Les mouvements de libération des femmes ont permis une remise
en cause des rôles sexués et de leur distribution hiérarchique.
Les femmes ont conquis des droits fondamentaux : droit à l'instruction,
à l'indépendance civile, droit de vote, droit à
l'avortement.
Et pourtant, en dépit des avancées, notre société
reste profondément sexiste. Les progrès dans l'égalité
formelle masquent la persistance des discriminations.
Plus touchées par le chômage et la précarité,
les femmes sont également les premières concernées
par les temps partiels imposés. Elles gagnent environ 27% de
moins que les hommes et sont doublement discriminées car, à
la maison, ce sont surtout elles qui s'activent.
Les femmes sont quasiment absentes de la scène politique : seulement
11% des députés, 6% des maires et 5% des sénateurs
sont des femmes.
En revanche, elles sont majoritaires sur les affiches publicitaires
où on les montre nues sous n'importe quel prétexte.
Quant aux violences à l'encontre des femmes, les chiffres en
disent long : en France, on estime qu'une femme sur sept est victime
de violences conjugales, qu'une femme est violée tous les quarts
d'heure.
Les revendications
féministes sont d'autant plus nécessaires que l'idéologie
du droit à la différence, l'éloge de la "féminité",
en bref, les théories essentialistes, refont surface.
Faire la part de l'inné et de l'acquis est un ancien et indissoluble
débat. Cependant, estimer les différences anatomiques
essentielles, c'est transformer l'origine des hommes et des femmes en
destin et justifier les inégalités. Si tout était
conditionné par la naissance, il serait vain de se mobiliser
pour changer les choses.
Nous pensons que le poids de l'histoire et de la culture est déterminant.
"On ne naît pas femme, on le devient", disait Simone
de Beauvoir. Aussi est-il possible d'agir pour que la culture, l'éducation,
les mentalités évoluent vers l'égalité.
Tout doit être possible pour chacun, quels que soit son sexe,
sa couleur de peau, sa sexualité. Être féministe,
c'est pour nous être universaliste.
Les luttes des années 1970 nous permettent de revendiquer aujourd'hui,
parallèlement à la présence de groupes non mixtes
et d'une lutte autonome des femmes, l'existence d'un mouvement féministe
mixte. Les femmes ont montré qu'elles pouvaient lutter elles-mêmes
contre les discriminations. Elles ont su s'arroger une prise de parole
publique, qui leur était jusque-là refusée dans
les mouvements mixtes, même progressistes. La domination masculine
ayant été ébranlée, il nous est aujourd'hui
possible de réfléchir ensemble, hommes et femmes. La mixité
doit contribuer à enrichir le débat, à mieux comprendre
les résistances qui subsistent et à mieux les combattre.
De plus, les hommes sont directement concernés par les rôles
imposés et les modèles de virilité.
Enfin et surtout,
être féministe, c'est vouloir repenser les rapports de
sexe, se battre contre les rapports dominant / dominé, casser
les modèles sociaux ; c'est opter pour une autre société.
Le féminisme n'est pas une question de sexe (l'exemple de certaines
femmes militant contre l'IVG ou pour le retour des femmes au foyer montre
suffisamment qu'être une femme n'est pas un brevet de féminisme
!) : c'est une question de valeurs, c'est un choix de société.
Le lien d'origine
http://www.mix-cite.org/presentation/index.php3