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Date: 22 Février 2004 Objet:
La question du voile : une hystérie politique
L'hystérie politique
Dans plusieurs essais écrits au milieu du siècle
dernier 1, l’historien hongrois Istvan Bibo s’est efforcé
d’expliquer l’aveuglement et l’irresponsabilité
qui ont, selon lui, marqué la politique menée par
les Etats d’Europe centrale - Pologne, Tchécoslovaquie,
Hongrie - entre les deux guerres, et qui ont conduit ces Etats à
la catastrophe. Pour rendre compte de leurs errements, Bibo propose
une catégorie originale, celle de l’hystérie
politique, dont le champ d’application me paraît déborder
largement les limites du domaine qu’il étudie.
Qu’est-ce que l’hystérie politique ? Soit une
communauté confrontée à une situation ou à
un problème difficiles, qui mettent profondément en
cause, sinon son existence, au moins sa manière d’être
et la représentation qu’elle se donne d’elle-même.
Si elle ne trouve pas en son propre sein l’énergie
et les moyens nécessaires pour transformer cette situation
ou résoudre ce problème, si en conséquence
elle se sent à la fois menacée et impuissante, elle
peut être tentée par une sorte de conduite de fuite
; de la situation réelle qui la met à l’épreuve,
elle va se fabriquer une image déformée et fantasmatique
; au problème réel dont elle ne vient pas à
bout, elle va substituer un problème fictif, imaginaire,
construit de telle sorte qu’il puisse être traité
avec les seules ressources du discours et par le seul maniement
des symboles. Comme il est toujours possible de parler et de jouer
sur les symboles, la communauté peut ainsi se donner à
bon compte le sentiment qu’elle a vaincu la difficulté,
et recommencer à vivre comme avant.
De tels comportements sont observés dans des régions
très variées de la vie sociale. De nombreux anthropologues
ont expliqué de cette façon les croyances et pratiques
magiques. Les sociétés dites « primitives »
se sont senties désarmées face à une nature
qu’elles ne comprenaient pas et qu’elles ne maîtrisaient
pas ; elles l’ont alors peuplée de puissances invisibles
- divinités, génies, esprits - qu’elles ont
investies du pouvoir de contrôler les forces naturelles ;
du coup, elles se sont donné le moyen, non seulement de comprendre
les événements, mais aussi d’agir sur eux, en
se conciliant la faveur de ces puissances ou en évitant de
les irriter, à coup d’incantations et d’offrandes.
Quant au terme d’hystérie, Bibo l’emprunte à
la psychiatrie, et notamment à Freud. On sait comment celui-ci
décrit la phobie, qu’il regarde comme le symptôme
majeur de l’hystérie d’angoisse :
" Ce dont on a peur, c’est manifestement de sa propre
libido. La différence avec la situation de l’angoisse
réelle réside en deux points : à savoir que
le danger est interne au lieu d’être externe, et qu’il
n’est pas reconnu consciemment. Dans les phobies, on peut
très nettement reconnaître comment ce danger interne
est transposé en un danger externe, comment, donc, une angoisse
névrotique est métamorphosée en une angoisse
apparemment réelle. Admettons [! ] que l’agoraphobe
ait régulièrement peur des pulsions de tentation qui
sont éveillées en lui par les rencontres qu’il
fait dans la rue. Dans sa phobie, il entreprend un déplacement,
et il est maintenant angoissé devant une situation extérieure.
Le bénéfice qu’il en retire est manifestement
qu’il estime pouvoir ainsi mieux se protéger. Face
à un danger extérieur, on peut se sauver par la fuite
; la tentative de fuite devant un danger intérieur est une
entreprise ardue. " 2 .
Bien que Bibo ne cite pas Freud, c’est à n’en
pas douter cette description qui inspire ses analyses et sa terminologie.
Bien entendu, dans tous les cas évoqués, l’effet
de la conduite hystérique n’est pas de dissiper le
danger qui presse ou de résoudre le problème posé
; bien au contraire, elle représente vis-à-vis d’eux
une sorte d’aveu d’impuissance. Mais elle permet au
sujet individuel ou collectif de gagner du temps, de déguiser
le danger ou le problème, de les mettre en quelque sorte
à distance et ainsi de vivre avec eux, aussi longtemps du
moins qu’ils demeurent chroniques et ne connaissent pas d’aggravation
brutale.
Le recours à la notion d’hystérie nous expose
à plusieurs dérives contre lesquelles Bibo nous met
en garde. Tout d’abord l’hystérie est une maladie,
et non pas une manoeuvre ; même si, objectivement, elle constitue
une diversion par rapport à la réalité, elle
n’est en aucune manière une opération consciente
et délibérée, et plutôt que de diversion,
il conviendrait de parler de divertissement au sens pascalien du
terme. Dans l’hystérie politique, la communauté
et ses membres ne sont acteurs qu’en apparence ; en vérité,
ils sont agis. Du coup, leur sincérité, leur bonne
volonté sont entières, et c’est pourquoi il
est si difficile de combattre cette affection et de la guérir.
En second lieu, Bibo est conscient des questions de méthode
que soulève l’utilisation d’une notion empruntée
à la psychologie de l’individu pour rendre compte d’un
comportement collectif. Même si l’hystérie politique
offre une tribune et un tremplin de choix aux personnalités
hystériques, elle ne naît pas de l’agglomération
des hystéries individuelles. Elle a une origine, des causes,
un développement qui lui sont propres. Elle atteint sinon
l’ensemble, du moins la grande majorité des membres
de la communauté, y compris, parmi eux, de très nombreux
individus qui, sur le plan personnel, demeurent parfaitement sains
et équilibrés, même lorsqu’ils se font
les agents actifs de sa propagation. En la circonstance, entre l’individuel
et le collectif, Bibo veut éviter aussi bien l’identification
pure et simple que la dissociation absolue, et sa réponse
peut passer pour un modèle de prudence épistémologique
:
" Les concepts psychologiques que nous avons utilisés
jusqu’à présent étaient applicables aussi
bien à l’individu qu’à la communauté.
Mais pour éviter de tomber dans une sorte de mysticisme communautaire,
il est important de connaître jusqu’où va ce
parallélisme. Ses limites sont simples à fixer. L’âme,
la conscience, la peur, l’action sont le propre de l’individu.
La conscience, la peur, la réaction, le caractère
de la communauté ne sont que la somme des données
individuelles, étant entendu que celles-ci peuvent soit se
juxtaposer simplement, soit constituer une unité supérieure.
Les processus communautaires ainsi observés montrent quelquefois
d’étonnantes analogies avec les processus psychologiques
individuels. L’home qui, effarouché, recule devant
la tâche à entreprendre, mais qui fanfaronne et devient
agressif pour détourner l’attention de sa propre peur,
est le modèle de certains comportements communautaires. Mais
cela ne signifie pas que la communauté a une âme comme
l’individu et que les deux types de comportements, celui des
communautés et celui des individus, obéissent aux
mêmes règles. Le processus communautaire additionne
et structure les réactions individuelles, ce qui implique
un plus grand nombre de combinaisons possibles, et aussi un rôle
plus important de la conscience, de l’intention, des conventions
et objectifs communautaires. " 3 .
Les problèmes initiaux : panne de l’intégration,
stagnation de la cause des femmes.
Ces préalables posés et ces précautions prises,
il devient tentant d’analyser le récent débat
sur le voile islamique comme un épisode manifeste d’hystérie
politique. A elles seules, l’ampleur de la discussion, la
passion qui l’anime, la quasi-unanimité qui s’en
dégage, par-delà les clivages habituels, pour prôner
l’adoption d’une loi, sont autant d’indices qui
suggèrent une interprétation pathologique. Je voudrais
ici, de façon très hypothétique, en esquisser
les grandes lignes.
Quel est tout d’abord le problème initial, celui qui
est à l’origine de l’hystérie ? Pour ma
part, j’en aperçois deux. Le premier est ce qu’il
est convenu d’appeler la " panne de l’intégration
", le fait qu’en France aujourd’hui une grande
partie des personnes issues de l’immigration, qu’elles
soient françaises ou étrangères, sont de facto
des citoyens de seconde zone, concentrant sur eux discriminations
et exclusions. On connaît les multiples aspects de cette "
panne " : la ségrégation urbaine, la formation
de " poches " irréductibles de chômage et
de misère, les écoles-ghettos et l’échec
scolaire, la discrimination à l’embauche et dans l’attribution
des logements, le racisme au travail, et pour finir le cortège
de rancoeurs et de violences que ces phénomènes provoquent
chez ceux qui en sont victimes, en particulier les jeunes.
Le second problème tient au ralentissement ou à la
stagnation que connaît aujourd’hui le processus d’égalisation
entre les sexes. Depuis ses succès des années soixante
dix en matière de contraception et d’I.V.G., la cause
des femmes n’a plus guère progressé ; l’écart
entre les salaires masculins et féminins reste considérable,
les femmes demeurent largement exclues des échelons les plus
élevés de la hiérarchie politique, administrative
et économique ; les violences à leur encontre se poursuivent
; la publicité sexiste et l’industrie pornographique
sont plus prospères que jamais. Bref, ici encore il y a blocage.
Enfin, les deux problèmes, bien que distincts, se rejoignent
au moins en un point, puisque c'est assurément dans les cités
et les quartiers dit " sensibles " que la condition des
femmes est la plus dégradée, et que la contrainte
" machiste " se fait la plus lourde.
Les deux problèmes présentent deux caractères
communs. En face d’eux, tout d’abord, la collectivité
nationale est comme frappée de paralysie. Les initiatives
se succèdent, mais paraissent toutes vouées à
l’enlisement et à l’échec. C’est
qu’en la matière les lois cadres, les plans, les projets
- bref, l’arsenal classique des parlements, des gouvernements
et des administrations - sont très insuffisants, pour ne
pas dire entièrement inefficaces. Dans les deux cas, en effet,
il faut changer en profondeur les mentalités et les comportements
; il faut heurter de front un énorme conglomérat de
préjugés, d’habitudes et d’intérêts.
Pour m’en tenir à deux exemples, la suppression des
quartiers ghettos n’exigerait rien de moins que le réaménagement
de l’espace urbain, la redistribution systématique
des logements sociaux sur l’ensemble des communes, la mise
en oeuvre d’une politique résolue de mixité
sociale, et, au terme du processus et pour lui donner tout son effet,
l’application stricte de la carte scolaire. De même,
l’avènement de l’égalité des sexes
dans le monde du travail remettrait en cause quantité de
routines et d’"avantages acquis". Dans les deux
cas, au total, il s’agit d’un travail que la société
doit faire sur elle-même, que chacun d’entre nous doit
faire sur lui-même, et aucun pouvoir, si bien intentionné
et puissant soit-il, ne saurait le faire à notre place.
Or une culture politique vieille de plusieurs siècles amène
les Français à surestimer le rôle de l’Etat
et de la loi dans la conduite des affaires publiques ; ils sont
donc désarmés en face de problèmes dont la
solution appelle à l’évidence d’autres
modalités de l’action collective : la pédagogie,
la persuasion, l’exemple. Par ailleurs, précisément
parce qu’elles bousculeraient les modes de vie et les usages,
les égoïsmes et les privilèges, les transformations
requises seraient nécessairement impopulaires ; dans une
"démocratie d’opinion" comme la nôtre,
où les élections se succèdent tous les deux
ou trois ans, et où les sondages se multiplient dans l’intervalle,
on ne voit guère qui, dans l’establishment politique,
intellectuel et médiatique, prendra le risque de les proposer
et de les défendre. A elles seules, ces deux remarques suffisent,
me semble-t-il, à expliquer notre impuissance, et l’immobilisme
qui est le nôtre depuis des décennies sur les deux
fronts.
Au surplus, la persistance et l’ampleur des deux problèmes
évoqués mettent à rude épreuve notre
amour-propre national. Nous aimons à nous représenter
la France républicaine comme une terre d’accueil et
d’asile ; elle reste pour nous l’héritière
de la Grande Révolution, la patrie des droits de l’homme,
le royaume béni de la liberté, de l’égalité
et la fraternité ; aussi sommes-nous portés à
la proposer en exemple au monde entier. Il nous est donc pénible
de constater que ce portrait complaisant est cruellement démenti
par la réalité : chez nous, comme ailleurs, la lèpre
de l’exclusion se répand, les inégalités
se creusent, le racisme est virulent, et nous ne sommes guère
qualifiés pour faire la leçon à nos voisins.
L’hystérie politique, avions-nous dit, surgit à
deux conditions : il faut que, d’un côté, la
communauté éprouve un sentiment d’impuissance
devant une situation qu’elle ne maîtrise pas ; il faut
que, de l’autre, elle se sente, sinon menacée dans
son existence, du moins blessée dans son narcissisme, atteinte
dans l’image qu’elle se donne d’elle-même.
A l’évidence, ces deux conditions sont réunies
dans la France d’aujourd’hui.
Le problème de substitution : la question du voile.
Confronté à des difficultés qu’elle
ne parvient pas à surmonter, la communauté hystérique
leur substitue un problème fictif, qu’elle est à
même de traiter avec les seules ressources du discours et
du symbole : elle peut ainsi se donner l’illusion de franchir
victorieusement l’obstacle. A mon sens, la question du voile
joue très précisément ce rôle de problème
de rechange. Pour être un substitut crédible, le nouveau
problème doit remplir plusieurs conditions. Tout d’abord,
il doit entretenir un rapport manifeste avec les problèmes
qu’il est appelé à remplacer ; de telle sorte
qu’en parlant de lui, on aura le sentiment de parler d’eux,
sans pourtant les prendre explicitement pour objet. La question
du voile satisfait cette exigence : le voile est porté par
des jeunes filles de confession musulmane, qui appartiennent dans
leur quasi-totalité à des familles issues de l’immigration
; par ailleurs, seules des jeunes filles le portent, et il apparaît
donc comme une "marque" de la condition féminine,
quelle que soit la signification qu’on lui donne - on y reviendra.
Du coup, la question du voile permet bien d’ évoquer
- au sens où l’on évoque un esprit - aussi bien
les difficultés de l’intégration que celles
de l’égalité entre les sexes.
Au départ cependant, la question du voile semblait mal se
prêter au rôle qui lui était destiné,
en raison de la minceur des événements qui lui servaient
de support. On le sait, les recensements disponibles - ceux des
Renseignements Généraux comme ceux de l’Education
Nationale -dénombrent pour l’année 2003 quelque
douze cents cas, parmi lesquels deux douzaines sont devenus litigieux
et ont abouti à quatre exclusions 4 . Ils indiquent en outre
que le nombre annuel des cas signalés n’a guère
varié depuis 1989. A l’évidence, un tel socle
était beaucoup trop étroit pour donner lieu à
un"grand débat national", et il a fallu commencer
par l’agrandir. A cette fin, deux procédés ont
été utilisés, que nous pouvons voir à
l’oeuvre dans le rapport de la commission Stasi 5 ; celui-ci
a le mérite de refléter très fidèlement
la montée en puissance et la rhétorique de l’hystérie,
et je lui emprunterai la plupart des exemples dont j’ai besoin
pour illustrer mon hypothèse.
Un premier argument a consisté à mettre en doute
la valeur des statistiques officielles, selon la méthode
classique qui prescrit de briser le thermomètre lorsqu’il
ne donne pas les résultats escomptés. La commission
a préféré s’en remettre à la parole
des "acteurs de terrain", donc chacun faisait état,
pour l’établissement où il travaillait, d’une
situation beaucoup plus tendue. Si, sur le plan qualitatif, cette
parole est effectivement irremplaçable, il n’est pas
sûr qu’il en soit de même sur le plan quantitatif
: en 1815 déjà, pour connaître les pertes subies
à la bataille de Waterloo, il valait mieux s’adresser
à l’Empereur ou au Maréchal Ney qu’à
Fabrice del Dongo! Quoiqu’il en soit, la commission a préféré
conclure que l’administration était dépassée
par les événements, et que la crise avait fini par
échapper aussi bien à sa connaissance qu’à
son contrôle. Conclusion bien naturelle : si la commission
avait admis l’extrême exiguïté du phénomène,
elle aurait du même coup sapé sa propre raison d’exister,
et par un étrange renversement, il semble que, lors de l’audition
du ministre Ferry, c’est la création même de
la commission qui a été invoquée pour démontrer
la gravité du problème! (Le Monde, 12/12/2003, p.6).
Divers commentateurs ont alors estimé qu’il fallait
multiplier au moins par quatre les chiffres fournis par l’administration.
Même après cette opération, le total obtenu
reste peu impressionnant. Un second argument est alors appelé
à la rescousse : ce total, assure-t-on, représente
le sommet d’un iceberg dont nous ne mesurons pas la masse
immergée ; nous n’observons en effet que l’avant-garde
d’une armée dont le gros est encore dans la tranchée.
C’est que derrière cette avant-garde se dissimulent
des forces obscures qui "tirent les ficelles" et qui cherchent
en un premier temps à éprouver nos défenses
avant de donner le signal de l’assaut. Ces forces obscures,
nous les rencontrons presque à chaque page du rapport Stasi
: "activistes politico-religieux" (p.18, col.1), "tendances
politico-religieuses extrémistes" (p.20, col.3), "minorité
activiste" (p.21, col.6), "groupes organisés qui
testent la résistance de la République" (p.22,
col.1), "groupes communautaristes politico-religieux"
(p.22, col.3), etc. Le rapport se garde bien de préciser
plus avant leur identité : de fait, leur anonymat ne les
rend que plus redoutables. Tout au plus nous laisse-t-on supposer
que ces groupes appartiennent à la nébuleuse de l’intégrisme
islamiste, dont - nous le savons tous Al Qaeda forme en dernière
instance le noyau! Et ils ne visent rien de moins que la déstabilisation
de nos institutions et de notre démocratie : "c’est
l’avenir même des services publics qui est en jeu",
nous dit-on (p.21, col.5), et au-delà, "les menaces
ébranlent l’ensemble de notre édifice juridique"
(p.23, col.2). Dans ces conditions, ceux qui s’obstineraient
à minimiser la menace en rappelant les évaluations
officielles du phénomène ne feraient que démontrer
leur propre aveuglement!
Dans L’Ancien Régime et la Révolution, Tocqueville
écrit : "En politique, la peur est une passion qui s’accroît
souvent aux dépens de toutes les autres. On a volontiers
peur de tout quand on ne désire plus rien avec ardeur"
(Ed. Gallimard, 1953, vol.II, p.280). De fait, comment émouvoir
un people aussi désenchanté et blasé que le
nôtre, sinon en le faisant périodiquement trembler
devant des périls imaginaires ? Le procédé
est d’autant plus efficace que, comme l’observe de son
côté Guizot (Mémoires, éd. Paléo,
2003, vol. II, p.18), "Les hommes sont ainsi faits que les
dangers chimériques sont pour eux les pires ; on se bat contre
des corps ; on perd la tête, soit de peur, soit de colère,
devant des fantômes."
La neutralisation du problème initial.
Il faut cependant relever ici une différence essentielle
entre l’hystérie individuelle et l’hystérie
collective. Dans la première, le problème initial
est proprement refoulé dans l’inconscient, et le problème
de substitution occupe désormais seul le devant de la scène.
Une telle occultation ne peut se produire à l’échelle
de la communauté, ne serait-ce que parce qu’il n’y
a pas d’inconscient collectif ; le problème initial
continue donc d’attirer l’attention par ses effets,
et il reste toujours quelques observateurs épargnés
par l’hystérie pour rappeler son existence. Dans l’hystérie
collective, il y a donc moins refoulement que neutralisation, selon
ce que j’appellerais volontiers la technique du « coup
de chapeau donné en passant » : le problème
initial est certes évoqué, mais un artifice rhétorique
vient bientôt le mettre en quelque sorte entre parenthèses,
et le discours peut alors se tourner vers le problème de
substitution et poursuivre son cours comme si de rien n’était.
De cette technique et de sa mise en oeuvre, le rapport Stasi nous
offre un véritable cas d’école. Bien loin de
passer sous silence les difficultés de l’intégration,
il nous en propose une description très précise et
très pertinente. Il note très justement qu’en
raison de son contexte urbain, le repli communautaire est davantage
subi que voulu, et il caractérise fort bien la démarche
qui consiste à transformer le stigmate en emblème,
selon l’adage connu black is beautiful. Au terme de son analyse,
le rapport rend un verdict catégorique :
"La laïcité n’a de sens et de légitimité
que si l’égalité des chances est assurée
en tout point de notre territoire." (p.22, col.6).
Un esprit naïf serait tenté de d’en conclure
que, puisque de l’aveu même du rapport, l’égalité
des chances est bien loin d’être assurée en tout
point de notre territoire, la laïcité n’a pour
l’instant ni sens ni légitimité. Las ! pour
le rapport Stasi c’est tout le contraire :
"Certaines situations sociales rendent peu crédibles
les droits, et de ce fait disposent mal ceux qui en sont victimes
à assumer leurs devoirs. Mais on ne saurait s’en prévaloir
pour déclarer les exigences de la laïcité illégitimes
et renoncer à les affirmer au prétexte qu’existe
l’injustice sociale." (p.22, col.5).
Ainsi le tour est joué : l’injustice sociale, dont
l’éradication était présentée
tout à l’heure comme une condition nécessaire
de la laïcité, est à présent métamorphosée
en un simple prétexte, que l’on est en droit d’écarter
sans autre forme de procès. On peut donc la déclarer
hors jeu - et poursuivre son chemin.
S’il faut en croire la commission Stasi, la méthode
peut être appliquée en toutes circonstances, car, déclare-t-elle
joliment, "la grandeur des principes ne saurait être
en aucun cas démentie par la bassesse des pratiques."
(p.22, col.5); comme la proposition réciproque n’est
pas moins vraie - la grandeur des principes n’empêche
en rien la bassesse des pratiques -on pourra continuer du même
pas de proclamer les principes et d’abandonner les pratiques
à leur bassesse : tel était sans doute le résultat
visé.
Ainsi s'explique l'extrême pauvreté du rapport Stasi
dès lors qu'il s'efforce de formuler des propositions concrètes
en matière d'intégration. La commission "souhaite
que la politique de lutte contre les discriminations urbaines soit
une priorité nationale" (p.23, col.1); elle rejoindra
ainsi la lutte contre l'insécurité routière,
la promotion des handicapés, le combat contre le cancer,
la solidarité avec les personnes âgées, la répression
de l'insécurité, la réforme de l'assurance
maladie et bien d'autres priorités nationales dont la liste
peut être allongée d'autant plus généreusement
que, de toute manière, les ressources manquent pour les mettre
en oeuvre. Par ailleurs, nous dit-on,
"La future haute autorité indépendante qui sera
compétente à l'égard de toutes les formes de
discriminations devra modifier les pratiques et faire évoluer
les comportements en matière notamment de racisme direct
ou indirect et d'intolérance religieuse." (p.23, col.1).
On songe à la méthode de Descartes telle que la résumait
Leibniz: prenez ce qu'il faut, faites comme il convient et vous
obtiendrez ce que vous cherchez. De quels moyens la haute autorité
sera-t-elle dotée? Agira-t-elle par la persuasion ou par
la contrainte? Aura-t-elle un pouvoir de sanction? Qui la représentera
sur le terrain? Disposera-t-elle d'un personnel propre? Qui aurait
été heureux de recueillir sur ces points l'avis de
la commission Stasi attendra une autre occasion.
Des principes aseptisés.
Le réel ainsi écarté, le discours peut désormais
se maintenir dans la sphère éthérée
des grands principes. La mobilisation à tout propos de ceux-ci
est une spécialité reconnue de la rhétorique
politique française, et le rapport Stasi ne déroge
pas à la règle: la liberté de conscience, l'autonomie
de la personne, l'esprit critique, la tolérance, l'égalité
des chances et celles des sexes, la laïcité de l'école
et de l'Etat, toutes les grandes valeurs de la République
sont au rendez-vous, à la seule exception - pas tout à
fait innocente - de la fraternité. Mais encore faut-il que
l'exaltation des principes ne réintroduise pas, si j'ose
dire, par la fenêtre, une réalité que l'on a
pris grand soin de chasser par la porte. Le risque n'est pas négligeable,
car lorsqu'on affirme un principe, on est tôt ou tard amené
à évoquer sa traduction dans les faits. Ainsi s'explique
une nouvelle caractéristique du rapport Stasi, très
représentatif, ici encore, de l'argumentation commune des
partisans d'une loi contre le voile. En un premier temps, on invoque
un principe auquel on attribue une valeur absolue et une portée
universelle, mais en un second temps on en limite strictement l'application
au seul cas du voile islamique à l'école publique,
à l'exclusion de tout autre objet, situation ou circonstance.
Parmi les adversaires du voile, beaucoup soulignent qu'il est un
symbole provocant de l'oppression et de l'humiliation des femmes,
et qu'à ce titre on ne saurait le tolérer dans notre
République."Objectivement, déclare par exemple
Bernard Stasi à Ouest France , le voile traduit l'aliénation
des femmes"; "objectivement", c'est-à-dire
pris en lui-même, indépendamment du statut, des sentiments
et des convictions de celles qui le portent. Mais s'il en est ainsi,
le voile devrait être interdit, non seulement à l'école
publique, mais partout, à toutes et en toute circonstance:
à l'université, dans l'entreprise, dans les transports,
dans la rue, sur les marchés, etc. En particulier, j'y reviendrai,
ne faudrait-il pas l'interdire dans les écoles privées
sous contrat, qui sont financées par la République
et qui, au dire même de la loi, concourent au service public?
Par ailleurs, ne devrait-on pas se demander ce que signifient d'autres
voiles, non islamiques ceux-là, comme par exemple les cornettes
portées par certaines religieuses catholiques. Bien entendu,
les adversaires du voile n'ont jamais envisagé de généraliser
ainsi l'interdiction qu'ils proposent, mais on peut du même
coup se demander dans quelle mesure ils adhérent vraiment
au principe qu'ils proclament.
La question est d'autant plus pertinente que d'autres symboles
manifestes de la dégradation des femmes - la publicité
sexiste ou l'industrie pornographique par exemple - sont bien loin
de susciter des débats aussi passionnés, et que ceux
qui ont suggéré de les interdire par la voie législative
ont été aussitôt stigmatisés comme des
partisans attardés de l'ordre moral.
D'autres adversaires du voile se fondent sur le principe de laïcité
pour exiger que tous les signes d'appartenance religieuse soient
proscrits dans l'école publique, mais ici encore il est clair
que seul le voile est visé, la mention des grandes croix
et des kippa étant une fausse fenêtre qui ne trompe
plus personne. Mais de nouveau, pourquoi s'en tenir aux seuls signes
vestimentaires?
La commission Stasi se félicite que "les administrations
prennent en considération davantage que par le passé
les interdits alimentaires liés aux convictions religieuses"
(p.21. col.2). Pourtant le refus de partager le repas commun n'est-il
pas un signe d'appartenance au moins aussi "ostensible"
que le port du voile?
Par ailleurs, pourquoi n'interdire le voile que dans l'enseignement
public? Dans un récent débat, Jack Lang rappelait
que, depuis la loi Debré de 1959, les établissements
privés sous contrat remplissent une mission de service public
et "doivent accueillir tous les enfants, sans distinction d'origine,
d'opinion ou de croyance [! ] dans le respect total de la liberté
de conscience"; c'est précisément pour cette
raison qu'ils bénéficient du financement de l'Etat.
Mais s'il en est bien ainsi, pourquoi seraient-ils dispensés
d'appliquer une laïcité qui doit être la règle
dans tout le service public? De son côté, le rapport
Stasi souligne que les "obligations de neutralité"
qui s'imposent au service public "devraient être mentionnées
dans les contrats conclus avec les entreprises délégataires
de service public ou celles concourant au service public" (p.23,col.3).
Si vous vous imaginez que cette dernière formule inclut les
écoles privées sous contrat, détrompez-vous
vite: pour Jack Lang comme pour les auteurs du rapport Stasi, les
principes de laïcité et de neutralité ne s'appliquent
pas à ces établissements, du fait de leur "caractère
propre". Bien mieux, le rapport Stasi les considère
comme la véritable garantie de la liberté religieuse:
"L'existence d'un enseignement confessionnel sous contrat
d'association avec l'Etat permet que s'affirme pleinement la liberté
religieuse avec la prise en compte du caractère propre de
la religion;" (p.19, col.4).
Du coup le rapport souligne qu' "aucune disposition juridique
ne s'oppose à la création d'écoles musulmanes"
(p.19,col.4), et il assure d'un revers de plume que "l'argument
selon lequel la loi pourrait favoriser l'enseignement privé
n'est plus dirimant", puisque "certains parents musulmans
préfèrent déjà recourir à l'enseignement
catholique pour que leurs enfants y bénéficient d'un
enseignement des valeurs religieuses" (p.23, col.5).
N'est-ce pas suggérer que la question du voile pourrait
trouver une réponse acceptable par la multiplication d'écoles
confessionnelles musulmanes sous contrat, où le port du voile,
serait, non seulement autorisé, mais prescrit, au nom du
"caractère propre" de ces écoles? Quant
aux effets qu'une telle solution produirait sur l'intégration
des jeunes filles concernées, la commission, semble-t-il,
n'a pas jugé opportun de s'interroger sur ce point.
De même, le rapport Stasi se garde bien de mettre en question
le statut de l'Alsace et de la Moselle concordataires. Comme ces
trois départements font effectivement partie de la République
française, on voit que cette dernière sait pratiquer
sa laïcité de bien des manières différentes,
et qu'elle ne dédaigne pas à l'occasion de faire largement
place aux particularismes. La commission Stasi ne voit là
rien d'anormal:
"La commission estime que la réaffirmation de la laïcité
ne conduit pas à remettre en cause le statut particulier
de l'Alsace-Moselle, auquel est particulièrement attachée
la population de ces trois départements." (p.22, col.
6).
Que l'attachement d'une population suffise à justifier une
dérogation à la loi commune est un argument étrange
dans un texte tout entier consacré à la dénonciation
du communautarisme! Bien qu'elle ne l'ait pas explicitement précisé,
il apparaît donc que, pour la commission Stasi, l'Alsace et
la Moselle ne devraient pas être concernées par une
loi interdisant les signes religieux à l'école.
Au total, entre les principes universels et absolus dont on se
réclame et l'application très limitée dont
on se contente, il y a un hiatus qui doit être expliqué.
Certains parlent de cynisme ou d'hypocrisie. A mon sens, l'essentiel
est ailleurs. Encore une fois, l'hystérie est une affection
pathologique, et les inconséquences relevées ne sont
que les symptômes de cette affection. La communauté
hystérique éprouve un besoin compulsif de se réciter
ses principes et ses valeurs, pour se rassurer et réaffirmer
la représentation qu'elle se donne d'elle-même. Mais
il ne s'agit pas pour autant d'accepter la confrontation avec une
réalité ressentie comme pénible, dangereuse
ou hostile: si la mise en oeuvre des principes semble conduire à
cette confrontation, on y renoncera sans hésiter. Quel est
le gouvernement qui, au nom de la cohérence laïque,
envisagerait de remettre en cause le statut de l'Alsace-Moselle
ou la loi Debré de 1959? Ici, quelles que soient les déclarations
d'intention, le principe d'opportunité reprend tous ses droits,
et le souci de la rigueur logique a tôt fait de s'effacer
devant une aspiration bien compréhensible à la tranquillité.
Rien là que de très naturel; simplement, ne serait-ce
que pour éviter de troubler les âmes candides, on aurait
peut-être dû se montrer moins catégorique dans
l'énoncé des principes!
La loi et ses effets.
On peut enfin s'interroger sur la portée et les conséquences
exactes de la loi proposée. Concernant l'école, qui
est au coeur du débat, on en connaît la disposition
principale: "Sont interdits dans les écoles, collèges
et lycées les tenues et signes manifestant une appartenance
religieuse ou politique [! ] Les tenues et signes religieux interdits
sont les signes ostensibles! " (p.23, col.4).Par un étrange
remords, le rapport assure dès le paragraphe suivant qu'
"il ne s'agit pas de poser un interdit" (p.23,col.4):
bel exemple de dénégation freudienne, dans laquelle
on nie haut et fort ce que l'on veut précisément affirmer!
Mais si! Il s'agit bien de poser un interdit, et on peut essayer
d'en mesurer les effets.
Tout d'abord, la loi est supposée apporter aux enseignants
et aux chefs d'établissement une règle claire qui
leur permette de trancher sans hésiter les cas litigieux.
Sur ce point, les discussions que provoquent d'ores et déjà
l'interprétation du terme "ostensible" et la détermination
de la frontière exacte entre l'ostensible interdit et le
discret autorisé ne sont guère rassurantes, et il
faudra sans doute attendre quelques décisions du Tribunal
Administratif et un arrêt du Conseil d'Etat pour qu'une jurisprudence
soit fixée.
Enumérant les "difficultés" de la situation
qui prévalait depuis 1989, le rapport Stasi souligne de façon
un peu étrange que "l'adoption d'une démarche
au cas par cas supposait la possibilité pour les chefs d'établissement
de prendre des responsabilités." (p.19, col.6). Il n'est
pas sûr que la possibilité pour un chef de prendre
des responsabilités puisse être considérée
comme une difficulté, et j'y verrais plutôt pour ma
part la définition même de sa tâche; mais quoiqu'il
en soit, les chefs d'établissement ne seront pas déchargés
de tout souci en la matière, puisque le dialogue et la médiation
devront demain encore précéder la sanction.
Cependant la loi ne sera pas inutile: selon toute vraisemblance,
les exclusions se feront un peu plus nombreuses et plus expéditives.
A deux reprises, la commission Stasi s'alarme dans son rapport du
développement de la déscolarisation (p.21, col.5;
p.23, col.6), mais si ses propositions sont retenues, elle aura
incontestablement contribué elle-même à l'aggravation
du phénomène qu'elle dénonce.
Par ailleurs, la commission Stasi s'est déclarée
sensible au drame que vivent les adolescentes et les jeunes femmes
issues de certaines cités, et l'on ne peut ici que lui donner
raison. Mais en quoi l'interdiction du voile à l'intérieur
de l'école transformera-t-elle la vie dans les cités?
Elle constituera, nous dit-on, un "signe fort" à
l'adresse des "groupes islamistes" (p.23, col.4); à
mon sens, elle leur permettra bien plutôt de dénoncer
l'atteinte ainsi portée à la liberté des croyantes,
et de souligner que l'intolérance des pouvoirs publics rend
illusoires les efforts des musulmans modérés pour
adapter l'islam à la République.
Au total, la future loi n'apportera guère de changements
effectifs, et il n'y a pas lieu de s'en étonner, puisque
pour l'essentiel elle sera qu'un exercice de "gesticulation"
politique. Sur le problème de l'intégration, sur celui
de l'égalité des sexes, elle n'aura aucune influence,
car -il faut le redire- les progrès qui peuvent intervenir
dans ces domaines ne dépendent que très peu de la
loi. Quant à la question du voile, elle ne disparaîtra
pas par un coup de baguette magique, même si elle perdra sans
doute un peu de son acuité, ne serait-ce que parce qu'elle
n'occupera plus le devant de la scène médiatique.
Beaucoup de bruit pour pas grand chose, alors? Pas tout à
fait. Imaginons un hystérique dont la phobie porte sur les
salissures corporelles: sous l'empire d'une impulsion irrésistible,
il se lave les mains cinquante fois par jour. Ce rituel le protège
contre son angoisse intérieure, mais en outre, chaque fois
qu'il l'accomplit, il se procure un moment de répit qui lui
vaut un soulagement provisoire. C'est exactement ce qui va se produire
avec l'interdiction du voile. La loi interviendra au terme d'un
débat prolongé; au cours de ce débat, beaucoup
auront changé d'avis, ce qui est, nous dit-on, la preuve
d'une discussion ouverte et sans a priori; comme, jusqu'à
présent au moins, toutes les évolutions ont eu lieu
dans le même sens - du refus vers l'acceptation de la loi
- j'y verrais plutôt l'indice que l'hystérie est redoutablement
contagieuse. A l'arrivée, hommes politiques, journalistes
et intellectuels venus de tous les horizons auront - une fois n'est
pas coutume - communié dans la même célébration
des valeurs républicaines. De tels instants d'unanimité
et de fusion sont rares, et ils sont déjà en eux-mêmes
une récompense. En outre, face aux forces obscures qui rôdent
autour de nous, les adversaires du voile auront le sentiment d'avoir
vaillamment combattu pour la pensée libre et pour la cohésion
nationale. Bref, le vote de la loi leur apportera de grandes satisfactions;
ce sera son résultat le plus clair, mais il ne serait pas
convenable de le dédaigner.
Certes, ce résultat se paiera d'un certain prix, mais seuls
les sceptiques s'en soucieront, et ils admireront que, pour l'atteindre,
il ait fallu, au nom de la liberté et de l 'intégration,
voter une loi dont l'effet le plus direct sera d'interdire et d'exclure.
Emmanuel Terray
P.S. Je ne fait pas état du discours prononcé le
17 décembre par le Président de la République,
car il n'apporte rien de nouveau par rapport aux conclusions de
la commission Stasi, et fait jouer les mêmes ressorts qu'elle:
hommage appuyé, mais sans conséquences, aux grands
principes, stricte limitation de leur application. La seule originalité
du Président est d'avoir renoncé à quelques-uns
des ingrédients que la commission Stasi avait imaginés
pour "dorer la pilule" aux musulmans.
Notes
1. Istvan Bibo, Misère des petits Etats d'Europe de l'Est,
traduction György Kassai, Paris, l'Harmattan, 1986.
2. Sigmund Freud, Nouvelles Conférences sur la Psychanalyse,
traduction Rose-Marie Zeitlin, Paris, Gallimard, 1984, p.115-116.
3. Istvan Bibo, op. cit, p. 436
4. Le Monde, 11/12/2003, p.11
5. Le Monde, 12/12/2003, p.17 à 24.
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