On mavait proposé comme thème Du racisme
biologique au racisme culturel . Les problèmes qui touchent
à ce sujet à mon avis sont complexes parce que ce nest
pas seulement le problème de la race, cest aussi le problème
de la culture, de la différence culturelle et derrière
tout cela il y a le problème des valeurs, cest à
dire de quelle façon nous pouvons concevoir lhumanité
et un espace politique social, où la liberté et légalité
peuvent se construire. Cette dimension qui a des aspects épistémologiques,
philosophiques, sociologiques, psychologiques, qui sont énormes,
cest un point de vue qui exige une clarification avec un point
de départ clair. Je veux parler si la discussion le permet du
problème des valeurs.
Par rapport au racisme biologique et au racisme culturel il faudrait
déjà voir si ces mots conviennent, mais en tout cas on
peut commencer par là, ce que nous pouvons constater cest
le changement récent dans la façon qua eu la droite
de poser le problème de la différence. Du point de vue
traditionnel la différence était posée à
lorigine par la question sociale. Les premiers qui ont été
discriminés dune façon directe et claire ce sont
les prolétaires. Le prolétariat sest formé
en France à partir de ce quon peut considérer la
prise du pouvoir de la bourgeoisie à partir de 1830. La date
importante cest la révolution de 1848. A ce moment là
les prolétaires du prolétariat industriel étaient
considérés comme des nomades sans foyer ni patrie
et cest un argument qui va revenir toujours dans le discours
de la droite. Un prolétariat qui en grande partie était
formé par lémigration de la campagne sur la ville
et il y a des données de lépoque qui montrent la
préoccupation de la bourgeoisie pour exclure un prolétariat
qui crée des problèmes. En 1840 il y a un comité
du travail tout à fait officiel et qui dépend du gouvernement,
qui pose la question suivante en terme denquête quel serait
le moyen darrêter limmigration vers la ville des travailleurs
des campagnes. A la même époque il y a les grandes enquêtes
sur les classes laborieuses, doù viennent le mot utilisé
après de classes dangereuses , avec léquivalence
classes laborieuses = classes dangereuses , le premier
qui lutilise cest Fraisier, le chef du bureau de la préfecture
de la seine qui écrit :
les classes pauvres et vicieuses sont toujours, ont toujours
été et seront toujours la pépinière la plus
productive de toutes sortes de malfaiteurs ce sont elles que nous désignerons
particulièrement sous le titre de classes dangereuses.
A la même époque et la même année en 1840,
Buret écrit le fameux travail sur la misère dans les villes
où il écrit les ouvriers isolés de la nation
(déjà lidée isolé de la nation
) mise en dehors de la communauté sociale et politique,
seul avec leurs besoins et leur misère il sagit pour sortir
de leur effrayante solitude et comme les barbares auxquels on les a
comparés, ils manient peut-être limmigration .
Sur cette base de lexclusion des gens considérés
comme dangereux parce quils nont ni les conditions de vie
ni les conditions économiques ni les conditions dinstruction
nécessaires pour être intégrés à la
culture bourgeoise à ce moment là parce que cest
le moment de lexode des campagnes vers la ville à ce moment
là la question sociale pose le problème de lexclusion.
Mais les idéologies de lexclusion vont partir de là,
disons quon peut partir de là pour voir lévolution
actuelle même si on sait que lexclusion a toujours existé
en particulier dans lantiquité grecque ou romaine.
Avec quelques problématiques que je vais essayer de montrer
ce qui est naturel et ce qui nest pas naturel. Dans lépoque
moderne à partir de la révolution industrielle cest
la question sociale qui pose les problèmes, sur cette question
sociale va se greffer ce que je pourrais dire plutôt que des idéologies
dexclusion, des rhétoriques dexclusion, je voudrais
expliquer ce mot de rhétorique dexclusion parce que lidéologie
de la droite sur ça a été plus ou moins constante,
mais elle a changé sa rhétorique, sa façon de dire
aux autres ce quelle pense. Vous savez la rhétorique est
considéré comme la façon de dire quelque chose
aux autres, cest la façon de sexprimer de convaincre
lautre.
Dans la rhétorique dexclusion on va trouver ce changement
du biologique au culturel mais à la base de cela
lidéologie de la droite a toujours considéré
et cest ça le point fondamental quil y a une hiérarchie
quil faut respecter et cette hiérarchie cest une
hiérarchie au fond naturelle, mais qui en condition de la vie
historique, de la vie sociale dans lhistoire doit se justifier
de différentes façons. Mais cest leffet réel
de la domination politique, économique, qui doit être rationalisé
et défendue au niveau dune idéologie hiérarchique.
Lappréciation hiérarchique, lexclusion vont
toujours se lier avec des processus psychosociologiques, qui sont les
mêmes. Toujours les mêmes, des processus, des mécanismes
qui vont apparaître immédiatement comme défenses
de la hiérarchie cest de trouver lennemi visible,
cest de trouver quelquun qui est responsable des maux, cest
à dire la bien connue théorie du bouc émissaire.
Mais le bouc émissaire a une fonction fondamentale qui habituellement
qui nest bien appréciée parce que la fonction du
bouc émissaire nest pas seulement de désigner lennemi,
cest fondamental pour exclure de lintérieur du groupe
le mal et le mettre dehors, si on trouve un ennemi dehors on arrive
également à justifier toutes les actions contre lautre
parce quon la désigné, on la identifié
mais en plus on a fermé la frontière de son propre groupe,
entre nous nous navons pas dennemi, les ennemis sont dehors.
Quand lennemi est dehors se produit un autre fait psychologique
important, au niveau de la religion cest lapostat celui
qui pense dans les termes dun autre groupe, ça cest
lennemi à combattre mais lhérétique
cest quelquun qui est dedans dans son propre groupe mais
qui pose des questions, cest quelquun qui met des alternatives
au dogme, cest ça la chose la plus dangereuse, parce que
lautre il est exclut il a déjà toutes les caractéristiques
du diable : le mal absolu on le combat sans problème. Là
il y a une problématique qui va réapparaître dans
al question de lidentité culturelle. Cest que si
on solidifie le groupe de cette façon là si on met lennemi
dehors tout ce qui est à nous est bon dune certaine façon,
ce peut-être mauvais dans des situations particulières
relatives à un combat donné, mais comme la dit Max
Gallo à la fin de lannée dernière
on assume tout ! . Celui-ci a soulevé un tollé avec
toutes les justifications appropriées, il dit dans larticle
du monde paru en décembre 96 :
quil était du coté des énarques et
de Versailles, du coté des paysans et de Louis XVI, du coté
de Robespierrre et de Napoléon, de Moulin et de Gaulle
et il a ajouté jassume Thiers, Céline et
Brasillach ! .
Vous voyez limportance que lon peut donner à cela,
parce que ce jassume ! signifie que lidentité
nationale est supérieure à la bonne critique des
dissensions et aux arguments en faveur dune idéologie différente,
tandis que là il y a quelque chose qui est supérieur à
tout : la nation, lidentité culturelle, les traditions,
tout ce qui va faire la base du fondamentalisme culturel. Quand nous
posons cette problématique du fondamentalisme culturel nous voyons
immédiatement que là se produit une distorsion dans la
rhétorique de la droite surtout à partir des années
70.
Dans le siècle dernier la race biologique était considérée
comme une donnée scientifique, il y avait des races, et il y
avait une hiérarchie des races. La race biologique était
toujours considérée au niveau du sang, la tradition au
niveau génétique, à lépoque parlait
du sang qui donnait les caractéristiques particulières
de certains groupes humains. Le racisme qui était lidéologie
des races a pris des caractéristiques très particulières
dans lexplication des faits sociaux. Par exemple au siècle
dernier Le Bon, que tout le monde connaît par son livre sur la
psychologie des foules, la psychologie des masses a pris comme cible
légalité ce qui est inacceptable cest lidéal
dégalité et pour ça il avançait sa
défense de lindividu responsable basé sur la critique
de la masse. La critique de la foule qui viennent de là et qui
arrivent en particulier jusquà Freud, reprennent cette
critique de le Bon, sa théorie de la masse de la psychologie
des foules était dirigée contre le mouvement ouvrier cest
à dire contre le mouvement socialiste de lépoque.
Le Bon dit par exemple deux choses qui sont caractéristiques
de cette idéologie qui sont les suivantes : dans le premier livre
qui date de 1894 qui sappelle Les lois psychologiques de
lévolution des peuples où il récapitule
sa théorie des différences crâniennes, il affirme
que :
les dimensions du crâne sont en rapport avec le degré
de lintelligence. Et à mesure que lon sélève
dans léchelle de la civilisation depuis les races inférieures
les noirs en passant par les races intermédiaires, chinoises
japonaises, arabes ou sémites jusquà la race supérieure,
lindice céphalique de lhomme augmente de façon
spectaculaire, mais il ajoute : pas celui de la femme , après
dans La psychologie de foules il dit : la criminalité
augment e avec la généralisation de linstruction,
(...) les pires ennemis de la société les anarchistes
se recrutent maintenant parmi les diplômés des facultés
et des universités, cest à lécole que
se forment aujourdhui les socialistes de demain et les anarchistes
et où se prépare pour les peuples latins la décadence
de demain . Il y a encore ceci : cest en son nom
[lidée dégalité] que la femme moderne
nie la différence fondamentale qui la sépare de lhomme
réclame les mêmes droits la même instruction et finira
si elle triomphe par faire de leuropéenne un nomade sans
foyer ni patrie .
Je maintiens cela parce que cette idée de nomade sans
foyer ni patrie ni famille cest lidée qui
va être derrière toutes les idéologies dexpulsion,
cest le nomade cest la personne qui nest pas de chez
nous, cest ça lennemi je ne vais pas rajouter trop
de chose sur cela parce que cest connu et même très
connu, mais vous avez vu dernièrement que en 84 a paru aux Etats
unis un livre qui a obtenu une énorme répercussion qui
sappelle la courbe en cloche qui montre que la différence
entre les blancs et les noirs la différence de QI et dintelligence
mesurée par le QI des noirs et des blancs diffère et que
comme communauté les blancs sont plus intelligents que les noirs
même si il y a quelques noirs qui sont intelligents et cest
cela la courbe en cloche qui montre une population blanche plus intelligente
que les noirs. Bien sur cest une absurdité qui a été
critiquée abondamment, mais qui montre comment ça revient
de façon permanente lidée de la race biologique
le contenu naturel était repris dernièrement par Le Pen,
parce que cétait oublié cette histoire surtout après
le génocide hitlérien, le massacre du peuple juif de la
dernière guerre mondiale, toutes les idéologies de type
raciste nationaliste ont été bannies mais maintenant elles
reviennent, elle reviennent avec une idée rhétorique nouvelle
parce que elle nétait pas utilisé par exemple par
Le Pen actuellement, le texte de Catherine Mégret dans la déclaration
quelle a fait au journal allemand, elle dit quil y une différence
entre les races et il y a des différences dans les gènes,
mais ils nessayent pas de refonder lidéologie sur
une théorie scientifique, cest purement politique, cest
une définition de la race purement politique, mais qui a un intérêt
de renouveler ce fond ancestral de lexpulsion.
La race a la caractéristique extérieure ce qui fait la
différence ce nest pas linstruction, ou même
la façon de faire la cuisine, ce qui fait la différence
cest la couleur de la peau, la forme du nez, nimporte quoi,
il faut chercher quelque chose qui montre que cest biologique.
et derrière ça il apparaît comme la dit Le
Pen hier dans ce qui est rapporté par le Monde et Libération,
il y a lidée du complot, le protocole des sages de Sion,
lidée que il y a un complot qui des gens le judaïsme
maçonnique qui complote dans ce qui se passe par exemple en France
pour donner des gages à ce courant Chirac refuse lalliance
avec le FN et une fois quil a gagné ils maintiennent lexpulsion.
A partir de là il reconnaît sa filiation fasciste avec
la collaboration au moment de la guerre, mais il juge que cest
utile, je crois que sil le fait cest quil suppose
que les effets positifs sont plutôt favorables pour lui que les
effets négatifs, et que les effets positifs de ces déclarations
lemportent sur le contenu négatif que nous pourrions supposer.
Lidée de nature va être présente aussi dans
les manifestations du culturalisme, mais avant de parler de nature
je voudrais dire quelle est la différence qui va
sinsinuer dans les années soixante dix dans lidéologie
de la droite. Toute cette dimension biologisante elle est cachée
par une autre façon de poser le problème qui était
basée dans lidée des occidentaux qui a commencé
en France avec lidée de la nation ou lEtat nation,
je crois que cela aura des répercutions après de type
culturaliste extérieur, dans le premier moment cest larrivée
nouvelle dune dialectique de lexclusion et de linclusion
qui aura assimilé la culture et le territoire, cela cest
fondamental cette relation entre la culture et le territoire, cest
à dire les racines , on parle toujours des racines
de quelquun et nous-mêmes nous avons tendance à employer
ce terme comme si les hommes étaient des plantes. Nous sommes
des animaux qui marchent qui avons le tête remplie (je signale
en passant que cromagnon était un émigrant) cette relation
entre la culture et le territoire va avoir comme résultat lidentité
nationale et linstitutionnalisation des spécificités
de la culture et ça va se renfermer dans lEtat nation,
lidée de lEtat nation a été construite
en Europe à partir du 14° siècle puis au XVI et XVII°
siècle mais ce sont les rois qui ont donné la frontière
nationale et lidée de lEtat qui ont construit lEtat
nation et qui a été définitivement imposé
par le jacobinisme de la révolution française. Lidée
qui vient de là cest la suivante et je vais en donner deux
exemples : lidentité nationale est le modèle
idéologique de la forme dure de la conception républicaine
de lintégration xxx yyyy directeur de linstitut
des études politiques en Angleterre en 1978 a écrit la
chose suivante :
la conscience nationale est lancre du salut dune
loyauté inconditionnelle et de lacceptation des lois et
des règlements placée sous lidentification personnelle
avec la communauté nationale
Cette idée didentification personnelle avec la communauté
nationale est très importante nous le verrons après
qui sont les fondements du devoir civique et du patriotisme .
Jai retenu cela parce que cette idée didentification
personnelle avec la communauté nationale parce que toutes les
réclamations de lidentité comme quand il est dit
quon a besoin de notre culture, de ne pas perdre notre culture,
notre identité, cest lidée de nous enraciner
dans une culture qui nest pas acceptable, parce quavec cette
culture il y a identité globale, ce nest pas lindividu
qui a une identité cest la culture qui est lidentité,
la culture et le territoire parce que cest baser sur le territoire,
et là la tradition, la représentation du peuple ethos
de la culture cest lennemi, le caractère même
de cette culture cest lennemi cest cette relation
globale va faire que tous les mouvements de libération nationale
une fois quils ont triomphé, ils ont utilisé cette
dimension pendant le guerre, la lutte de libération nationale
de façon positive vont ensuite lutiliser pour opprimer
son peuple, parce que lidentité a été retournée
par les groupes qui contrôle létat national. Je voudrais
bien que lon discute de toutes ces choses après, mais cette
conception prédominante dans le modèle républicain
va donner deux logiques.
Une logique dintégration qui va éradiquer les différences
culturelles intégrer signifie alors abolir les différences
et dabandonner toutes ses caractéristiques davant
pour reprendre les caractéristiques de la culture dans laquelle
on sintègre. Lautre logique qui est la logique de
la tolérance, cest à dire on permet toutes les divergences
mais à condition que petit à petit quelles disparaissent
par lintégration dans la communauté nationale. dans
ce modèle par exemple ce serait faire courir à la collectivité
nationale, la démocratie un immense danger que denvisager
de reconnaître les particularismes culturels dans la vie politique
ou dans les institutions où ils ne peuvent quexercer des
effets ravageurs. ces particularismes nont pas à sépanouir
en dehors en lespèce en dehors de la sphère privée
et toute demande identitaire ou communautaire qui tendrait sa chance
dans lespace public doit être rejeté, refoulée
et condamnée, au nom de la (et on va voir comment se mélange
les positions idéologiques avec Max gallo qui représente
la gauche jacobine) lidée républicaine a dun
coté lidentité nationale et de lautre coté
luniversalisme abstrait, luniversalisme qui est toujours
critiqué par la droite depuis la révolution française
cest à dire ce type duniversalisme considéré
comme abstrait dans le sens où tous les hommes sont égaux
par nature hommes et femmes et il ne prend pas en considération
cet universalisme les différences de culture, les différences
de forme de vie dinstruction, de tradition, ou autre, ..... On
verra quil y a une autre façon de voir luniversalisme
et pas au niveau de cette critique là.
Pour le définir de façon plus concrète quand il
nexiste pas ces tendances (celles qui me convienne mieux et dont
je parlerai tout à lheure) la droite extrême va profiter
pour construire une nouvelle théorie de la différence
et de la différence hiérarchique qui était basée
non pas sur la biologie mais sur la culture. La différence est
importante parce que les théories de types racistes ou biologiques
traditionnelles proposaient une différence asymétrique,
cest à dire les cultures comme les individus formaient
une hiérarchie mais la nouvelle position de la droite que lon
pourrait définir selon Taguieff comme différentialiste
je préfère lappeler un fondamentalisme culturel
comme lemploie Vérena Stolcke dans le livre qui vient de
paraître aux éditions ACL Tout est relatif. ---
Peut-être. .
Pour ce fondamentalisme culturel la différence nest plus
asymétrique, la différence est symétrique cest
à dire ce qui existe entre les cultures ce nest pas une
différence hiérarchique qui expliquerait quune culture
est meilleure que lautre, ce qui existe cest lincommensurabilité
cest à dire quil ny pas de possibilité
de mettre en relation une culture avec une autre, il ny a pas
de mesure commune. Toutes les cultures séquivalent mais
chacune dans sont territoire cest pour cela que lidée
du territoire lié à la culture cest important. La
différence devient symétrique entre les cultures mais
les cultures sont incompatibles, chacun sur son lieu a la possibilité
de sépanouir dans sa culture, mais sil va dans une
autre culture il nexiste pas la possibilité de sépanouir
sauf de sintégrer totalement ou bien de sen aller.
Limportance de cette idée vient de deux choses et on va
essayer de le définir un peu plus clairement. Lidée
cest que les cultures sont différentes de ce point de vue
dans ce relativisme culturel place chaque individu dans sa propre culture
mais en plus tout le monde devient étranger de quelquun
parce que chaque individu comme il a par nécessité une
culture une nation parce quil est né quelque part il est
étranger sil sort de chez lui et comme nous nous rejetons
les étrangers, les étrangers vont nous rejeter nous aussi,
tout le monde se retrouve dans la situation détranger.
Cette idée va se lier à une autre qui fonde à nouveau
et cest cela qui à mon avis est intéressant qui
fonde à nouveau lexpulsion sur une base naturaliste sur
la nature, parce quest quil y a derrière, pourquoi
tout le monde rejette létranger quil soi étranger
daccord, mais pourquoi ils sont rejetés parce quil
y a quelque chose qui fonde lêtre humain : la xénophobie,
cest à dire que tout individu considère que ce qui
est différent doit être rejeté après la culture
peut lui faire apprendre que cest mieux de tolérer les
différences, de saccepter, dabord ce qui est la base
de la culture humaine cest de rejeter lautre. La naturalisation,
dire que cest de nature ce rejet donne à nouveau une base
biologique mais maintenant qui appartient à la totalité
de lhumanité.
Je veux faire une petite parenthèse là la première
cest cette idée de nature de naturalisation naturaliser
comme terme juridique signifie légalement rendre membre dune
nation mais également du point de vue étymologique cest
le rapport de la nature, à ce qui est naturel dans lorigine
de la naissance, nature et naître viennent de la même racine
indo-européenne naître et nature les deux font référence
à cette idée de quelque chose qui vient et qui nest
pas acquis mais de ce qui est imposé par le biologique la nature,
dappartenir à la nature ce qui donne comme résultat
cette conception à mon avis à combattre qui énonce
que les hommes comme les animaux ainsi que le montre léthologie
ont une façon de se comporter qui a ses racines son explication
dan la génétique dans la biologie dans le comportement
biologique ce qui a donné les théorisations que vous connaissez
bien de la sociobiologie mais dans lidée de nature qui
réapparaît dans le fondamentalisme culturel avec la xénophobie
et qui nest pas seulement dans le fondamentalisme culturel parce
quil y a des gens qui parlent de seuil dintégration
, il y a un texte de Dany Coben Dhit qui défend un seuil
dintégration, parce que si on passe à 25 % détrangers
la population a tendance à se décomposer selon la loi
scientifique qui était basée sur léthologie
parce quil y a des groupes danimaux qui si on fait entrer
dans un territoire plus de 25% dune autre espèce ils ont
tendance à disparaître.
Laissons de coté les explications de ce type, mais cest
vrai quil y a cette idée de nature. Les racines biologiques
mais les droits de lhomme aussi ont la même tendance. On
a dit à partir de la révolution française que les
droits de lhomme sont des droits de nature, donc les hommes naissent
libres et égaux, quand on dit les hommes naissent libres et égaux
on doit comprendre que cest une décision que nous prenons
que les hommes naissent libre et égaux, cest une convention
sociale, une valeur que nous voulons défendre, pas que lhomme
est libre par nature parce que il naît libre, ceci cest
la théorie libérale traditionnelle. Lhomme ne naît
pas libre, lhomme naît comme nimporte quelle espèce
dans un milieu qui pour lhomme est culturel et qui en fonction
de cette dimension culturelle va créer des valeurs et des formes
de vie.
Cette distinction entre ce qui est de nature et ce qui est par convention
cest fondamental cest la position qui vient de lorigine
de la démocratie grecque qui a posé les différences
entre ce qui est par nature et ce qui par convention, ce qui est nomos
loi, convention et ce qui phusis par nature. Vous vous souvenez de la
discussion sur a définition de lesclave, est on esclave
par nature ou par convention, dun coté les sophistes disait
la condition desclave cest une convention humaine , cest
un fait humain et de lautre on affirme non ils sont esclaves par
nature, ils sont nés pour obéir. Jai repris cette
distinction parce que je pense quelle est à la base dune
quantité de malentendus fondamentaux, mais lautre problème
qui est lié à lidentité nationale, Vous voyez
peut-être que dans la discussion on pourrait le différencier
plus clairement, quand je parle de lidentité nationale,
il est évident que jutilise un mot qui peut être
utilisé par ceux qui défendent le fondamentalisme culturel
que par ceux qui défendent un État républicain,
parce que je crois que cest un concept de passage qui permet aussi
bien denraciner la nation dans le modèle républicain
dans lequel la nation cest la nature mais cest aussi la
citoyenneté ce qui est la liberté de choisir si on veut,
mais une fois quon fait entrer la tradition lidentité
la vie commune lhistoire commune on donne une autre dimension
à cette citoyenneté on donne une dimension nationale qui
est la même dune façon plus complexe la même
: les différentes cultures dont le fondamentalisme culturel parle
tant, par exemple quand Malcom X et le pouvoir noir aux États-Unis
veut prendre tout e la mythique afro-américaine pour défendre
la différence avec les blanc américains il reprend un
idée de la naturalisation de la culture qui est lié à
cette identité profonde dans laquelle le tout forme la base culturelle
qui permet à lindividu dexister et ce tout cest
lautre volet inacceptable de la position identitaire, essentialiste
ou fondamentaliste qui voit la culture comme une unité un bloc
comme si par exemple quand nous critiquons la culture occidentale en
disant cest une culture blanche, impérialiste, colonialiste
nous oubliions que cette culture a aussi créée les valeurs,
de luniversalisme, la possibilité individuelle dexister
les luttes contre le pouvoir et tout, le relativisme des autres cultures
cest une critique interne dans sa propre culture, la culture occidentale
a développé une lutte fondamentale contre le pouvoir et
cest une tradition opposée à une autre tradition,
quand Max gallo dit jassume tout je peux lui répondre
non tu nassumes pas tout ! parce quil y a
une tradition conservatrice réactionnaire mais il y a aussi une
tradition révolutionnaire dans la culture occidentale, jassume
seulement la tradition révolutionnaire de la culture occidentale
. Lidée de concevoir la culture comme une unité
premièrement est fausse car il nexiste pas de culture sans
conflit interne mais même la culture dite primitive a un degré
de complexité moins grande que les cultures chinoise ou autres,
ont toutes la contradiction en leur sein, les acquis de type valeur
quand les grecs inventent la démocratie ils posent la liberté
comme une condition et une conséquence nécessaire de légalité
tous ces types de valeur deviennent des valeurs de lhumanité
toute entière ils ne sont pas posées comme une valeur
dune seule culture ou dune culture particulière,
mais ça cest fondamentalement un crise interne conflictuelle
et de dure lutte propre à la culture, toute culture est ouverte
et fragmentée.
Je voudrais finir pour pouvoir donner un espace à la discussion,
je dirai seulement cela si nous pensons au problème des différentes
cultures et de lintégration culturelle, nous avons habituellement
trois réponses globales je dis trois même si une de ces
trois est refoulée, nest pas prise en considération
et est cachée.
La première réponse qui est à la base du mouvement
que je viens de citer ici comme une position radicale cest le
multiculturalisme en mosaïque, cest le modèle de la
mosaïque, chaque culture a une politique identitaire propre et
ils vivent les unes à coté des autres, lintégration
est rejetée et les valeurs de chaque culture est défendue
comme totalité qui donne lidentité de lindividu.
Les effets négatifs de cette position sont lassujettissement
de lindividu produit par la relation à sa propre culture.
Lautre réponse à cela cest traditionnellement
le libéralisme ou linternationalisme abstrait. Le modèle
républicain cest entre les deux, la réponse du libéralisme
ou du nationalisme cest tous les hommes sont égaux nous
devons vivre ensemble nous devons construire une culture commune, le
libéralisme gomme les différences et essaye dintégrer
dans un espace politique de la démocratie occidentale les différences.
Les critiques du libéralisme sont toutes liées à
cette idée de labstraction de lidée de liberté
alors que lon sait que la liberté est historiquement construite.
Quand je dis quil y a une autre solution du coté de luniversalisme
et de linternationalisme, du cosmopolitisme dans le sens où
le territoire nest pas forcément lié à la
culture de façon univoque. Le cosmopolitisme cest laltérité
assumée, où la solidarité vise lémancipation.
Cest une modalité du vivre ensemble qui pense le lien avec
les différences, qui accepte les différences comme un
plus dans les relations humaines, où le corps social est le résultat
de ce mélange des différences. Lenjeu cest
la construction de lespace commun qui doit lutter contre laliénation
au contraire du différentialisme qui implique la soumission de
lindividu à la totalité plus lexclusion. Le
combat pour la liberté et légalité cest
cette dynamique en construction par la création dun espace
commun, cest la connivence en vue dun monde juste
Nous devons faire attention à ne pas opposer relativisme culturel
et universalisme. Sans nous en rendre compte nous acceptons un glissement
sémantique partisan car relatif soppose à absolu,
universel soppose à singulier. Si on garde cette opposition
luniversalisme devient un totalitarisme; Alors que luniversel
cest ce qui est relatif à lensembles des humains.
Si on reconnaît une valeur universelle cela veut dire que cest
une nécessité pour lhumanité. La notion de
liberté nappartient pas à une culture en particulier,
cest une rationalisation, une construction humaine. Une valeur
de ce type cest une construction historique qui sest faîte
par la lutte. Les valeurs sociales sont toujours historiquement définies,
elles sont postulées valeurs universelles, mais ce nest
jamais éternel, cest là que lon voit que ce
nest pas un naturalisme, cest une conception en mouvement.
Le lien entre le racisme et la culture comment se fait-il ? Le concept
de passage cest lidée républicaine qui définit
lidée didentité, la réponse commune
au deux tendances cest lidée de nation. La xénophobie
est alors une conséquence de la situation, une réponse
politique, sociale, culturelle, etc...
Lexemple qui illustre cela cest laffaire du foulard
et la défense de la laïcité républicaine.
Nous sommes bien face à un conflit de valeurs. Cest la
contradiction du libéralisme qui annonce : notre culture
est la meilleure et en conséquence on doit sintégrer
! A lavance la relation entre lindividu et la culture est
définie, cela exclut la rencontre, on ne laisse pas la liberté
à la différence pour sétablir. Dans toute
culture on a droit à une multitude de différences pas
forcément reconnues, il y a nécessité dun
débat. On constate que lintégration ou la mosaïque
multiculturelle ça ne marche pas. Les modifications perpétuelles
de la culture et les emprunts successifs le prouve.
Débat :
Roger Matthieu pose la question dune population qui veut en écraser
une autre, elle prend appui sur la culture. Si on veut résister
lécrasement le maintien de la situation est important.
Edouardo Colombo : Ceci pose la question de la séparation des
cultures pour la résistance. Lexemple des femmes est éclairant
en particulier aux USA. Les femmes à juste titre critiquent la
hiérarchie sociale, puis certaine prônent le replis identitaire
et le rejet des valeurs machistes masculines et le replis sur des valeurs
féministes. Ceci sest accompagné dune reconstruction
du féminin et dun essentialisme sur la définition
dun être femme, le ghetto est le résultat de cette
attitude. La défense se fait alors avec les démons traditionnels
de la culture. Le problème cest de savoir comment échapper
au repli pour ne pas se retrouver avec une perte. La conscience de loppression
sexiste peut conduire à une critique globale de lautorité,
un certain nombre dhommes aussi sont opprimés. La question
des quotas pour légalité montre aussi labsurdité
des solutions formelles doit-on revendiquer une ouvrière pour
un ouvrier, une générale pour un général
?
Le problème cest celui des bases sinon cest lenfermement.
Martine : Quid de la société interculturelle ? Avec le
racisme différentialiste il y deux sens possibles, quest
ce quon met dans ce mot (interculturel) ?
Pierre Jourdain : Si on prend lexemple du CID on voit que cest
un choix, cest le débat insertion assimilation qui est
en cause. Il sagit dune interactivité, il ny
a pas de règles générales, les modifications sont
perpétuelles.
E. C. : Que met-on dedans ce mot ? Il y a bien un mélange dans
la culture entre le peuple, la domination, la nation, même parfois
la religion. Limportant je crois cest de ne pas fermer les
choses avant que ça commence, on ne doit pas se bloquer sur une
quelconque exclusion sinon cest le ghetto. Si on prend le cas
de la culture religieuse, on voit bien quil est impossible de
la détruire de lextérieur, si cette culture est
en plein renouveau cest quil sagit dune façon
de voir le monde, pour la combattre il faut augmenter les échanges
culturels.
Claude soulève la question de la forteresse blanche.
E. C. : Le problème cest quelle est attaquée
de lintérieur et que ceci renforce le sentiment dattaque
extérieure. Dans lhistoire la culture dominante a été
souvent mise en cause de lintérieur, on peut citer le mouvement
ouvrier, la lutte pour la liberté de conscience ou de comportement
sexuel, les luttes des femmes, les luttes des minorités. Les
mises en cause peuvent être extérieures comme cest
le cas dans les luttes anticolonialistes ou anti-impérialistes.
Évidemment le repli interne tente de résoudre les mises
en cause.
Aujourdhui on assiste à un renforcement des conflits externes
avec louverture du marché, mais on voit bien que si le
niveau de vie des ouvriers monte cela dépend de limpérialisme.
Ensuite cela crée des tensions énormes avec limmigration.
Quand on voit que 16% de la population mondiale utilise 90% de lénergie
du monde on comprend le scandale. Le besoin de déplacement est
crée par cela, le marché souvre et ça explose
partout, la situation devient insoutenable un peu partout. La réponse
des dominants cest la frontière aussi bien aux USA quen
Europe. Mais le résultat cest la perte de civilisation
humaniste. Alors soit il y a une modification interne à nos société
soit on évolue vers un fascisme.
La question du sens de luniversel est posé. Ce nest
pas une abstraction, certaines valeurs ont un sens pour toute lhumanité
et ces valeurs ne peuvent pas être particulière à
une culture. On les propose à toute lhumanité, lexemple
de la démocratie inventée en Grèce le montre, cest
bon encore aujourdhui pour nous. Par contre nous devons sortir
de la mythification des valeurs républicaines. Certes la lutte
pour la laïcité, la lutte contre la religion a une valeur
universelle, la critique de la religion a un contenu universel. La religion
cest la loi fondée en extériorité qui implique
que les humains se soumettent à une certaine hiérarchie.
Les valeurs que nous pensons universelles sont le résultat dune
décision, cest un choix humain qui vient en intériorité
dans lhumanité, qui est autoréférentiel.
La solution cest de ne pas tout assumer, dans lidentité
française par exemple il y a à la fois la Vendée
réactionnaire et La Commune. Doit-on reprendre la notion de patrie
? Je crois quil faut refuser toute idée didentité
nationale basée sur le fondamentalisme, une identité qui
serait close et unicitaire.
La différence en rapport avec luniformité demande
quon sinterroge sur quelle différence est importante.
Chez les humains la différence existe vraiment, il sagit
de savoir de quel degré de différence on parle pour ne
pas suivre Alain De Benoist et la Nouvelle Droite dans son utilisation
du droit à la différence.
Pour moi le droit à la différence cest le droit
à légalité dans lespace commun !
Compte-rendu Philippe Coutant. revu par Edouardo Colombo, Paris
Fasti Mars 97