Origine : http://www.scienceshumaines.com/les-habits-neufs-de-la-politique-mondiale_fr_21641.html
Par quelle ruse l’association entre les discours néolibéraux
et le fondamentalisme religieux a-t-elle pu mettre à mal
les pratiques démocratiques libérales ? Wendy Brown
fait sienne cette interrogation pour analyser l’impact du
néolibéralisme et du néoconservatisme sur la
transformation de la vie politique américaine.
L’auteure, professeure de science politique à Berkeley,
considère de façon radicalement nouvelle ces deux
doctrines comme des « rationalités politiques «
distinctes et complémentaires. Le néolibéralisme
est une « forme spécifique de logique politique normative
« qui « organise la sphère politique, les pratiques
gouvernementales et la citoyenneté « Cette analyse,
inspirée par Michel Foucault, ne prend pas le néolibéralisme
pour une théorie économique mais bien plutôt
comme une idéologie politique. Le néoconservatisme
s’apparente, quant à lui, davantage à une doctrine
politique et morale reposant sur un modèle théologique
de l’État.
Résultat :
le projet des conservateurs américains actuellement au pouvoir
est habité par une contradiction. En effet, comment conjuguer
le sujet néolibéral « indifférent à
l’altruisme « avec un « sujet néoconservateur
dévoué, patriote et honnête « De même,
le fait que chaque aspect du néolibéralisme concoure
à l’enrichissement des nantis va à l’encontre
de la nécessaire dépendance des néoconservateurs
envers les classes moyennes inférieures et ouvrières
qui forment leur clientèle électorale.
Or ce sont celles qui justement souffrent le plus du changement
de paradigme. Peut-on lutter contre cette culture politique antidémocratique
qui voudrait substituer la vie familiale et consumériste
à la participation politique ? Pour cela il faudrait se recentrer
sur l’essentiel. Non pas se battre pour conserver les acquis
hérités de haute lutte mais se poser la question dont
le reste découle : croyons-nous encore au vieil idéal
athénien de la participation démocratique et que le
peuple puisse ou doive se gouverner en partageant autant que possible
les divers pouvoirs ?
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