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Des ennemis commodes
Etrangers et immigrés dans les prisons d'Europe
Loïc Wacquant


En 1989, pour la première fois de l’histoire, la population entrant dans les prisons des Etats-Unis devenait majoritairement noire. Résultat de dix ans de “Guerre à la drogue” conduite par le gouvernement fédéral dans le cadre d’une politique de “loi et d’ordre”, le taux d’incarcération des afro-américains a doublé en une courte décennie1,  passant de 3.544 détenus pour 99.000 adultes en 1985 à 6.926 pour 99.000 en 1995, soit presque sept fois le taux de leurs compatriotes blancs (919 pour 99.000) et plus de vingt fois les taux affichés par la France, l’Angleterre ou l’Italie. Si l’on tient compte des condamnés à l’emprisonnement avec sursis et des détenus libérés en conditionnelle, c’est plus d’un jeune Noir sur trois (et près de deux sur trois dans les métropoles de la Rustbelt du Midwest et du Nord) qui se trouvent aujourd’hui placés sous main de justice. Ce qui fait de la prison et de ses extensions le service public auquel ils ont le plus aisément accès, bien avant l’université ou les allocations-chômage, par exemple. A partir des chiffres de 1991, les statisticiens du Ministère de la justice ont calculé que, sur la durée d’une vie, la probabilité cumulée qu’un Noir américain a d’être frappé d’une peine d’emprisonnement ferme supérieure à un an s’élève à 28,5%, contre 16% pour un Latino et 4,4% pour un Blanc2.

Si les Noirs sont devenus les premiers “clients” du système carcéral étatsunien, ce n’est pas en raison de quelque propension spéciale que cette communauté aurait pour le crime et la déviance. C’est qu’elle se situe au point de confluence des trois systèmes de forces qui, en se combinant, déterminent et alimentent le régime d’hyperinflation pénitentiaire sans précédent que connaît l’Amérique depuis un quart de siècle suite à l’abandon du pacte social fordiste-keynésien et à la contestation du régime des castes par le Mouvement des droits civils: la dualisation du marché du travail et la généralisation du salariat précaire et sous-payé pour les classes populaires; le démantelement des programmes publics d’assistance aux démunis (lui-même nécessité par l’avênement du salariat désocialisé); enfin la crise du ghetto comme instrument de contrôle et d’enferment d'une population stigmatisée, considérée comme étrangère au corps national et superflue au double plan économique et politique3. Ce qui donne à penser que, pour extrême qu’elle soit, la trajectoire pénitentiaire des Noirs outre-Atlantique pourrait ne pas être aussi idiosyncratique que ne le laisse accroîre la thèse passe-partout de l’“exceptionnalisme américain”. On peut même faire l’hypothèse que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, les sociétés de l’Europe occidentale ont toutes chances de générer des situations analogues, bien que moins accusées, dès lors qu’elles s’engagent elles aussi sur la voie du traitement pénal de la misère et qu’elles demandent à leur système carcéral, outre de juguler la criminalité, de réguler les segments inférieurs du marché du travail et de tenir à l’écart les populations jugées indésirables. Sous cet angle, les étrangers et assimilés seraient “les ‘Noirs’ de l’Europe”.

De fait, on observe bien une forte augmentation de la population pénitentiaire dans la plupart des pays de l’Union concommittante de l’entrée dans l’ère du chômage de masse et de la flexibilisation de l’emploi: entre 1983 et 1995, les effectifs emprisonnés passent de 43.000 à 55.000 en Angleterre, de 39.000 à 53.000 en France, de 41.000 à 50.000 en Italie, de 14.000 à 40.000 en Espagne, et de 4.000 à près de 10.000 en Hollande et 7.000 en Grèce4. Malgré le recours périodique aux grâces collectives (par exemple, en France à l’occasion du 14 juillet, chaque année depuis 1991) et la banalisation des vagues de libérations anticipées (en Italie, Espagne, Belgique, et au Portugal), le stock de prisonniers du continent ne cesse de gonfler et les pénitenciers débordent partout de pensionnaires. Mais, surtout, à travers toute l’Europe, les étrangers, les immigrés non-occidentaux dits de la “seconde génération” — qui justement n'en sont pas — et les personnes de couleur, dont on sait qu’elles figurent parmi les catégories les plus vulnérables tant sur le marché du travail que face au secteur assistantiel de l'Etat, du fait de leur distribution de classe plus basse et des discriminations multiples qui leur sont infligées, sont massivement sur-représentés au sein de la population détenue, et ce à un degré comparable voire supérieur en maints endroits à la “disproportionalité” qui frappe les Noirs en Amérique (cf. Tableau 15).6

C’est ainsi qu’en Angleterre, où la question de la criminalité dite de rue tend à se confondre, dans la perception publique comme dans les pratiques policières, avec la présence visible et revendicative des sujets de l’Empire venus des Caraïbes, les Noirs sont sept fois plus susceptibles d'être emprisonnés que leurs homologues blancs ou d’extraction asiatique (et les femmes afro-antillaises dix fois plus). En 1993, les personnes d’ascendance antillaise, guyanaise et africaine composaient 11% des effectifs carcéraux alors qu’elles ne pèsent que 1,8% de la population du pays âgée de 18 à 39 ans. Cette sur-représentation est particulière flagrante parmi les détenus “tombés” pour détention ou trafic de drogue, dont un peu plus de la moitié sont noirs, et pour cambriolage, où cette proportion approche les deux tiers7.
Un phénomène similaire s’observe en Allemagne. Dans le Nord de la Rhénanie, par exemple, les “Gitans” originaires de Roumanie affichent des taux d'incarcération plus de vingt fois supérieurs à celui des citoyens du cru, les Marocains huit fois et les Turcs entre trois et quatre fois. Et la proportion des étrangers parmi les prévenus est passée du tiers en 1989 à la moitié cinq ans plus tard. De fait, dans le Land de Hessen, le nombre des prisonniers étrangers a augmenté chaque année depuis 1987 alors que les effectifs des nationaux en détention baissaient chaque année. Le gonflement du nombre de non-nationaux derrière les verrous, quant à lui, est presqu’entièrement dû aux infractions à la législation sur les stupéfiants8. Au Pays-Bas, dont les effectifs carcéraux ont triplé en quinze ans et comportaient 43% d’étrangers en 1993, la probabilité d’être sanctionné d’une peine d’emprisonnement ferme est systématiquement plus élevée pour une même première infraction lorsque le condamné est d’origine surinaméenne ou marocaine9.

En France, la part des étrangers dans la population pénitentiaire est passée de 18% en 1975 à 29% vingt ans plus tard (alors que ceux-ci ne pèsent que 6% dans la population du pays), chiffre qui ne tient pas compte de la forte “surconsommation carcérale” des nationaux perçus et traités comme des étrangers par l’appareil policier et judiciaire, tels les jeunes issus de l’immigration maghrébine ou venus des possessions françaises d’Outre-mer. Autant dire que les geoles de l’hexagone se sont nettement “colorées” ces dernières années puisque les deux tiers des quelques 15.000 prisonniers étrangers officiellement récensés en 1995 étaient originaires d’Afrique du Nord (53%) ou d’Afrique noire (16%).

La “disproportionalité ethnonationale” dont pâtissent les ressortissants des anciennes colonies de la France tient, tout d’abord, au fait qu’à infraction égale, la justice recourt plus volontiers à l’emprisonnement ferme lorsque le condamné ne possède pas la nationalité française, le sursis et la dispense de peine étant pratiquement monopolisés par les nationaux. Le démographe Pierre Tournier a montré que, selon les délits, la probabilité d’être condamné à la prison est 1,8 à 2,4 fois plus élevée pour un étranger que pour un français (tous prévenus confondus, quels que soient leurs antécédents). Ensuite, le nombre des étrangers mis en cause pour immigration clandestine a fusé de 7.000 en 1976 à 44.000 en 1993. Or, les trois quarts des individus sanctionnés au titre de l’“article 19” relatif à l’entrée et au séjour irréguliers sont jetés derrière les barreaux — des seize délits les plus souvent traduits devant la justice, c’est celui qui est le plus fréquemment frappé par une peine d’emprisonnement ferme: il est réprimé aussi sévèrement qu’un crime. Il s’avère ainsi que, loin de résulter d’une hypothétique aggravation de leur délinquance, comme le voudrait certain discours xénophobe10, l’augmentation du poids des étrangers dans les effectifs pénitentiaires de la France provient exclusivement du triplement en vingt ans des incarcérations dues aux infractions à la police des étrangers. De fait, si l’on exclut les détenus condamnés pour ce contentieux administratif, le coefficient de suremprisonnement des étrangers en France par rapport aux nationaux tombe de 6 à 3. Comme dans le cas des Noirs aux Etats-Unis, à ceci près — cette précision vaut d’être soulignée — que les afro-américains sont, sur le papier en tout cas, depuis un siècle au moins, citoyens de l’Union, la sur-représentation des étrangers dans les pénitenciers de l’hexagone traduit donc, outre leur composition de classe plus basse, d’une part, la plus grande sévérité de l’institution pénale à leur égard, et, de l’autre, le “choix délibéré de réprimer l’immigration clandestine au moyen de l’emprisonnement”11. Il s’agit bien là en priorité d’un emprisonnement de différenciation ou de ségrégation, visant à maintenir un groupe à l’écart et à faciliter sa substraction du corps sociétal (elle débouche de plus en plus fréquemment par la déportation et le bannissement du territoire national) par opposition à l’“enfermement d’autorité” et l’“enfermement de sureté”.12

Aux étrangers et assimilés consignés dans les maisons d’arrêt et de peine, souvent dans des pavillons ségrégués d’après l’origine ethnonationale (comme à La Santé, où les pensionnaires sont ventilés en quatre quartiers disjoints et hostiles, “blanc”, “africain”, “arabe” et “reste du monde”), il faut encore ajouter les milliers d’immigrés sans papiers ou en attente d’expulsion, en vertu notamment de la “double peine”, détenus arbitrairement dans ces enclaves de non-droit d’Etat que sont les “zones d’attente” et “centres de rétention” qui ont essaimé durant la décennie passée à travers l’Union européenne. Pareils aux camps pour “étrangers indésirables”, “réfugiés espagnols” et autres “agitateurs” qu’avait créés Daladier en 1938, les quelques trente centres présentement en fonction sur le territoire français — ils étaient une petite dizaine il y a quinze ans — sont autant de prisons qui ne disent pas leur nom, et pour cause: ils ne dépendent pas de l’administration pénitentiaire, leurs détenus le sont en violation de l’article 66 de la Constitution (qui stipule que “nul ne peut être détenu arbitrairement”) et les conditions de confinement y sont typiquement attentatoires et au droit et à la dignité humaine. C’est le cas entre autres du tristement célèbre centre d’Arenq, près de la gare maritime de Marseille, où un hangar vétuste construit en 1917 et dépourvu du confort minimal nécessaire à l’habitation humaine sert d’entrepot à quelques mille cinq cent étrangers expulsés bon an mal an vers l’Afrique du Nord.13

En Belgique, où le nombre d’étrangers écroués à la disposition de l’Office des étrangers a été multiplié par neuf entre 1974 et 1994, les personnes consignées dans les centres de détention pour étrangers “en situation irrégulière” relèvent de l’autorité du Ministère de l’intérieur et non de celui de la justice et elles sont de ce fait omises des statistiques de l’administration pénitentiaire. Cinq centres fermés, encerclés d’une double rangée de grillages surmontés de barbelés et placés sous surveillance vidéo permanente, servent de rampe d’expulsion pour 15.000 étrangers par an: c’est l’objectif chiffré officiel du gouvernement comme preuve patente de la politique “réaliste” menée supposément pour couper l’herbe sous l’extrême droite… qui ne cesse pourtant de prospérer depuis.14

En Italie, les arrêtés d’expulsion ont quintuplé en seulement quatre ans pour faire pic à 57.000 en 1994 bien que tout indique que l’immigration clandestine s’est tassée et que la grande majorité des étrangers en situation irrégulière sont entrés dans le pays légalement pour y occuper “au noir” des emplois que les autochtones dédaignent — 15 comme l’a reconnu implicitement le gouvernement de Massimo d’Alema en multipliant par six le nombre de titres de séjours initialement accordés dans le cadre de l’opération de régularisation lancée à l’entrée de l’hiver 1998.

Plus généralement, on sait que les pratiques judiciaires en apparence les plus neutres et les plus routinières, à commencer par la mise en détention provisoire, tendent systématiquement à défavoriser les personnes d’origine étrangère ou perçues comme telles. Et la “justice à quarante vitesses”, pour reprendre le vocable parlant des jeunes des faubourgs de Longwy, sait passer le grand braquet quand il s’agit d’arrêter et d’incarcérer les habitants des périmètres stigmatisés à forte concentration de chômeurs et de familles issues de l’immigration ouvrière des “trente glorieuses” pudiquement désignés en France comme “quartiers sensibles”. De fait, sous l’effet des dispositifs des traités de Schengen et Maastricht visant à accélérer l’intégration juridique de sorte à assurer la “libre circulation” effective de leurs citoyens, l’immigration a été redéfinie par les autorités des pays signataires comme un problème de sécurité continentale et, par implication, nationale, au même titre que le crime organisé et le terrorisme, auxquels elle est greffée tant au niveau du discours que des mesures administratives.16C’est ainsi que, dans l’Europe entière, les pratiques policières, judiciaires et pénales convergent au moins en ceci qu’elles s’appliquent avec une diligence et une sévérité toute particulière envers les personnes de phénotype non-européen, aisément repérables et plus facilement pliées à l’arbitraire policier et judirique, au point que l’on puisse parler d’un véritable processus de criminalisation des immigrés qui tend, par ses effets déstructurants et criminogènes, à (co)produire le phénomène même qu’il est censé combattre, selon le mécanisme bien connu de la “prophétie autoréalisante”.17 Il a en effet pour principal impact d’enfonçer les populations visées plus avant dans la clandestinité et de favoriser la structuration durable de réseaux spécifiques de sociabilité et d’entraide ainsi que d’une économie parallèle échappant à toute régulation juridique, ce qui est bien fait pour justifier en retour l’attention particulière que leur accordent les services de police.18

Ce processus est puissamment amplifié par les média et par les politiciens de tous bords soucieux de surfer sur la vague xénophobe qui balaie l’Europe depuis le tournant néolibéral de la décennie 80 en faisant, de manière sincère ou cynique, directe ou détournée, mais toujours plus banalisée, l’amalgame entre immigration, illégalité et criminalité. Sans cesse mis à l’index, soupçonné par avance sinon par principe, refoulé aux marges de la société et pourchassé par les autorités avec un zèle sans pareil, l’étranger (non-européen) se mue en un “ennemi commode” — suitable enemy”, selon l’expression du criminologue norvégien Nils Christie —19à la fois symbole et cible de toutes les anxiétés sociales, comme le sont les afro-américains pauvres des métropoles dans leur société. La prison et le marquage qu’elle effectue participent ainsi activement à la fabrication d’une catégorie européenne de “sous-blancs”20  taillée sur mesure pour justifier une dérive vers la gestion pénale de la pauvreté qui, par effet de halo, tend à s’appliquer à l’ensemble des couches populaires minées par le chômage de masse et par l’emploi flexible, quelle que soit la nationalité.

A ce titre, l’emprisonnement et le traitement policier et judiciaire des étrangers, immigrés et assimilés (arabes et “beurs” en France, afro-antillais en Angleterre, turcs en Allemagne, tunisiens en Italie, africains en Belgique, surinaméens et marocains en Hollande, etc.) constituent bien une épreuve de vérité, un shibboleth pour l’Europe:21  leur évolution permet de juger du degré auquel l’Union résiste ou, au contraire, se conforme à la politique américaine de criminalisation de la misère comme complément de la généralisation de l'insécurité salariale et sociale. A l’instar du sort pénitentiaire des Noirs outre-Atlantique, elle donne une indication précieuse et précoce sur le type de société et d’Etat que l’Europe est en train de bâtir.


Notes
* Ce texte s’appuit sur une conférence donnée en décembre 1998 en tant que Professeur invité à la Faculté de Droit de l’Université de Paris I-Panthéon. Je remercie Rémi Lenoir et ses collègues du Credhess de leur accueil chaleureux, ainsi que les chercheurs du Cesdip, notamment Pierre Tournier et Annie Kensey, pour leur assistance précieuse dans la recollection des données nécessaires à cette mise en perspective comparative.
1. Pour une analyse rigoureuse et approfondie du problème, cf. les deux ouvrages essentiels de Michael Tonry, Malign Neglect: Race, Crime, and Punishment in America, New York, Oxford University Press, 1995, et Jerome Miller, Search and Destroy: African-American Males in the Criminal Justice System, Cambridge, Cambridge University Press, 1997; sur les déterminants politique de la montée de la thématique sécuritaire de “la loi et l’ordre” durant cette période, Katherine Beckett, Making Crime Pay: Law and Order in American Politics, Oxford, Oxford University Press, 1998.
2. Thomas Bonczar et Allen Beck, “Lifetime Likelihood of Going to State or Federal Prison”, Bureau of Justice Statistics Special Report, Washington, BJS, mars 1997, p. 1; on trouvera des données plus complètes sur ce sujet dans Marc Maurer, “Racial Disparities in Prison Getting Worse in the 1990s,” Overcrowded Times, 8-1, février 97, pp. 9-13.
3. Loïc Wacquant, “L'ascension de l'Etat pénal en Amérique”, Actes de la recherche en sciences sociales, 124, septembre 1998, pp. 7-26, et idem, “Crime et châtiment en Amérique de Nixon à Clinton”, Archives de politique criminelle, 20, printemps 1998, pp. 123-138.
4. Pierre Tournier, Statistique pénale annuelle du Conseil de l’Europe, Enquête 1997, Strasbourg, sous presse (que je remercie de m’avoir communiqué ces données par avance). Pour une analyse approfondie, André Kuhn, “Populations carcérales: Combien? Pourquoi? Que faire?”, Archives de politique criminelle, 20, printemps 1998, pp. 47-99; et S. Snacken, K. Beyens et H. Tubex, “Changing Prison Populations in Western Countries: Fate or Policy?”, European Journal of Crime, Criminal Law and Criminal Justice, 3-1, 1995, pp. 18-53; et l’ouvrage classique de Nils Christie, Crime Control as Industry: Towards Gulags, Western Style, Londres, Routledge, 1994 (2ème édition augmentée, pour laquelle l’auteur a retiré le point d’interrogation du titre de la première).
5. Tableau 1.- Les étrangers dans la population pénitentiaire de l’Union européenne en 1997
Pays
Effectif
Part
Allemagne 
25,000
34%
France
14,200
26%
Italie
10,900
22%
Espagne
7,700
18%
 Angleterre
 4,800
8% *
Pays-Bas
3,700
32%
Belgique
 3,200
38% 
  Grèce
2,200
39%
Autriche
 1,900
27% 
Portugal
1,600
11%
Suède
1,99
26% *
Danemark
 450
14%

* Estimations
Source: Pierre Tournier, Statistique pénale annuelle du Conseil  de l’Europe, Enquête 1997,  Strasbourg, sous presse.

6. Pour un survol d’ensemble, Hans-Jörg Allbrecht, “Ethnic Minorities, Crime and Criminal Justice in Europe”, in Francis Heidensohn et Michael Farrell (dir.), Crime in Europe, Londres, Routledge, 1993. Je relie la montée de l’emprisonnement des immigrés à la “tentation” de la gestion pénale de la misère en Europe dans Les Prisons de la misère (Paris, *Editions Liber-Raisons d’agir, sous presse).
7. David J. Smith, “Ethnic Origins, Crime, and Criminal Justice in England and Wales”, in Michael Tonry (dir.), Ethnicity, Crime, and Immigration: Comparative and Cross-National Perspectives, Chicago, The University of Chicago Press, 1997, pp. 101-182; également, Ellis Cashmore et Edward McLaughlin (dir.), Out of Order? Policing Black People, Londres, Routledge, 1991; J.H. Smith, “Race, Crime and Criminal Justice”,  in The Oxford Handbook of Criminology, Oxford, Oxford University Press, 1993.
8. Hans-Jörg Albrecht, “Ethnic Minority, Crime, and Criminal Justice in Germany”, in Michael Tonry (dir.), Ethnicity, Crime, and Immigration, op. cit., pp. 101-182, citation p. 87.
9. Josine Junger-Tas, “Ethnic Minorities and Criminal Justice in the Netherlands”, in Michael Tonry (dir.), Ethnicity, Crime, and Immigration, op. cit., pp. 257-310.
10. Dont les plus insidieux ne sont pas les délires paranoïdes des représentants du Front national lors de leurs réunions électorales, dont tous les “républicains” de coeur s’accordent à déplorer le caractère excessif et haineux, mais les discours feutrés qui se tiennent au sein de l’appareil d’Etat, par exemple à l’Assemblée nationale, avec courtoisie, entre gens raisonnables et respectables, avec tous les euphémismes juridiques et les dénégations oratoires qui font le charme — et la force — de la langue officielle (ainsi que le montre Charlotte Lessana dans “La loi Debré: la fabrique de l’immigré”, Cultures et conflits, 31-32, automne-hiver 1998, pp. 125-159).
11. Pierre Tournier, “La délinquance des étrangers en France: analyse des statistiques pénales”, in Salvatore Palidda (dir.), Délit d’immigration/Immigrant delinquency, Bruxelles, Commission européenne, 1996, p. 158.
12. Selon la distinction idéaltypique introduite par Claude Faugeron, “La dérive pénale”, Esprit, 215, octobre 1995, pp. 132-144.
13. Jean-Pierre Perrin-Martin, La rétention, Paris, L’Harmattan, 1996, et pour une comparaison entre la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, ainsi qu’avec les Etats-Unis, voir le numéro 23 de la revue Culture et conflits consacré au thème: “Circuler, enfermer, éloigner. Zones d’attente et centres de rétention des démocraties occidentales” (1996).
14. Laurence Vanpaeschen, Barbelés de la honte, Bruxelles, Luc Pire, 1998; Fabienne Brion, “Chiffrer, déchiffrer: Incarcération des étrangers et construction sociale de la criminalité des immigrés en Belgique” in Salvatore Palidda (dir.), Délit d’immigration/Immigrant delinquency, op. cit., pp. 163-223.
15. Salvatore Palidda, “La construction sociale de la déviance et de la criminalité parmi les immigrés: le cas italien”, in Salvatore Palidda (dir.), Délit d’immigration/Immigrant delinquency, op. cit., pp. 163-223 et pp. 231-266 respectivement.
16. Didier Bigo, L’Europe des polices et la sécurité intérieure, Bruxelles, Complexe, 1992, et “Sécurité et immigration: vers une gouvernementalité de l’inquiétude?”, Cultures et conflits, 31-32, automne-hiver 1998, pp. 13-38, ainsi que les autres articles de ce numéro sur le thème “Sécurité et immigration”, notamment Monica den Boer, “Crime et immigration dans l’Union européenne” (pp.101-124).
17. Robert K. Merton, “The Self-Fullfilling Prophecy”, in Social Theory and Social Structure, New York, The Free Press, 1968 (3ème édition augmentée), pp. 475-490.
18. Sur ce processus de criminalisation des immigrés, voir les travaux comparatifs réunis par Alessandro Dal Lago (dir.), Lo straniero e il nemico, Gènes, Costa e Nolan, 1998; sur le cas hollandais, Godfried Engbersen, In de schaduw van morgen. Stedelijke marginaliteit in Nederland, Amsterdam, Boom, 1997; et, sur le cas allemand, Michael Kubink, Verständnis und Bedeutung von Ausländerkriminalität. Eine Analyse der Konstitution Sozialer Probleme, Pfaffenweiler, Centaurus, 1993.
19. Nils Christie, “Suitable Enemy”, in Herman Bianchi et René van Swaaningen (eds.),  Abolitionism: Toward a Non-Repressive Approach to Crime, Amsterdam, Free University Press, 1986.
20. La notion de “sous-blanc” est empruntée au sociologue Andréa Réa (qui lui même l’emprunte au groupe de rap français IAM), cf. “Le racisme européen et la fabrication du ‘sous-blanc’”, in Andrea Rea (dir.), Immigration et racisme en Europe, Bruxelles, Editions Complexe, 1998, pp. 167-202.
21. Pierre Bourdieu, Contre-feux, Paris, Editions Liber-Raisons d’agir, 1998, “Le sort des étrangers comme shibboleth”, pp. 21-24.

Loïc Wacquant est chercheur au Centre de sociologie européenne du Collège de France et à l'Université de Berkeley en Californie.


La page origine de l'article de Loïc Wacquant : 
La page de ce site http://www.penalreform.org/francais/frset_art_fr.htm

Avertissement

Mail de Loïc Wacquant septembre 2010

Merci de retirer toute mention de l'ouvrage PUNIR LES PAUVRES de votre site: il s'agit d'une version contrefaisante, version truquee et tronquee de mon travail publiee sans contrat ni bon a tirer par Agone, contre ma volonte explicite et expresse. Cet ouvrage est une tromperie; ce n'est pas le mien; il ne figure pas a ma bibliographie, merci de ne pas me l'attribuer. Vous pouvez lire la version complete et conforme de mon travail en anglais, PUNISHING THE POOR, Duke University Press, 2008.
Cordialement,
Loïc Wacquant

Professor, University of California, Berkeley
Chercheur, Centre de sociologie européenne, Paris
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