A écouter ou lire les médias, les élections régionales,
et plus particulièrement celles des présidents de région
créerait un véritable séisme dans la droite et
plus particulièrement dans l'UDF qui imploserait sous les coups
du FN.
Une fois de plus, pour comprendre ce qui se passe, il faut chercher
ce qui se cache derrière le spectaculaire et ce spectacle si
attristant.
Mitterand a fait école !
Tout le monde savait que le FN ferait un score important et que le mode
de scrutin des élections régionales le mettrait en situation
de pouvoir vis à vis d'une droite affaiblie. Et on est en droit
de penser que Jospin en refusant de modifier le mode de scrutin voulait
rééditer ce qu'avait fait Mitterand : faciliter la progression
du FN pour affaiblir la droite ! Dans un premier temps, c'est une réussite,
mais c'est aussi un calcul à courte de vue qui coûte cher,
car à chaque fois le prix à payer est toujours plus élevé
: donner toujours plus de chances au FN d'arriver au pouvoir !
Ni de droite, ni de gauche : gestionnaire !
Depuis le temps que les idées du FN gangrènent la vie
politique, ce sont toutes les forces politiques et sociales qui sont
devenues infectées. Les passerelles entre la droite et le FN
ne date pas d'hier. Madelin est ancien membre d'Occident (groupuscule
fasciste des années 70). Les jeunes loups du RPR qui arrivent
auront moins de scrupules que les dirigeants actuels marqués
par l'histoire du Gaullisme. L'infection est telle qu'elle aveugle ceux
et celles qui à l'appel du PS participent aux manifestations
partout en France pour protester contre les accord FN-droite et dans
le même temps laisse le gouvernement expulser les sans-papiers,
approuvera demain l'ouverture des camps de rééducation
de jeunes, approuvent Tony Blair pour qui la gestion n'est ni de droite,
ni de gauche, elle est simplement bonne ou mauvaise (allez deviner pour
qui ?) !
La peur n'évite pas le danger !
Agiter la peur de l'extrême droite, tel fut le contenu de la campagne
électorale du PS ! A-t-on parlé des sans-papiers ? de
Politique Agricole ? de l'AMI (Accord Multilatéral sur les Investissements)
? de la santé ? de la précarité ?.. Non.
On nous a simplement agité la peur de l'extrême droite.
Et il faut bien reconnaître que dans ce cadre, les manifestations
anti-fascistes très nombreuses n'ont pas réussi, malgré
nos efforts de clarification, à transformer la répulsion
vis à vis du FN, et plus particulièrement de Le Pen, en
mouvement politique plus profond.
Et si l'abstention a touché autant le FN que les autres forces
politques, il n'empêche que celui-ci continue de progresser !
Demain le fascisme ?
Mais au delà de cette situation, il nous faut reposer la question
suivante : le capitalisme a-t-il besoin, ou aura-t-il besoin prochainement,
ou pourra-t-il utiliser le FN comme force politique pour continuer d'imposer
sa domination ? Cela a déjà été le cas dans
les années 30 : le fascisme a été pour une partie
de la bourgeoisie dans les années trente une alternative au libéralisme
économique d'une part, au " communisme " d'autre part.
Et l'attitude des états anglais, français ou des Etats-Unis
s'explique en grande partie parce que la question n'était pas
tranchée.
Face à une mondialisation économique toujours plus importante
(après la Banque Mondiale, le FMI, l'OMC voici l'AMI), où
ce qui importe c'est de devenir ou rester le premier, les capitalistes
ont de plus en plus besoin d'états forts, autoritaires qui soient
en capacité de gérer un apartheid social, économique.
Combien de temps le capitalisme tolérera-t-il le mouvement des
chômeurs, des sans-papiers et autres exclus ? Dans le cadre d'une
soumission à la domination du capitalisme mondial, on voit se
dessiner un état fort autoritaire, plus ou moins républicain,
gardant uniquement ses fonctions régaliennes (Impôts, armée,
police, justice). Le rôle de cet état sera d'être
un super ministère de l'intérieur, chargé de maintenir
la domination du capitalisme et du marché, de garantir la paix
pour les riches. Pour cela, il reste encore à privatiser, à
déréglementer, ce dont se charge fort bien la gauche
La situation sociale des pays occidentaux, des pays riches va tendre
à devenir identique à celles des pays dits du sud. Dans
cette situation, la gestion du social peut devenir difficile et on peut
tout à fait imaginer que de même que les talibans sont
en Afghanistan un moindre mal pour les intérêts du capitalisme,
celui-ci peut se satisfaire d'un Maigret en France, un Maigret que les
médias présentent comme un homme respectable à
l'inverse de Le Pen.
On voit bien que dans ce cadre, les agitations de la gauche plurielle
ne servent que les ambitions de pouvoir et les calculs électoralistes,
ne sont que duperies et mensonges, et mènent tout droit à
l'impasse.
Commentaires de Gaston le 29 03 98