Le suicide masculin ?
Présentation du Collectif et de la recherche sur les morts violentes
dans
les rapports hommes-femmes et le mouvement masculiniste par Martin
Dufresne
du collectif masculin contre le sexisme (Canada)
Voici un texte de Martin Dufresne du collectif masculin contre le
sexisme.
(NOTES EN PREPARATION D'UNE ENTREVUE RADIO FAITE CET APRES-MIDI SUR
LE SEXISME DE LA CAMPAGNE ACTUELLE DE PREVENTION DU SUICIDE AU QUEBEC)
Presentation du Collectif et de la recherche sur les morts violentes
dans les rapports hommes-femmes et le mouvement masculiniste
Suicide = indicateur de dépression
Depression et maladie mentale = étroitement lies aux conditions
de vie
Donc il faut comparer les conditions de vie des hommes a celles des
autres si on veut comprendre leur rapport specifique au suicide.
On sait que les femmes plus nombreuses a etre deprimees, a se tenir
aux pilules. On sait aussi qu'elles sont beaucoup pl;us nombreuses a
faire des tentatives de suicide, ce que personne ne dit cette semaine.
Pourquoi? Parce que leurs conditions de vie sont plus penibles, qu'elles
vivent plus de souffrance dans les heurts de la vie. J'ai deux amies
qui se separent de leurs conjoints de longue date ces jours-ci et qui
n'en reviennent pas de la facilite avec laquelle ceux-ci prennent ca.
Quoi de plus normal? Ils conservent le fric, la carriere, la maison,
le groupe d'amis, ont deja une nouvelle conjointe (plus jeune) avec
qui redemarrer un rapport...
Ce sont elles et pas eux qui sont en danger de tenter de se suicider.
Les hommes moins nombreux a envisager le suicide pcq ils disposent de
conditions de vie meilleures, ce qu'on appelle un systeme sexiste. De
la meme facon, les Autochtones sont beaucoup plus nombreux a se suicider
que les Blancs. Entre autres, les hommes ont moins que les femmes le
sentiment d'etre pris
dans un cul-de-sac. Et ils ont raison:
- salaries gagnent 150% de ce que font les femmes salariees
- acces a 10 fois plus d'emplois en moyenne, dont les emplois col-bleu
les mieux payes, l'informatique, etc.
- beaucoup moins de responsabilites incontournables et non payees (soins
aux enfants, aux handicapes, aux aines en perte d'autonomie)
- presque jamais pieges dans situations de violence et de terrorisme
psychologique Quand des hommes se suicident - ils completent plus souvent
le suicide pque les femmes - la statistique de 80% dont on nous bat
les oreilles cette semaine - parce qu'ils utilisent des moyens violents,
parce que les armes a feu sont entre leurs mains a eux, cause d'un certain
gout du spectaculaire (le suicide exemplaire, lance a la face de la
societe...) et pare qu'ils ont moins le souci des survivants - dans
le cas des peres assassins, ils vont meme jusqu'a s'assurer qu'il
n'y en ait pas. Allo Police parle de "suicide etendu" dans
le cas de ces massacres de "leur" famille par des hommes,
une autre preuve que la mort choisie d'un homme compte plus que l'assassinat
d'une famille entiere. On fait de l'assassin la victime. - c'est parfois
geste de frustration, lie au fait d'une tres faible tolerance de la
souffrance, pcq habitues - en tant qu'hommes - a toujours obtenir ce
qu'ils veulent, a ce que ce soit les autres qui souffrent. Il faut reconnaitre
dans le suicide un choix et l'indice d'un refus de l'adversite, refus
qui semble survenir beaucoup plus tot chez les hommes que chez les femmes.
"Le suicide des hommes: expression d'une souffrance", comme
les masculinistes clament sur toutes les tribunes cette semaine, ou
INTOLERANCE face a celle-ci ?
Il y a des gars qui trouvent anormal de souffrir et cherchent une solution,
un geste d'eclat pour culpabiliser et punir les autres - notamment en
matiere de divorce ou ces gestes sont souvent accompagnes de meurtres
de femmes et enfants. On voit aussi de plus en plus d'hommes abattre
des enfants dans le cadre d'une garde conjointe leur rappelant un divorce
qu'ils refusent encore d'assumer. Les hommes glissent dans une spirale
narcissique - encouragee par le masculinisme a la Corneau - ou l'identification
des hommes adultes a l'enfant (comme symbole de "l'enfant en eux")
se traduit par un meurtre-suicide (comme dans le cas de Daniel Riendeau
et d'un nombre croissant d'attentats de ce genre).
SEXISME DU GOUVERNEMENT
- Pourquoi reserver aux hommes les demarches de prevention du suicide
quand ils sont proportionnellement moins nombreux que les femmes a tenter
de se suicider? Prejuge sous-jacent: la vie des hommes compte plus que
celle des femmes, eux ont droit d'etre proteges de la souffrance, dans
leur cas, c'est un scandale; chez les femmes, on s'attend a ca. - En
fait, si on tenait compte de *quels* hommes se suicident, on constaterait
que ce sont surtout ceux dont l'appartenance a des groupes domines -
Autochtones, Noirs, sans emploi, jeunes, homosexuels ou soupconnes de
l'etre - pese plus lourd que leur identite masculine, ne suffit pas
a leur acheter d'office les privileges masculins. Par contre, n'y a-t-il
pas quelque chose de profondement obscene a voir des tenants de "la
condition masculine" beneficiant des privileges de Blancs, professionnels,
adultes, heterosexuels recuperer la souffrance de groupes opprimes -
opprimes par eux! - pour se faire passer pour "discrimines"?
CYNISME DES INTERVENANTS MASCULINISTES
- Ce mouvement, essentiellement antifeministe, cherche a reserver aux
hommes des privileges sociaux et des mesures de soutien selectif en
faisant passer des hommes pour les victimes de comportements interesses
qu'ils choississent: viol, decrochage scolaire, alcoolisme, toxicomanie,
violence, crime, suicide, etc. Enjeux: marginaliser le feminisme par
un mouvement contraire, budgets
normes, programmes privilegiant les hommes, legislation qui renforce
le sexisme, p. ex. autorite parentale venant remplacer les responsabilites
financieres masculines apres le divorce - Les "suicidologues justifient
leur focus exclusif sur les hommes en deconsiderant la souffrance qui
mene les femmes a un nombre plus eleve de tentatives de suicide. On
veut changer le mot et parler de "parasuicide"...
On les blame pratiquement...: "Et quand les femmes se suicident,
elles en manquent souvent", Michel Presseault, de Suicide-Action,
dans les medias lundi. On dira souvent que les suicides des femmes ne
seraient que des "tentatives d'attirer l'attention". On vante
leurs reseaux de soutien, leur facilite d'expression. Quel mepris!
- on pretend que les hommes ont moins de reseaux de soutien. Pourtant
1) les reseaux de soutien des femmes n'empechent pas qu'elles soient
plus nombreuses a attenter a leurs jours;
2) les hommes jouissent beaucoup plus de l'ecoute sympathique des femmes
que les femmes de celle des hommes - n'importe quel homme se sent en
droit de s'arroger l'ecoute des femmese - on parle bien d'une "grippe
de gars" pour parler de cet accapparement de l'attention des femmes
par les gars lorsqu'ils "souffrent";
3) on constate facilement que *l'ensemble* de la societe sert de reseau
e soutien aux hommes, quoi qu'ils fassent, quels que soient leurs torts.
Par exemple, on blamera beaucoup moins un homme qui neglige - ou meme
tue - ses enfants qu'une femme, meme si elle est profondement deprimee;
les gens qui ont grandi dans une famille dysfonctionnelle seront plus
portes a blamer leur mere que leur pere, avec l'appui d'ideologues masculinistes
qui profitent des medias cette semaine et dont les demandes de subvention
ont eu la faveur du gouvernement dans ce dossier. Bref, pour contribuer
a faire baisser le nombre de suicides, tous sexes confondus, cessons
de proteger le pouvoir des gars puisque celui-ci est un de sprincipaux
facteurs acculant les femmes et d'autres groupes marginalises/ domines
a la detresse.
Martin Dufresne Secretaire, CMCS martin@laurentides.net
Le lien d'origine : http://netpop.cam.org/forum/msg00704.html