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Candidats à la présidentielle
Osez la Vérité
Alain Vidal

Parce que les droits fondamentaux sont incompatibles

avec la monnaie marchandise et le salariat… Il est trompeur de se déclarer antilibéral, anticapitaliste, sans dire la vérité sur la monnaie à intérêts et le salariat.

Monnaie marchandise et travail marchandise (le salariat) sont les causes premières de la course au profit, du productivisme, de la croissance, et de la destruction de la planète.

Que sont les droits fondamentaux quand les hommes sont obligés de se vendre pour un salaire ?

Apparu avec l’esclavage et le servage, le travail gratuit obligatoire a-t-il vraiment disparu avec le salariat?

Les droits fondamentaux sont-ils effectifs quand on ne reconnaît pas aux hommes ce droit fondamental parmi tous de choisir la nature des productions, leur qualité, leur quantité, selon les besoins des populations définis en dehors d’intérêts uniquement marchands ?

Peut-on avoir la paix sur terre, quand on ne contrôle pas un système de production de richesses et de création monétaire, depuis longtemps générateur de guerres en tous genres?

Contre le découragement et le désespoir, une analyse lucide.

Ce préalable est le fondement de toute éducation populaire digne de ce nom. Pour avancer pas à pas, pour que les réformes obtenues ne soient pas considérées comme des victoires définitives nous incitant à baisser les bras. Pour que ce qui est repris d’une main par les décideurs ne brise pas la volonté de continuer à se battre, il faut avoir une vision claire et précise de la société. Tous les acquis sociaux des trente glorieuses de l’Etat providence, tous ces acquis volent aujourd’hui en éclat. Beaucoup, écoeurés, abandonnent parce qu’ils avaient pris ces acquis pour des droits fondamentaux. Tant que les fondements de la société sont le salariat et la monnaie marchandise aucun droit fondamental digne de ce nom ne peut véritablement exister.

Rien ne sera jamais acquis, tant que le grand patronat contrôlera le jeu en fixant lui-même les règles de la vie économique. Seule, une analyse lucide du cadre dans lequel se fait la production des biens et des services évitera découragement ou désespoir. Tant que ce travail d’éducation populaire ne sera pas fait par ceux qui se réclament d’un autre monde, l’avenir restera bouché. Les taxes de toutes sortes ne suppriment jamais les injustices fondamentales.

Pas de profit sans travail gratuit : droits fondamentaux et salariat… une sacrée contradiction !

Par quel coup de baguette magique, ce qui était considéré comme impossible sous le servage, le devient subitement à partir de 1789, avec l’extension du salariat ? Quelle est la réalité des droits de l’homme quand une minorité conserve le privilège de faire travailler gratuitement le plus grand nombre? Est-ce un hasard, si l’une des premières mesures prises par les « révolutionnaires » de l’époque fut la loi Le Chapelier interdisant aux ouvriers le droit de se réunir et de s’organiser. Comme le serf, le salarié donne gratuitement une part de son travail au patron. Que signifient véritablement les droits de l’homme dans une société salariale, sans le droit fondamental de choisir la nature de la production, la qualité et la quantité selon les besoins du plus grand nombre ?

Le patron ne donne rien, il laisse seulement, sous forme de salaire, l’équivalent d’une partie de la valeur de la production totale effectuée. Le salaire n’est en fait qu’une partie payée du travail fourni par le salarié.

Il faut savoir que dans la réalité, un patron ne paye ni salaires, ni cotisations sociales, ni investissements, puisque tout est récupéré au moment de la vente. Ce sont les travailleurs, du balayeur à l’ingénieur, qui donnent une part de leur travail au patron. Et c’est dans la valeur de la production effectuée pendant ce travail gratuit que l’employeur réalise les bénéfices. Une fois que, par la vente, le patron a récupéré ses investissements, ses cotisations, il lui reste le profit, en quelque sorte, son salaire à lui.

La monnaie, comme un voile qui rend invisible le travail non payé.

Dans cette affaire, la monnaie joue un rôle essentiel, celui de masquer la réalité de l’exploitation. Le serf, sans avoir à réfléchir trop longtemps se rendait bien compte qu’il travaillait gratuitement, la moitié du temps, sur les terres du seigneur. Il se rendait bien compte qu’il donnait, en nature, la moitié de ce qu’il produisait à son maître. Avec l’unité de lieu propre à l’entreprise capitaliste, le salarié a l’illusion de travailler que pour lui-même.

Si un seigneur féodal, un propriétaire d’esclaves revenaient aujourd’hui, ils seraient stupéfaits de voir tous ces gens se levant, le matin, prendre le bus, la voiture, le métro pour arriver à l’heure à leur entreprise. Etonnés de voir une foule de gens travailler en partie gratuitement, et docilement, sans aucune contrainte apparente, sans menace, sans gardes, sans fouet. Ils seraient sidérés de ne jamais voir dans les manifestations, des banderoles remettant en question le salariat…

La monnaie n’est pas une richesse, elle n’en est que la mesure.

La bourgeoisie, au XVIII, a communiqué de manière extraordinaire, elle a réalisé un fantastique coup de pub qui, deux cents ans après, continue d’anesthésier quasiment toutes les consciences : proclamer à la fois les droits de l’homme, tout en refusant le premier des droits, celui d’avoir la liberté de produire biens et services selon les besoins… il fallait le faire

Faire croire à l’abolition des privilèges, alors qu’était maintenue, pour la bourgeoisie bancaire, le droit de vendre une monnaie dont la création ex nihilo, à partir de rien, ne coûte quasiment aucun travail, ça aussi, il fallait l’oser !

Un privilège qui perdure, et qui nous oblige d’abord à produire pour obtenir un revenu permettant de consommer des richesses produites ailleurs que dans les banques. La monnaie n’étant que la mesure des richesses, n’est pas intrinsèquement une richesse. Seule l’avidité des banquiers à faire des profits à partir du travail gratuit du plus grand nombre nous fait croire que la monnaie est une richesse.

Les intérêts, un « impôt » privé qui n’est pas redistribué !!!

Les banquiers ont eu le culot de transformer un instrument de mesure des richesses et de paiement, en une marchandise, s’autorisant ainsi à prélever des intérêts proportionnels aux biens et services échangés. L’Etat a le droit de prélever des taxes proportionnelles aux produits consommés. Tout le monde sait que ces taxes ne sont pas justifiées par des coûts de production ou de distribution. Des taxes, comme la TVA, alimentent le budget de l’Etat et sont donc redistribuées. L’Etat aurait-il seul ce droit? Et bien non, les banquiers agissent ainsi depuis le Moyen-âge, sans redistribution à la collectivité, sans que jamais, ou presque, on ait osé contester ce privilège. Et ils nous font croire que c’est le prix de leur travail. L’extension du salariat ne peut se comprendre sans l’extension de la monnaie à intérêts c'est-à-dire d’une monnaie transformée en marchandise. Partout, la monnaie a préparé le terrain pour la mise en place de la société salariale.

Un processus historique, occupation militaire, occupation monétaire…puis salariat

Arme de domination massive, la monnaie payante est telle, qu’il faut d’abord produire pour payer le banquier, puis après, et seulement après, vivre ou survivre avec ce qui reste. Une foule de petits paysans ou artisans indépendants sont expropriés de leurs moyens de production. Des petits producteurs sont réduits à la misère des bidonvilles, ou au salariat, par l’obligation qui leur est faite d’utiliser une monnaie payante pour consommer.Toute utilisation d’une autre monnaie traditionnelle non payante devient illégale considérée comme criminelle passible de la peine de mort.

De la violence de l’épée à celle de la monnaie

Le même processus est à l’œuvre depuis des siècles, hier, au Moyen-âge, aujourd’hui, en Inde ou au Brésil. Occupation militaire d’un territoire, esclavage, servage, puis intervention des marchands pour arracher les paysans à la terre du seigneur. Paysans affranchis devenus libres…libres de se soumettre à une servitude volontaire qui ne dit pas son nom, le servage monétaire. Monopole des banquiers, les intérêts de la monnaie (la dette) ruinent les petits producteurs. Poussés vers les taudis des faubourgs moyennageux, ou vers les favelas, ces populations ont constitué et constituent encore un prolétariat de base, une main d’œuvre offerte à la bourgeoisie capitaliste, formidable gisement de travail gratuit.

La monnaie, formidable invention pour pacifier les échanges (payer, de pacare, en latin, faire la paix) a été transformée en une arme de la guerre de tous contre tous, le remboursement des intérêts nous contraignant à dévaster la planète, à produire pour produire, afin de justifier la croissance de la monnaie en circulation.

Le salarié est soumis à la double peine : travail gratuit obligatoire pour le banquier et pour l’employeur

Que le banquier soit payé pour son travail de gestion, c’est juste, mais il ne devrait pas avoir le droit de prélever des taxes, nommées intérêts, sur des marchandises qui ne lui appartiennent pas. Des intérêts qui, indépendamment des capitaux, pèsent sur les consommateurs, sur l'Etat comme sur les entreprises. Au total, c'est plus de 200 milliards d'euros, ou 3000 euros par français et par an. Les banques réduisent ainsi de 33% le pouvoir d'achat des consommateurs. 200 milliards €, pour de simples lignes d'écriture sur ordinateur, c'est l'équivalent de 75% du budget de la France !

A savoir que les intérêts liés aux capitaux investis pour produire sont répercutés dans les prix de tous les biens et services consommés. Et que le moindre achat nous réduit au servage monétaire.

Rappelons pour exemple, que la création de 1 milliard d’euros, c’est le temps de taper 10 chiffres sur un clavier…et que la masse monétaire en circulation est virtuelle à 90%, dissociée de tout support matériel.

Croire aux droits de l’homme dans la société salariale, c’est croire à l’égalité dans une relation maître-serviteur, c’est croire aux vertus de l’Amour dans un bordel.

Une revendication d’éducation populaire :

pour tout produit, indiquer la part de travail gratuit fournie par les salariés.

De même que, sur les étiquettes, est indiquée la composition des produits que nous achetons dans les magasins, nous devons obtenir que soient rendue publiques les conditions de fabrication et, notamment, la part de travail gratuit contenu dans chaque produit, au Sud, comme au Nord.

Dans la dernière plaquette contre l’OMC, on lit cette revendication incongrue: « pour la subordination du commerce aux droits fondamentaux ». Ce slogan risque de provoquer de profondes désillusions ; en effet, comment espérer subordonner le commerce des marchandises aux droits fondamentaux, quand on ne reconnaît pas aux salariés qui produisent ces mêmes marchandises le droit fondamental de contrôler la production selon leurs besoins ?

Il y a urgence à laisser entrevoir, au delà de l’horizon des rapports marchands, une société de dépassement du salariat et de la monnaie marchandise. Cela serait d’un effet certain sur l’opinion publique, et le mouvement altermondialiste y trouverait là un deuxième souffle pour construire un monde qui ne serait plus une marchandise.

Trois propositions minimales pour les candidats à la présidentielle

Explication du vol des richesses et de la destruction de la planète par la monnaie marchandise et le salariat.

Réappropriation par l’Etat du droit de création monétaire, pour une monnaie publique et sans intérêts.

Indication, sur tous les produits, de la traçabilité du travail non payé, fourni gratuitement par les salariés.

30/03/07 « Libérer la monnaie » Collectif Nantes

Alain Vidal     vidal.mothes (at) wanadoo.fr