(Ce qui reste correct comme damnation, ça fait viril et pis
sérieux. En fait le texte original disait : "A la sueur de
tes narines, tu mangeras du pain, jusqu'à ton retour à la
glèbe dont tu as été pris." Mais les trous de
nez plein de sueur, ça ne devait pas faire sérieux.]
De Léon à Jean-Paul, en passant par Pie XI, "La
solution [finale ?] de la question ouvrière" (dixit
les trois papes).
Que les catholiques n'aient aimé ni Marx ni les communistes,
on s'en doutait. Haine de fanatique à qui l'on brise ses idoles
ou simple concurrence entre sauveurs du peuple jaloux de leur statut
de guide éclairé ?
"Il faut répéter qu'il n'existe pas de véritable
solution de la question sociale hors de l'évangile." (J.P.
II - I.3).
Léon XIII a donc établi un "modèle permanent",
l'église ayant "une parole à dire face à des
situations humaines déterminéEs, individuelles et communautaires,
nationales et internationales pour lesquelles elle énonce une
véritable doctrine". Mais le projet de société
catho n'a rien de commun avec le marxisme, qu'on se le dise : "l'impossible
compromis entre le marxisme et le christianisme" (J.P. II) n'aura
pas lieu [c'est les marxistes qu'ils ont eu chaud...].
Y aurait-il une troisième voie catho entre capitalisme et communisme
?
Ou le capitalisme est-il tout simplement l'enfant chéri des cathos,
Le fils aîné de l'église ? "Si, sous le mot
capitalisme, on désigne un système économique qui
reconnaît le rôle fondamental et positif de l'entreprise,
du marché, de la propriété privée et de
la responsabilité qu'elle implique dans les moyens de production,
de la libre créativité humaine dans le secteur économique,
la réponse est surement positive, même s'il serait peut-être
plus approprié de parler d'économie d'entreprise ou d'économie
de marché ou simplement d'économie libre ? "
Notons que les mots un peu crus [comme fesse, sexe ou capitalisme]
ont beaucoup de mal à passer dans le langage vaticanement correct.
Alors on tergiverse, on traficote on alambique : il y n'y a plus de
patron il y a des responsables ; il n'y a plus d'exploités, il
y a des nécessiteux, il n'y a plus de capitalisme, il y a une
économie libre....
Ce capitalisme n'est jamais présenté comme un choix de
société, mais comme un "état naturel",
incontournable, que l'on ne peut pas plus remettre en cause que l'existence
de Dieu.
D'où a bien pu, alors, surgir cette satanique vision de la société
divisée en classes ? "Si on se demande ensuite d'où
naît cette conception erronée de la nature de la personne
humaine et de la personnalité de la société, il
faut répondre que la première cause en est l'athéisme"
(II 27). La nature de l'homme est donc religieuse tout comme l'essence
[divine...] de la société est capitaliste : "La propriété
des moyens de production, tant dans le domaine industriel qu'agricole,
est juste et légitime" (IV 82) ....
Allez encore plus précis ? Qu'est-ce qu'une saine théorie
de l'état pour Léon XIII ? Suffit de demander, c'est "l'organisation
de la société en trois pouvoirs : législatif; exécutif
et judiciaire." Encore plus fort : "L'église reconnaît
le rôle pertinent du profit comme indicateur du bon fonctionnement
de l'entreprise" (IV 66).
Camarades chomeurs-euses sentez-vous monter en vous une petite nausée
? Z'avez tort, tout ça c'est pour vot'bien, c'est pour "maintenir
les mécanisme du marché libre, en assurant par la stabilité
de la monnaie et la sécurité des rapports sociaux les
conditions d'une croissance économique stable et saine [respirez
un grand coup !], avec la quelle les hommes pourront, par leur travail,
construire un avenir meilleur, pour eux et pour leurs enfants ..."
C'est beau comme un conte de fée Reaganien.
Réjouissez-vous, frères et soeurs d'Occident, vous n'êtes
pas seules, Dieu, Léon et Jean-Paul savent que ces bienfaits
ne doivent oublier personne : "Il convient que les pays les plus
puissants sachent donner aux pays les plus pauvres des possibilités
d'insertion dans la vie internationale et que les pays les plus démunis
sachent saisir ces possibilités, en consentant les efforts et
les sacrifices nécessaires [coucou F.M.I. !] en assurant la stabilité
de leur organisation politique et de leur économie, la sûreté
dans leur perspective d'avenir, l'augmentation du niveau de compétences
de leurs travailleurs, la formation de dirigeants d'entreprise efficaces
et conscients de leurs responsabilités" '(J.P., IV 67).
Un dernier effort, accrochez-vous, ça devient lyrique :"Je
pense en fait que même le choix d'investir dans un lieu plutôt
que dans un autre est toujours un choix moral et culturel [personne
n'a encore vomi ?]. Une fois réunies certaines conditions nécessaires
dans les domaines de l'économie et de la stabilité politique,
la décision d'investir, c'est à dire d'offrir à
un peuple l'occasion de mettre en valeur son travail est conditionnée
par une attitude de sympathie et par la confiance en la Providence qui
révèlent la qualité humaine de celui qui prend
la décision" (p 71 IV).
[Entracte, gargouillis d'oiseaux, flou-flou... On respire fort, on se
concentre et on reprend sans faiblir...].
Quelles qualités sont donc nécessaires aux chevaliers
blancs du capitalisme ? "Entrent dans ce processus d'importantes
vertus, telles que l'application, l'ardeur au travail, la prudence face
aux risques raisonnables à prendre, la confiance méritée
et la fidélité dans les rapports interpersonnels, l'énergie
dans l'exécution de décisions difficiles et douloureuses,
mais nécessaire pour le travail commun de l'entreprise et pour
faire face aux éventuels renversements pour guérir ce
mal [l'injuste distribution des richesses et la misère des prolétaires],
poussent les pauvres à être jaloux [non vous n'avez pas
rêvez ! Je vous jure que je ne rajoute pas un mot ...] de ceux
qui possèdent. Ils prétendent que toute propriété
de biens privés doit être supprimée, que les biens
de chacun doivent être commun à tous....
Mais pareille théorie .../... ferait tort à l'ouvrier
si elle était appliquée - [Antienne connue et maintes
fois reprise : vous ne comprenez pas où est votre véritable
intérêt, nous, qui nous soucions, du bien général
nous allons vous indiquer votre rôle exact dans la société...]
-D'ailleurs elle est souverainement injuste, parce qu'elle fait violence
aux propriétaires légitimes, dénature les fonctions
de l'Etat et bouleverse de fond en comble l'édifice social"
Il y a même pire que les vilains marxistes : "Le sens de
la liberté se trouve parfois dans un amour de soi qui va jusqu'au
mépris de Dieu .../... et qui conduit à l'affirmation
illimitée de l'intérêt particulier" [Aurait-il
mal lu Stirner ? ].
Donc, ça "branle dans le manche" fin XIX° et Léon
est obligé de se salir la plume en causant de "la question
ouvrière" Pour inventer quoi ? Pour inventer "la social-démocratie"
qui s'auto-regénère. Pour que la jolie machine capitaliste
n'explose pas, il est tout à fait conseillé d'entretenir
les syndicats [et oui....] "L'Etat est fait pour protéger
et non détruire le droit naturel. En interdisant de telles associations
[ouvrières et syndicales], il s'attaquerait lui-même."
C'est par cette auto-préservation que Léon défendait
ces syndicats, et Jean -Paul y voit même un gage d'efficacité
: "Ils sont utiles au développement d'une authentique culture
de travail et ils aident les travailleurs à participer d'une
façon pleinement humaine à la vie de l'entreprise"
(II 31). "Il faut rappeler ici les multiples activités,
avec la contribution notable des chrétiens, d'où ont résulté
la formation de coopératives de production, de consommation et
de crédit .../..." (II 32).
Comment résumer le paradis à atteindre pour le prolétaire
[occidental ! ] ? "..../...un salaire suffisant pour faire vivre
la famille, des assurances sociales pour la vieillesse et le chômage,
une réglementation convenable des conditions de travail"
(IV 65). En bref, le "libéralisme économique"
est une bien belle chose mais sans "cache-social", son coté
obscène risque de choquer trop frontalement les masses prolétaires
: un "Delorisme" est extrêmement plus présentable....
Le principe fondamental de la conception chrétienne de l'organisation
politique et sociale est bien, selon le terme de Pie XI, la "charité
sociale".
Sic transit gloria mundi,
Amen !*
* "Ainsi va la gloire du monde ! " (traduction libre d'un
ancien séminariste).
ANNEXE: Comment s'appelait le fils de Léon XIII
?
A * Léon XIV ?
B * Toto ?
C * Raoul ?
Réponse ci-dessous :
Jeanne, Région nantaise le 13/09/96
Ce texte a été réalisé avant
la venue du pape dans la région pour informer des positions de
l'église sur le travail.