La notion d’activité contrainte ou non contrainte élargit
déjà le débat. La question du sujet ne doit pas
être réduite à une seule dimension.
Le désir n’est pas pris en compte par l’approche
sur le travail. La question du sujet ne peut pas se réduire
à un seul aspect. Pourquoi agit-on contre son intérêt
parfois ? La vision mortifère marque nos vies, nos idées,
nos actions et cela ne vient pas que de la société,
comment penser et vivre cela ?
L’évolution du capitalisme demande une analyse de
la complexité : nous n’arrivons pas toujours à
démêler le faisceau des déterminismes, entre
causes et résultats les visions linéaires ou ne tenant
compte que d’un seul facteur sont insuffisantes.
La domination a pris une tournure mentale assez puissante. Les
médias captent presque totalement le débat public.
Le discours sur le monde est un enjeu en lui-même, un enjeu
idéologique, un enjeu d’image, un enjeu existentiel.
La valeur travail sur le plan économique et sur le plan
moral est en crise. L’apartheid social, un système
de places différentes dans l’ensemble social et politique,
n’est pas abordé par l’approche du seul travail.
La maîtrise de l’informatique et d’Internet n’est
pas prise en compte. Tourner sept fois la souris dans sa main avant
d’envoyer ou attendre le lendemain matin. Il y a un rapport
d’immédiateté avec la machine, où les
délires s’enflamment. Pour maîtriser l’informatique
et Internet il faut se former, évaluer nos pratiques, mutualiser
nos expériences.
L’individualisme et le relativisme sont hors champ, si on
privilégie une seule détermination.
Les mythes, la sacralisation et les croyances fonctionnent à
plein régime, si on met un domaine au dessus des autres,
c’est ce qui se passe avec le travail.
Avec le seul travail, la condition des femmes et le féminisme,
le genre sont hiérarchiquement mis en second sur le plan
des priorités politiques. De mon point de vue, c’est
une erreur. Le genre, le sexe social lié à la domination
machiste, concerne l’intime, l’oublier c’est le
reproduire
La crise de civilisation n’est pas mise en évidence,
donc on ne peut l’assumer. La question des modèles
révolutionnaires est absente. Il est patent que les anciens
modèles ne fonctionnent plus. Il est de plus en plus difficile
de croire aux promesses en l’avenir. Mais nous avons besoin
de discours pour justifier notre action. Pourquoi faut–il
un récit, des fictions pour vivre ? Notre bricolage idéologique
est singulier et nous aide à vivre.
Les conflits, la violence sont souvent là, il y a crispation
dévalorisation, anathème. Comment gérer ces
conflits ? Comment militer ensemble quand on ne s’aime plus
?
Le pouvoir et l’effet groupe sont contenus dans l’esprit
de concurrence observé si souvent en milieu militant. L’apparition
politique tend à rejeter les autres voire à leur marcher
dessus. Comment sortir de l’esprit de compétition ?
Comment vivre et penser l’archipel militant ?
L’articulation fins / moyens est à reprendre sans
cesse. Le chemin vaut peut-être autant que le but à
atteindre. La question éthique est centrale. La façon
dont on applique nos idées est d’ordre éthique.
On n’est jamais au top, mais ne jamais s’en préoccuper
pose problème.
L’existentiel et la biopolitique sont liés. L’implication
subjective est forte, nous devons l’admettre. L’image
de soi, la bonne image très importante pour survivre dans
le contexte du capitalisme postmoderne. Nous savons que les satisfactions
d’objets promettant une plus-value narcissique sont des leurres.
Mais, nous ne sommes pas supérieur/es aux autres, nous ne
sommes pas en dehors du besoin de valorisation pour exister.
Les névroses que l’on gère collectivement sont
nombreuses. On les observe dans les conflits, dans nos identifications,
nos projections, nos peurs, nos fantasmes sont névrotiques.
Faire groupe est une façon de vivre notre névrose
et nos névroses personnelles de façon collective.
La logique d’opposition construit « contre »,
en fonction de l’ennemi ou de l’actualité, elle
n’aide pas à se construire « pour », de
créer pour vivre mieux. Le rythme d’apparition est
imposé de l’extérieur et ceci peut nous installer
dans l’urgence, alors que nous n’en avons pas les capacités
tout le temps.
La multiplicité, où est elle admise ? L’ouverture
et l’incomplétude, où sont-elles reconnues ?
Si on en parle, c’est sous l’angle de la dispersion
et c’est sur le ton du regret. On rêve de l’unification
…
Le caractère multidimensionnel des choses, des phénomènes
n’est pas spontané. Nous devons en tenir compte, et
travailler, échanger, nous confronter pour avancer dans nos
analyses et nos pratiques. Donc nous avons besoin d’analyses
philosophiques, sociologiques, psychologique, sociales, politiques,
symboliques, imaginaires, etc., qui s’articulent entre elles.
L’avantage d’une seule approche, c’est la simplicité,
la clarté, la certitude de tenir fermement un fil conducteur
efficace pour comprendre et transformer le monde et y avoir sa place,
avoir facilement une bonne image de soi. Mais, le réductionnisme
déforme la vision du monde et rapidement on tombe dans une
pensée magique qui plie le réel à nos désirs,
nos croyances. On oublie alors l’entrelacs du don et du contre-don,
la valorisation obtenue en militant.
Philippe Coutant Nantes le 14 Juin 2005
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