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Paul Ariès vu de près : La décroissance doit-elle rentrer dans le moule politique ?
« Post-politique » et décroissance ( 1 ).
par Clément Homs

Origine : http://www.decroissance.info/La-decroissance-doit-elle-rentrer


La décroissance doit-elle accepter et se mouler dans les formes agonisantes et dépolitisantes de la vieille Modernité politique ? Simone Weil, qui selon le mot d’André Breton dessinait dans son ouvrage Note sur la suppression générale des partis politiques, « un réquisitoire sans appel possible contre le crime de démission de l’esprit (renoncement à ses prérogatives les plus inaliénables) qu’entraîne le mode de fonctionnement des partis », se demandait déjà s’il existait dans les partis politiques « une parcelle infinitésimale de bien ? » En effet ergotait-elle, « ne sont-ils pas du mal à l’état pur ou presque ? » [8]. Car le parti politique est à lui-même sa propre fin poursuit-elle, « il se trouve en fait, par l’effet de l’absence de pensée, dans un état continuel d’impuissance qu’il attribue toujours à l’insuffisance du pouvoir dont il dispose ». Mais la matrice de la volonté de puissance du parti politique, qui veut le pouvoir pour le pouvoir comme d’autres veulent la croissance pour la croissance, s’explique aussi parce que « la conception du bien public propre à tel ou tel parti est une fiction, une chose vide, sans réalité, [et] qu’elle impose la recherche de la puissance totale. Toute réalité implique par elle-même une limite. Ce qui n’existe pas du tout n’est jamais limitable » [9]. Et cette absence originelle de pensée, cette difficulté majeure à faire passer la décroissance de l’utopie et de la théorie, au projet politique, forme les limbes mêmes de la création de ce si prématuré « Parti pour la Décroissance ». Le PPLD ne peut dès lors qu’être à lui-même sa propre fin, et ses militants « se contentent seulement d’en désirer sa croissance », illimitée, écrirait-elle [10]. C’est que l’appartenance à un parti politique entraîne « trois formes de mensonges - au parti, au public, à soi-même », car « le mobile de la pensée n’est plus le désir inconditionné, non défini, de la vérité, mais le désir de la conformité avec un enseignement établi d’avance », catéchisme primaire qui explique très bien l’informationnisme de positionnement qui sert de raison de vivre à tous les politiciens [11]. Car rien ne peut sortir d’un parti qui ressemble à de la vérité, de la justice et du bien public nous dit-elle. De plus, chez le militant politique, comme le notait Ellul, la réalité de la compétition politique et des conditions d’exercice du pouvoir est complètement ignorée au départ. Ensuite, avec l’expérience, le militant adopte en fin de compte une attitude opportuniste dans cette course de la volonté du pouvoir pour le pouvoir.

La vision spectaculaire des politiques électorales « décroissantes », est elle-même argumentée par le politologue Paul Ariès, pour qui finalement « l’idée que la politique serait devenue impuissante est une farce » [12]. Cet auteur va même jusqu’à renvoyer les analyses de Jacques Ellul et de toute la critique de la société de la valeur d’un revers de main, avec pour seul argument sa foi dans la religion politique et le simple effet de manche selon lequel « ‘‘ l’illusion sur l’illusion politique ’’ est plus dangereuse que ‘‘ l’illusion politique ’’ » [13]. Or la politique de re-symbolisation de masse proposée par P. Ariès est celle où « le pouvoir politique se manifeste sur trois terrains : celui de l’agir rationnel - le domaine gestionnaire et technocrate. Celui des activités médiatisées ou le réel se construit par images : le domaine de la ‘‘ politique théâtre ’’ ou de la ‘‘ politique-spectacle ’’. Celui de la politique mythique : domaine des mythes, des symboles, des valeurs, registre émotionnel et motionnel (mise en mouvement). Nous n’avons pas le droit de faire l’impasse sur ces enjeux » se sent-il même obligé d’ajouter en bon technicien de la politologie, « science » qui n’a plus d’« humaine » que le nom tellement sa réalité actuelle est celle d’une science de la manipulation et de la prostitution des âmes [14]. Bruno Clémentin, pour qui « la politique économique [sic !] pour l’altermondialisme doit utiliser essentiellement la législation et la réglementation, ce n’est pas la peine de finasser » [15] se sent-il (lui aussi) obligé de rajouter, est l’archétype même non seulement de l’objecteur de croissance illusionné par la politique, mais surtout de cet écologisme économiciste traditionnel qui ne cherche qu’à éterniser les catégories de base de l’économicisation du monde. Ainsi, dès lors que l’on accepte l’ensemble des présupposés onto-épistémologiques de l’économie inventée, « la réglementation est le moyen le plus efficace pour lutter contre le gaspillage et les pollutions » poursuit-il comme tous les machinistes qui sont pétris par les impératifs de l’efficience rationnelle et autre dieu de la nécessité [16]. Les écologistes traditionnels qui ne veulent qu’écologiciser la marchandise, baignent alors dans le bocal de la société de la croissance comme un poisson dans l’eau. Au sein de la mouvance des objecteurs de croissance, cette vision réglementaire, légiférante, étatiste, politiste et finalement croissanciste, ne peut bien entendu que se trouver confrontée à ceux pour qui « ni le Droit, ni l’Economie ne peuvent jamais, si nécessaires et émancipateurs soient-ils par ailleurs, constituer le point de départ philosophique ou la base pratique d’une communauté véritablement libre, c’est-à-dire d’une communauté d’individus dont l’autonomie ne trouve pas ses conditions de possibilités dans leur atomisation » [17].

Cependant, pour légitimer l’engagement de la décroissance dans une politique électorale, l’argument qu’utilise P. Ariès en disant que « la victoire de la révolution-conservatrice mondiale prouve que l’on change aussi la société par décrets, puisque les libéraux font des lois pour déréglementer ce qui protège » [18], n’est certes pas faux mais erroné. L’Etat moderne (y compris bien sûr l’Etat social) doit en réalité son rôle au fait que le système de production marchande a besoin d’une instance supérieure qui garantisse le cadre de la concurrence, les fondements juridiques généraux et les conditions nécessaires de la valorisation capitaliste - y compris les appareils répressifs au cas où le matériel humain en viendrait à contester le système. Ainsi les méchants « libéraux » chez lesquels la vulgate antilibérale croit reconnaître un complot mondial, ne sont en réalité que nos braves hommes politiques de gauche comme de droite. Et les lois et les politiques publiques en tant que conditions nécessaires de la valorisation capitaliste, sont votées et « décidées » (validées en réalité), par des hommes politiques. Mais ce que nous dit Ellul, c’est qu’il y a là une totale disparition de « choix politiques purs » du fait de la surdétermination technicienne et économiciste des décisions politiques (c’est-à-dire quand la politique se dissout dans la politique économique). Quand le nécessaire, l’éphémère et l’efficience rationnelle sont les conditions de possibilité de toute décision politique, alors la décision politique libre disparaît littéralement pour ne devenir qu’un choix entre diverses solutions encadrant la marchandise désormais technologiquement, scientifiquement et enfin politiquement équipée [19]. Ces « choix » se réalisant selon « le nécessaire pour les grandes directions fondamentales, pour les décisions vraiment sérieuses, et qui sont imposées finalement par les techniciens des divers ordres, l’éphémère pour les décisions superficielles et brillantes, où va jouer la dialectique du pouvoir et de l’opinion » [20]. Les politiques libérales ne sont donc pas de pures décisions politiques que prendraient les législateurs. Elles ne sont que fin de la décision politique, c’est-à-dire l’atrophie structurelle de la politique du fait de sa techno-économicisation [21]. Cette disparition de la décision politique pure est très bien illustrée par la conversion d’une large partie de la Gauche européenne au libéralisme comme à l’anti-libéralisme économiciste. Mais cette disparition n’est donc en réalité qu’un effet (et non une cause) de l’ontologie politique portée à son achèvement logique et historique, c’est-à-dire de la surdétermination marchande des décisions politiques. Cette confusion entre effets et causes, est ce qui détermine à son tour la réflexion politique de Paul Ariès pourtant si pertinent sur bien d’autres questions.

Le politique est aussi caractérisé par la « représentation-image », une représentation qui entend illusoirement incarner le Bien dans le pouvoir (essence moralisatrice du politique comme dit Maffesoli), et que l’on retrouve dans la politique des valeurs et de la re-symbolisation que promeuvent certains objecteurs de croissance. Mais cette vision est aussi, comme l’a également montré Ellul, une des illusions les plus prégnantes de l’homme politique illusionné. On ne prend pas assez en compte le fait que depuis longtemps, le domaine politique s’est autonomisé de toute morale et de toutes valeurs. « Ceux qui expriment la conviction que la politique est soumise à la morale, construisent en effet une doctrine, donnent un certain visage à la politique, se réfèrent à une certaine éthique, établissent les relations souhaitables entre les deux ; mais nous sommes vraiment au niveau du souhaitable, de l’impératif. Or, ce qui dans ce souhaitable est toujours gênant, c’est l’incapacité où l’on se trouve de considérer l’exercice du politique tel qu’il est concrètement, en fonction de l’Etat qui existe, avec le personnel politique en place, etc » [22]. L’idéalisme de la politique morale des valeurs et des symboles appartient largement à une espérance, un déni de l’existant, une logique du devoir-être qui ne pourra que se casser les yeux devant la réalité de l’autonomie du politique dégagé de toute morale et de toutes valeurs. De plus, cet idéalisme politique pousse toujours à endosser les habits de la posture du pur et de l’incorruptible, dont la poursuite est perpétuellement l’enjeu des chasses aux sorcières (plus ou moins) imaginaires, querelles qui sont généralement des déchirements comiques entre illusionnés de la politique. Bien entendu, on touche peut-être juste quand l’on parle d’« auto-limitation » cependant on entend généralement par là, que « c’est bien d’un nouvel impératif moral dont nous avons besoin » [23], ce qui fait plutôt froid dans le dos quand on pense au passé de l’Etat jacobin qui n’a vraiment rien d’une « auto-limitation » mais bien plutôt d’une limitation autoritaire. Car ce que l’on nous propose n’est finalement que la vision instrumentale de la politique des valeurs d’un Robespierre et de la Révolution jacobine, où la progression des valeurs ne serait que le produit d’une machinerie symbolique d’Etat qui appliquerait les recettes d’une cuisine toute faite. A l’inverse, l’impolitique telle que la dégage Esposito « est le refus du politique porté au rang de valeur » [24]. L’impolitique ou la perspective « post-politique » dégagée par Robert Kurz sont même le « refus de toute valorisation théologique du politique. L’impolitique est la critique de l’enchantement ». Là aussi Ellul en identifiant brillamment l’homme politique (l’élu, le militant ou le passionné des passions politiques) avec « l’homo religiosus » [25], appelait à mettre à bas toute la « religion du politique », c’est-à-dire « la politique comme forme profane de la religion » comme dit Marx. Ce remplacement du Dieu de la religion par l’Etat et la Politique, trois variantes qui étaient pour Ellul, d’identiques illusions surplombant et logicialisant la socialité, dont le principe est toujours la même séparation d’avec sa propre vie.

De plus, dans cette société de valorisation théologique du politique orchestrée par le « processus d’expropriation politique » (Max Weber) [26] - c’est-à-dire ce vaste évidage de la dimension impolitique de la socialité primaire -, « participer à des activités non politiques, mais parfaitement en relation avec notre société, est considéré comme sans valeur » [27]. « Les valeurs qui, de nos jours, ne peuvent recevoir un contenu politique, ou ne peuvent servir à une politique, ne sont en définitive plus prises au sérieux » [28]. Dans des accents finalement très proches du socialisme orwellien (« simple traduction politique des sensibilités populaires » [29] ), Ellul va même jusqu’à écrire que « ce ne sont plus les valeurs qui nous servent de critère de jugement pour estimer le bien et le mal, c’est la politique qui devient aujourd’hui valeur suréminente par rapport à laquelle s’ordonnent les autres » [30]. C’est ainsi que la « connaissance ordinaire » (Maffesoli), la « common decency » (Orwell), la « faculté de juger » (Arendt), le « monde-de-la-vie » (E. Husserl), le « Savoir-de-la-vie » (Michel Henry) [31], sont mis radicalement hors jeu par l’aliénation politique qui ne gère plus que des individus vivants réduits à la circulation des marchandises. La politique est devenue réellement la simple administration des choses. Il est temps en effet que la décroissance rentre en politique... Et les machinistes en chef de l’organisation sociale ont déjà passé en commande des fauteuils douillets pour nos écologistes radicaux. A cette vision instrumentale de l’éthique, ne devons nous pas préférer la vision du socialisme orwellien proposée par J.-C. Michéa, qui n’a rien à voir avec le moralisme des Usines à re-symbolisation que l’on nous propose ? Il semble en effet, que « la rupture ne viendra jamais d’un quelconque plan d’urgence décidé par des experts, quand bien même ceux-ci se trouveraient être, par chance, vertueux et bien intentionnés. Si le changement dans les pratiques ne vient pas des individus eux-mêmes, s’il ne consiste pas en une maîtrise accrue de leurs conditions de vie, de leurs échanges entre eux et avec leur milieu naturel, alors il ira en réalité (comme c’est le cas depuis plusieurs dizaines d’années, y compris depuis les premières alarmes écologiques) dans le sens d’un renforcement du système, d’une accentuation de la sujétion de chacun à l’industrie et à l’Etat, dans le sens d’un approfondissement du chaos administré » [32]. Les écologistes pressés d’être au joystick de la méga-machine, doivent saisir qu’un tel changement civilisationnel « ne se pilote pas. Le chemin peut au mieux être balisé (...). Mais il faut d’ores et déjà mettre en garde contre toute velléité de planification bureaucratique et contraignante du sauvetage de la planète » [33]. Au politique, ne pourrions nous pas préférer alors une impolitique ou une « post-politique » de la décroissance, dans laquelle le et la politique ne soit pas la solution, mais une partie intégrante du problème ? Car la politique comme équipement de la marchandise, n’est pas la solution, elle est au contraire l’éternisation de la société de croissance. L’Etat qui intervient étatiquement pour proposer la mise en place de sa propre dissolution (l’auto-dissolution affirmative de et par l’Etat), comme projet de sortie de l’économie politiquement équipée, sera alors à même de relocaliser le et la politique non seulement dans un territoire qui n’échappe plus à la socialité concrète, mais surtout dans nos vies réelles (et non mutilées) qui correspondent au « vivre ensemble » réel, en chair et en os, de la réalité immédiate et partagée.



[1] Voir par exemple là-dessus pour une introduction, l’article de Michèle Riot-Sarcey, « Utopie du politique (l’) » in M. Riot—Sarcey, T. Bouchet et A. Picon, Dictionnaire des Utopies, Larousse, 2002, pp. 237-240

[2] B. Charbonneau, Le Feu Vert et Le Jardin de Babylone.

[3] J. Ellul, L’illusion politique, La table ronde, 2004

[4] Miguel Abensour, Hannah Arendt contre la philosophie politique ?, Sens et Tonka, 2006, 260 p.

[5] R. Kurz, Ende der Politik. Voir un résumé de cet ouvrage dans A. Jappe, Les Aventures de la marchandise. Pour une nouvelle critique de la valeur, Denoël, 2003. De R. Kurtz aussi sur ce sujet, Critique de la démocratie balistique, Mille et une nuits, 2006. Du Groupe Krisis notamment, Manifeste contre le Travail, Léo Scher, 1999. La revue scientifique sur la corporéité, Illusio, est en train de traduire en français pour les faire paraître dans son prochain numéro, de nombreux articles encore inédits du groupe allemand Krisis, et notamment de la féministe Roswitha Scholz.

[6] Sur l’écologie marchande que l’on peut lire inlassablement dans les colonnes du journal politicien La décroissance, on peut voir l’article de Bertrand Louart, « La décroissance, le journal de l’Ordre », paru dans la revue Notes et Morceaux choisis, n°7, décembre 2006, Editions de la lenteur, et disponible en ligne sur internet. On pourra toujours à propos de ce journal qui ne prône que le citoyennisme écologiste des petits gestes des éternels rouages que nous sommes au sein de la Méga-machine techno-économique et l’écologie gestionnaire qui lui est complémentaire, l’éditorial de la rédaction du journal CQFD composée notamment d’anciens du journal satirique La Gueule Ouverte des années 70’s, « La décroissance, marque déposée ». L’écologisme économiciste, politicien et développementiste, est vraiment aujourd’hui, Ce qu’il faut détruire...

[7] Voir par exemple l’entretien de Julien Mattern, « Droit dans le mur. Sur l’impuissance politique contemporaine », in Courant Alternatif-Offensive, février 2007 (en kiosque).

[8] Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques, Climats, 2006, p.25.

[9] Ibidem, p. 40.

[10] Ibid., p. 41.

[11] Ibid., p. 57.

[12] P. Ariès, Décroissance ou barbarie, Golias, 2005, p. 154.

[13] Ibidem, p. 159.

[14] Ibid., p.154.

[15] B. Guibert et S. Latouche (dir.) Antiproductivisme, altermondialisme, décroissance, Parangon, 2006, p.101.

[16] Sur la distinction entre l’ « efficience rationnelle » et l’ « efficacité raisonnable », voir l’article de Serge Latouche dans la revue Economie et Humanisme, n°347, décembre 1998. Je remercie Claude Llena d’avoir porté à ma connaissance ce papier.

[17] Jean-Claude Michéa, Impasse Adam Smith. Brèves remarques sur l’impossibilité de dépasser le capitalisme sur sa gauche, Climats, 2002, p. 78. Pour s’écarter des vieilles théories nauséabondes sur la communauté, il suffit de prendre connaissance de la réflexion actuelle sur la communauté : par exemple, Jean-Luc Nancy, La communauté désœuvrée, Christian Bourgeois, réed. 2004 ; Roberto Esposito, Communitas. Origine et destin de la communauté, Puf, 2000 ; M. Henry, « Pour une phénoménologie de la communauté », in Phénoménologie matérielle, Puf, 1991.

[18] Dans le débat « La décroissance doit-elle s’engager en politique électorale ? » dans le journal La Décroissance, n°29, p. 19.

[19] Les derniers de ces équipementiers de la valeur seront bien sûr les écologistes qui ne rêvent, avec Georgescu-Roegen, que d’écologiciser l’économie et les sciences économiques, et non en sortir définitivement. Malgré la critique de l’ « arithmomorphie » de l’économie politique, l’économiste américano-roumain reste en effet dans un économisme qui éternise les fondements baptismaux de la société de croissance, c’est-à-dire les catégories de base de l’économie inventée.

[20] J. Ellul, L’illusion politique, La Table ronde, 2004, p. 103.

[21] Ellul dit qu’il n’y a « non pas une disparition du politique, mais l’illusion d’un libre jeu des formes traditionnelles de la politique », p. 102.

[22] Ibidem, p. 108. Il poursuit en ces termes : « Et Machiavel conclut en fait à une autonomie du domaine politique. (...) Il nous semble que son attitude de départ est excellente, et qu’une réflexion politique ne peut partir que de la réalité du monde politique tel qu’il existe, de la structure de l’Etat en ce moment, et des courants fondamentaux. Or, cette observation nous conduit aisément à la constatation de fait (et non de valeur, et non d’espérance, et non de devoir être !) que le politique actuellement est un domaine autonome. »

[23] Paul Ariès, op. cit., p. 158.

[24] L’impolitique n’est pas bien entendu une attitude apolitique ou antipolitique. Esposito écrit que « l’impolitique est le politique considéré depuis sa frontière extérieure », c’est-à-dire l’essence méta-politique du politique. L’impolitique « est sa détermination, au sens où il définit les termes » du politique.

[25] J. Ellul, op. cit., p.51.

[26] Max Weber, Le Savant et le politique, 10-18, p. 134.

[27] Ellul, op. cit., p. 44.

[28] Ibid., p.45.

[29] « le combat socialiste est avant tout un effort pour intérioriser ces valeurs populaires [de la common decency] et pour en diffuser les effets dans la société tout entière », J.-C. Michéa, Orwell, Anarchiste Tory, Climats, 2000, p.77. Christopher Lasch s’est lui-aussi efforcé dans toute son œuvre de réhabiliter ce « jugement de l’homme ordinaire ». On peut voir également Pierre Kropotkine, La morale anarchiste, réédité chez Mille et une nuits.

[30] Ellul, op. cit., p.45.

[31] Michel Henry, La barbarie, Puf, 2005 (1987).

[32] Amiech et Mattern, Le Cauchemar de Don Quichotte. Sur l’impuissance de la jeunesse d’aujourd’hui, Climats, 2004, p.163.

[33] Ibidem.