En 1989, pour la première fois de l’histoire, la population
entrant dans les prisons des Etats-Unis devenait majoritairement noire.
Résultat de dix ans de “Guerre à la drogue” conduite par
le gouvernement fédéral dans le cadre d’une politique de “loi
et d’ordre”, le taux d’incarcération des afro-américains
a doublé en une courte décennie1, passant de 3.544 détenus pour 99.000
adultes en 1985 à 6.926 pour 99.000 en 1995, soit presque sept fois
le taux de leurs compatriotes blancs (919 pour 99.000) et plus de vingt
fois les taux affichés par la France, l’Angleterre ou l’Italie.
Si l’on tient compte des condamnés à l’emprisonnement avec
sursis et des détenus libérés en conditionnelle, c’est plus d’un
jeune Noir sur trois (et près de deux sur trois dans les métropoles
de la Rustbelt du Midwest et du Nord) qui se trouvent aujourd’hui
placés sous main de justice. Ce qui fait de la prison et de ses extensions
le service public auquel ils ont le plus aisément accès, bien avant
l’université ou les allocations-chômage, par exemple. A partir
des chiffres de 1991, les statisticiens du Ministère de la justice ont
calculé que, sur la durée d’une vie, la probabilité cumulée qu’un
Noir américain a d’être frappé d’une peine d’emprisonnement
ferme supérieure à un an s’élève à 28,5%, contre 16% pour un Latino
et 4,4% pour un Blanc2.
Si les Noirs sont devenus les premiers “clients” du système
carcéral étatsunien, ce n’est pas en raison de quelque propension
spéciale que cette communauté aurait pour le crime et la déviance. C’est
qu’elle se situe au point de confluence des trois systèmes de
forces qui, en se combinant, déterminent et alimentent le régime d’hyperinflation
pénitentiaire sans précédent que connaît l’Amérique depuis un
quart de siècle suite à l’abandon du pacte social fordiste-keynésien
et à la contestation du régime des castes par le Mouvement des droits
civils: la dualisation du marché du travail et la généralisation du
salariat précaire et sous-payé pour les classes populaires; le démantelement
des programmes publics d’assistance aux démunis (lui-même nécessité
par l’avênement du salariat désocialisé); enfin la crise du ghetto
comme instrument de contrôle et d’enferment d'une population stigmatisée,
considérée comme étrangère au corps national et superflue au double
plan économique et politique3. Ce qui donne à penser que, pour extrême qu’elle
soit, la trajectoire pénitentiaire des Noirs outre-Atlantique pourrait
ne pas être aussi idiosyncratique que ne le laisse accroîre la thèse
passe-partout de l’“exceptionnalisme américain”. On
peut même faire l’hypothèse que, les mêmes causes produisant les
mêmes effets, les sociétés de l’Europe occidentale ont toutes
chances de générer des situations analogues, bien que moins accusées,
dès lors qu’elles s’engagent elles aussi sur la voie du
traitement pénal de la misère et qu’elles demandent à leur système
carcéral, outre de juguler la criminalité, de réguler les segments inférieurs
du marché du travail et de tenir à l’écart les populations jugées
indésirables. Sous cet angle, les étrangers et assimilés seraient “les
‘Noirs’ de l’Europe”.
De fait, on observe bien une forte augmentation de la population pénitentiaire
dans la plupart des pays de l’Union concommittante de l’entrée
dans l’ère du chômage de masse et de la flexibilisation de l’emploi:
entre 1983 et 1995, les effectifs emprisonnés passent de 43.000 à 55.000
en Angleterre, de 39.000 à 53.000 en France, de 41.000 à 50.000 en Italie,
de 14.000 à 40.000 en Espagne, et de 4.000 à près de 10.000 en Hollande
et 7.000 en Grèce4. Malgré le recours périodique aux grâces collectives
(par exemple, en France à l’occasion du 14 juillet, chaque année
depuis 1991) et la banalisation des vagues de libérations anticipées
(en Italie, Espagne, Belgique, et au Portugal), le stock de prisonniers
du continent ne cesse de gonfler et les pénitenciers débordent partout
de pensionnaires. Mais, surtout, à travers toute l’Europe, les
étrangers, les immigrés non-occidentaux dits de la “seconde génération”
— qui justement n'en sont pas — et les personnes de couleur,
dont on sait qu’elles figurent parmi les catégories les plus vulnérables
tant sur le marché du travail que face au secteur assistantiel de l'Etat,
du fait de leur distribution de classe plus basse et des discriminations
multiples qui leur sont infligées, sont massivement sur-représentés
au sein de la population détenue, et ce à un degré comparable voire
supérieur en maints endroits à la “disproportionalité” qui
frappe les Noirs en Amérique (cf. Tableau 15).6
C’est ainsi qu’en Angleterre, où la question de la criminalité
dite de rue tend à se confondre, dans la perception publique comme dans
les pratiques policières, avec la présence visible et revendicative
des sujets de l’Empire venus des Caraïbes, les Noirs sont sept
fois plus susceptibles d'être emprisonnés que leurs homologues blancs
ou d’extraction asiatique (et les femmes afro-antillaises dix
fois plus). En 1993, les personnes d’ascendance antillaise, guyanaise
et africaine composaient 11% des effectifs carcéraux alors qu’elles
ne pèsent que 1,8% de la population du pays âgée de 18 à 39 ans. Cette
sur-représentation est particulière flagrante parmi les détenus “tombés”
pour détention ou trafic de drogue, dont un peu plus de la moitié sont
noirs, et pour cambriolage, où cette proportion approche les deux tiers7.
Un phénomène similaire s’observe en Allemagne. Dans le Nord de
la Rhénanie, par exemple, les “Gitans” originaires de Roumanie
affichent des taux d'incarcération plus de vingt fois supérieurs à celui
des citoyens du cru, les Marocains huit fois et les Turcs entre trois
et quatre fois. Et la proportion des étrangers parmi les prévenus est
passée du tiers en 1989 à la moitié cinq ans plus tard. De fait, dans
le Land de Hessen, le nombre des prisonniers étrangers a augmenté chaque
année depuis 1987 alors que les effectifs des nationaux en détention
baissaient chaque année. Le gonflement du nombre de non-nationaux derrière
les verrous, quant à lui, est presqu’entièrement dû aux infractions
à la législation sur les stupéfiants8. Au Pays-Bas, dont les effectifs carcéraux ont triplé
en quinze ans et comportaient 43% d’étrangers en 1993, la probabilité
d’être sanctionné d’une peine d’emprisonnement ferme
est systématiquement plus élevée pour une même première infraction lorsque
le condamné est d’origine surinaméenne ou marocaine9.
En France, la part des étrangers dans la population pénitentiaire est
passée de 18% en 1975 à 29% vingt ans plus tard (alors que ceux-ci ne
pèsent que 6% dans la population du pays), chiffre qui ne tient pas
compte de la forte “surconsommation carcérale” des nationaux
perçus et traités comme des étrangers par l’appareil policier
et judiciaire, tels les jeunes issus de l’immigration maghrébine
ou venus des possessions françaises d’Outre-mer. Autant dire que
les geoles de l’hexagone se sont nettement “colorées”
ces dernières années puisque les deux tiers des quelques 15.000 prisonniers
étrangers officiellement récensés en 1995 étaient originaires d’Afrique
du Nord (53%) ou d’Afrique noire (16%).
La “disproportionalité ethnonationale” dont pâtissent les
ressortissants des anciennes colonies de la France tient, tout d’abord,
au fait qu’à infraction égale, la justice recourt plus volontiers
à l’emprisonnement ferme lorsque le condamné ne possède pas la
nationalité française, le sursis et la dispense de peine étant pratiquement
monopolisés par les nationaux. Le démographe Pierre Tournier a montré
que, selon les délits, la probabilité d’être condamné à la prison
est 1,8 à 2,4 fois plus élevée pour un étranger que pour un français
(tous prévenus confondus, quels que soient leurs antécédents). Ensuite,
le nombre des étrangers mis en cause pour immigration clandestine a
fusé de 7.000 en 1976 à 44.000 en 1993. Or, les trois quarts des individus
sanctionnés au titre de l’“article 19” relatif à l’entrée
et au séjour irréguliers sont jetés derrière les barreaux — des
seize délits les plus souvent traduits devant la justice, c’est
celui qui est le plus fréquemment frappé par une peine d’emprisonnement
ferme: il est réprimé aussi sévèrement qu’un crime. Il s’avère
ainsi que, loin de résulter d’une hypothétique aggravation de
leur délinquance, comme le voudrait certain discours xénophobe10, l’augmentation du poids des étrangers dans
les effectifs pénitentiaires de la France provient exclusivement du
triplement en vingt ans des incarcérations dues aux infractions à la
police des étrangers. De fait, si l’on exclut les détenus condamnés
pour ce contentieux administratif, le coefficient de suremprisonnement
des étrangers en France par rapport aux nationaux tombe de 6 à 3. Comme
dans le cas des Noirs aux Etats-Unis, à ceci près — cette précision
vaut d’être soulignée — que les afro-américains sont, sur
le papier en tout cas, depuis un siècle au moins, citoyens de l’Union,
la sur-représentation des étrangers dans les pénitenciers de l’hexagone
traduit donc, outre leur composition de classe plus basse, d’une
part, la plus grande sévérité de l’institution pénale à leur égard,
et, de l’autre, le “choix délibéré de réprimer l’immigration
clandestine au moyen de l’emprisonnement”11. Il s’agit bien là en priorité d’un
emprisonnement de différenciation ou de ségrégation, visant à maintenir
un groupe à l’écart et à faciliter sa substraction du corps sociétal
(elle débouche de plus en plus fréquemment par la déportation et le
bannissement du territoire national) par opposition à l’“enfermement
d’autorité” et l’“enfermement de sureté”.12
Aux étrangers et assimilés consignés dans les maisons d’arrêt
et de peine, souvent dans des pavillons ségrégués d’après l’origine
ethnonationale (comme à La Santé, où les pensionnaires sont ventilés
en quatre quartiers disjoints et hostiles, “blanc”, “africain”,
“arabe” et “reste du monde”), il faut encore
ajouter les milliers d’immigrés sans papiers ou en attente d’expulsion,
en vertu notamment de la “double peine”, détenus arbitrairement
dans ces enclaves de non-droit d’Etat que sont les “zones
d’attente” et “centres de rétention” qui ont
essaimé durant la décennie passée à travers l’Union européenne.
Pareils aux camps pour “étrangers indésirables”, “réfugiés
espagnols” et autres “agitateurs” qu’avait créés
Daladier en 1938, les quelques trente centres présentement en fonction
sur le territoire français — ils étaient une petite dizaine il
y a quinze ans — sont autant de prisons qui ne disent pas leur
nom, et pour cause: ils ne dépendent pas de l’administration pénitentiaire,
leurs détenus le sont en violation de l’article 66 de la Constitution
(qui stipule que “nul ne peut être détenu arbitrairement”)
et les conditions de confinement y sont typiquement attentatoires et
au droit et à la dignité humaine. C’est le cas entre autres du
tristement célèbre centre d’Arenq, près de la gare maritime de
Marseille, où un hangar vétuste construit en 1917 et dépourvu du confort
minimal nécessaire à l’habitation humaine sert d’entrepot
à quelques mille cinq cent étrangers expulsés bon an mal an vers l’Afrique
du Nord.13
En Belgique, où le nombre d’étrangers écroués à la disposition
de l’Office des étrangers a été multiplié par neuf entre 1974
et 1994, les personnes consignées dans les centres de détention pour
étrangers “en situation irrégulière” relèvent de l’autorité
du Ministère de l’intérieur et non de celui de la justice et elles
sont de ce fait omises des statistiques de l’administration pénitentiaire.
Cinq centres fermés, encerclés d’une double rangée de grillages
surmontés de barbelés et placés sous surveillance vidéo permanente,
servent de rampe d’expulsion pour 15.000 étrangers par an: c’est
l’objectif chiffré officiel du gouvernement comme preuve patente
de la politique “réaliste” menée supposément pour couper
l’herbe sous l’extrême droite… qui ne cesse pourtant
de prospérer depuis.14
En Italie, les arrêtés d’expulsion ont quintuplé en seulement
quatre ans pour faire pic à 57.000 en 1994 bien que tout indique que
l’immigration clandestine s’est tassée et que la grande
majorité des étrangers en situation irrégulière sont entrés dans le
pays légalement pour y occuper “au noir” des emplois que
les autochtones dédaignent — 15 comme l’a reconnu implicitement le gouvernement
de Massimo d’Alema en multipliant par six le nombre de titres
de séjours initialement accordés dans le cadre de l’opération
de régularisation lancée à l’entrée de l’hiver 1998.
Plus généralement, on sait que les pratiques judiciaires en apparence
les plus neutres et les plus routinières, à commencer par la mise en
détention provisoire, tendent systématiquement à défavoriser les personnes
d’origine étrangère ou perçues comme telles. Et la “justice
à quarante vitesses”, pour reprendre le vocable parlant des jeunes
des faubourgs de Longwy, sait passer le grand braquet quand il s’agit
d’arrêter et d’incarcérer les habitants des périmètres stigmatisés
à forte concentration de chômeurs et de familles issues de l’immigration
ouvrière des “trente glorieuses” pudiquement désignés en
France comme “quartiers sensibles”. De fait, sous l’effet
des dispositifs des traités de Schengen et Maastricht visant à accélérer
l’intégration juridique de sorte à assurer la “libre circulation”
effective de leurs citoyens, l’immigration a été redéfinie par
les autorités des pays signataires comme un problème de sécurité continentale
et, par implication, nationale, au même titre que le crime organisé
et le terrorisme, auxquels elle est greffée tant au niveau du discours
que des mesures administratives.16C’est ainsi que, dans l’Europe entière, les
pratiques policières, judiciaires et pénales convergent au moins en
ceci qu’elles s’appliquent avec une diligence et une sévérité
toute particulière envers les personnes de phénotype non-européen, aisément
repérables et plus facilement pliées à l’arbitraire policier et
judirique, au point que l’on puisse parler d’un véritable
processus de criminalisation des immigrés qui tend, par ses effets déstructurants
et criminogènes, à (co)produire le phénomène même qu’il est censé
combattre, selon le mécanisme bien connu de la “prophétie autoréalisante”.17 Il a en effet pour principal impact d’enfonçer
les populations visées plus avant dans la clandestinité et de favoriser
la structuration durable de réseaux spécifiques de sociabilité et d’entraide
ainsi que d’une économie parallèle échappant à toute régulation
juridique, ce qui est bien fait pour justifier en retour l’attention
particulière que leur accordent les services de police.18
Ce processus est puissamment amplifié par les média et par les politiciens
de tous bords soucieux de surfer sur la vague xénophobe qui balaie l’Europe
depuis le tournant néolibéral de la décennie 80 en faisant, de manière
sincère ou cynique, directe ou détournée, mais toujours plus banalisée,
l’amalgame entre immigration, illégalité et criminalité. Sans
cesse mis à l’index, soupçonné par avance sinon par principe,
refoulé aux marges de la société et pourchassé par les autorités avec
un zèle sans pareil, l’étranger (non-européen) se mue en un “ennemi
commode” — suitable enemy”, selon l’expression
du criminologue norvégien Nils Christie —19à la fois symbole et cible de toutes les anxiétés sociales,
comme le sont les afro-américains pauvres des métropoles dans leur société.
La prison et le marquage qu’elle effectue participent ainsi activement
à la fabrication d’une catégorie européenne de “sous-blancs”20 taillée sur mesure pour justifier une dérive vers
la gestion pénale de la pauvreté qui, par effet de halo, tend à s’appliquer
à l’ensemble des couches populaires minées par le chômage de masse
et par l’emploi flexible, quelle que soit la nationalité.
A ce titre, l’emprisonnement et le traitement policier et judiciaire
des étrangers, immigrés et assimilés (arabes et “beurs”
en France, afro-antillais en Angleterre, turcs en Allemagne, tunisiens
en Italie, africains en Belgique, surinaméens et marocains en Hollande,
etc.) constituent bien une épreuve de vérité, un shibboleth pour l’Europe:21 leur évolution permet de juger du degré auquel
l’Union résiste ou, au contraire, se conforme à la politique américaine
de criminalisation de la misère comme complément de la généralisation
de l'insécurité salariale et sociale. A l’instar du sort pénitentiaire
des Noirs outre-Atlantique, elle donne une indication précieuse et précoce
sur le type de société et d’Etat que l’Europe est en train
de bâtir.
Notes
* Ce texte s’appuit sur une conférence
donnée en décembre 1998 en tant que Professeur invité à la Faculté de
Droit de l’Université de Paris I-Panthéon. Je remercie Rémi Lenoir
et ses collègues du Credhess de leur accueil chaleureux, ainsi que les
chercheurs du Cesdip, notamment Pierre Tournier et Annie Kensey, pour
leur assistance précieuse dans la recollection des données nécessaires
à cette mise en perspective comparative.
1. Pour une analyse rigoureuse et approfondie
du problème, cf. les deux ouvrages essentiels de Michael Tonry, Malign
Neglect: Race, Crime, and Punishment in America, New York, Oxford University
Press, 1995, et Jerome Miller, Search and Destroy: African-American
Males in the Criminal Justice System, Cambridge, Cambridge University
Press, 1997; sur les déterminants politique de la montée de la thématique
sécuritaire de “la loi et l’ordre” durant cette période,
Katherine Beckett, Making Crime Pay: Law and Order in American Politics,
Oxford, Oxford University Press, 1998.
2. Thomas Bonczar et Allen Beck, “Lifetime
Likelihood of Going to State or Federal Prison”, Bureau of Justice
Statistics Special Report, Washington, BJS, mars 1997, p. 1; on trouvera
des données plus complètes sur ce sujet dans Marc Maurer, “Racial
Disparities in Prison Getting Worse in the 1990s,” Overcrowded
Times, 8-1, février 97, pp. 9-13.
3. Loïc Wacquant, “L'ascension de l'Etat
pénal en Amérique”, Actes de la recherche en sciences sociales,
124, septembre 1998, pp. 7-26, et idem, “Crime et châtiment en
Amérique de Nixon à Clinton”, Archives de politique criminelle,
20, printemps 1998, pp. 123-138.
4. Pierre Tournier, Statistique pénale annuelle
du Conseil de l’Europe, Enquête 1997, Strasbourg, sous presse
(que je remercie de m’avoir communiqué ces données par avance).
Pour une analyse approfondie, André Kuhn, “Populations carcérales:
Combien? Pourquoi? Que faire?”, Archives de politique criminelle,
20, printemps 1998, pp. 47-99; et S. Snacken, K. Beyens et H. Tubex,
“Changing Prison Populations in Western Countries: Fate or Policy?”,
European Journal of Crime, Criminal Law and Criminal Justice, 3-1, 1995,
pp. 18-53; et l’ouvrage classique de Nils Christie, Crime Control
as Industry: Towards Gulags, Western Style, Londres, Routledge, 1994
(2ème édition augmentée, pour laquelle l’auteur a retiré le point
d’interrogation du titre de la première).
5. Tableau 1.- Les étrangers dans la population
pénitentiaire de l’Union européenne en 1997
Pays |
Effectif |
Part |
Allemagne |
25,000 |
34% |
France |
14,200 |
26% |
Italie |
10,900 |
22% |
Espagne |
7,700 |
18% |
Angleterre |
4,800 |
8% * |
Pays-Bas |
3,700 |
32% |
Belgique |
3,200 |
38% |
Grèce |
2,200 |
39% |
Autriche |
1,900 |
27% |
Portugal |
1,600 |
11% |
Suède |
1,99 |
26% * |
Danemark |
450 |
14% |
* Estimations
Source: Pierre Tournier, Statistique pénale annuelle du Conseil de
l’Europe, Enquête 1997, Strasbourg, sous presse.
6. Pour un survol d’ensemble, Hans-Jörg
Allbrecht, “Ethnic Minorities, Crime and Criminal Justice in Europe”,
in Francis Heidensohn et Michael Farrell (dir.), Crime in Europe, Londres,
Routledge, 1993. Je relie la montée de l’emprisonnement des immigrés
à la “tentation” de la gestion pénale de la misère en Europe
dans Les Prisons de la misère (Paris, *Editions Liber-Raisons d’agir,
sous presse).
7. David J. Smith, “Ethnic Origins, Crime,
and Criminal Justice in England and Wales”, in Michael Tonry (dir.),
Ethnicity, Crime, and Immigration: Comparative and Cross-National Perspectives,
Chicago, The University of Chicago Press, 1997, pp. 101-182; également,
Ellis Cashmore et Edward McLaughlin (dir.), Out of Order? Policing Black
People, Londres, Routledge, 1991; J.H. Smith, “Race, Crime and Criminal
Justice”, in The Oxford Handbook of Criminology, Oxford, Oxford
University Press, 1993.
8. Hans-Jörg Albrecht, “Ethnic Minority,
Crime, and Criminal Justice in Germany”, in Michael Tonry (dir.),
Ethnicity, Crime, and Immigration, op. cit., pp. 101-182, citation p.
87.
9. Josine Junger-Tas, “Ethnic Minorities
and Criminal Justice in the Netherlands”, in Michael Tonry (dir.),
Ethnicity, Crime, and Immigration, op. cit., pp. 257-310.
10. Dont les plus insidieux ne sont pas les
délires paranoïdes des représentants du Front national lors de leurs réunions
électorales, dont tous les “républicains” de coeur s’accordent
à déplorer le caractère excessif et haineux, mais les discours feutrés
qui se tiennent au sein de l’appareil d’Etat, par exemple
à l’Assemblée nationale, avec courtoisie, entre gens raisonnables
et respectables, avec tous les euphémismes juridiques et les dénégations
oratoires qui font le charme — et la force — de la langue
officielle (ainsi que le montre Charlotte Lessana dans “La loi Debré:
la fabrique de l’immigré”, Cultures et conflits, 31-32, automne-hiver
1998, pp. 125-159).
11. Pierre Tournier, “La délinquance des
étrangers en France: analyse des statistiques pénales”, in Salvatore
Palidda (dir.), Délit d’immigration/Immigrant delinquency, Bruxelles,
Commission européenne, 1996, p. 158.
12. Selon la distinction idéaltypique introduite
par Claude Faugeron, “La dérive pénale”, Esprit, 215, octobre
1995, pp. 132-144.
13. Jean-Pierre Perrin-Martin, La rétention,
Paris, L’Harmattan, 1996, et pour une comparaison entre la France,
le Royaume-Uni et l’Allemagne, ainsi qu’avec les Etats-Unis,
voir le numéro 23 de la revue Culture et conflits consacré au thème: “Circuler,
enfermer, éloigner. Zones d’attente et centres de rétention des
démocraties occidentales” (1996).
14. Laurence Vanpaeschen, Barbelés de la honte,
Bruxelles, Luc Pire, 1998; Fabienne Brion, “Chiffrer, déchiffrer:
Incarcération des étrangers et construction sociale de la criminalité
des immigrés en Belgique” in Salvatore Palidda (dir.), Délit d’immigration/Immigrant
delinquency, op. cit., pp. 163-223.
15. Salvatore Palidda, “La construction
sociale de la déviance et de la criminalité parmi les immigrés: le cas
italien”, in Salvatore Palidda (dir.), Délit d’immigration/Immigrant
delinquency, op. cit., pp. 163-223 et pp. 231-266 respectivement.
16. Didier Bigo, L’Europe des polices
et la sécurité intérieure, Bruxelles, Complexe, 1992, et “Sécurité
et immigration: vers une gouvernementalité de l’inquiétude?”,
Cultures et conflits, 31-32, automne-hiver 1998, pp. 13-38, ainsi que
les autres articles de ce numéro sur le thème “Sécurité et immigration”,
notamment Monica den Boer, “Crime et immigration dans l’Union
européenne” (pp.101-124).
17. Robert K. Merton, “The Self-Fullfilling
Prophecy”, in Social Theory and Social Structure, New York, The
Free Press, 1968 (3ème édition augmentée), pp. 475-490.
18. Sur ce processus de criminalisation des
immigrés, voir les travaux comparatifs réunis par Alessandro Dal Lago
(dir.), Lo straniero e il nemico, Gènes, Costa e Nolan, 1998; sur le cas
hollandais, Godfried Engbersen, In de schaduw van morgen. Stedelijke marginaliteit
in Nederland, Amsterdam, Boom, 1997; et, sur le cas allemand, Michael
Kubink, Verständnis und Bedeutung von Ausländerkriminalität. Eine Analyse
der Konstitution Sozialer Probleme, Pfaffenweiler, Centaurus, 1993.
19. Nils Christie, “Suitable Enemy”,
in Herman Bianchi et René van Swaaningen (eds.), Abolitionism: Toward
a Non-Repressive Approach to Crime, Amsterdam, Free University Press,
1986.
20. La notion de “sous-blanc” est
empruntée au sociologue Andréa Réa (qui lui même l’emprunte au groupe
de rap français IAM), cf. “Le racisme européen et la fabrication
du ‘sous-blanc’”, in Andrea Rea (dir.), Immigration
et racisme en Europe, Bruxelles, Editions Complexe, 1998, pp. 167-202.
21. Pierre Bourdieu, Contre-feux, Paris, Editions
Liber-Raisons d’agir, 1998, “Le sort des étrangers comme shibboleth”,
pp. 21-24.
Loïc Wacquant est chercheur au Centre de sociologie européenne du Collège
de France et à l'Université de Berkeley en Californie.
La page origine de l'article de Loïc Wacquant :
La page de ce site http://www.penalreform.org/francais/frset_art_fr.htm
Avertissement
Mail de Loïc Wacquant septembre 2010
Merci de retirer toute mention de l'ouvrage PUNIR LES PAUVRES de votre
site: il s'agit d'une version contrefaisante, version truquee et tronquee
de mon travail publiee sans contrat ni bon a tirer par Agone, contre
ma volonte explicite et expresse. Cet ouvrage est une tromperie; ce
n'est pas le mien; il ne figure pas a ma bibliographie, merci de ne
pas me l'attribuer. Vous pouvez lire la version complete et conforme
de mon travail en anglais, PUNISHING THE POOR, Duke University Press,
2008.
Cordialement,
Loïc Wacquant
Professor, University of California, Berkeley
Chercheur, Centre de sociologie européenne, Paris
http://sociology.berkeley.edu/faculty/wacquant/
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Department of Sociology
University of California-Berkeley
Berkeley CA 94720 USA
fax 510/642-0659
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