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http://serge.mehl.free.fr/chrono/godel.html
GÖDEL Kurt
Friedrich,
américain, 1906-1978
Mathématicien
et philosophe
d'origine autrichienne, le plus
grand logicien depuis Aristote, selon Von Neumann. Après avoir débuté des
études de physique à Vienne, il se passionne pour la théorie des nombres en
suivant les cours de Phillip Fürtwängler (1869-1940, même famille que le célèbre
chef d'orchestre Wilhelm Fürtwängler) et poursuit
dès lors (1926) des études de mathématiques tout en s'intéressant à la
philosophie.
Sa thèse, Sur la complétude du système logique (1929) est
supervisée par Hahn à l'université de Vienne. Professeur
en cette même université, c'est à 25 ans qu'il
énonça son célèbre théorème d'incomplétude.
L'arrivée
d'Hitler au pouvoir en 1933 va perturber la carrière du jeune mathématicien.
Professeur à l'université de Vienne, les nazis lui reprochent ses relations avec
certains scientifiques juifs.
Mais la
réputation de Gödel a traversé l'Atlantique, Veblen,
chargé du tout nouvel Institute for Advanced Study, l'invite à
Princeton. Il y rencontrera Church et von Neumann.
Malgré sa santé fragile, anorexique
et sujet à de
graves dépressions, ses brillants travaux n'en seront pas affectés. Gödel
reviendra aux Etats-Unis en 1935 et 1938 et quittera définitivement l'Autriche en
février 1940 en s'établissant à Princeton
où il poursuivra ses recherches au sein du célèbre Institute for Advanced Study.
à l'exception de
réflexions philosophiques portant en particulier sur la nature de l'espace-temps où il envisage
la possibilité de revisiter le passé, Gödel consacra sa carrière à la logique dans le
cadre du fondement des mathématiques et formula des théorèmes
fondamentaux (c'est logique...) portant sur les relations indécidables et la consistance des théories
mathématiques.
Consistance (cohérence) et indécidabilité :
Au sein d'une théorie, Gödel qualifie d'indécidable une relation dont on ne peut dire, au moyen des axiomes de la
théorie, qu'elle est vraie ou fausse. Une théorie est dite contradictoire ou, suivant l'époque et les
mathématiciens, non consistante ou non cohérente,
si le système d'axiomes qui la définit aboutit à une
contradiction, c'est à dire à l'existence d'un
théorème qui serait, dans la théorie
elle-même, à la fois vrai et faux. Le qualificatif satisfaisable (au sens de "qui peut être
satisfait") est parfois employé comme synonyme de consistant, mais
son usage prend mieux son sens dans le cadre de la théorie des modèles.
Tarski , Skolem , Henkin , Maltsev
Aristote et logique aristotélicienne : Aristote et logique aristotélicienne
Théorème de complétude (thèse de 1929) :
On dit qu'une théorie axiomatique T est complète si toute assertion A énoncée
dans T peut être prouvée (déduite) au seul moyen des axiomes de T. On obtient alors un
nouveau théorème de T. La géométrie euclidienne est complète (Tarski,
1951). De même celle de Lobatchevski, dite hyperbolique.
Soit T est une théorie axiomatique sur un langage du premier
ordre et A une assertion satisfaisable dans tout modèle de T, alors A est
démontrable dans T (peut être déduite des axiomes de T).
La notion mathématique de modèle d'une théorie : La notion mathématique de modèle d'une théorie
Les fonctions récursives et le théorème d'incomplétude
(1930-31) :
En 1930, dans le cadre de la théorie de la
démonstration (programme de Hilbert, 1928), Gödel, dans son traité Die Vollständigkeit der Axiome des logischen Funktionenkalküls (L'intégralité des axiomes de la logique du calcul des fonctions) redéfinit le langage mathématique formel de
l'arithmétique de Peano en introduisant le concept de fonctions récursives initié par Skolem
en 1923.
Une théorie
mathématique constitue une théorie formalisée (on parle aussi dans ce contexte d'un système formel)
lorsque celle-ci est explicitée à partir d'un nombre fini (ou au plus
dénombrable) de conditions qui la définissent portant sur des symboles :
variables et constantes, axiomes, relations (= <, ...), connecteurs logiques
(ET, OU, implication, ...), signes de ponctuation conduisant à un langage propre
à la théorie en question (langage formel). A partir de ces objets de base, on
construit des expressions qui, par composition (raisonnement), en induisent de
nouvelles.
Une fonction récursive d'une ou plusieurs
variables entières est décrite par un algorithme
permettant de l'évaluer en un nombre fini d'étapes au moyen de
certaines opérations fondamentales. On parle aussi de fonction calculable. Par un processus complexe Gödel ramène les
symboles, fonctions, formules et énoncés (finis) à un entier premier, puissance
ou produit de puissances de nombres premiers (les nombres de Gödel). L'unicité de la décomposition en produit
de facteurs premiers permet une association sans ambiguïté.
La notion actuelle de fonction
récursive rencontrée en programmation (faisant appel à elle-même dans
sa définition, comme ici celle du PGCD) est née de ces nouveaux concepts.
En savoir un peu plus sur les
fonctions récursives :fonctions récursives Turing , Church , Kleene , Rózsa Péter , Kalmár
Théorème d'incomplétude
Au moyen des nouveaux outils théoriques évoqués ci-dessus et permettant de définir toute opération arithmétique,
fonction ou assertion, Gödel prouva ce résultat bouleversant, tant sur
le plan mathématique que philosophique, à savoir que :
Toute théorie formelle T (fondée sur une axiomatique)
consistante et susceptible de formaliser
en son sein l'arithmétique (théorie
axiomatique des nombres), est incomplète.
Ackermann
Axiomatique de Peano : Axiomatique de Peano 1 Axiomatique de Peano 2
C'est dire qu'il existe au moins
une proposition de l'arithmétique indémontrable dans T : elle
est indécidable, on ne
pourra prouver ni qu'elle est vraie ni qu'elle est fausse.
Gödel qui hésitait dans sa jeunesse
entre formalisme et intuitionnisme, répond
ainsi par la négative au deuxième
problème de Hilbert.
Ce résultat ruine également les espérances de ce dernier quant au formalisme,
panacée supposée (programme de Hilbert,
1928) face aux contradictions et incertitudes rencontrées depuis
la création de la théorie des ensembles de Cantor.
Il montre les limites du raisonnement logique et l'impossibilité de construire
l'arithmétique sur le seul support logique comme le voulaient les partisans
du logicisme que furent Frege et Russell.
Hilbert et la métamathématique Kalmár , Rózsa Péter
Autre découverte
fondamentale de Gödel (Princeton, 1937-38) :
Après les résultats fondamentaux sur les
fonctions calculables (1926-1936) aboutissant à son théorème d'incomplétude,
Gödel se penche sur le très difficile problème posé par Cantor : l'hypothèse
du continu, à savoir s'il existe ou non un ensemble dont le cardinal soit compris entre Card N et Card R. Dans une série d'articles intitulée The
consistency of the axiom of choice and of the generalized continuum hypothesis
with the axioms of set theory, Gödel concluait en 1938 :
Si la théorie des ensembles est consistante, on peut lui
ajouter l'hypothèse
du continu et/ou l'axiome
du choix, elle restera non
contradictoire.
Mais Gödel, accaparé
par d'autres sujets, dont la théorie de la relativité
d'Einstein, n'ira pas plus loin sur ce sujet. Ce sera Cohen qui apportera la réponse en 1963 : indécidable !
Tarski , Henkin , Cohen , Robinson
Prix Gödel :
Ce prix récompense des travaux en informatique
théorique (théorie des langages, algorithmique, théorie des jeux, cryptographie,
... ). Créé en 1992 par l'Association européenne pour
l'informatique théorique (EATCS : European Association for Theoretical
computer Science) et l'ACM (Association for Computing Machinery,
États-Unis), ce prix annuel récompense des articles innovants en informatique
théorique. Son montant est de 5000 $ US. On trouvera sur le site de l'ATCS la liste des lauréats depuis 1993 et les sujets abordés.
L'ACM est également à l'origine du prix Turing.
Pour
en savoir plus :
- Recursive functions and Computability from Gödel to Turing, par
Rod Adams
Docent Press, Boston (Massachusetts, USA) - 2011
- Théorèmes d'incomplétude de Gödel, par Alexandre Miquel, maître
de conférences en informatique, ENS Lyon
:
http://perso.ens-lyon.fr/alexandre.miquel/enseignement/goedel.pdf
- Logique mathématique (tome 1 : théorèmes de complétude, tome 2 : théorème de Gödel)
par René
Cori et Daniel Lascar. Éd. Dunod, Paris, 2003.
- La théorie des fonctions récursives et ses applications, par D.
Lacombe (Bulletin de la SMF,1960)
http://archive.numdam.org/ARCHIVE/BSMF/BSMF_1960__88_/BSMF_1960__88__393_...pdf
- Ensembles récursivement énumérables et 10è problème de Hilbert :
http://www.mathkang.org/cite/confC01.html
- Ensembles récursivement énumérables et théorème de Gödel, cours de Jean Betrema : http://www.labri.fr/perso/betrema/MC/MC4.html
- Calculabilité et décidabilité, ensembles récursivement
énumérables, cours d'Alain Lecomte : http://brassens.upmf-grenoble.fr/~alecomte/indeci.pdf
- Les Algorithmes par Patrice Hernert, Que sais-je n° 2928, Ed. P.U.F., Paris - 1995
- ABRÉGÉ D'HISTOIRE DES MATHÉMATIQUES, 1700-1900
, Jean Dieudonné,
Ch.11,
par Marcel Guillaume, Ed. Hermann, Paris, 1978-1992.
- Gödel Escher Bach : Les Brins d'une Guirlande Eternelle
, par Douglas Hofstadter,
Ed. InterEditions - Paris 1985 (Un
livre superbe, à lire dans le calme... : )
- La Déesse des petites victoires
, par Yannick Grannec, Ed. Anne
Carrière, Paris - 2012
(Fiction : la vie romancée de Gödel racontée par son épouse Adèle).