Origine :
http://actualite.free.fr/actu.pl?doc=france/3_2005-04-18T072005Z_01_MAL818590_RTRIDST_0_OFRTP-FRANCE-POLICE-VIOLENCES-20050418.XML
http://www.boursier.com/vals/all/feed.asp?id=623
PARIS (Reuters) - Une commission indépendante, dans un rapport
publié lundi, fait état d'une forte augmentation des
signalements de violences mettant en cause des forces de l'ordre
l'an dernier en France.
La Commission nationale de déontologie de la sécurité
(CNDS), une instance administrative créée en 2000,
a été saisie 97 fois en 2004, contre 70 fois en 2003,
soit une hausse de 38%.
La grande majorité des dossiers concerne la police nationale
et la commission note un nombre croissant de litiges survenus à
la suite de contrôles routiers.
Ces contrôles dégénèrent fréquemment
et débouchent sur des poursuites engagées par les
policiers pour "outrage à agents de la force publique"
ou "rébellion".
Le rapport fait état de plusieurs cas de violences policières
très graves, comme celui d'un Turc frappé à
coups de matraque, de poing et de pied et victime d'injures racistes,
et celui d'un homme atteint d'un cancer frappé d'un coup
de tête alors qu'il tentait d'intervenir en faveur de son
fils.
Le président de la commission, Pierre Truche, devait présenter
lundi lors d'une conférence de presse un rapport du CNRS
(centre national de la recherche scientifique) sur le rôle
joué par le racisme dans les violences policières.
L'an dernier, la commission avait déjà constaté
une recrudescence des violences et demandé "des réformes
de structure importantes", notamment un meilleur encadrement
des jeunes policiers inexpérimentés appelés
à intervenir dans les quartiers "sensibles".
Deux syndicats de police, Alliance et Synergie officiers, avaient
rejeté ces conclusions et estimé que la plupart des
plaintes provenaient de "délinquants tentant de minimiser
leur responsabilité pénale".
Sur le web : http://www.cnds.fr
lundi 18 avril 2005, 19h21
La discrimination raciale en cause dans 1/3 des dérapages
policiers
PARIS (AFP) - La discrimination raciale, en particulier contre les
jeunes issus de l'immigration, est en cause dans un tiers des dérapages
policiers en 2004, un phénomène qui a doublé
depuis 2001, selon une étude publiée lundi par la
Commission nationale de déontologie de la sécurité
(CNDS).
Cette étude, réalisée pour la première
fois par cette commission indépendante à partir des
affaires dont elle a été saisie, met en évidence
une discrimination raciale dans 36 affaires sur 78 où il
y a eu manquement à la déontologie par les forces
de l'ordre sur la période 2001-2004.
Une discrimination raciale a été relevée dans
15 dossiers sur 47 en 2004, soit un tiers des cas, contre une sur
6 en 2001, et met principalement en cause la police de quartier.
Cette augmentation reflète "une plus grande sensibilité
à cette question, une meilleure possibilité de saisine
de la commission et un contexte qui favorise ces discriminations",
a souligné son auteure, membre de la commission et chercheuse
au CNRS, Catherine Wihtol de Wenden, lors d'une conférence
de presse.
Elle a mis en cause un manque de formation des policiers impliqués,
"dont l'âge moyen est de 25 ans et qui ne connaissent
les quartiers que par la télévision" et qui sont
"les premières victimes d'une formation incomplète".
Le manque d'encadrement est "un élément aggravant",
a-t-elle ajouté.
Les plaignants comprennent "un fort noyau de jeunes issus de
l'immigration maghrébine de 18 à 35 ans, interpellés
dans les banlieues défavorisées de la région
parisienne" (Seine-Saint-Denis et dans une moindre mesure Val-d'Oise
et Val-de-Marne), selon l'étude.
De nationalité française "pour l'écrasante
majorité", la plupart d'entre eux "ont un nom ou
une apparence physique qui laisse entendre une origine maghrébine
ou moyen-orientale".
La deuxième catégorie de plaignants sont les Français
d'origine africaine ou antillaise, selon la chercheuse, qui évoque
également le cas de gens du voyage.
Dans ces affaires, "l'individu disparaît derrière
l'identification ethnique et le groupe auquel il appartient",
selon la chercheuse.
Or, "loin des idées reçues, certains des interpellés
sont diplômés, occupent des emplois qualifiés
et sont appréciés localement".
Les dérapages ont le plus souvent pour origine des contrôles
d'identité "pour marquer" la présence des
policiers dans les quartiers.
"Des joutes + viriles + s'ensuivent avec échange d'insultes
se concluant souvent par des procédures d'outrages et rébellion,
le recours fréquent à la force, parfois l'utilisation
d'armes de service réservées à un usage défensif,
gaz lacrymogènes, flash-ball, menottage".
Les dérapages ont pour causes "une accumulation de litiges
antérieurs", "un conditionnement préalable"
et "un sentiment d'impunité" chez les policiers
qui s'illustrent par "une volonté d'humiliation individuelle"
et "des discriminations collectives".
A propos de la situation particulière de la police des frontières,
exclusivement en contact avec des étrangers, l'étude
critique les méthodes employées pour les embarquements
forcés qui s'apparentent "à une forme de discrimination
institutionnelle".
La direction générale de la Police nationale (DGPN)
a réagi en soulignant que "60 cas seulement" avaient
donné lieu à un recours en 2004, alors que la police
avait "effectué plusieurs millions de contrôles
et d'interventions et géré quelque 2,6 millions de
missions de police secours".
Pour la direction générale, cela "prouve le comportement
irréprochable de l'immense majorité des policiers".
Plusieurs syndicats de police ont dénoncé les "amalgames"
contenus selon eux dans le rapport.
Le syndicat des commissaires et hauts-fonctionnaires de la police
nationale (SCHFPN, majoritaire) a déploré que le rapport
"ignore les difficultés grandissantes, notamment en
termes de violences, que rencontrent les policiers au cours de leurs
missions et dont ils sont les premières victimes".
Reseau RESISTONS ENSEMBLE
http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3226,50-640181,0.html
Les discriminations au coeur des entorses à la
déontologie policière
LE MONDE 18.04.05
Attendu, redouté, même, par l'administration policière,
le rapport annuel de la Commission nationale de déontologie
de la sécurité (CNDS), qui devait être présenté
lundi 18 avril, souligne, pour l'année 2004, certaines dérives
de la police, de simples abus de pouvoir à des actes de violence,
ainsi que le climat général dans lequel les fonctionnaires
travaillent, en particulier dans les quartiers sensibles.
Ce rapport est rendu public deux semaines après celui d'Amnesty
International, qui avait dénoncé l'"impunité
de fait" dont jouissent, selon l'organisation, les policiers
français (Le Monde du 7 avril).
L'année 2004 a été marquée par une nouvelle
hausse du nombre d'affaires transmises à la CNDS par des
parlementaires de tous bords : 97, contre 73 en 2003 et 40 en 2002.
La majorité de ces dossiers concernent la police nationale
et, à un degré moindre, l'administration pénitentiaire.
L'enseignement principal est, une nouvelle fois, que les jeunes
gardiens de la paix, originaires de province et affectés
dans les quartiers sensibles, sont trop livrés à eux-mêmes
et pas assez encadrés.
Etude sur les discriminations. Nouveauté du rapport 2004
: une étude conduite par Catherine Wihtol de Wenden, membre
de la CNDS et directrice de recherches au CNRS, sur "la part
des discriminations dans les manquements à la déontologie".
Dans les 200 dossiers traités depuis 2001, ces manquements
ont été établis dans 78 cas, dont 36 mettent
en évidence une discrimination.
Les plaignants sont essentiellement des jeunes issus de l'immigration
maghrébine, âgés de 18 à 35 ans, vivant
en région parisienne, avant tout en Seine-Saint-Denis.
Les motifs d'intervention sont le plus souvent "les contrôles
d'identité à titre préventif, destinés
à marquer la présence des forces de sécurité
dans les quartiers", qui finissent par déraper.
Mettant en exergue un encadrement déficient sur le terrain,
l'auteure développe une analyse sévère sur
les préjugés qui animent les policiers sur les habitants
des banlieues. Souvent confrontés à de jeunes délinquants
issus de l'immigration, hostiles aux forces de l'ordre, les policiers
en déduisent "une relation de causalité entre
immigration et délinquance", selon Mme Wihtol de Wenden.
Leurs préjugés les "amènent à
traiter systématiquement les interventions comme si elles
se déroulaient en situation de crise face à des délinquants
avérés : utilisation des armes de défense,
violences, utilisation du menottage", décrypte la chercheuse.
L'"esprit de corps". Il habite la police, selon la CNDS,
et "conduit des fonctionnaires à se solidariser et
à uniformiser leurs dépositions au risque de couvrir
les actes illégaux de collègues", selon la Commission,
qui rappelle que cette observation avait déjà été
faite par le Comité européen pour la prévention
de la torture, dans son rapport 2004.
Dans son étude, Mme Wihtol de Wenden va même plus loin.
Selon elle, les actes racistes sont "couverts au nom de la
solidarité entre collègues". "Même
lorsque ceux-ci sont issus de populations visibles, ils couvrent
les manquements pour marquer leur attachement au corps auquel ils
appartiennent", écrit-elle.
Toujours les mêmes abus. La disproportion de la réaction
policière par rapport à des faits pas forcément
graves ou même délictueux est soulignée à
de nombreuses reprises par la CNDS. Elle se manifeste sous la forme
de menottages abusifs, de contrôles d'identité à
répétition alors que, souvent, les policiers
connaissent parfaitement les jeunes des cités , voire
même d'actes de violence illégitime.
La CNDS note une augmentation significative de cas dont l'origine
est une infraction contestée au code de la route. Elle dénonce
l'abus des palpations de sécurité en l'absence d'infraction
ou en présence d'une simple contravention à ce code.
"Il en va de même des mesures vexatoires, comme interdire
à une femme venant de conduire son enfant à l'école
et circulant à vélo sur un passage pour piétons,
de mettre, malgré le froid, ses mains dans ses poches par
crainte d'une agression de sa part", explique la CNDS.
Le défaut d'encadrement et de formation. Il s'agit d'une
des critiques les plus constantes de la CNDS depuis sa création.
Sur ce point, l'Inspection générale de la police nationale
(IGPN) la "police des polices" , par la voix
de son directeur Daniel Herbst, a rappelé, au cours d'une
conférence de presse le 12 avril, qu'entre 1996 et 2004,
47 000 nouveaux fonctionnaires (un sur trois en fonction) étaient
entrés dans la police, alors que beaucoup d'anciens étaient
partis.
A peine sortis de l'école, les policiers, originaires à
95 % de province, ne connaissent pas les codes de langage et de
comportement des jeunes des banlieues. La réforme des corps
et carrières, adoptée en 2004 mais étalée
jusqu'en 2012, doit contribuer à résoudre le problème
en renforçant l'encadrement sur le terrain.
Si toutes les écoles de policiers ont mis en place un quota
d'heures sur les règles déontologiques, la CNDS appelle
de ses voeux un renforcement de cet enseignement. Elle cite l'exemple
d'un policier qui a déclaré n'avoir suivi que deux
stages, en vingt ans de service, consacrés à la bonne
pratique des gestes techniques professionnels d'intervention, soit
les cas où les policiers ont recours à la force.
La CNDS grandit et irrite. A écouter certains protagonistes,
les rapports entre la CNDS et l'institution policière ont
tendance à se tendre. Plus la Commission conforte son rôle,
plus les policiers s'irritent de cette instance extérieure
de contrôle, privée de pouvoir de sanction mais plus
difficilement critiquable qu'une organisation comme Amnesty International,
taxée de partialité structurelle. Le 21 mars, suite
à une visite de la Commission au commissariat du 17e arrondissement,
à Paris, afin d'enquêter sur la mort d'un jeune homme
en octobre 2004, le syndicat Alliance (gardiens de la paix), avait
tonné que "la CNDS ne -devait- pas devenir une sorte
de justice parallèle".
Avec le ministère de l'intérieur, les échanges
sont réguliers, polis, mais souvent divergents. Plusieurs
circulaires diffusées en 2004 sur les brigades anticriminalité,
l'utilisation des gaz lacrymogènes ou le menottage
correspondent à des souhaits de la CNDS. En revanche, la
Commission n'a toujours pas reçu les études réalisées
à sa demande sur le travail de nuit, qui pourraient révéler,
elles aussi, des lacunes dans l'encadrement.
*Piotr Smolar*
------------------------------------------------------------------------
*Une autorité indépendante*
*Composition.* Autorité administrative indépendante
créée par la loi du 6 juin 2000, la Commission nationale
de déontologie de la sécurité (CNDS) est composée
de 14 membres, nommés pour six ans : son président,
choisi par le chef de l'Etat ; 4 parlementaires ; un conseiller
d'Etat ; un conseiller à la Cour de cassation ; un conseiller
à la Cour des comptes ; 6 personnalités désignées
par les autres membres.
*Compétence.* La CNDS est chargée de "veiller
au respect de la déontologie par les personnes exerçant
des activités de sécurité". Sont concernés
la police, la gendarmerie, l'administration pénitentiaire,
les services dans les transports en commun et les sociétés
de gardiennage.
*Saisine.* La CNDS peut être saisie par un député
ou un sénateur, alerté par toute personne victime
ou témoin de faits qu'elle juge non conformes à la
déontologie. Le premier ministre peut saisir la Commission.
*Pouvoirs.* La CNDS peut demander aux ministères concernés
de saisir les corps de contrôle en vue de faire des études
internes. Elle peut auditionner les fonctionnaires impliqués,
enquêter sur les lieux et adresser un avis ou une recommandation.
Elle n'a pas de pouvoir de sanction.
Contre-attaque du ministère
L'IGPN, la police des polices, tempère les accusations.
Par Jacky DURAND
lundi 18 avril 2005 (Liberation)
http://www.liberation.fr/page.php?Article=290297
Le ministère de l'Intérieur n'a pas attendu la publication
du rapport annuel de la Commission nationale de déontologie
de la sécurité (CNDS) pour dire tout le mal qu'il
pense de ceux qui contestent l'action de ses services. Dès
la semaine dernière, l'Inspection générale
de la police nationale (IGPN, «la police des polices»)
s'est livrée à une charge en règle contre le
rapport d'Amnesty International, publié le 6 avril, qui portait
sur «l'impunité de fait des agents de force publique
dans des cas de coups de feu, de morts en garde à vue, de
tortures et autres mauvais traitements» (Libération
du 7 avril). L'organisation a analysé une trentaine de cas
de violences policières survenus en France entre 1991 et
2005. «C'est une méthode très contestable et
caricaturale», a indiqué mardi dernier Daniel Herbst,
directeur de l'IGPN. «On ne peut à ce point critiquer
le fonctionnement de la police sur la base de trente dossiers en
treize ans.»
Chiffres contre chiffres, il a ensuite égrené une
flopée de statistiques pour contrer Amnesty : «La police
nationale a procédé à plus de 380 000 gardes
à vue en 2004, mis en cause 717 687 personnes dont 200 000
étrangers.» Sur la période étudiée
par Amnesty, «50 policiers ont été tués»
tandis qu'en 2004 «3 852 ont été blessés»,
selon l'IGPN. Pour Daniel Herbst, «les policiers n'échappent
pas à la violence qui marque les rapports sociaux. La plus
grande partie des dossiers disciplinaires concerne l'Ile-de-France,
car il y a une forte concentration d'emploi d'agents et de cités
difficiles. Nous n'intervenons pas en fonction de la couleur de
peau.»
Selon la «police des polices», 724 accusations de violences
policières ont été recensées en 2004,
soit une augmentation de 18,49 % par rapport à 2003. Pour
Daniel Herbst, «entre 18 % et 20 % de ces violences alléguées
sont avérées chaque année». Pour «12
% à 15 % de ces accusations, il y a un doute, tandis qu'environ
70 % ne reposent sur aucun fondement». En 2004, la «police
des polices» indique avoir procédé à
2 563 sanctions disciplinaires, allant de l'avertissement à
la révocation. 157 policiers ont été radiés
ou révoqués.
Plus de dérapages policiers en 2004
http://news.tf1.fr/news/france/0,,3213864,00.html
Le rapport annuel de la Commission nationale de déontologie
de la sécurité fait état d'une nette augmentation
des incidents mettant en cause des policiers entre 2003 et 2004.
Il survient quelques jours après la publication des chiffres
de l'Inspection générale de la Police nationale, qui
montraient une même tendance à la hausse.
Les incidents signalés à la Commission nationale
de déontologie de la sécurité (CNDS), notamment
ceux mettant en cause des policiers, ont augmenté de 38%
en 2004, selon le rapport annuel de cet organisme indépendant.
La commission chargée de veiller au respect de la déontologie
par les personnes exerçant des activités de sécurité
(police, gendarmerie, gardiens de prison...) a été
saisie de 97 affaires (contre 70 en 2003), dont plus de la moitié
concerne la police nationale (59 contre 43). Elle est essentiellement
saisie par des parlementaires.
La plupart des plaintes contre les policiers ont pour origine les
conditions d'interpellation, de contrôle d'identité,
de garde à vue, qui donnent lieu dans certains cas à
des "mesures de contrainte" disproportionnées ou
à des violences. La commission a noté en 2004 une
augmentation des affaires ayant pour origine une infraction contestée
au code de la route qui ont dégénéré
et donné lieu à une "escalade de la répression"
(procédure d'outrage, conduite au commissariat).
Plus de cas de discriminations raciales
Parmi les "violences inadmissibles" examinées
en 2004, la commission rapporte le cas de policiers en état
d'ivresse qui ont frappé un Turc "à coups de
matraques, de poing, de pieds, en tenant des propos racistes".
La commission a par ailleurs effectué une première
étude sur la part des discriminations raciales dans les manquements
à la déontologie de la part des policiers, portant
sur les années 2001-2004, qui montre une augmentation : 15
cas en 2004 contre 1 en 2001 pour un total de 36 affaires où
une discrimination a été mise en évidence sur
les 4 ans. Les plaignants sont avant tout "des jeunes issus
de l'immigration maghrébine, interpellés dans les
banlieues défavorisées de la région parisienne",
selon la Commission.
Début avril, un rapport d'Amnesty international très
critique avait dénoncé une "impunité des
policiers auteurs de violences". Et mardi dernier, le directeur
de l'Inspection générale de la Police nationale (la
police des polices), tout en stigmatisant la "méthode
très contestable et caricaturale" d'Amnesty international,
avait reconnu une hausse de 18,49 % des accusations de violences
policières en 2004 par rapport à l'année précédente,
avec 724 "violences alléguées". Selon lui,
en moyenne, "entre 18 et 20 % de ces violences alléguées
sont avérées chaque année".
Violences policières
Bavures au faciès
http://www.liberation.fr/page.php?Article=290296
Les personnes d'origine étrangère, premières
victimes de dérapages des forces de l'ordre, selon un rapport
officiel que s'est procuré «Libération».
Par Jacky DURAND
lundi 18 avril 2005 (Liberation)
C'est un constat qui n'est pas nouveau : la couleur de peau des
plaignants est une donnée récurrente dans les bavures
policières examinées par la Commission nationale de
déontologie de la sécurité (CNDS), présidée
par Pierre Truche. Il y a un an, l'ancien président de la
Cour de cassation s'était lui-même dit «frappé
par la couleur de peau et la fréquence statistique de personnes
étrangères et ou ayant des noms à consonance
étrangère»parmi les victimes de violences policières,
et avait promis que la CNDS travaillerait sur ce point.
Progression. Pierre Truche a tenu parole : dans le rapport annuel
qu'il dévoilera ce matin et que s'est procuré Libération,
la CNDS publie une étude réalisée sous la direction
de Catherine Wihtol de Wenden, directrice de recherches au CNRS,
à partir de 36 dossiers enregistrés entre 2001 et
2004 et mettant en évidence une discrimination. Ce rapport
annuel est également marqué par une nouvelle progression
du nombre de dossiers examinés par la CNDS. En 2004, la commission
a été saisie de 97 dossiers contre 70 en 2003, soit
une hausse de 38 %. La très grande majorité des saisines
concerne des fonctionnaires de la police nationale et de l'administration
pénitentiaire.
Les portraits-robots des victimes de bavures et des fonctionnaires
mis en cause sur quatre ans dans des cas de discrimination sont
sans surprise : d'un côté, des jeunes issus de l'immigration
maghrébine et africaine et résidant dans des banlieues
défavorisées de la région parisienne ; de l'autre,
des policiers âgés en moyenne de 25 ans et rarement
originaires de la région où ils interviennent. 64
% des plaignants sont de nationalité française. «La
plupart d'entre eux ont un nom ou une apparence physique qui laissent
entendre une origine maghrébine ou moyen-orientale.»
L'étude rassemble ainsi les arguments des associations humanitaires
et des syndicats de policiers quand ils dénoncent les idées
reçues qui nourrissent l'hostilité et la méfiance
de part et d'autre dans les banlieues : «Nombre d'agents ont
le sentiment, sur leur lieu de travail, d'être dans un endroit
étranger et hostile, ce que de nombreux plaignants confirment
en déclarant les percevoir comme étrangers au corps
de leur cité. Tantôt le policier est considéré
comme l'élément venant de l'"extérieur"
dans les quartiers réputés sensibles, tantôt
c'est le "jeune issu de l'immigration" qui est ainsi perçu
dans les quartiers neutres ou résidentiels.»
«Joutes». A l'origine de l'intervention policière,
il y a souvent le même motif : «Des contrôles
d'identité à titre préventif, parfois à
l'occasion de regroupements de jeunes et de tapage nocturne.»
L'étude a décortiqué la suite du processus
: «Des joutes "viriles" s'ensuivent, avec échanges
d'insultes se concluant souvent par des procédures d'outrage
et de rébellion, le recours fréquent à la force,
parfois l'utilisation d'armes de service réservées
à un usage défensif [...] Très souvent, on
a le sentiment que les incidents auraient pu être évités.»
Le «sentiment d'impunité» est aussi une cause
importante de dérapage, selon la CNDS, et il «encourage
les agents à se délier de leurs devoirs déontologiques
envers certaines catégories de la population». Les
interpellés «ne sont pas perçus comme des citoyens
ordinaires, indépendamment de leur appartenance supposée
à un groupe ciblé comme groupe à risque».
Pourtant, souligne la CNDS, il y a parmi les interpellés
des acteurs de la vie locale, des cadres et des artistes. Dans ce
contexte, les actes racistes sont «minimisés»,
«couverts au nom de la solidarité entre collègues».
Dans ses conclusions, l'étude de la CNDS note, entre autres
: «Une fracture s'établit, pouvant amener des citoyens
à pouvoir douter de vivre dans un Etat de droit s'ils ne
sont pas traités comme tels.»
Lundi 18 avril 2005 - 8h49
Société
Les dérapages des services de sécurité
de nouveau épinglés
http://permanent.nouvelobs.com/societe/20050418.FAP8636.html?0616
AP 18.04.05
PARIS (AP) -- L'ancien président de la Cour de cassation
Pierre Truche présente lundi matin le rapport annuel de la
Commission nationale de la déontologie de la sécurité
(CNDS) qui a de nouveau vu son activité s'accroître
en 2004 et s'est plus particulièrement intéressée
à «la part des discriminations dans les manquements
à la déontologie».
Un chapitre entier du rapport annuel est ainsi consacré
à une étude sur ce problème réalisée
sous la direction d'une directrice de recherche au Centre national
de la recherche scientifique (CNRS), Catherine Wihtol de Wenden.
Le travail a été effectué sur la base de l'ensemble
des saisines de la CNDS depuis sa création en 2000.
D'autant qu'avec 97 dossiers, la CNDS a de nouveau vu son activité
augmenter de 38% par rapport à 2003. La très grande
majorité de ces saisines concerne les fonctionnaires de la
police nationale (59) et de l'administration pénitentiaire
(9), mais aussi la gendarmerie (6), la police municipale (4) et
les douanes (1). Vingt-deux dossiers lui ont été adressés
hors délai ou ne sont pas de sa compétence.
Dans son rapport, la CNDS s'étonne notamment «qu'un
motif bénin d'intervention débouche sur des violences
graves occasionnant» des blessures. Elle constate aussi le
caractère parfois abusif des «palpations de sécurité»
en «l'absence d'infraction».
Saisie de trois cas de suicide dans la même maison d'arrêt,
la commission «ne peut que déplorer que n'aient pas
été suffisamment pris en compte dans ces affaires
le profil psychologique et l'état de santé»
de ces détenus. Elle condamne aussi les conditions de l'intervention
du GIPN (groupement d'intervention de la police nationale) dans
la cellule d'une détenue.
Mais la commission s'intéresse aussi de près au suivi
de son travail. Elle publie ainsi les réponses des autorités
auxquelles elle a adressé des recommandations et des parquets
qu'elle a saisis lorsqu'elle estimait que les faits méritaient
des poursuites pénales.
Elle constate notamment que plusieurs circulaires ont fait l'objet
de modifications. Elles concernent notamment l'organisation des
escortes pénitentiaires (et plus particulièrement
celles des femmes enceintes), et l'utilisation des «produits
incapacitants» comme les menottes par la police nationale.
La CNDS n'a aucun pouvoir de sanction et doit se limiter à
faire des observations aux pouvoirs publics, des observations qui
ne sont pas toujours suivies d'effet.
AP
Dérapages policiers: forte hausse des incidents signalés
à la CNDS en 2004
http://www.rtl.fr/rtlinfo/filafp/article.asp?dicid=050417132252.40ywr58a&cheminmedia=/blocspubli/XmlAfp/fra/&chemin=fra
PARIS (AFP) - Les incidents signalés à la Commission
nationale de déontologie de la sécurité (CNDS),
notamment ceux mettant en cause des policiers, ont augmenté
de 38% en 2004, selon le rapport annuel de cet organisme indépendant
qui sera publié lundi.
La commission chargée de veiller au respect de la déontologie
par les personnes exerçant des activités de sécurité
(police, gendarmerie, gardiens de prison...) a été
saisie de 97 affaires (contre 70 en 2003), dont plus de la moitié
concerne la police nationale (59 contre 43).
Elle est essentiellement saisie par des parlementaires.
La plupart des plaintes contre les policiers ont pour origine les
conditions d'interpellation, de contrôle d'identité,
de garde à vue, qui donnent lieu dans certains cas à
des "mesures de contrainte" disproportionnées ou
à des violences.
La commission a noté en 2004 une augmentation des affaires
ayant pour origine une infraction contestée au code de la
route qui ont dégénéré et donné
lieu à une "escalade de la répression" (procédure
d'outrage, conduite au commissariat).
Parmi les "violences inadmissibles" examinées
en 2004, la commission rapporte le cas de policiers en état
d'ivresse qui ont frappé un Turc "à coups de
matraques, de poing, de pieds, en tenant des propos racistes".
La commission a par ailleurs effectué une première
étude sur la part des discriminations raciales dans les manquements
à la déontologie de la part des policiers, portant
sur les années 2001-2004, qui montre une augmentation: 15
cas en 2004 contre 1 en 2001 pour un total de 36 affaires où
une discrimination a été mise en évidence sur
les 4 ans.
Les plaignants sont avant tout "des jeunes issus de l'immigration
maghrébine, interpellés dans les banlieues défavorisées
de la région parisienne", selon la Commission.
SOCIÉTÉ
L’État trop doux avec les violences policières
http://www.humanite.presse.fr/journal/2005-04-07/2005-04-07-459827
En avril 1993, Rachid Ardjouni, un adolescent de dix-sept ans d’origine
algérienne, est abattu d’une balle dans la nuque par
un policier ivre. Reconnu coupable d’homicide volontaire,
l’auteur du coup de feu écope de vingt-quatre mois
d’emprisonnement dont seize avec sursis. En avril 2000, Riad
Hamlaoui, un Algérien de vingt-cinq ans, est abattu à
bout portant dans sa voiture par un policier stressé. Le
jeune homme n’était pas armé. Mais le fonctionnaire,
pour expliquer son geste, assure s’être senti menacé.
En 2002, il sera condamné à trois ans d’emprisonnement
avec sursis. Et puis, il y a Aïssa Ihich, un lycéen
mort d’une crise d’asthme au bout de trente-six heures
d’une violente garde à vue. En 2001, dix ans après
les faits, le tribunal correctionnel de Versailles a finalement
condamné deux policiers à dix mois d’emprisonnement
avec sursis.
VICTIMES ÉTRANGÈRES
Des peines tout juste symboliques. Mais aussi des procédures
qui durent des années, des magistrats du parquet qui enterrent
les dossiers, une « police des polices » à la
fois juge et partie... Dans un rapport, rendu public hier, Amnesty
International (AI) critique sévèrement l’attitude
des autorités françaises face aux violences policières.
Et résume d’un mot le statut officieux dont jouiraient
les forces de l’ordre : « l’impunité »
L’étude s’appuie sur une trentaine de cas entre
1991 et 2005. « Ce sont toutes des anciennes affaires qui
ont souvent déjà été jugées,
insiste Geneviève Sevrin, présidente d’Amnesty
en France. Cela permet une vraie évaluation. » Et le
bilan n’est pas joyeux. « En France, indique le rapport,
le gouvernement, les magistrats et les responsables de la police
nationale laissent les policiers faire un usage excessif de la force,
voire recourir à la force meurtrière, à l’encontre
des suspects d’origine arabe ou africaine, sans qu’ils
aient à craindre de sanctions sévères. »
Le nombre de bavures mortelles a certes diminué ces dernières
années. En revanche, le nombre de saisines de l’inspection
générale de la police nationale (IGPN) ou de l’inspection
générale des services (IGS) a augmenté de 18,5
% en 2004. Soit la septième année de hausse consécutive.
« La plupart des plaintes pour mauvais traitements policiers
ont été déposées à la suite de
contrôles d’identité ayant dégénéré
», précise Amnesty. Dans son rapport, toutes les victimes
sont étrangères ou « d’apparence »
étrangère. La plupart originaires du Maghreb ou d’Afrique
subsaharienne et habitants des « quartiers sensibles ».
Un phénomène favorisé, selon l’ONG,
par les récents discours ministériels appelant à
la « reconquête » des zones de « non-droit
». Des directives qui semblent « être prises littéralement
par les unités d’intervention de la police sur le terrain,
qui se considère comme une force engagée dans un conflit
contre un ennemi et opérant sur un théâtre d’opérations
militaires ». L’attitude de la justice, notamment des
magistrats du parquet, est elle aussi pointée du doigt. «
Un nombre important d’affaires ne sont jamais déférées
à la justice, relève le rapport. Quant à celles
qui sont jugées, elles se soldent rarement par des condamnations
et les peines sont souvent symboliques. » Bref, une justice
à deux vitesses.
Amnesty International fait toute une série de propositions
pour enrayer cette situation. Certaines très concrètes,
comme instaurer la présence d’un avocat dès
la première heure de garde à vue qui serait filmée
dans toutes les étapes de son déroulement. D’autres
plus ambitieuses, comme la création d’un organisme
indépendant chargé d’enquêter sur les
bavures policières et qui pourrait remplacer, à terme,
l’IGPN et l’IGS. Ou encore l’intégration
dans le Code pénal d’une définition exhaustive
de la torture, telle que définie par les Nations unies.
ENQUÊTE SÉRIEUSE
Autant d’idées qui vont être soumises aux ministères
de l’Intérieur et de la Justice. « Notre but
n’est pas de dénigrer l’institution policière
qui est, bien évidemment, indispensable à la société,
souligne Geneviève Sevrin. Mais cette enquête sérieuse
doit servir à améliorer la situation. » Des
améliorations que ne partage pas Alliance. Le premier syndicat
de gardiens de la paix s’est dit hier « scandalisé
» par ce rapport. « Les organes de discipline fonctionnent
bien et à plein rendement dans la police, plus que dans les
autres administrations », a assuré son secrétaire
général, Jean-Luc Garnier. Amnesty International a
encore du boulot...
Laurent Mouloud
Les bavures policières à l'abri de la justice
http://www.liberation.fr/page.php?Article=287753
Amnesty International a publié mercredi à Paris un
rapport dénonçant une «impunité de fait»
pour les auteurs de bavures en France • Le système
disciplinaire et les procédures judiciaires en cas de bavures
sont également épinglés •
Par PATRICIA TOURANCHEAU
mercredi 06 avril 2005 (Liberation.fr)
Amnesty International a publié mercredi un rapport intitulé
«France, pour une véritable justice», non pas
sur les bavures policières mais sur «l'impunité
de fait des agents de force publique dans des cas de coups de feu,
de morts en garde à vue, de tortures et autres mauvais traitements».
L'organisation a analysé une trentaine d'affaires de «graves
violations des droits humains, avérées ou présumées,
commises par des policiers, entre 1991 et 2005» dans l'hexagone.
Sur dix-huit cas de violences policières exposés
dans le détail, tous «concernent des jeunes d'origine
étrangère» d'Afrique du nord ou subsaharienne.
Amnesty stigmatise aussi l'inertie du parquet à déclencher
des poursuites, la propension des policiers à dégainer
une plainte pour outrage ou rébellion contre ceux qui portent
plainte à leur encontre, et la faiblesse des condamnations
prononcées, lorsqu'il y en a.
A l'appui de ces conclusions, Gillian Fleming, chercheuse d'AI
sur la France, cite deux cas : «Un jeune homme dans une voiture
peut-être volée qui vient de fêter un nouvel
emploi a été tué par un policier qui a tiré
de l'extérieur à travers la vitre embuée :
3 ans de prison avec sursis» ; un policier de Mantes-la-Jolie
qui a tiré en 1991 dans le pare-brise arrière d'une
voiture et a abattu le passager Youssef Khaïf a été
acquitté dix ans plus tard au motif que «son état
d'esprit était altéré par la mort de sa collègue»
juste avant.
Si «les tirs policiers sont en diminution», la multiplication
des contrôles d'identité et l'attitude de policiers
lancés dans la «reconquête» de quartiers
sensibles qui «se considèrent comme une force engagée
dans un conflit contre un ennemi» contribuent à ces
«dérapages» selon le rapport d'Amnesty. Il rappelle
que les faits de brutalités policières alléguées
dénoncées aux services du ministère de l'Intérieur
ont augmenté de 18,5% entre 2003 et 2004.
«La justice se montre incapable de mener des enquêtes
exhaustives et impartiales et d'en punir les auteurs» de ces
violences, remarque Amnesty qui recommande donc aux autorités
françaises de créer «un organisme indépendant»
chargé de conduire ces investigations, «d'ordonner
des procédures disciplinaires» et judiciaires afin
«de remplacer à terme» les trois services d'inspection
internes à la police et la gendarmerie (IGPN, IGS et IGG)
qui ont tendance à «couvrir».
Amnesty International dénonce l'impunité
La justice à deux vitesses, ça suffit !
http://www.culturefemme.com/actualites/detail.php?id=439
A culturefemme.com on en pense quoi?
A culturefemme, il faut reconnaître que nous sommes parfois
choqués par le traitement des bavures policières.
Un petit voleur de mobylette peut prendre des mois de prison ferme
alors que sa mort suite à des "violences policières"
ne fait parfois encourir, des années après, qu'une
moindre peine pour les responsables. L'affaire récente de
la Goutte d'Or mérite à cet égard d'être
suivie pour voir les évolutions de cette justice inégale.
Amnesty International a publié mercredi à Paris un
rapport dénonçant une "impunité de fait"
pour les auteurs de bavures policières en France et a exhorté
les autorités à prendre des mesures urgentes pour
mettre fin à "une justice à deux vitesses".
Dans cette étude, qui s'appuie sur une trentaine de cas
de violences policières entre 1991 et 2005, Amnesty International
s'inquiète de "l'impunité de fait des agents
de la force publique dans des cas de coups de feu, de morts en garde
à vue, de torture et autres mauvais traitements" et
dénonce également le racisme, "facteur important"
dans les affaires décrites.
"Nous ne croyons pas que la plupart des policiers sont des
tortionnaires ou des tueurs. La question, c'est qu'il y en a qui
commettent des brutalités et leurs actes ne sont pas suffisamment
pris au sérieux par les autorités", a déclaré
lors d'une conférence de presse Gillian Fleming, chercheuse
d'Amnesty International, et auteur du rapport intitulé :
"France. Pour une véritable justice".
Le document, qui décrit en détail 18 affaires, dénonce
certains comportements policiers, des contrôles d'identité
jugés abusifs aux recours estimés excessifs à
la force et aux armes à feu, avant de critiquer vigoureusement
le système disciplinaire et les procédures judiciaires
en cas de bavures.
Il rappelle que les saisines de l'Inspection générale
de la police nationale (IGPN, "police des polices"), pour
des violences alléguées, ont augmenté de 18,5
% en 2004 par rapport à 2003.
"Un nombre important d'affaires ne sont jamais déférées
à la justice; quant à celles qui sont jugées,
elles se soldent rarement par des condamnations et les peines sont
souvent symboliques", écrit Amnesty International, exemples
à l'appui.
L'organisation, qui doit présenter son rapport aux ministères
concernés, formule une série de recommandations. Elle
plaide tout particulièrement pour la création d'un
organisme indépendant chargé d'enquêter sur
les bavures policières, qui aurait le pouvoir de lancer des
procédures disciplinaires ainsi que de saisir directement
le parquet. Cet organisme remplacerait à terme la "police
des polices" qui, selon l'avocat Francis Terquem, ne "sert
qu'à couvrir" les bavures.
Elle exhorte également la France à renforcer les
droits des gardés à vue, en leur garantissant sans
exception l'accès à un avocat dès la première
heure, l'accès à des soins médicaux, et demande
que les interrogatoires soient filmés, comme c'est désormais
le cas en Grande-Bretagne.
Amnesty International invite par ailleurs Paris à se conformer
aux normes internationales, notamment en intégrant dans le
code pénal une définition exhaustive de la torture,
telle que définie par les Nations unies.
Les bavures et l'impunité policières ne sont pas
l'apanage de la France, a affirmé David Diaz-Jogeix, directeur
adjoint de la région Europe d'Amnesty International, en rappelant
que plusieurs pays européens, dont la Grande-Bretagne, l'Espagne,
et l'Allemagne avaient été épinglés
par des rapports d'Amnesty.
"Mais cela n'ôte rien au fait que la situation est extrêmement
grave", a-t-il dit, en espérant que Paris donnerait
suite aux recommandations du rapport.
Alliance, premier syndicat de gardiens de la paix, a réagi
avec virulence, se disant "scandalisé" par ce rapport
qui "renforce tout simplement l'impunité des petits
et moyens délinquants".
Pour Synergie, second syndicat d'officiers, ce rapport est une
"aberration basée sur le mensonge, la négation
de la réalité et une méconnaissance totale
des institutions françaises".
Posté par Domenico le 07/04/2005
Hausse des violences policières en 2004
http://www.nouvelobs.com/articles/p2107/a265335.html
Le nombre de saisines de l’Inspection générale
de la Police nationale (IGPN) et de l’Inspection générale
des Services pour des faits de violences alléguées
est en augmentation constante depuis six ans. Avec une hausse pour
2004 de 18,5%, par rapport à 2003. Plus clairement, les deux
services ont traité l’an dernier 724 cas de violences
policières présumées, contre 611 en 2003 et
560 en 2002. Aux termes de ces enquêtes, 84 sanctions ont
été prononcées à l’encontre de
fonctionnaires de police. En février, le ministre de l’Intérieur
Dominique de Villepin a envoyé un message à tous les
policiers, appelant au «respect absolu des règles républicaines
de la déontologie». Il tenait aussi à demander
aux équipes de «proportionner l’usage du recours
à la force».
Elsa Vigoureux Nouvel obs
Violences policières
Mai 2004
http://www.ldh-toulon.net/article.php3?id_article=61
La Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité
fait état dans un rapport publié jeudi 6 mai 2004
d’une forte augmentation des signalements de violences policières
(triplement en deux ans). Elle demande "des réformes
de structure importantes" pour y remédier.
Pour illustrer ce constat, Libé a publié six récits
d’interpellations récentes qui ont tourné au
cauchemar ...
La Commission Nationale de Déontologie de la Sécurité
fait état dans un rapport publié jeudi 6 mai 2004
d’une forte augmentation des signalements de violences policières
et demande "des réformes de structure importantes"
pour y remédier. L’évolution est corroborée
par l’Inspection générale de la police nationale
(IGPN, compétente sur l’Hexagone) et l’Inspection
générale des services (IGS, compétente à
Paris) qui, en 2003, ont enregistré 611 faits allégués
de violences policières contre 560 en 2002, soit une hausse
de 9,10 %.
Le constat ne s’appuie pas sur un recensement exhaustif mais
rejoint celui d’organisations de défense des droits
de l’homme, qui dénoncent depuis deux ans les conséquences
de "l’obligation de résultat" imposée
en matière de lutte contre la délinquance par l’ex-ministre
de l’Intérieur Nicolas Sarkozy.
Le rapport de la CNDS passe à la loupe 70 cas de violences
ou de dysfonctionnements signalés en 2003 (contre 40 en 2002
et 20 en 2001) concernant la police de "voie publique",
mais aussi la police de l’air et des frontières, les
surveillants de prison et les sociétés de sécurité
privées.
Concernant la police de voie publique, les affaires vont de passages
à tabac purs et simples aux violences plus légères
en passant par des arrestations ou placements en garde à
vue arbitraires, des contrôles abusifs ou des intrusions illégales
de gardiens de la paix dans des domiciles privés. Selon elle,
les policiers ont ainsi tendance à prendre des libertés
avec les procédures, notamment dans les placements en garde
à vue "de confort" la nuit, et mènent parfois
des interventions inutilement musclées.
Les violences lors d’expulsions d’étrangers
en situation irrégulière sont plus graves, deux décès
étant imputés par la commission à des gestes
"excessivement appuyés et prolongés". La
CNDS estime par ailleurs que les "vols groupés",
les "charters" affrétés par le ministère
de l’Intérieur pour renvoyer des groupes d’étrangers
en situation irrégulière originaires du même
pays, font en général l’objet d’une "préparation
insuffisante".
Un chapitre particulier est consacré aux prisons françaises,
où la surpopulation a atteint des records historiques avec
61.000 détenus pour 48.500 places en juillet 2003. La CNDS
a examiné sept cas de décès de détenus,
dont cinq suicides, ce qui l’amène à demander
un meilleur suivi des prisonniers et à critiquer le placement
en quartier disciplinaire de personnes fragiles et les transferts
soudains éloignant les détenus de leurs familles.L’absence
de personnel d’encadrement et de moyens techniques d’intervention
la nuit, dans les prisons, est dénoncée par le rapport,
qui suggère la création de dispositifs d’urgence.
Pierre Truche, président de la CNDS, s’est enfin dit
"frappé par la fréquence statistique (parmi les
victimes de violences policières) de personnes étrangères
ou ayant des noms à consonance étrangère".
Il est trop tôt pour conclure à un problème
de racisme dans la police mais la commission travaillera sur ce
point pour le rapport de l’année prochaine, a-t-il
promis.
Hausses de 18,5 % des violences policières illégitimes
en 2004
http://hermaphrodite.fr/breve302
Extrait d’un article du Monde :
" L’an passé, les services de police ont reçu
724 plaintes relatives à des violences qui auraient été
commises par les forces de l’ordre. Le ministre de l’intérieur
a rappelé à tous les policiers qu’il fallait
"proportionner l’usage" de la contrainte.
En juin 2003 , pendant la Fête de la musique, un homme d’une
trentaine d’années a eu la mauvaise idée de
prendre en photo un policier et deux adjoints de sécurité,
attablés à la terrasse d’un café parisien.
Les trois hommes lui ont réclamé la pellicule ; le
photographe amateur a refusé. Il a été emmené
sans aucune justification au commissariat où il a reçu
un coup de poing à la mâchoire. Après enquête,
le policier responsable de ce dérapage a été
suspendu.
(...)
Cette hausse spectaculaire, inédite par son ampleur, ne fait
que confirmer une tendance lourde. Elle intervient après
celle constatée en 2003 (+ 9,1 %) et constitue la septième
année consécutive d’aggravation de ces violences
illégitimes. En 2004, le total des saisines s’élève
à 724, contre 611 en 2003, 560 en 2002 et 517 en 2001. Ces
faits, qui peuvent être antérieurs de quelques mois
à 2004, représentent un peu moins de 40 % de l’ensemble
des enquêtes administratives et judiciaires ouvertes par l’IGPN
et l’IGS l’an passé. Dans trois cas sur quatre
environ, ces violences se produisent lors d’interventions
sur la voie publique.
MANQUE D’EXPÉRIENCE
Pour expliquer ce phénomène, l’institution
policière rappelle tout d’abord qu’elle sanctionne,
plus que toute autre, les dérapages de ses fonctionnaires.
L’année 2004 a été marquée sur
ce point par une hausse de 21 % de l’ensemble des sanctions
disciplinaires, parmi lesquelles 59 cas de violences illégitimes
avérées (soit 6 de moins qu’en 2003). Ensuite,
l’IGPN rappelle la dangerosité du métier de
policier. "Il y a deux solutions : soit on y va et le risque
de confrontation est réel dans la lutte pour la maîtrise
du territoire, soit on reste chez soi et on tourne la tête,
explique son directeur général, Daniel Herbst. Mais
ça, ce n’est pas la philosophie actuelle."
Dans son rapport présenté le 2 mars, l’Observatoire
national de la délinquance (OND) expliquait à ce sujet
que, pour la deuxième année, consécutive, le
nombre de violences à dépositaires de l’autorité
a été supérieur à 20 000 en 2004, alors
qu’il n’était que de 11 422 en 1996. Sont inclus
dans cette rubrique les faits de rébellion, souvent mis en
avant par les policiers au cours d’interventions litigieuses.
Par ailleurs, la montée de la violence dans la société
s’observerait aussi chez les policiers, à en croire
certains cadres. En huit ans, les atteintes à l’intégrité
physique ont augmenté de 72 %, souligne l’OND. "Les
policiers sont affectés par un climat général,
explique un haut responsable policier. Comment imaginer qu’ils
puissent y échapper ?" D’autant plus que se pose,
une fois encore, la question de la faiblesse de l’encadrement.
Plus de 80 % des faits allégués traités par
la "police des polices" se sont produits à Paris,
dans les Hauts-de-Seine, en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne.
Or l’écrasante majorité des policiers qui travaillent
dans ces départements viennent de province. Naturellement,
ils ne maîtrisent pas le langage et ne décryptent pas
les attitudes des jeunes gens qu’ils contrôlent. Le
manque de policiers expérimentés à leur côté,
sur le terrain, est criant.
"Nous avons recruté depuis six ans des dizaines de
milliers de policiers, c’est la génération baby-boom,
explique Daniel Herbst. Beaucoup d’anciens sont partis à
la retraite pendant ce temps. C’est pour y remédier
qu’on a adopté la réforme des corps et carrières."
La composante déontologie a par ailleurs été
renforcée dans le cursus de formation des gardiens de la
paix. Des exercices de simulation, inspirés de bavures réelles,
sont organisés dans les écoles.
La situation a été jugée suffisamment alarmante
au ministère de l’intérieur pour que Dominique
de Villepin adresse un long message écrit à tous les
fonctionnaires de police, le 25 février, sous l’intitulé
"Une police professionnelle, appréciée des citoyens
et davantage respectée." Il leur a rappelé les
contours du "visage de la loi"qu’ils doivent incarner
: "Sa rigueur certes, mais aussi ses principes d’humanité,
d’égale dignité de tous, de compréhension
des situations particulières, en toutes circonstances."
M. de Villepin a insisté sur la nécessité
"de proportionner l’usage du recours à la force".
Cette proportionnalité doit être facilitée par
le développement des armes non létales comme le flashball.
"La nécessité de votre action est mieux comprise,
l’application de la loi mieux acceptée, quand le citoyen,
français ou étranger, a l’assurance qu’il
fait l’objet d’un traitement courtois, non discriminatoire
et justifié par les circonstances", a rappelé
le ministre aux policiers."
Piotr Smolar
Source : LE MONDE 10 mars 2005
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