Avertissement : Ce compte-rendu est issu d'une prise de notes, l'enregistrement
n'a pas fonctionné. Ce texte est donc forcement partiel et partial,
il manquera malheureusement l'ambiance de ce débat. Mais nous avons
essayé de restituer l'essentiel des thèses développées
ce jour-là.
Vous pouvez également vous reporter à la revue que Jean-Marie
Brohm anime depuis de nombreuses années : "Quel Corps ?".
Je vous proposerai de commencer par une tentative d'analyse globale pour
parler ensuite de l'exemple particulier et significatif du sport. Si l'on
veut essayer de comprendre le rapport qui unit le corps au capitalisme
il faut, me semble-t-il, partir de la notion de colonisation du vécu.
La colonisation du vécu.
Pour cette notion on peut repartir des analyses du philosophe allemand
Habermas ou de celles de Reich en 1933. Ces analyses mettent en évidence
l'instrumentalisation de la subjectivité des masses.
Le lieu où s'effectue cette colonisation, cette instrumentalisation,
c'est le corps. Comme toujours c'est sous la lampe que l'on voit le moins
clair. L'inscription idéologique rend opaque le corps singulier.
L'inscription sociale passe par l'idéologisation du rapport au
corps. Nous sommes face à un problème de non-intelligence
de la situation, en particulier des problèmes liés au racisme,
au sexe, au Sida ou à la peine de mort.
L'exemple du sport montre bien qu'il faut interroger le rapport quotidien
au corps.
Pourquoi ne trouve-t-on pas de théorie de la mort dans le marxisme
? Il n'y a pas de point de vue critique sur la mort, hormis des pistes
chez Reich et Marcuse.
Il y a un problème de réflexion critique sur le sexe, le
corps, la mort, et la vie quotidienne. Nous sommes face à une absence.
A chaque fois que dans les sphères militantes d'extrême gauche
on aborde ces questions, la réponse est inéluctable : c'est
secondaire!
Mais quand par exemple on étudie le sport on s'aperçoit
qu'il résume à lui tout seul l'approche totalitaire d'un
mode de production englobant. D'où mon intérêt pour
les zones dites non-prioritaires et la sphère existentielle. Elles
éclairent les enjeux véritables des rapports sociaux.
Une tendance lourde : la marchandisation.
Au risque de choquer l'auditoire, je pense que très souvent on
se focalise sur la précarité, le chômage. Mais on
ne s'aperçoit pas que ces phénomènes ne sont que
des effets seconds.
Certes ils sont massifs et dominants, mais ils ne sont que des conséquences
de quelque chose de plus fondamental et en ce sens ils sont secondaires.
Il faut regarder en amont comment s'organise la concentration et l'accumulation
du capital. Comment la destruction de la force de travail est liée
à l'accélération technologique. Pour comprendre cela
il faut reprendre le principe de rendement cher à Marcuse.
Dans la course à l'argent il n'y a pas de point de vue moral. La
capitalisation passe par une marchandisation massive du corps et de l'esprit.
C'est le cas pour le sperme, les yeux, le sang, les organes greffables,
les enfants, les morceaux d'enfants, la prostitution sous toutes ses formes.
Le déni de la mort.
Nous devons prendre en compte cette tendance lourde qui est mortifère.
Celle-ci induit de fait un déni de la mort.
Sur ce point nous sommes redevables des travaux de Louis-Vincent THOMAS.
L'occident est engagé dans une course meurtrière, où
la dénégation de la mort est corollaire du culte de la jeunesse,
de la recherche de la forme.
Cette tendance massive est une dénégation de l'angoisse
de la mort, y compris du point de vue militant.
C'est clair quand on regarde ce qui s'est passé pour Tchernobyl.
C'est une angoisse panique qui tendait à nous faire croire que
le feu nucléaire menaçait toute la planète, que la
catastrophe généralisée était proche. Les
représentations actuelles de l'apocalypse qui nous guetterait relèvent
de ce phénomène.
Cette angoisse est aussi une fascination.
Regardez les pratiques sociales contemporaines qui sont fondées
sur le culte de l'extrême, ou encore les conduites à hauts
risques : le sport, la vitesse, la toxicomanie, la violence urbaine, le
Sida, le flirt avec les limites.
C'est une tendance massive de confrontation avec les limites, une volonté
de dépassement de soi.
Le mot-d'ordre est celui de la réalisation de soi par n'importe
quel moyen, le jogging, le zen, ou autre.
Tout cela est un déni du vieillissement, une visée de jeunesse
éternelle.
Je pense qu'il faut intégrer la mort pour comprendre la vie.
La désérotisation de la vie sociale
Le second aspect de cette tendance lourde de marchandisation des corps
et des esprits, c'est la désérotisation de la vie sociale.
C'est paradoxal parce que le cul, le sexe s'étalent partout sur
les écrans du spectacle, à la télévision,
dans la publicité, dans le Minitel ou la pub pour les serveurs
érotiques. Pour vendre une voiture on l'associe à l'image
de la femme, c'est une saturation massive, une incitation permanente.
Mais dans le même temps, comme l'analysait Baudrillard à
propos de "L'économie du signe et la symbolique de la mort",
le corps est devenu un objet de consommation.
Il y a une association entre la gym, la forme, la jeunesse et le corps
objet. Il faut traquer la cellulite, les bourrelets michelins. L'injonction
normative ordonne : "soyez désirables!".
Cette mise en spectacle de l'érotisme va de pair avec une désérotisation
du lien social. La sexualité tend à être réduite
à la sphère privée ou à n'être autorisée
que si elle est privative.
On sait maintenant que le lien social est organisé autour de la
libido. Le lien dans les groupes sociaux est fondé sur la sublimation
et l'échange libidinal.
Le lien social est-il basé seulement sur l'échange rationnel,
ou comme l'affirment les structuralistes sur uniquement l'échange
de signes ?
Ces deux explications sont insuffisantes, on doit accepter une troisième
approche qui explique le lien social par la sublimation dans les groupes
sociaux. Sublimation en particulier d'un désir homosexuel.
Les sociétés ne peuvent perdurer que s'il y a un lien érotique
entre les composantes du groupe.
Au contraire de cela la pulsion de mort tend à la désagrégation.
C'est ce qui se passe dans le capitalisme. La pulsion d'Eros fonde, quant
à elle, la tendance à l'agrégation.
Nous assistons actuellement au triomphe de la désagrégation,
du mortifère. Il y a une absence de projet érotique, le
plaisir est absent et il n'y a pas de projet libidinal.
L'érotisation publique et spectaculaire est liée à
l'appauvrissement massif du lien social et ce sur fond de surdétermination
par l'épidémie du Sida.
Les militants astucieux pourraient interroger les campagnes de prévention
actuelle sur les préservatifs.
L'injonction est de "sortir couvert". Quel est le signifié
de tout cela ?
Est-ce seulement une mesure d'hygiène ou une mise sous cellophane
?
Du point de vue symbolique il aurait lieu de s'interroger sur cette asepsie
plastifiée.
Quel est le rapport à l'autre dans ce cadre ?
La montée de l'irrationalisme
Passons sur une autre donnée du monde contemporain: la montée
massive de l'irrationalisme.
Partout se développent la religion, l'intégrisme ou la lutte
contre les impies. La religion met en place un lien social. Il faut souder
le corps social autour d'une identité. L'expression "corps
social" est en elle-même significative.
Cette soudure autour d'un monothéisme au nom d'une "vraie"
religion a un effet délétère profond et puissant.
Les victimes sont toujours dans l'ordre: premièrement les femmes,
puis les personnes homosexuelles, les intellos, les communistes, les anarchistes,
etc....
Il faut relire "Psychologie de masse du fascisme du fascisme"
de Wilhelm REICH. Cette psychologie était basée sur une
désérotisation des corps pour intégrer l'esprit au
fascisme. Il fallait s'emparer des âmes par les corps.
Regardez ce qui s'est passé à la conférence du Caire.
Il y a eu une alliance entre les mollahs et le pape contre la maîtrise
du corps par les femmes elles-mêmes.
A chaque fois il y a un reflux pour les femmes. Le cannibalisme religieux
s'attaque toujours en priorité aux femmes et aux intellos.
On peut aussi se référer à une étude que j'ai
faite sur les textes catholiques : les encycliques, les catéchismes,
les directives de l'épiscopat.
Il y a un soin maniaque à vouloir codifier ce qui relève
du sexe. Ce n'est pas dans l'antiquité, c'est actuel. C'est typique
de ce que décrivait Foucault sur la microphysique du pouvoir.
L'interdit de penser va de pair avec la répression sexuelle.
Je crois qu'il faut oser dire que nous sommes face à une montée
du fascisme religieux.
Le contrôle social
Le contrôle social continue de se développer. Les prescriptions
normatives pleuvent pour le tabac, l'alcool, la drogue, le Sida, etc....
L'hygiène obligatoire est devenue commune, les prescriptions d'hygiénistes
banales.
On constate une association entre la politique totalitaire et la captation
des corps avec les prescriptions qui en découlent.
Il y a bien une idéologie hygiéniste, mais en fait c'est
plutôt un système de croyances auquel on adhère. On
même dire que c'est incorporé, que les croyances sont faites
chair. On peut retrouver là le fameux "habitus" de Bourdieu.
Une réelle lutte contre l'aliénation passe par l'analyse
des mécanismes de reproduction sociale. On peut se référer
au livre "Du coté des petites filles" ou à la
"Fabrication des mâles", à la production des rôles
sexués, à la division sociale des rôles.
Par exemple qui est vieux ? A quel âge est-on vieux ? Quarante-cinq
ans ? Trente-cinq ? Trente ?
On constate un abaissement permanent du seuil de vieillesse. C'est l'imposition
symbolique d'un ordre ou d'un modèle idéal.
Les représentations sociales sont fondamentales dans la régulation
sociale.
Le sport
Vous pouvez vous reporter au texte que je vous ai envoyé. Dans
ce cadre on peut s'interroger sur le rôle que joue un président
pétainiste qui soutient un gangster comme Tapie.
Le sport est bien une machine à décerveler et cela avec
l'argent public.
Il faut dénoncer cet abrutissement totalitaire que produit le sport.
Aucun groupe politique n'a mené de réflexion ou de luttes
sur le sport.
Vous allez voir lors du le prochain Mundial l'ampleur des dégâts.
Personne ne dit rien de cela et l'idéologie passe toute seule.
Il faut parler de l'impact du sport dans les classes populaires.
Pourquoi les prolos adhèrent-ils tant au foot ? C'est une aliénation
culturelle massive.
C'est une division du travail entre les religieux et les fascistes. Regardez
les supporters, les "Kops"!
Où se construit l'internationale fasciste ? Dans et autour des
stades!
Où se mène la guerre civile ? Dans et autour des stades!
Dans ce domaine il y a une carence de la gauche. Que disent le P.C. et
le P.S. ? Le sport c'est la culture du peuple, il faut l'accepter ! Seuls
quelques militants ont une attitude critique.
C'est un peu identique pour la propagande religieuse. Comment vouloir
changer le monde alors que le Vatican a le pouvoir au P.S.!
[ Cette conférence a eu lieu au début de la montée
du phénomène "Delors", le soufflet médiatique
est maintenant retombé,. Au moment où nous écrivons
ces lignes, il s'est déplacé de "l'Abbé Pierre"
à "Monseigneur Gaillot". Comme quoi la religion occupe
bien le terrain de l'actualité spectaculaire ! ]
La religion est une captation de l'imaginaire, une machine à faire
rêver et un onirisme dévoyé.
Regardez l'armée comme elle cultive la haine de la sexualité,
comment elle cultive la bestialité abjecte. Regardez l'adjudant
Chanal! La seule sexualité tolérée est la sexualité
à connotation fasciste.
Et cela c'est le milieu moyen du foot!
Si des jeunes sociologues avaient ce souci critique, ils pourraient aller
étudier ce qui se passe dans les vestiaires. Ils verraient la bêtise,
le racisme, le machisme ,la bestialité et la brutalité du
français moyen.
L'extrême-gauche a été trop cocoonisée, elle
est sortie de la gauche et maintenant ce sont tous des orphelins.
Depuis la période post-68 il y a une panne de la réflexion,
un état de coma prolongé.
Certes on consomme de la critique, mais il manque la continuation de la
critique. Le problème c'est de produire de la critique, de retrouver
les réflexes conceptuels.
Débat
Question de F : Bon je suis de la LCR, comme ça il n'y aura pas
d'ambiguïté. Je suis d'accord avec la critique du sport et
le constat sur l'absence de réflexion sur le corps. Mais pour moi
le problème est de savoir comment agir concrètement dans
l'état actuel.
Par exemple nous avons le FCN à Nantes, comment travailler là-dessus
?
Quelles formes d'activités peut-on avoir sur le réel ?
Car il y a peut-être un problème de démonstration
sur l'origine des phénomènes.
Question de S : Il y a effectivement des questions qu'on ne pose pas sur
le corps, sur la sexualité. C'est un problème pour les féministes,
il n'y a plus de travail intellectuel sur ces points.
C'est entre autre dû à la faiblesse des mouvements militants
et en particulier des mouvements féministes.
De plus je pense qu'un certain nombre d'hommes doivent changer.
En 68 et après c'était peut-être plus libre, mais
le libéralisme y compris dans l'extrême-gauche a eu des conséquences
pour les femmes.
La libération sexuelle n'a pas eu les mêmes effets pour les
hommes et pour les femmes.
A mon avis les retombées de la libération sexuelle n'ont
été véritables pour les femmes. Ceci est vrai en
particulier pour la peur d'être enceinte que ne vivaient pas les
hommes.
Au niveau de la sexualité on ne peut pas penser qu'une femme dans
une métropole comme la nôtre a la même vision, le même
vécu au niveau sexuel qu'un homme.
Il faut faire attention, la sexualité peut toujours être
un moyen d'oppression.
Le rôle de l'idéologie
Réponses de J.M.Brohm : On peut se poser une question fondamentale
: quel est l'effet de l'idéologie ?
Quels sont les combats principaux ?
Je pense qu'il faut aussi travailler sur la critique de l'idéologie.
Pour la LCR je pense que c'est un microcosme du Parti Communiste, une
micro-secte communiste.
Il y a un refus d'aborder la question du corps malgré le débat
massif de l'après-68. Il y a eu quelques courants comme VLR, Tout,
les Homos, certaines féministes qui ont abordé cela. Mais
ces courants ont disparu. Une des sources des erreurs ultérieures
est là.
Prenez Lutte Ouvrière, c'est une caserne monacale. On milite, on
n'a pas de désir!
Je crois qu'il faut assumer le fait que la société libérée
se préfigure dans le militantisme actuel.
L'idéologie a des effets puissants et pas seulement au travers
des Appareils Idéologiques d'Etat. Par où cela passe-t-il
?
C'est plus dans les têtes individuelles et dans l'ancrage caractériel
et émotionnel des sujets.
Le freudo-marxisme de Reich et Marcuse est très pertinent sur ce
point.
La sexualité est un lieu hyper-idéologisé. Tout le
monde sait que nous avons des phantasmes et ceux-ci sont parfois assez
peu recommandables.
Le cyber-sex ou les programmes pornos interactifs sont significatifs à
ce sujet.
La sexualité est effectivement un lieu d'oppression.
Comment penser les effets de l'idéologie ?
C'est un véritable matraquage et ceci de façon permanente.
Prenez les supermarchés : dès que vous y êtes entrés,
il y a une captation sensorielle qui vous saisit.
Le travailleur est-il seulement un être abstrait ?
Il est aussi composé de chair et de désir. Pourquoi la critique
ne fonctionne-t-elle pas dans le quotidien?
Pourquoi observe-t-on cette dépolitisation massive ?
Beaucoup de personnes militantes sont tombées dans la déprime
après avoir arrêté la politique. Après 68 le
nombre d'échecs dans la vie privée a été très
important.
Comment expliquer cela ?
Le front idéologique
C'est à cause de tous ces constats que je pense que les fronts
idéologiques sont les fronts principaux.
L'oppression capitaliste passe par la médiation des idées.
Il faut s'interroger sur l'efficacité mentale, sur le rôle
des idées et la connotation pulsionnelle de l'idéologie.
Avant ce débat nous parlions avec L. de l'intériorisation,
c'est de ce phénomène dont il s'agit.
La question qui en découle c'est celle de ce qui fait changer les
gens Les idées au moyen d'une pédagogie didactique ou le
vécu ?
Si l'on se réfère au marxisme élaboré, pas
au marxisme vulgaire des partis de gauche et d'extrême gauche, on
y trouve une attention particulière à la sphère des
superstructures
C'est là le véritable enjeu de la domination capitaliste.
Celle-ci agit par la captation des représentations collectives.
Se pose aujourd'hui la question de l'autre imaginaire, la question de
la rupture comme après 68. Il faut maintenant repenser le rôle
des militants, s'interroger sur le rôle des transcendances.
Je pense que Ernst Bloch a bien développé la nécessité
d'un projet utopique, d'un hors-lieu et d'un hors-temps auquel on puisse
se référer.
Question de F : Si l'on admet cela comment va-t-on continuer, comment
se reconstituer et se donner de nouvelles habitudes ?
JMB : En tout cas pas avec les crapules. Il faut virer tous les "re",
les refondateurs, les reconstructeurs, les Rigoult, Juquin et consorts.
Face à eux je préconise une violence radicale. C'est un
clivage net qu'il faut opérer. Mais regardez Voynet! C'est désespérant!
Peut-on faire du neuf avec du vieux ?
F : Bon d'accord il faut rajeunir, mais on peut quand même s'appuyer
sur l'expérience passée pour trouver de nouvelles voies.
Et c'est là que je ne suis pas d'accord avec le Comité Malgré
Tout.
Ph.C. : Il faudrait peut-être revenir sur la critique du mythe du
progrès. La conception progressiste classique que nous avons développée
dans le passé s'appuyait sur une vision évolutive de l'histoire.
La conception darwinienne rejoignait celle de Hegel. L'avenir allait être
meilleur, le progrès était cumulatif et la promesse d'un
futur libéré de la misère, de la domination, donnait
sens aux sacrifices du présent. Cette conception s'inscrivait dans
la continuité de ce qu'avaient développé les Lumières
au XVIII° siècle.
Maintenant on sait que ce mythe est cassé, la notion de sens de
l'histoire est à rejeter. Il faut donc trouver le sens sans s'appuyer
sur l'avenir. La raison, dans l'acception donnée par le Lumières,
doit admettre ses limites.
Il n'y a pas automatiquement un avenir meilleur, devant cette cassure
il faut chercher de nouvelles façon de penser la politique.
S : Moi je voudrais revenir au concret, je ne peux pas suivre ces débats
par trop philosophiques.
La sexualité est un problème privé, dans le passé
une des réussites des femmes a été la mise à
découvert de l'oppression privée liée à la
sexualité.
On constate des représentations sexistes et personne ne bouge.
Ceci a lieu aussi bien dans le privé que dans le public mais aussi
entre nous.
L'analyse qui est développée ici est intéressante,
le problème c'est de savoir comment faire pour intégrer
cette analyse en particulier dans le secteur de la sexualité.
Je m'adresse aux hommes qui, souvent, devraient revoir leur comportement.
Développons la critique théoriquement et pratiquement!
JM B : Quand on regarde les grands appareils sociaux que sont l'armée,
l'église, la police, on voit que ce sont des structures où
les femmes n'ont pas leur place; ou alors quand c'est le cas, c'est comme
imitation des hommes ou comme femmes à mecs.
Ces structures sociales sont faites pour les hommes et par les hommes,
elles sont bâties sur le refus de la femme.
Il faut se souvenir des analyses de Freud et en particulier de celles
développées dans "Psychologie collective et analyse
du moi".
On peut aussi se demander pourquoi le mouvement féministe a manifesté
un tel aveuglement à propos du sexisme dans le sport.
Le sport une structure fondamentale pour le développement du sexisme.
A noter que cela va de pair avec la violence dans le sport.
Je pense qu'il faut mener la lutte sur le terrain de la vie quotidienne.
On peut faire de l'agitation intelligente. Il n'y a pas d'interdit pour
les associations. Par exemple on peut demander des explications sur les
subventions municipales.
Pourquoi se limiter à Pasqua ?
Il faut prendre en main l'élaboration théorique, faire des
revues sur ces questions.
La critique doit de nouveau être élaborée et cela
y compris par les féministes.
La césure massive peut se dater précisément, elle
est de 1981. Depuis cette date il n'y a plus d'efforts théoriques.
La carence est en nous, nous sommes en état de coma prolongé.
A l'époque on a applaudi à l'arrivée de Mitterrand.
On nous a dit : " la gauche est au pouvoir". L'extrême
gauche a prétendu que les masses déborderaient par la gauche.
On voit le résultat, les masses votent Le Pen!
La conséquence de tout cela, le résultat c'est : "arrêtons
de penser!".
Regardez les dérives:
* Libé le désastre !,
* Weber chez Fabius !,
* Antoinette Fouque et les éditions des femmes, la personnalisation
et maintenant elle se présente sur la liste Tapie !,
* Michel Fields, avec qui on faisait des articles, est devenu un nul télévisuel
!,
* etc...
Il faut s'interroger sur nos responsabilités.
M : Une autocritique ?
JMB : Non, je suis contre les autocritiques et contre le totalitarisme
dans la vie privée.
S : Je pense que ce que vivent les femmes n'est pas identique à
ce que vivent les hommes. Les femmes ont un rôle à jouer
dans ce domaine.
JMB : Le problème c'est celui de la transparence des rapports sociaux.
Au moins le marxisme, même s'il est critiquable, c'est une théorie.
Je suis désolé, mais les libertaires en général
sont décérébrés.
Il y a une question fondamentale que le marxisme a oubliée : c'est
l'inconscient! C'est le grand apport de Freud.
L'intériorisation des valeurs se fait par la structure familiale
et le Surmoi.
En ce sens il y a bien une incorporation. Nous devons assumer la complexité
de la théorie et le fait que le sujet n'est pas que rationnel.
On peut se référer aux travaux de Tobie Nathan sur l'ethno-psychiatrie,
il montre le rôle de l'irrationnel.
Pourquoi n'admet-on pas qu'un militant craque ?
Pourquoi le racisme et le sexisme perdurent-ils si bien ?
Oser penser!
Penser c'est franchir!
Le fascisme est en nous ! L'unité des contraires est en nous !
La cellule familiale reproduit la domination bourgeoise en transmettant
des schémas de pensée.
Avant les militants savaient ce qu'il fallait faire, maintenant ils sont
désemparés !
Il faut assumer cette rupture d'avec le passé. Sinon on va refaire
les mêmes erreurs et au pire ce sera un remake de l'union de la
gauche et au mieux un candidat unique de l'extrême-gauche.
Il faut se débarrasser de toutes les crapules qui nous barrent
la route.
Par exemple le Collectif Malgré Tout s'appuie sur Lacan et Badiou.
Badiou a été crapule stalinienne qui cultive maintenant
la transparence. Il est passé de Mao à Lacan par les maths.
Mais il oublie qu'il était le gourou d'un groupe sectaire, comment
s'appelait-il ce groupe ?
Ph C : L'UCFML (l'Union Communiste de France Marxiste Léniniste),
puis maintenant "l'Organisation Politique".
JMB: Oui voilà, il y cultivait l'idolâtrie et dans ce groupe
se pratiquait un véritable culte de sa pensée.
De ce fait je pense que le Collectif Malgré Tout est pénétré
par la Pensée Mao-Tse-Toung new-look. Jamais ce Badiou n'aborde
la question de sa trajectoire à lui, cette question des évolutions
n'est jamais posée.
Quand on évoque cela avec lui, c'est évasif; puis après
c'est existentiel et loin du théorique.
Pourtant il veut continuer à être un prescripteur d'opinion.
Il ne faut pas avoir peur de demander des comptes sur l'évolution
militante de toutes ces années.
C'est désastreux ce dogmatisme, cette obsession de la ligne. Alors
maintenant nous en sommes à l'étape de la pensée
vécue sans rivage, ce n'est pas mieux!
Seule l'articulation théorie / pratique peut nous permettre d'avancer,
il s'agit bien sûr d'une articulation dialectique !
On ne fera pas une nouvelle politique avec des Badiou ou des Lacan. Si
l'on veut rendre compte du vécu, il faut sortir des chemins boueux.
Regardez ces dirigeants gauchistes qui sont passés par l'Ecole
Normale Supérieure de la rue d'Ulm. Ils ont eu comme professeur
Althusser, un théoricien en chambre, un psychopathe qui après
avoir tué sa femme avoue qu'il n'avait pas lu Marx et pas compris
sa pensée !
Nous devons nous méfier premièrement de tous ces pseudo-théoriciens
et d'un autre côté lutter contre le décervelage généralisé
et militant en particulier.
Où sont les penseurs de l'extrême-gauche capables de restituer
de la théorie ?
Question de F.M.B. : Je suis d'accord pour restructurer notre militantisme,
mais comment faire si l'on refuse ce que vous appelez les "débris"
de la gauche ?
JMB : Il faut, à mon avis, distinguer les niveaux et les moments.
En cas d'offensive extrême telle que le fascisme, le front unique
n'est pas une idiotie.
Mais dans notre période nous devons chercher et créer un
projet novateur et donc nous devons lutter contre la tentation de l'union
de la gauche.
Il faut bien voir ce qui est en jeu. Les personnes militantes sont désorientées.
Le désir de changer, de dire non, d'où est-ce que ça
vient ?
Virus Mutinerie, par exemple, ça me plaît bien ça!
Il faut savoir d'où procède le sens de l'insoumission. On
sait que ce n'est pas seulement d'ordre intellectuel, ça passe
aussi par les tripes.
L'inconvénient c'est que les viscères ne pensent pas. Il
faut donc marcher sur deux jambes.
L'abstrait et le concret
Le concret qu'est ce que c'est ?
C'est la synthèse des abstractions dit Marx. Il faut comprendre
la série des médiations pour faire la synthèse des
multiples abstraits, alors on obtient le concret.
Les "Yaka", les programmes ça ne marche pas!
Il faut partir des réels concrets et des processus d'appropriation
dans la lutte.
C'est la question du sens, c'est de cela qu'il s'agit.
C'est un peu comme la question de savoir pourquoi je suis venu ici aujourd'hui.
Question : Oui, pourquoi ?
JMB : Parce qu'il y a un coté sympa et que malgré les difficultés
de voyages et les galères pour traverser la France dans les deux
sens, j'ai eu envie de venir.
Ce "Malgré Tout"!
Il y a ce qui nous meut et ce qui nous émeut, puis après
la théorisation.
Il faut sortir de l'alternative théoriciste / décérébré.
Par exemple prenez les Ecolos, voilà de parfait décérébrés
mentaux qui refusent de penser réellement le politique et la rupture
avec le capitalisme.
Il ne faut pas avoir peur de l'insolence théorique. Le refus du
dogme est une bonne chose.
Par exemple méfiez-vous de moi!
La "génération Mitterrand" se solde par une crétinisation.
Maintenant il faut affronter le réel et là nous sommes seuls
avec nous-mêmes.
Le nouvel imaginaire ?
F : Comment lier cela avec les luttes ? C'est aussi notre problème
aujourd'hui. Je suis d'accord avec le travail intellectuel, mais pas pour
un abandon des luttes.
Quel processus mettre en place pour les luttes ?
L : Ce qui semble difficile c'est cette construction d'un nouvel imaginaire.
Tout semble complexe, comment comprendre l'avenir du monde, comment assumer
cette rupture ?
JMB :C'est le paradoxe de l'alpiniste. Quand on regarde la paroi devant
soi, on se dit qu'on n'y arrivera pas. Puis, quand on a grimpé
un mètre ou deux tout change, on est étonné qu'on
puisse y arriver.
Ph.C. : Nous sommes habitués à aborder les problèmes
en termes de globalité, de totalité. De l'universel on déduisait
des solutions pour le présent et le local.
Aujourd'hui si on raisonne en terme d'acte libre ou de liberté,
on peut aborder cette question par la pensée de la situation et
l'universel concret. L'universel serait la théorie critique, et
en situation on est dans l'action restreinte. On ne peut plus avoir de
réponses sur tous les problèmes du monde.
Si on accepte cela le nouvel imaginaire se construit par l'articulation
entre la pratique en situation et la théorie critique. Ce n'est
plus une déduction.
On peut donc envisager d'agir sans attendre de réponses globales.
Le mouvement
JMB : On retrouve le vieux problème de la pensée du mouvement.
Est-ce une succession d'états ?
L'horizon se déplace avec le mouvement qui va vers lui. Nous sommes
nous-mêmes en mouvement et alors il est difficile de dire ce mouvement.
C'est le processus de libération qu'il faut mettre en oeuvre!
Sur l'imaginaire on peut en distinguer au moins trois différents
:
1/ L'imaginaire passéiste, la nostalgie du bon vieux temps, :
* la France profonde,
* la force tranquille sur fond de village campagnard, etc...
2/ L'imaginaire présentéiste :
* Il n'y a pas de futur,
* il n'y a que du présent, que le vide,
* Tout se vaut!
C'est la pensée post-moderne.
3/ l'imaginaire futuriste ,
* la confiance au progrès,
* appui sur la technique,
* mythe scientiste et technocratique.
Le temps
Je pense qu'il faut unir dans un même mouvement le passé
et le futur. Le triple présent de St Augustin en quelque sorte!
Le passage du passé au futur se fait dans le présent.
On peut reprendre Sartre, par exemple la "Critique de la raison dialectique".
Il s'agit bien d'une projection vers l'avant, vers un non-advenu. Cette
avancée dépend bien sûr du passé et du maintenant.
Le corps est présent dans ce mouvement.
C'est aussi le cas de l'expérience sexuelle.
Il faut interroger nos peurs, notre arsenal défensif face à
la mort, face à l'autre, ou au "Grand Autre", comme dit
Lévinas.
L'imaginaire, il faut le penser selon la temporalité, de plus il
varie selon les groupes sociaux. Il faut sortir des catacombes où
nous maintient la société actuelle.
Il faut attaquer le marché, le libéralisme en son coeur.
La marchandise organise tout!
Tout le monde accepte cette donnée inéluctable du marché.
Si on laisse faire nous sommes une espèce en voie de disparition.
Nous sommes au fond, alors il faut inventer!
Quand on a vécu 68 on a vu ce jaillissement, cette émergence
d'initiatives, cette spontanéité. On a là des exemples
à suivre.
Au lieu de tracts moches, on peut foutre le bordel de façon bien
ciblée. La surenchère ludique est une bonne chose.
Il faut lutter contre le sérieux. Il faut de l'imagination dans
la lutte.
Par exemple, un jour j'ai emmené mon chien dans une cathédrale.
Vous auriez vu les réactions, on voyait bien que là on touchait
un point sensible.
Situation nouvelle ?
P : Votre critique est très juste, mais ne faites-vous pas une
idéalisation du passé ?
Par exemple, si on veut comprendre comment se transmet la domination des
corps, on peut prendre l'école pour essayer de voir comment ça
marche maintenant.
JMB : Il faut se défaire d'une pensée abstraite et de l'universel
abstrait. Le déni de la mort existe toujours.
P : Oui, mais en quoi cela a-t-il évolué ?
La culture occidentale a toujours eu tendance à nier la mort. Qu'est
ce qui a changé?
Est-ce seulement un repli ? Parce qu'on a l'impression que cela on le
sait déjà et ce depuis longtemps.
JMB : Peu de gens le savent. C'est un problème de pertinence politique.
La mort
Un détail sur l'évolution de la mort on peut remarquer qu'elle
a tendance à se déréaliser.
On meurt seul à l'hosto maintenant. Avant il y avait les obsèques
où la communauté venait. Le lien social entourait le mourant.
Maintenant on vit seul et on meurt seul. Il y a de plus en plus absence
de rites. Même le cimetière pouvait s'analyser comme lieu
de socialisation.
La marchandisation a gagné et détruit les rites sociaux
d'avant.
Même le cadavre est encombrant, le vieillard est gênant. Cela
c'est nouveau et c'est corollaire d'une accélération du
vieillissement.
Je crois qu'il faut rappeler le rôle des situationnistes. Leur critique
reste valable. Elle n'est pas dépassée.
Souvenons-nous de Marx qui disait qu'on mourrait de 24h par jour.
Aujourd'hui nous sommes de la viande, on nous emballe comme au supermarché.
Jean Ziegler a noté cette homologie entre les déchets humains
et la viande froide.
C'est le triomphe de la réification. Regardez, il y des banques
de sperme, et de toutes sortes d'organes.
PH.C. : Je crois qu'un des points clé de la situation actuelle,
c'est l'illusion de liberté qui conforte l'individualisme. Tout
le monde se croit différent des autres, alors qu'on fait tous la
même chose, qu'on consomme de la même manière.
Cette illusion de liberté est très forte et va bien avec
le capitalisme actuel.
Le sexe
JMB : On peut essayer de voir ce qui se passe au niveau du sexe. Qu'est-ce
que le sexe ? Un frottement de muqueuses qui s'accompagne de fantasmes
et la réalisation de désirs qui entraîne la fusion
des corps.
Eh bien tout cela a tendance à se déréaliser , à
devenir virtuel ! Regardez les programmes pornos interactifs, étudiez
le cyber-sex !
La médiation technologique gagne du terrain. On en arrive à
la sexualité numérique.
Sur quoi peut-on s'appuyer pour comprendre cela ? Pas sur Fourier en tout
cas.
Il faut donc assumer un travail conceptuel pour s'approprier le nouveau
et le penser.
Regardez Spartacus, il sait qu'il va mourir, ou du moins il s'en doute.
Mais l'important c'est qu'il génère de la résistance,
la lutte.
Voilà le problème, quel est le ressort de la lutte ?
La bioéthique
On peut prendre un autre exemple, celui de la bioéthique. Aujourd'hui
on parle de cloner des jumeaux, ou d'implanter de puces dans le cerveau,
ou encore de créer des microprocesseurs mixtes (bio-électroniques).
Ce n'est plus de la science-fiction, c'est ce qui se réalise sous
nos yeux.
Le contrôle du corps peut maintenant avoir lieu à sa source
: le génome.
Le capitalisme a colonisé le corps tout entier!
P : Mais pourquoi ça marche ? Quel peut-être le rôle
de l'individu ?
M :Eric Fromm parle de l'amour consommation. Il faut voir comment se pensent
les gens et comment ils se construisent.
La question est bien de se penser comme humain et pas seulement comme
consommateur. Si on accepte la modulation de soi, c'est la fin de la liberté.
Il faut se vivre comme sujet.
L : Reste le problème du lien social.
F.m.B. : Les choix sont faits pour nous, on est devant le fait accompli.
Le sport c'est la marchandisation de l'effort pour l'argent roi.
Les individus sont dépossédés d'eux-mêmes.
La structure elle-même tend à les décérébrer.
Il n'est pas simple de savoir où attaquer et com-ment décider
où cibler. On a l'impression que cela fonctionne tout seul, que
cela s'auto-reproduit. Comment faire ?
La complexité
L : Oui, comment s'y retrouver dans cette apparente complexité
?
JMB : Ah la complexité! Ce cher Morin, l'expert du P.S.
Une des réponse est déjà dans la théorie de
Marx. Le capital devient un rapport entre les êtres. Il y a une
liaison des humains aux choses: la réification.
Lukàcs a développé ce point dans "Histoire et
Conscience de classe".
Les rapports humains sont devenus des rapports entre les choses.
C'est pour cela qu'il faut s'attaquer au marché, s'attaquer au
libéralisme. Nous sommes ici au coeur du système.
Il faut briser la loi de la valeur.
Sinon nous n'avons pas de solutions.
L'autonomisation de la science
L'autre aspect du problème c'est l'autonomisation de plus en plus
grande que revêtent la science et la technique.
Il faut remettre en cause le rôle des experts et surtout dans le
domaine social.
Regardez l'écart qu'il y a entre notre savoir commun et celui des
savants. Il faut interpeller les savants.
Qu'est ce qu'un sujet social ?
Il n'y a plus de sujet historique tel qu'était défini le
prolétariat. C'est fini tout cela. Nous devons nous constituer
en sujet collectif et faire naître en nous le sujet du désir
et surtout le désir du sujet.
La libération est une question frontale. Il faut retrouver le sens
de la révolte viscérale.
D : A certains moments il y a une prise de conscience. Le problème
pour moi c'est de passer à la conscience collective, à la
lutte. Sinon on crève!
On s'use à faire tout un tas de choses et il n'y a pas d'étincelles.
Comment passer à autre chose pour lutter ensemble?
Le vertical et l'horizontal
JMB : Je crois que c'est une question de niveaux. Plus on descend, plus
on s'approche de la socialité sensible. Plus on monte, plus la
notion de conscience est importante.
Nous avons un double travail à prendre en main :
1/ le travail horizontal qui se lie à la socialité sensible
( solidarité).
2/ Le travail vertical qui développe la prise de conscience politique
et cela même au niveau international.
Je suis pour une Internationale! Il y a besoin d'échanges et d'une
coordination.
Il faut combiner l'horizontal et le vertical pour que les échanges
permettent l'abstraction. Il y a un problème de généralisation.
La capital divise, désagrège, atomise. Nous, nous devons
unir nos forces et nos pensées.
C'est drôle, ce n'est pas le premier débat que je fais sur
ce thème, j'en ai même fait beaucoup. A chaque fois on est
amené à se poser la question :
Et moi qui suis-je ?
Ph.C. : Je ne suis pas sûr qu'on puisse impulser des luttes. La
lutte ne se décrète pas. On l'a bien vu pour le Cip. Par
contre, si elle démarre il faut être là, pour, entre
autre, y porter la théorie critique.
Les tentatives de fédérer les luttes échouent. Les
luttes sont imprévisibles et éphémères. On
peut agir sur les conditions de possibilité, sur les moyens organisationnels
et théoriques, pas sur l'impulsion des luttes.
JMB: Il faut se souvenir de ce que disait Sartre du pullulement individuel
dans l'histoire.
Il y a besoin d'une coagulation. Par exemple dans le mouvement anti-cip,
la coagulation a été quasi spontanée, avant il y
avait l'atomisation pourtant.
On voit que c'est périodique.
Mais il y a un problème de responsabilités politiques et
c'est le notre. Pour la coagulation il faut accepter l'imprévisibilité.
Par contre, on sait qu'à un moment ou à un autre il y aura
coagulation.
Conclusion
Il faut développer la critique, la diffuser, coordonner et développer
les échanges.
Ph.C. Pour le Comité Malgrè Tout, Nantes le 16/01/95
|