Débat avec Dominique, militante à l'OCL et féministe,
Samedi 12 Mai 2001 à 15 h à La Gryffe Lyon
FÉMINISME ET LUTTES DE CLASSE
En dehors du tintamarre médiatique et de l'opération
politicienne, dont elle a fait l'objet lors des dernières élections
municipales, la loi sur la parité homme - femme a remis au premier
plan la question de la place de la femme dans nos sociétés
dîtes démocratiques.
Cette loi, en fonctionnant comme un leurre, a pu laisser croire que
l'espace de la politique électorale était désormais
le seul domaine où les femmes subissaient encore une discrimination…
Pourtant il n'en est rien. Que ce soit dans l'éducation, la formation,
le travail, dans la famille, … point n'est besoin d'examiner longtemps
la situation globale des femmes pour se rendre compte que la parité
n'est pas l'égalité, que l'émancipation revendiquée
par beaucoup d'entre nous n'est pas encore pour demain, qu'il y a une
grosse différence entre « promotion de la femme »
et émancipation. Ce constat nous mène forcément
à la question incontournable : quelle émancipation dans
quelle société ? Autrement dit, pour les anarchistes révolutionnaires
que nous sommes : quel féminisme pour quel projet de société
?
Soutenir un féminisme qui se réduirait à une simple
revendication d'égalité - sans contester le système
économique capitaliste - revient à militer pour la «
promotion de la femme ». C'est un masque pour dissimuler une complicité
objective avec un système qui a besoin, pour perdurer, d'asservir
quantité de femmes. Quelles sont ces élues féministes
qui aménagent cette société de consommation qui
régulièrement, à l'occasion de crises cycliques,
laisse des millions d'individuEs sans emploi, ni domicile ? Quelles
sont ces élues féministes qui acceptent les guerres, condition
majeure d'une économie de marché ?
Quand à nous, féministes libertaires ou anarcha-féministes,
il est clair que nous nous plaçons dans une perspective de changement
de société pour TOUTES les femmes et pas seulement pour
quelques-unes.
Quand les femmes, engagées dans les mouvements révolutionnaires,
ont accédé à la connaissance d'elles-mêmes
et pris conscience des ruptures spécifiques qui leur incombaient,
elles l'ont fait dans des sociétés dominées par
la civilisation et le pouvoir masculins. Leurs aspirations au changement
ne pouvaient s'exprimer que dans le cadre d'un mouvement révolutionnaire
défini et contrôlé par les hommes.
Face à cet état de fait et notamment au cours des années
70, les femmes ont refusé, y compris violemment, d'y participer.
Pourtant proclamer que « leur » mouvement - celui des hommes
- ne nous concerne en aucune manière revient à dissocier
les aspirations féministes de tous les autres mouvements de libération,
en ignorant délibérément que l'homme est lui aussi
opprimé dans le monde.
Nous, féministes libertaires, ne pouvons concevoir un projet
révolutionnaire défini par l'homme seul, pas plus qu'une
prise de conscience féministe, dont l'unique objet serait la
libération de la femme. Aussi, la seule cohérence possible
est de lutter pour un projet mixte d'émancipation globale.
Dominique, que nous recevrons à la librairie Samedi 12 Mai à
15 h, a fait partie du collectif qui a rédigé Libération
des femmes et projet libertaire paru aux éditions Acratie en
1998. Elle est militante à l'Organisation Communiste Libertaire
(OCL).
Débat avec Dominique, militante à l'OCL et féministe
Samedi 12 Mai 2001 à 15 h à La Gryffe
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