Christine Delphy est chercheur au CNRS depuis 1966. Elle a participé
en 1968 à la construction de l'un des groupes fondateurs du Mouvement
de Libération des Femmes. Elle a co-fondé avec Simone
de Beauvoir les revues Questions féministes et Nouvelles Questions
féministes (qu'elle dirige actuellement). Elle a déjà
publié aux éditions Syllepse, en 1998, le 1er tome de
L'Ennemi principal, Économie politique du patriarcat. Après
Économie politique du patriarcat (1998), il s'agit du second
tome de L'Ennemi principal. L'auteur nous présente la suite de
son analyse matérialiste de la société, une analyse
en termes de rapports sociaux et donc politiques, fondamentale pour
la compréhension de toutes les oppressions, fondamentale à
tout projet d'émancipation : " J'étudie l'oppression
des femmes. Mais l'oppression des femmes est spécifique non pas
parce que les femmes seraient spécifiques, mais parce que c'est
un type d'oppression unique.
Mais est-il unique qu'une oppression soit unique ? Non, c'est banal :
toutes les oppressions sont uniques, comme les individus. La singularité
est ce qu'il y a de mieux partagé au monde. Ceci ne signifie pas
que cette singularité soit obtenue par des mécanismes totalement
originaux. Or c'est le sophisme courant : puisqu'elle (cette personne,
cette oppression, cette chose) est spécifique, elle ne doit ressembler
à aucune autre. Au contraire, je considère l'oppression
des femmes comme un cas particulier du phénomène général
de la domination - pas plus particulier qu'un autre cependant.
Le but d'une lutte politique, c'est de permettre aux personnes l'exercice
de la singularité. En revanche, le but d'une analyse scientifique
de l'oppression, comme de tous les phénomènes, ce n'est
pas de célébrer - ou de se lamenter sur la singularité
de chaque individu, que cet individu soit fleur, personne, événement
historique ou mécanisme social, mais (comme je l'ai écrit
dans l'avant-propos) de le découper en morceaux (qu'il s'agisse
de feuilles, de jambes, de molécules, d'institutions, de procédures,
etc.), comparables aux morceaux d'autres individus (fleurs, animaux, cellules,
systèmes sociaux ; toutes ces entités ainsi que les entités
qui les composent sont, à un point ou à un autre de l'analyse,
des individus).
Sinon, chaque phénomène reste enfermé dans sa spécificité
phénoménale. Pourquoi pas ? dira-t-on. Cela suffit à
beaucoup de démarches, c'est peut-être indispensable à
certaines, mais c'est incompatible avec l'idée d'une connaissance
scientifique du monde. " (extraits de l'avant-propos.)
Présentation publié pour annoncer une Conférence-débat
organisée par l'association "Ombres Blanches" Les rencontres
d'Ombres, organisée par l'association Bagdam-espace. "Christine
Delphy présente Penser le genre (éditions Syllepse)".
Adresse du lien d'origine :
http://www.ombres-blanches.fr/pages/bulletin/mai01/rub2_2_14.htm
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