre » [traduction, 991112ej].
« Le système scolaire a-t-il laissé tomber les
garçons? Les aurait-il oubliés, durant ces deux décennies
où, dans la foulée du mouvement féministe, on a
surtout mis l'accent sur la promotion sociale des filles? C'est en tout
cas ce que pensent nombre de parents, dont certains vont jusqu'à
dire que l'école entretient, consciemment ou non, un préjugé
défavorable envers les garçons... » [991121p].
Ces deux commentaires font sentir la pression de plus en plus forte
qui s'exerce sur les décideurs afin que des mesures soient prises
en faveur des garçons et pour analyser les raisons de leur triste
performance : « les petits garçons ont été
les grands oubliés, il est temps de s'y intéresser, de
revoir leur éducation, d'admettre leur différence et de
favoriser leur développement émotionnel »[980620p(2)].
On a accordé trop de temps et d'espace aux filles.
Les responsables du désarroi des hommes
Pour les masculinistes, qui prétendent bien sûr parler
au nom de tous les hommes, les femmes sont les premières responsables
de l'infériorisation des hommes. (...)
Message Internet sut la liste Atsx
Le 17 Octobre 2003
Source : <http://www.swc-cfc.gc.ca/pubs/0662882857/200303_0662882857_13_f.html#3_3>