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Le masculinisme: Pouvoir direct et indirect
La langue macho
Notes préparatoires d'une conférence donnée à l'UQAM le 11 mars.
Martin Dufresne
Collectif Masculin contre le Sexisme


I recently gave a conference in Montreal with my partner on men's use of language in controlling interactions ("la langue macho") and on
current 'guilting' and intimidating strategies used in the social sphere as a backlash to women's progress towards gender equity. I apologize in
advance for those of you who cannot understand French but since a few of you do, I thought it might be worthwhile to share my speaking
notes with y'all.
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EXERCICE:
Repasser sur les principaux éléments définisseurs de la position des hommes dans les médias depuis 6 mois: - suicide majoritaire des hommes au Québec - image des hommes dans les téléromans - avertissement de Rad-Can aux auteures - discours de Corneau - Gazette des femmes sur les hommes face aux femmes - hommes victimes de fausses allégations de violence sexuelle ou conjugale - droit automatique des hommes et de leurs parents à la garde et aux droits de visite des enfants et suppression des pensions alimentaires - plus récemment levée de boucliers contre la Cour suprême osant s'en prendre à un juge sexiste ayant acquitté un violeur - protestations de l'éditorialiste de La PRESSE contre la défense de légitime défense consentie aux femmes battues - acquittement de Gilbert Rozon pour agression sexuelle
Reprendre un par un chacun de ces faits et discours pour exposer faussetés, contradiction et principes sous-jacents

EXERCICE: Leur faire repérer les diverses stratégies de l'opposition aux femmes (ou à la parole de n'importe quel groupe dominé): ignorance, persiflage, récupération, complainte, terrorisme, conservatisme, hyper-libéralisme, séduction, parasitisme, déplacement, discrédit, harcèlement,
diviser.

Particulièrement dans la sphère progressiste, académique, politique, les hommes sont toujours approprié le pouvoir de "gatekeeper", décideur du signifiant, de l'acceptable. Voilà pourquoi il y a tant de résistance à reconnaître coupables des hommes de viol ou d'inceste, pcq même si c'est un appareil masculin qui les confronte, c'est à partir du témoignage et des droits d'un non-homme, la victime (femme ou enfant) qui les désigne.

Entre hommes, on peut toujours s'accommoder, négocier le criminel pour y ménager un espace immoral mais jamais vraiment illégal de ‘transgression' jouissive et très lucrative mais c'est la perte de contrôle masculin sur l'ensemble droit, la nécessité de répondre de ses actes à cause de l'Autre qui est l'affront suprême...
"Men's right not to know" - Un étudiant en droit proféministe de Kingston analyse la législation et la jurisprudence sur l'agression sexuelle comme étant une façon de protéger chez les hommes le "droit de ne pas savoir", d'ignorer la volonté et les droits des femmes - en 1980 à Vancouver..., Pappajohn et la règle de "l'homme rationnel"

Mais ce n'est pas si simple: Quand on ne peut refouler le groupe opprimé hors de vue, dans un ghetto, quand on a besoin de ses services au quotidien, l'oppression a besoin d'une illusion de consensus pour se maintenir. La langue fait appel aux notions de nature, d'équilibre entre contraires, voire de "consentement" qui déresponsabilise tout agresseur de ses gestes au nom d'un pouvoir prêté aux opprimés à condition qu'elles donnent la bonne réponse...

Notre dynamique au Collectif: partis d'un préjugé favorable aux hommes - ne savent pas - puis d'une lecture attentive des stratégies des hommes misogynes, antiféministes, artisans de l'identité masculine et de la "nouvelle hétérosexualité" où de "vrais hommes" réclament de "vraies femmes" et se les font livrer par la pop-psychologie.

On n'est pas ici pour scénariser un film comique de plus sur des comportements masculins (Les Boys III). La langue macho, ce n'est pas seulement des tics ou de mauvaises habitudes, mais une stratégie semblable à celle d'autres groupes dominants lorsque leur pouvoir est contesté, une stratégie répérable dans les institutions et des textes - et surtout dans le vécu des femmes qui la subissent en première ligne - , une stratégie visant des gains concrets, quantifiables, et où plus un homme acquiert bonne conscience, plus il peut aller loin dans l'oppression et même le crime.

Paradoxe: Le plus macho des Québécois, c'est le plus atendrissant, celui dont l'apparente sensibilité, l'apparent pacifisme redore le rêve et recrée l'effet de séduction tout en redonnant ses lettres de noblesse à l'agressivité "essentielle" à l'homme et au pouvoir masculin: Guy Corneau (auteur de "Pères manquants, fils manqués).

On analyse et on constate sur le terrain de ces meurtres qu'il y a un lien réel de causalité entre l'absolue compassion d'un Corneau pour la ‘souffrance' des hommes privés de l'exercice de l'agressivité et la politique des hommes qui se laissent aller à se venger de cette souffrance sur celle qu'on leur pointe du doigt comme en étant la cause.

Lorsque la démonstration commence à cesser d'être convaincante, on sort la dernière arme: le pouvoir indirect. Essayant de rattraper le temps perdu à faire la sourde oreille aux femmes, les hommes affirment maintenant qu'ils souffrent.
Ils en font un scandale, révélant une profonde valeur sociale; un autre droit négatif des hommes, celui de ne pas avoir à souffrir, de se voir évitée toute souffrance ou désagrément venant d'une femme ou d'un enfant (pensez à tous les enfants secoués à mort par leur père ou beau-père)

Dans cette stratégie du chantage affectif, les hommes sont présentés comme incapables d'évoluer d'un pouce de plus (Why Men Are The Way They Are), ils en feraient déjà trop... il serait temps de leur redonner des privilèges qu'ils continuent à nier d'avoir jamais eu et qu'on n'avait pas remarqué qu'ils avaient perdus..."Grippe de gars" Sens de la "souffrance" masculine: menace, droit de ne pas souffrir - atteint ses limites
(Soutien à Marc Lépine). On voit les médias inventer de toutes pièces des hommes battus, assassinés, dépossédés d'enfants qu'ils n'ont jamais réclamés; tout le monde cite le cas d'un homme qu'ils connaissent que son divorce a réduit à la pauvreté la plus abjecte - serait-ce le même pour tout le monde, la plupart du temps un gars qui a voléson ex-famille durant des années et qui joue au marture pour faire annuler ses arrérages et recommencer à zéro? Des pères se plaignent haut et fort dans Le Journal de Montréal de ne pas avoir vu leur enfant depuis 3 ans, sans préciser que c'est parce qu'ils sont en tôle pour inceste ou meurtre de leur ex-conjointe, ou - plus souvent - en fuite pour continuer à ne pas verser de pension alimentaire à ces mêmes enfants... Tout se passe comme si, après savoir refusé la symétrie aux femmes, les hommes se drapent dedans pour maquiller le sens véritable d'une virilité devenue péjorative.

Il y a longtemps eu la stratégie du silence masculin - elles vont se tanner, rentrer à la maison - elle atteint ses limites et les antiféministes polissent leur discours en recrutant du monde pour le backlash. On voirt apparaître à quel point, derrière le leurre du libéralisme, de l'inconcience ou du lent progrès de smentalités de ceux qui ne savaient pas qui étaient eux-mêmes victimes de stéréotypes, des hommes ont continué à durcir le sexisme et se font offrir un pont d'or par les médias et par le pouvoir, même lorsqu'il s'agit d'agresseurs reconnus. Prendre au sérieux un rapport d'oppression, c'est d'abord apprendre des opprimées. On a beaucoup à apprendre de l'alternance de pouvoir indirect/direct chez les conjoints agresseurs, dans le couple, et de la façon dont des femmes leur survivent et finissent par leur échapper, parce que c'est cette dynamique qui est en train de s'étendre à l'ensemble de la société maintenant que l'enfermement des femmes dans la vie privée ne suffit plus à protéger la reproduction et l'entretien de la domination masculine.

Cela donne à espérer que, puisque des femmes battues s'en tirent, échappent à cette alternance de culpabilisation/oppression, on approche d'un point où la douche écossaise masculiniste ne suffira plus à assurer le contrôle des femmes et l'entretien de l'identité masculine. Pensons au ridicule de comédiens qui réclament publiquement leur droit à des rôles de "vrais héros", jouant à "celui qui pisse le plus loin". On vend aux femmes le consensus, celui auquel on les assure qu'il faut se résoudre pour pouvoir "vivre avec les hommes".
Marginalisation/censure des femmes vivant hors consensus, celles qui n'ont plus rien à espérer de la charité masculine.

Conclusion ENJEU:
Contourner le blocus du principe d'un consensus nécessaire, auquel chaque homme devrait adhérer entièrement pour que les femme aient le droit d'avancer.

Reconnaître le rôle de l'hétérosexualité dans notre réticence à assumer le rapport de force qu'imposent les hommes. "Il faut qu'ils veuillent..." "Si il fallait qu'ils cessent de nous aimer..."

Droit à une pensée non-mixte, où l'opposition cesse non seulement d'être intériorisée comme facteur impuissance mais est identifiée, repérée, mise en lumière comme un problème. Percevoir l'antiféminisme dans ses menées plutôt qu'il reste invisible et soit d'autant mieux intériorisé.

Arriver à une perception de la position masculine comme présentement foncièrement inégalitaire, par stratégie de constitution d'identité dominante, mais non biologique ou immuable et certainement pas facteur de vérité.
Distribuer le poster des femmes et enfants assassinées par des hommes.

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on behalf of Martin Dufresne martin@laurentides.net 14/03/99