I recently gave a conference in Montreal with my partner on men's use
of language in controlling interactions ("la langue macho")
and on
current 'guilting' and intimidating strategies used in the social sphere
as a backlash to women's progress towards gender equity. I apologize
in
advance for those of you who cannot understand French but since a few
of you do, I thought it might be worthwhile to share my speaking
notes with y'all.
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EXERCICE:
Repasser sur les principaux éléments définisseurs
de la position des hommes dans les médias depuis 6 mois: - suicide
majoritaire des hommes au Québec - image des hommes dans les
téléromans - avertissement de Rad-Can aux auteures - discours
de Corneau - Gazette des femmes sur les hommes face aux femmes - hommes
victimes de fausses allégations de violence sexuelle ou conjugale
- droit automatique des hommes et de leurs parents à la garde
et aux droits de visite des enfants et suppression des pensions alimentaires
- plus récemment levée de boucliers contre la Cour suprême
osant s'en prendre à un juge sexiste ayant acquitté un
violeur - protestations de l'éditorialiste de La PRESSE contre
la défense de légitime défense consentie aux femmes
battues - acquittement de Gilbert Rozon pour agression sexuelle
Reprendre un par un chacun de ces faits et discours pour exposer faussetés,
contradiction et principes sous-jacents
EXERCICE: Leur faire repérer les diverses stratégies de
l'opposition aux femmes (ou à la parole de n'importe quel groupe
dominé): ignorance, persiflage, récupération, complainte,
terrorisme, conservatisme, hyper-libéralisme, séduction,
parasitisme, déplacement, discrédit, harcèlement,
diviser.
Particulièrement dans la sphère progressiste, académique,
politique, les hommes sont toujours approprié le pouvoir de "gatekeeper",
décideur du signifiant, de l'acceptable. Voilà pourquoi
il y a tant de résistance à reconnaître coupables
des hommes de viol ou d'inceste, pcq même si c'est un appareil masculin
qui les confronte, c'est à partir du témoignage et des droits
d'un non-homme, la victime (femme ou enfant) qui les désigne.
Entre hommes, on peut toujours s'accommoder, négocier le criminel
pour y ménager un espace immoral mais jamais vraiment illégal
de transgression' jouissive et très lucrative mais c'est
la perte de contrôle masculin sur l'ensemble droit, la nécessité
de répondre de ses actes à cause de l'Autre qui est l'affront
suprême...
"Men's right not to know" - Un étudiant en droit proféministe
de Kingston analyse la législation et la jurisprudence sur l'agression
sexuelle comme étant une façon de protéger chez
les hommes le "droit de ne pas savoir", d'ignorer la volonté
et les droits des femmes - en 1980 à Vancouver..., Pappajohn
et la règle de "l'homme rationnel"
Mais ce n'est pas si simple: Quand on ne peut refouler le groupe opprimé
hors de vue, dans un ghetto, quand on a besoin de ses services au quotidien,
l'oppression a besoin d'une illusion de consensus pour se maintenir. La
langue fait appel aux notions de nature, d'équilibre entre contraires,
voire de "consentement" qui déresponsabilise tout agresseur
de ses gestes au nom d'un pouvoir prêté aux opprimés
à condition qu'elles donnent la bonne réponse...
Notre dynamique au Collectif: partis d'un préjugé favorable
aux hommes - ne savent pas - puis d'une lecture attentive des stratégies
des hommes misogynes, antiféministes, artisans de l'identité
masculine et de la "nouvelle hétérosexualité"
où de "vrais hommes" réclament de "vraies
femmes" et se les font livrer par la pop-psychologie.
On n'est pas ici pour scénariser un film comique de plus sur des
comportements masculins (Les Boys III). La langue macho, ce n'est pas
seulement des tics ou de mauvaises habitudes, mais une stratégie
semblable à celle d'autres groupes dominants lorsque leur pouvoir
est contesté, une stratégie répérable dans
les institutions et des textes - et surtout dans le vécu des femmes
qui la subissent en première ligne - , une stratégie visant
des gains concrets, quantifiables, et où plus un homme acquiert
bonne conscience, plus il peut aller loin dans l'oppression et même
le crime.
Paradoxe: Le plus macho des Québécois, c'est le plus atendrissant,
celui dont l'apparente sensibilité, l'apparent pacifisme redore
le rêve et recrée l'effet de séduction tout en redonnant
ses lettres de noblesse à l'agressivité "essentielle"
à l'homme et au pouvoir masculin: Guy Corneau (auteur de "Pères
manquants, fils manqués).
On analyse et on constate sur le terrain de ces meurtres qu'il y a un
lien réel de causalité entre l'absolue compassion d'un Corneau
pour la souffrance' des hommes privés de l'exercice de l'agressivité
et la politique des hommes qui se laissent aller à se venger de
cette souffrance sur celle qu'on leur pointe du doigt comme en étant
la cause.
Lorsque la démonstration commence à cesser d'être
convaincante, on sort la dernière arme: le pouvoir indirect. Essayant
de rattraper le temps perdu à faire la sourde oreille aux femmes,
les hommes affirment maintenant qu'ils souffrent.
Ils en font un scandale, révélant une profonde valeur
sociale; un autre droit négatif des hommes, celui de ne pas avoir
à souffrir, de se voir évitée toute souffrance
ou désagrément venant d'une femme ou d'un enfant (pensez
à tous les enfants secoués à mort par leur père
ou beau-père)
Dans cette stratégie du chantage affectif, les hommes sont présentés
comme incapables d'évoluer d'un pouce de plus (Why Men Are The
Way They Are), ils en feraient déjà trop... il serait temps
de leur redonner des privilèges qu'ils continuent à nier
d'avoir jamais eu et qu'on n'avait pas remarqué qu'ils avaient
perdus..."Grippe de gars" Sens de la "souffrance"
masculine: menace, droit de ne pas souffrir - atteint ses limites
(Soutien à Marc Lépine). On voit les médias inventer
de toutes pièces des hommes battus, assassinés, dépossédés
d'enfants qu'ils n'ont jamais réclamés; tout le monde cite
le cas d'un homme qu'ils connaissent que son divorce a réduit à
la pauvreté la plus abjecte - serait-ce le même pour tout
le monde, la plupart du temps un gars qui a voléson ex-famille
durant des années et qui joue au marture pour faire annuler ses
arrérages et recommencer à zéro? Des pères
se plaignent haut et fort dans Le Journal de Montréal de ne pas
avoir vu leur enfant depuis 3 ans, sans préciser que c'est parce
qu'ils sont en tôle pour inceste ou meurtre de leur ex-conjointe,
ou - plus souvent - en fuite pour continuer à ne pas verser de
pension alimentaire à ces mêmes enfants... Tout se passe
comme si, après savoir refusé la symétrie aux femmes,
les hommes se drapent dedans pour maquiller le sens véritable d'une
virilité devenue péjorative.
Il y a longtemps eu la stratégie du silence masculin - elles vont
se tanner, rentrer à la maison - elle atteint ses limites et les
antiféministes polissent leur discours en recrutant du monde pour
le backlash. On voirt apparaître à quel point, derrière
le leurre du libéralisme, de l'inconcience ou du lent progrès
de smentalités de ceux qui ne savaient pas qui étaient eux-mêmes
victimes de stéréotypes, des hommes ont continué
à durcir le sexisme et se font offrir un pont d'or par les médias
et par le pouvoir, même lorsqu'il s'agit d'agresseurs reconnus.
Prendre au sérieux un rapport d'oppression, c'est d'abord apprendre
des opprimées. On a beaucoup à apprendre de l'alternance
de pouvoir indirect/direct chez les conjoints agresseurs, dans le couple,
et de la façon dont des femmes leur survivent et finissent par
leur échapper, parce que c'est cette dynamique qui est en train
de s'étendre à l'ensemble de la société maintenant
que l'enfermement des femmes dans la vie privée ne suffit plus
à protéger la reproduction et l'entretien de la domination
masculine.
Cela donne à espérer que, puisque des femmes battues s'en
tirent, échappent à cette alternance de culpabilisation/oppression,
on approche d'un point où la douche écossaise masculiniste
ne suffira plus à assurer le contrôle des femmes et l'entretien
de l'identité masculine. Pensons au ridicule de comédiens
qui réclament publiquement leur droit à des rôles
de "vrais héros", jouant à "celui qui pisse
le plus loin". On vend aux femmes le consensus, celui auquel on les
assure qu'il faut se résoudre pour pouvoir "vivre avec les
hommes".
Marginalisation/censure des femmes vivant hors consensus, celles qui
n'ont plus rien à espérer de la charité masculine.
Conclusion ENJEU:
Contourner le blocus du principe d'un consensus nécessaire, auquel
chaque homme devrait adhérer entièrement pour que les
femme aient le droit d'avancer.
Reconnaître le rôle de l'hétérosexualité
dans notre réticence à assumer le rapport de force qu'imposent
les hommes. "Il faut qu'ils veuillent..." "Si il fallait
qu'ils cessent de nous aimer..."
Droit à une pensée non-mixte, où l'opposition cesse
non seulement d'être intériorisée comme facteur impuissance
mais est identifiée, repérée, mise en lumière
comme un problème. Percevoir l'antiféminisme dans ses menées
plutôt qu'il reste invisible et soit d'autant mieux intériorisé.
Arriver à une perception de la position masculine comme présentement
foncièrement inégalitaire, par stratégie de constitution
d'identité dominante, mais non biologique ou immuable et certainement
pas facteur de vérité.
Distribuer le poster des femmes et enfants assassinées par des
hommes.
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14/03/99
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