"Nouveau millénaire, Défis libertaires"
Licence
"GNU / FDL"
attribution
pas de modification
pas d'usage commercial
Copyleft 2001 /2014

Moteur de recherche
interne avec Google

La police hors la loi, ça suffit !
par la FASTI
(Fédération des associations de solidarité avec les travailleurs immigrés)


Le meurtre d’Habid à Toulouse est la triste démonstration de l’impunité dont jouit la police. C’était pour ses raisons que la FASTI avait réuni associations et organisations les 6 et 7 décembre. C’était aussi dans ce sens que réagit l’Observatoire des libertés publiques après le meurtre d’Habib. Le poids toujours grandissant donné à l’institution policière pour gérer l’exclusion et la misère, pour ficher le citoyen comme on peut voir avec le projet STIC sur lequel nous reviendrons dans un prochain numéro, doit nous inciter à nous organiser pour ne pas laisser s’installer sans réaction l’ordre sécuritaire.

La police hors la loi, ça suffit !

Suite à la mort d’un jeune français de 16 ans d’origine magrébine, tué la nuit du 13 au 14 décembre 98, à Toulouse, nous vous proposons divers témoignages de personnes issues du quartier. Habib, tel était son nom, a été tiré comme un lapin par un policier. Il n’est pas mort de suite. Ayant réussi à se cacher sous une voiture, il est mort après avoir agonisé durant 3 heures. 3 jours d’extrêmes violences ont alors enflammé le quartier du Mirail situé au Sud Est de Toulouse. Quelques réactions :
Un Responsable du Centre Culturel Reynerie. Il y a de gros problèmes de cohérences entre les divers partenaires. C’est-à-dire entre les familles, l’Education Nationale, la Police, les acteurs sociaux. Tant qu’il n’y aura pas ce lien, il y aura des crises. On est tous responsables. Il faut que les différents acteurs travaillent ensemble, pour avoir des objectifs communs par rapport à l’avenir des quartiers. Tant au Mirail, que partout en France. Plutôt que de faire continuellement du replâtrage, il faut injecter intelligemment de l’argent. Si l’on attend que les jeunes cassent des voitures pour trouver des solutions, c’est la fin des haricots. Avec l’histoire d’Habib, on va balancer plus de fric dans les associations. Et alors ? Non. Il faut que tous les partenaires soient là : élus, tissus associatif, gens du quartier... Il faut que des mini tables rondes s’organisent et que l’on s’interroge réellement : Vers quoi veut-on que le quartier évolue ? Que doit-on faire pour les années à venir ? (...) Nous c’est facile, on a un salaire, on gagne notre croûte, à côté de ça, on a des jeunes sans aucune perspective, dans le flou total. (...) Ce n’est pas le problème des jeunes de banlieues, c’est le problème de notre société en général. On est dans une société où l’on ne se parle plus. Les gens sont greffés à leurs portables. Ils ne se connaissent pas, n’arrivent plus à se rencontrer et à discuter. Il est là le problème. (...)
Responsable communication SEMVAT (transports urbains toulousains) Dimanche 13 décembre, 17 h., le conducteur ( 2 ans d’ancienneté) du bus n°13, qui fait la liaison Bellefontaine-Reynerie-Mirail, se retrouve face à une troupe de jeunes, en plein milieu du quartier de la Reynerie. Les jeunes ont des barres à la main. Le chauffeur flippe, ferme les portes. Les jeunes s’énervent. Le pare-brise explose. Le chauffeur est blessé à la main par un éclat de verre. "Tu ouvres ton bus. On ne t’en veux pas, ni aux passagers. On veut seulement ton bus." Le conducteur et les passagers descendent. Le chauffeur se fait bousculer, prend un coup au ventre. Des jeunes du quartier qui le connaissaient l’entourent et le protègent. "On va t’emmener à l’hôpital", lui lancent 4 jeunes. Et ils le transfèrent directement aux urgences de l’hôpital Purpan. Alors qu’ils auraient pu le laisser à un point SEMVAT. Ils ont préféré le déposer directement eux-mêmes. "Je n’avais pas peur, je les connaissais", a déclaré le chauffeur.
Une Travailleuse Sociale. La tension était ces derniers temps de plus en plus forte. On a assisté à une présence accrue des CRS qui stationnaient sur le quartier Reynerie, Empalot, Bourbaki. Ils contrôlaient plusieurs fois les mêmes personnes. Et ce, depuis septembre 98. Rien ne légitimait cette présence. Aucune réponse concrète des autorités concernant cette présence.
Malgré les différentes mesures prises par le gouvernement pour aider les jeunes à trouver un job, nous constatons sur le quartier, que les emplois-jeunes n’ont pratiquement pas concerné les jeunes du Mirail. C’est fou, mais ce n’est pas le public ciblé par ce type d’emplois. Le père de famille, qui voit son gamin de 20-22ans, sans emploi, lui met une certaine pression. Cette tension fait que le jeune va la répercuter sur quelqu’un ou quelque chose d’autre. Là, il y a eu un mort. Et il y en aura d’autres. (...)  


Rencontres de la fasti

Il y a un an, le 6 et 7 décembre 1997, la FASTI (Fédération des Associations de Solidarité avec les Travailleurs Immigrés) organisait une rencontre nationale des jeunes pour la citoyenneté, aboutissement de plusieurs rencontres locales où la réflexion et les débats avaient été poussés loin autour du racisme, des discriminations et de l’exclusion, en abordant de nombreux thèmes : le logement, la santé, la justice, l’emploi, l’école, la culture.... Un besoin très urgent d’organiser un débat national sur les relations entre les jeunes, la police et la justice avait été exprimé en conclusion de cette rencontre. Quelques jours plus tard, des événements dramatiques se sont produits en région parisienne (Dammary les Lys) et à Lyon ? Deux jeunes sont morts dans un climat de tension extrême avec les forces de police.
Après un long travail local et national de préparation et réflexion, à l’initiative de la Commission jeunesse de la FASTI (dont le réseau issu des rencontres de 1997), une rencontre nationale sur le thème de la Police et de la Justice a eu lieu à Paris le samedi 12 décembre 1998.
Quatre vingt personnes, majoritairement des jeunes, venus de 15 villes de France (Roubaix, Le Havre, Fréjus, Bordeaux, Nantes...) ainsi que des représentants du Syndicat de la magistrature, du Syndicat des avocats de France, de l’UNSA-Police et de l’Observatoire des libertés publiques (M. Rajsfus) ont fait un état des lieux et mis en commun leurs expériences, leurs vécus, leurs analyses.
Cette rencontre a permis de constater que la situation se dégrade. Les difficultés soulignées à plusieurs reprises dans les relations entre la police et les citoyens, plus particulièrement entre la police et les jeunes, persistent et s’aggravent. Dans une société où de larges franges de la population sont de plus en plus marginalisées, au lieu d’apporter les réponses adéquates aux véritables problèmes sociaux, la répression policière devient l’unique solution proposée.
Les participants ont affirmé leur volonté :
- de mettre en place un réseau national pour être capables de réagir aux dérapages de la police et de la justice et d’interpeller systématiquement ces deux institutions afin de créer les conditions nécessaires pour le dialogue et l’échange,
- d’inciter les citoyens à s’informer de leurs droits et devoirs, à exiger leur application et de favoriser les actions locales et nationales allant dans ce sens.
- d’organiser de nouvelles rencontres sur ce sujet dans les mois à venir.
Alors que les mêmes participants se retrouvaient dans une ambiance festive à un concert organisé pour l’occasion, dans la nuit de samedi à dimanche, un toulousain de 17 ans, est tué d’une balle tirée "accidentellement" par un policier "qui le soupçonnait d’avoir commis un vol"...

Fasti Décembre 1998


Le lien d'origine : Habib tué par la police à toulouse http://www.multimania.com/duruti/janv99/habid.html

La Fasti possède un site http://www.fasti.org/