Parce que les droits fondamentaux sont incompatibles
avec la monnaie marchandise et le salariat… Il est trompeur
de se déclarer antilibéral, anticapitaliste, sans
dire la vérité sur la monnaie à intérêts
et le salariat.
Monnaie marchandise et travail marchandise (le salariat) sont les
causes premières de la course au profit, du productivisme,
de la croissance, et de la destruction de la planète.
Que sont les droits fondamentaux quand les hommes sont obligés
de se vendre pour un salaire ?
Apparu avec l’esclavage et le servage, le travail gratuit
obligatoire a-t-il vraiment disparu avec le salariat?
Les droits fondamentaux sont-ils effectifs quand on ne reconnaît
pas aux hommes ce droit fondamental parmi tous de choisir la nature
des productions, leur qualité, leur quantité, selon
les besoins des populations définis en dehors d’intérêts
uniquement marchands ?
Peut-on avoir la paix sur terre, quand on ne contrôle
pas un système de production de richesses et de création
monétaire, depuis longtemps générateur de guerres
en tous genres?
Contre le découragement et le désespoir, une
analyse lucide.
Ce préalable est le fondement de toute éducation
populaire digne de ce nom. Pour avancer pas à pas, pour que
les réformes obtenues ne soient pas considérées
comme des victoires définitives nous incitant à baisser
les bras. Pour que ce qui est repris d’une main par les décideurs
ne brise pas la volonté de continuer à se battre,
il faut avoir une vision claire et précise de la société.
Tous les acquis sociaux des trente glorieuses de l’Etat providence,
tous ces acquis volent aujourd’hui en éclat. Beaucoup,
écoeurés, abandonnent parce qu’ils avaient pris
ces acquis pour des droits fondamentaux. Tant que les fondements
de la société sont le salariat et la monnaie marchandise
aucun droit fondamental digne de ce nom ne peut véritablement
exister.
Rien ne sera jamais acquis, tant que le grand patronat contrôlera
le jeu en fixant lui-même les règles de la vie économique.
Seule, une analyse lucide du cadre dans lequel se fait la production
des biens et des services évitera découragement ou
désespoir. Tant que ce travail d’éducation populaire
ne sera pas fait par ceux qui se réclament d’un autre
monde, l’avenir restera bouché. Les taxes de toutes
sortes ne suppriment jamais les injustices fondamentales.
Pas de profit sans travail gratuit : droits fondamentaux et
salariat… une sacrée contradiction !
Par quel coup de baguette magique, ce qui était considéré
comme impossible sous le servage, le devient subitement à
partir de 1789, avec l’extension du salariat ? Quelle est
la réalité des droits de l’homme quand une minorité
conserve le privilège de faire travailler gratuitement le
plus grand nombre? Est-ce un hasard, si l’une des premières
mesures prises par les « révolutionnaires » de
l’époque fut la loi Le Chapelier interdisant aux ouvriers
le droit de se réunir et de s’organiser. Comme le serf,
le salarié donne gratuitement une part de son travail au
patron. Que signifient véritablement les droits de l’homme
dans une société salariale, sans le droit fondamental
de choisir la nature de la production, la qualité et la quantité
selon les besoins du plus grand nombre ?
Le patron ne donne rien, il laisse seulement, sous forme de
salaire, l’équivalent d’une partie de la valeur
de la production totale effectuée. Le salaire n’est
en fait qu’une partie payée du travail fourni par le
salarié.
Il faut savoir que dans la réalité, un patron ne
paye ni salaires, ni cotisations sociales, ni investissements, puisque
tout est récupéré au moment de la vente. Ce
sont les travailleurs, du balayeur à l’ingénieur,
qui donnent une part de leur travail au patron. Et c’est dans
la valeur de la production effectuée pendant ce travail gratuit
que l’employeur réalise les bénéfices.
Une fois que, par la vente, le patron a récupéré
ses investissements, ses cotisations, il lui reste le profit, en
quelque sorte, son salaire à lui.
La monnaie, comme un voile qui rend invisible le travail non
payé.
Dans cette affaire, la monnaie joue un rôle essentiel, celui
de masquer la réalité de l’exploitation. Le
serf, sans avoir à réfléchir trop longtemps
se rendait bien compte qu’il travaillait gratuitement, la
moitié du temps, sur les terres du seigneur. Il se rendait
bien compte qu’il donnait, en nature, la moitié de
ce qu’il produisait à son maître. Avec l’unité
de lieu propre à l’entreprise capitaliste, le salarié
a l’illusion de travailler que pour lui-même.
Si un seigneur féodal, un propriétaire d’esclaves
revenaient aujourd’hui, ils seraient stupéfaits de
voir tous ces gens se levant, le matin, prendre le bus, la voiture,
le métro pour arriver à l’heure à leur
entreprise. Etonnés de voir une foule de gens travailler
en partie gratuitement, et docilement, sans aucune contrainte apparente,
sans menace, sans gardes, sans fouet. Ils seraient sidérés
de ne jamais voir dans les manifestations, des banderoles remettant
en question le salariat…
La monnaie n’est pas une richesse, elle n’en est
que la mesure.
La bourgeoisie, au XVIII, a communiqué de manière
extraordinaire, elle a réalisé un fantastique coup
de pub qui, deux cents ans après, continue d’anesthésier
quasiment toutes les consciences : proclamer à la fois les
droits de l’homme, tout en refusant le premier des droits,
celui d’avoir la liberté de produire biens et services
selon les besoins… il fallait le faire
Faire croire à l’abolition des privilèges,
alors qu’était maintenue, pour la bourgeoisie bancaire,
le droit de vendre une monnaie dont la création ex nihilo,
à partir de rien, ne coûte quasiment aucun travail,
ça aussi, il fallait l’oser !
Un privilège qui perdure, et qui nous oblige d’abord
à produire pour obtenir un revenu permettant de consommer
des richesses produites ailleurs que dans les banques. La monnaie
n’étant que la mesure des richesses, n’est pas
intrinsèquement une richesse. Seule l’avidité
des banquiers à faire des profits à partir du travail
gratuit du plus grand nombre nous fait croire que la monnaie est
une richesse.
Les intérêts, un « impôt » privé
qui n’est pas redistribué !!!
Les banquiers ont eu le culot de transformer un instrument de mesure
des richesses et de paiement, en une marchandise, s’autorisant
ainsi à prélever des intérêts proportionnels
aux biens et services échangés. L’Etat a le
droit de prélever des taxes proportionnelles aux produits
consommés. Tout le monde sait que ces taxes ne sont pas justifiées
par des coûts de production ou de distribution. Des taxes,
comme la TVA, alimentent le budget de l’Etat et sont donc
redistribuées. L’Etat aurait-il seul ce droit? Et bien
non, les banquiers agissent ainsi depuis le Moyen-âge, sans
redistribution à la collectivité, sans que jamais,
ou presque, on ait osé contester ce privilège. Et
ils nous font croire que c’est le prix de leur travail. L’extension
du salariat ne peut se comprendre sans l’extension de la monnaie
à intérêts c'est-à-dire d’une monnaie
transformée en marchandise. Partout, la monnaie a préparé
le terrain pour la mise en place de la société salariale.
Un processus historique, occupation militaire, occupation monétaire…puis
salariat
Arme de domination massive, la monnaie payante est telle, qu’il
faut d’abord produire pour payer le banquier, puis après,
et seulement après, vivre ou survivre avec ce qui reste.
Une foule de petits paysans ou artisans indépendants sont
expropriés de leurs moyens de production. Des petits producteurs
sont réduits à la misère des bidonvilles, ou
au salariat, par l’obligation qui leur est faite d’utiliser
une monnaie payante pour consommer.Toute utilisation d’une
autre monnaie traditionnelle non payante devient illégale
considérée comme criminelle passible de la peine de
mort.
De la violence de l’épée à celle
de la monnaie
Le même processus est à l’œuvre depuis
des siècles, hier, au Moyen-âge, aujourd’hui,
en Inde ou au Brésil. Occupation militaire d’un territoire,
esclavage, servage, puis intervention des marchands pour arracher
les paysans à la terre du seigneur. Paysans affranchis devenus
libres…libres de se soumettre à une servitude volontaire
qui ne dit pas son nom, le servage monétaire. Monopole des
banquiers, les intérêts de la monnaie (la dette) ruinent
les petits producteurs. Poussés vers les taudis des faubourgs
moyennageux, ou vers les favelas, ces populations ont constitué
et constituent encore un prolétariat de base, une main d’œuvre
offerte à la bourgeoisie capitaliste, formidable gisement
de travail gratuit.
La monnaie, formidable invention pour pacifier les échanges
(payer, de pacare, en latin, faire la paix) a été
transformée en une arme de la guerre de tous contre tous,
le remboursement des intérêts nous contraignant à
dévaster la planète, à produire pour produire,
afin de justifier la croissance de la monnaie en circulation.
Le salarié est soumis à la double peine : travail
gratuit obligatoire pour le banquier et pour l’employeur
Que le banquier soit payé pour son travail de gestion, c’est
juste, mais il ne devrait pas avoir le droit de prélever
des taxes, nommées intérêts, sur des marchandises
qui ne lui appartiennent pas. Des intérêts qui, indépendamment
des capitaux, pèsent sur les consommateurs, sur l'Etat comme
sur les entreprises. Au total, c'est plus de 200 milliards d'euros,
ou 3000 euros par français et par an. Les banques réduisent
ainsi de 33% le pouvoir d'achat des consommateurs. 200 milliards
€, pour de simples lignes d'écriture sur ordinateur,
c'est l'équivalent de 75% du budget de la France !
A savoir que les intérêts liés aux capitaux
investis pour produire sont répercutés dans les prix
de tous les biens et services consommés. Et que le moindre
achat nous réduit au servage monétaire.
Rappelons pour exemple, que la création de 1 milliard d’euros,
c’est le temps de taper 10 chiffres sur un clavier…et
que la masse monétaire en circulation est virtuelle à
90%, dissociée de tout support matériel.
Croire aux droits de l’homme dans la société
salariale, c’est croire à l’égalité
dans une relation maître-serviteur, c’est croire aux
vertus de l’Amour dans un bordel.
Une revendication d’éducation populaire :
pour tout produit, indiquer la part de travail gratuit fournie
par les salariés.
De même que, sur les étiquettes, est indiquée
la composition des produits que nous achetons dans les magasins,
nous devons obtenir que soient rendue publiques les conditions de
fabrication et, notamment, la part de travail gratuit contenu dans
chaque produit, au Sud, comme au Nord.
Dans la dernière plaquette contre l’OMC, on lit cette
revendication incongrue: « pour la subordination du commerce
aux droits fondamentaux ». Ce slogan risque de provoquer de
profondes désillusions ; en effet, comment espérer
subordonner le commerce des marchandises aux droits fondamentaux,
quand on ne reconnaît pas aux salariés qui produisent
ces mêmes marchandises le droit fondamental de contrôler
la production selon leurs besoins ?
Il y a urgence à laisser entrevoir, au delà de l’horizon
des rapports marchands, une société de dépassement
du salariat et de la monnaie marchandise. Cela serait d’un
effet certain sur l’opinion publique, et le mouvement altermondialiste
y trouverait là un deuxième souffle pour construire
un monde qui ne serait plus une marchandise.
Trois propositions minimales pour les candidats à la présidentielle
Explication du vol des richesses et de la destruction de la planète
par la monnaie marchandise et le salariat.
Réappropriation par l’Etat du droit de création
monétaire, pour une monnaie publique et sans intérêts.
Indication, sur tous les produits, de la traçabilité
du travail non payé, fourni gratuitement par les salariés.
30/03/07 « Libérer la monnaie » Collectif Nantes
Alain Vidal vidal.mothes (at) wanadoo.fr
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