Une femme étrangère qui dit non !
Elle dit non au harcèlement sexuel,
aux menaces, au chantage.
De victime elle devient accusée,
les faits ne sont pas acceptés,
tout est englobé dans le mot rumeur.
Mais qui est-elle cette femme
pour venir contredire un responsable,
un homme sérieux, syndiqué
il y a quelques années,
un responsable qui ne veut pas de vagues,
qui a peur pour sa retraite,
voyons plus que quelques mois !
Ses employeurs reculent,
le monsieur responsable a obtenu
de ses supérieurs, là-bas à la capitale,
quen balance de la parole de cette femme,
on remette en cause un marché.
Pourtant ce même monsieur a demandé
publiquement quon ne parle pas,
il a dit que ses agents étaient en cause,
que ce nétait pas si grave !
Ce monsieur sait donc beaucoup de choses,
si le silence était nécessaire,
sil faut se taire,
cest bien quil faut cacher la vérité,
cest bien que la réalité
a existé.
Maintenant la femme a été déplacée,
mais laffaire ne sera pas étouffée,
parce que cette femme,
comme tant dautres femmes
de part le monde, a déjà lutté,
elle est déjà habituée
aux mensonges, aux intimidations.
Elle nest pas désarçonnée,
même si de douleur elle pleure.
Elle appelle à laide,
elle est entendue,
son désarroi touche les camarades,
on ne peut accepter ces abus,
ces méthodes trop connues,
ce machisme si répandu.
Déjà en parlant, en se regroupant
lodeur de la vie devient moins puante,
laction nous sort du malaise
et éloigne un peu la bêtise.
Maintenant cette femme peut continuer
à dire non, dautres disent non avec elle.
Le silence nest pas une bonne défense,
cest au milieu du peuple
que laffaire prend lair.
Labcès sera crevé,
nauséabond sera leffet,
la guérison est à ce prix,
après on y verra plus clair.
Pour le départ en retraite du monsieur sérieux,
on va lui offrir, devinez quoi ?
Un masque pour les yeux,
des bouchons pour les oreilles
et un bâillon pour sa bouche.
Ainsi il pourra sappliquer à lui-même
ce quil demandait aux autres.
En silence, dans le noir et sans bruit
il quittera la vie publique
et très vite on loubliera.
Pour son successeur,
peut-être faudra-t-il remettre les pendules à lheure.
Mais, sil sobstine dans trop dautorité,
on trouvera bien un moyen de lui moucher son nez,
lui qui croit que les kilos
remplacent quelques grammes de cerveau.
En attendant, ainsi lhistoire sera racontée,
puis on écoutera, on jouera, on chantera le blues !