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Origine : http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9rapies_syst%C3%A9miques_familiales
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Introduction
Les thérapies systémiques familiales sont les applications
de l’approche écosystémique. Elles attachent
beaucoup d’importance à la genèse d’un
problème majeur à partir d’un difficulté
mineure par déni de la difficulté ou par des interventions
inappropriées. Elles considèrent le patient comme
un symptôme ou manifestation des relations pathologiques au
sein du groupe familial élargi au groupe social immédiat,
comme la tuberculose pulmonaire qui est une maladie sociale des
mauvaises conditions de vie et de travail dont le tuberculeux n’est
que l’expression. Les thérapies systémiques
familiales ne sont neutres (ne-uter: ni l'un, ni l'autre) en observation
passive, mais s'engagent en intervenant avec le patient auprès
de la famille pour découvrir et faire découvrir des
relations pathologiques à travers des règles d'interaction
dans le groupe familial.
Les thérapies systémiques familiales tiennent compte
également de la relativité du normal et du pathologique
où la "maladie" n’est qu’une valeur
et une signification attribuées à un comportement
par quelque autorité. Elles se déploient en un large
éventail de techniques. C’est plutôt une des
procédures de la méthodologie éco-systémique
qui est une boite à outils dont chaque outil peut se particulariser
pour une situation singulière. Elles manipulent les paradoxes
et double contrainte. C’est une façon de percevoir
des énigmes et de concevoir des moyens pour les aborder.
Elles se rapportent aussi aux paradoxes et double contrainte, ainsi
qu'à la Relativité du normal et du pathologique, de
la victime émissaire, le "fou du roi", qui, par
son comportement, dénonce le mythe familial dans le théâtre
du quotidien des règles absurdes et insupportables et sa
dénonciation est disqualifiée par la désignation
de "folie".
Généralités
Le modèle des thérapies systémiques familiales,
qui est basée sur les idées de Bateson, est un modèle
intrafamilial, interpersonnel et interactionnel, en contraste à
l'antipsychiatrie qui est extrafamilial et évoque la société
globale, tandis que le modèle des thérapies classiques
est intrapsychique. En d'autres termes, dans le modèle classique,
on cherche à comprendre ce qui se passe dans l'esprit du
patient qui est considéré comme le "malade".
Pour ce faire, il faut remonter dans le passé du malade.
Ce sont des méthodes rétrospectives qui se fondent
sur une causalité linéale et les conditions initiales
déterminantes. On suppose que l'événement A
a eu comme effet l'événement B et que celui-ci détermine
C et ainsi de suite, comme dans la collision élastique des
boules de billard. Il faut alors retourner au passé, produire
une compréhension ou "insight " et remettre la
"Raison" dans sa position sublimée. En effet, on
croit qu'au moment où le patient "comprend" l'irrationnalité
de certains comportements, il les changera. Ces méthodes
réussissent à échouer brillamment à
modifier, temporairement, le comportement des toxicomanes qui comprennent
tous le danger, le coût et l'irrationnalité de leur
toxicomanie et qui retournent à leur toxicomanie.
Dans les thérapies systémiques familiales, on s'intéresse
plutôt à ce qui se passe dans le présent du
patient, (hic et nunc, ici et maintenant), afin de pouvoir modifier
le processus d'interaction actuel, sans faire référence
au passé. Selon cette conception des phénomènes
inspirée de la cybernétique, il n'est pas nécessaire
de comprendre ou connaître les causes pour agir sur des effets.
D'autre part et selon le proverbe populaire, "si jeunesse savait
et si vieillesse pouvait", en connaissant le passé,
on ne peut rien y changer, tandis que tout est encore possible ici
et maintenant. Ces thérapies systémiques familiales
cherchent moins à connaître la cause des maladies qu'à
modifier un symptôme ou un comportement présent, en
élargissant et en approfondissant suffisamment le champ d'observation
et d'action pour découvrir comment le patient est devenu
le symptôme d'une pathologie familiale et le processus d'attribution
de la fonction de "victime émissaire", de "fou
du roi", pour masquer les autres problèmes afin de préserver
la stabilité et le "mythe" du groupe familial.
Le "fou du roi" exprime ce que les autres ne font pas,
ne peuvent pas ou n'osent pas le faire et ce qu'il exprime n'a plus
de sens. En attribuant la qualité de folie, le groupe familial
disqualifie tout le contenu de ses expressions et masque les problèmes
et le "mythe" dénoncés par le "fou
du roi". Les dissidents soviétiques internés
dans les hôpitaux psychiatriques ont eu cette fonction pour
oblitérer des problèmes socio-économiques et
préserver la stabilité et le "mythe" de
la "patrie des travailleurs", car tout ce qu'ils disent
ou font est disqualifié comme de la pure folie.
Pour éclaircir encore la futilité de la recherche
causale et l'apparition de la redondance, comme un ensemble de règles
du "jeu" familial, illustrons par le jeu d'échecs
dans un pays étranger dont on ignore la langue. Deux personnes
s'occupent à déplacer des pièces sur un support
rectangulaire, dans une activité manifestement symbolique.
En observant suffisamment longtemps les sé-quences opératoires
effectuées par les deux joueurs, on peut inférer l'ensemble
des règles du jeu d'échec et identifier le 'mat"
comme sa finalité ou objectif final. L'observateur y parviendra
en cherchant à identifier des régularités ou
redondance dans le comportement des joueurs et en constatant, par
là, que certains enchaînements de gestes (les coups)
apparaissent fréquemment avec certaines figures, mais jamais
avec d'autres. Ce qui lui suggère que les joueurs suivent
certaines règles repérables par l'observation, sans
faire intervenir des notions de cause, d'effet, d'intention ou de
motivation. Cette approche se fonde sur ces trois points de vue.
Triangulation
1 - Le point de vue cybernétique, dans la mesure où
cette approche tient compte de la totalité des séquences
de comportement et qu'elle étudie la régularité
de la présence ou de l'absence de ces séquences. Pour
la cybernétique, seule importe la définition d'un
ensemble d'opérateurs et la description des modifications
qu'ils subissent. La transformation se rapporte au fait observé
et non à sa cause supposée
2 - Le point de vue systémique, lorsque l'observateur comprend
les deux joueurs et leurs comportements réciproques comme
une totalité ou Gestalt . Dès qu'on étudie
les totalités, il s'avère qu'elles sont soumises dans
leur structure interne, dans leur action et, éventuellement,
dans leur échec à des déterminations qui diffèrent
de ce que l'on peut inférer de la somme des propriétés
de leurs composantes, et qu'ils ne peuvent s'y réduire. Cette
irréductibilité de la totalité à la
somme des composantes est un principe de base des systèmes.
3 - Le point de vue sémiotique, dans la mesure où
l'observateur étudie le comportement communicatif des joueurs
(leurs coups), c'est-à-dire un usage déterminé
(les règles du jeu) de signes (les pièces) et les
effets induits par celui-ci auprès de ceux qui les utilisent
(les joueurs), sa recherche relève de la pragmatique de la
communication , l'une des trois branches de la sémiotique
ou science des signes "en général", dont
la linguistique est une singularité, se rapportant à
la parole.
L'introduction de la typologie logique de Russell et Whitehead
dans les sciences sociales par Gregory Bateson a été
un coup de génie pour le renouveau de la psychologie dans
la résolution des paradoxes dont les "doubles contraintes"
(double bind) générales peuvant se singulariser dans
la "Théorie de la schizophrénie et des fantasmes".
On y distingue les "pardoxes logico-mathématiques",
les "pardoxes pragmatiques" et les "paradoxes existentiels"
(Anthony Wilden) et les "injonctions paradoxales". La
"double contrainte" est une paire d'injonctions paradoxales
dans le choix impossible avec l'obligation de choisir. C'est la
troisième injonction nommée "injonction cliquet"
par Yves Barel. Alors, la double contrainte existe seulement dans
une relation d'autorité qui ordonne un choix impossible et
qui interdit tout commentaire sur l'absurdité de la situation.
Sinon, le paradoxe ne serait plus qu'un simple dilemme du type de
l'âne de Buridan qui meurt de faim et de soif à mi-chemin
entre un sac d'avoine et un baquet d'eau!
Paul Warzlawick se plait à raconter cette histoire pour
illustrer la double contrainte.
Une mère rend visite à son enfant et lui offre deux
cravates, une bleue et une rouge. À la visite suivante, l'enfant
se présente avec la cravate rouge. La mère lui dit:
"tu n'aimes pas la cravate bleue"?
À la visite suivante, l'enfant se présente avec la
cravate bleue. La mère lui dit: "tu n'aimes pas la cravate
rouge"?
À la visite suivante encore, l'enfant se présente
avec les cravates bleue et rouge à la fois au cou et sa mère
lui dit: "Ce n'est pas étonnant que tu sois placé
en pédopsychiatrie"!
Par la logique circulaire et la primauté des interactions,
l'approche écosystémique est indissociable des paradoxes
et doubles contraintes (double bind) et les thérapies systémiques
familiales sont l'expression de cette approche.
Les thérapies systémiques familiales se rapportent
à l'approche écosystémique. La revue "Thérapie
familiale" de Genève est l'expressiion francophone de
différentes "thérapies familiales, les unes systémiques
et d'autres ne le sont pas. Souvent, il y a confusion entre "thérapie
de groupe" et "thérapie systémique familiale"
qui présente un éventail de techniques ponctuelles
ou de détail.
Pour changer un comportement, elles proposent un enveloppement
stratégique, en agissant au niveau supérieur du contexte
du comportement à modifier, plutôt que d'agir directement
sur le comportement lui-même, à son niveau. Sun Tzu],
dans "L'art de la guerre", a proposé d'attaquer
la stratégie de l'adversaire, au niveau supérieur
des règles de conduite, plutôt que de l'affronter directement
au niveau de ses forces vives, pour transformer l'infortune en avantage
et faire du chemin sinueux la route la plus directe.
Dans cette perspective, la Théorie des contextes (Anthony
Wilden) propose d'installer un nouveau contexte, tel que le comportement
attendu puisse survenir, se maintenir et se développer comme
une "réponse appropriée" à ce contexte.
Cette "réponse appropriée" à l'environnement
et au contexte est de l'ordre de l'explication cybernétique
(Gregory Bateson), en contraste à l'explication causale des
thérapies behaviorales et psychodynamiques ou psychanalytiques.
Le tableau clinique étant le même, il y a un contraste
marqué dans les deux cas de l'explication cybernétique
et de l'explication causale. Il y a également un contraste
marqué dans les implications étiologiques et thérapeutiques
qui découlent de ces deux points de vue. Avec l'explication
cybernétique des thérapies systémiques familiales,
la recherche et l'intervention se por-tent sur l'entourage du patient
et sur un nouveau cadre ou contexte dans lequel se produiraient
les changements attendus. Tandis qu'avec l'explication causale des
thérapies behaviorales et psychodynamiques, la recherche
et l'intervention se portent sur le patient et sur le stimulus,
la "motivation" et la cause susceptibles de provoquer
ces changements attendus.
Les thérapies systémiques familiales sont des pratiques
enveloppées par un enchevêtrement de théories
cybernétique, sémiotique et systémique. Elles
sont cybernétiques en interprétant un comportement
"anormal" comme parfaitement adapté ou "normal"
à un contexte et un environnement qui, eux, sont "anormaux".
Ainsi, par exemple, la "schizophrénie" considérée
comme une maladie incurable et progressive de l'esprit d'un individu
est complètement différente de la "schizophrénie"
considérée comme la seule réponse possible
à un contexte où la communication est absurde et intenable.
Elles sont cybernétiques en intervenant non pas exclusivement
sur le "malade" déclaré, mais sur l'environnement
et le contexte "malades", au niveau supérieur de
la gouverne ou de la commande. Le thermostat du chauffage central
domestique est un exemple illustratif électromécanique
banal et trivial de la distinction des niveaux entre les attitudes
et les aptitudes, entre les règles d'interaction et les interactions,
c'est-à-dire entre les règles de conduite et les comportements.
Le changement de la température affichée en tournant
la roulette commande le changement du comportement des éléments
de chauffe qui oscille autour de cette température affichée
où le thermostat commande l'allumage ou l'extinction des
éléments de chauffe lorsque la température
indiquée par le thermomètre est inférieure
ou supérieure à celle affichée.
Ces thérapies systémiques familiales sont sémiotiques
en interprétant le comportement humain comme communication
des signes, signifiants et significatifs dans un contexte et considèrent
les deux termes, communication et comportement, comme étant
pratiquement synonymes (Ray L. Birdwhistell). Toute communication
suppose un engagement dans une relation et définit par là
et en même temps la manière dont les communicants conçoivent,
souhaitent ou exigent et voient cette relation. Toute communication,
alors, présente deux aspects: le contenu et la relation,
tels que le second enveloppe le premier et, dès lors, est
une méta-communication située au niveau supérieur
dans une hiérarchie de type logique (typologie logique de
Russell et Whitehead introduite dans les sciences sociales par Gregory
Bateson), de contrainte ou de complexité. Dans l'intervention,
elles attachent la plus grande importance à recadrer (Paul
Watzlawick) une relation, en lui attribuant d'autres significations
et valeurs, de telle manière qu'elle apparaît totalement
différente.
Ces thérapies familiales sont systémiques en prenant
en compte, dans l'interprétation et dans l'intervention,
la totalité des relations entre les niveaux de comportement
ou d'ordres de réalité et entre le "patient"
désigné et les autres membres de la famille et du
groupe social. Même si le patient ne veut pas assister aux
séances de thérapie familiale, la modification de
la dynamique interactionnelle familiale, grâce à l'influence
active opérée sur le comportement des autres membres
de la famille, peut conduire à une amélioration considérable
chez le patient qui, rappellons nous, n'est que l'expression ou
le symptôme des relations pathogènes dans la famille.
Formation des problèmes
Les thérapies systémiques familiales sont centrées
sur la formation du problème et considèrent les manifestations
cliniques comme des aspects des processus en cours dans le système
interactionnel du "malade", en contraste à l'importance
accordée par les psychodynamiques aux événements
marquants du passé. Cette approche postule que la détresse
psychologique et les symptômes résultent de la mauvaise
"gestion" des événements marquants ou de
"perturbations" intervenant dans ce système familial.
Une symptômologie aiguë peut refléter une exacerbation
de difficultés initiales résultant des tentatives
bien intentionnées, rationnelles et raisonnables, mais inappropriée,
mises en oeuvre par le "malade" lui-même et son
entourage.
Le cas type de ces tentatives bien intentionnées est la
multitude de conseils donnés à une personne déprimée
qui ne font que renforcer et enraciner sa dépression, comme
le bègue qui bégaie de plus en plus à force
d'avoir peur de bégayer et l'insomniaque qui dort de moins
en moins à force d'avoir peur de ne pas dormir. Les tentatives
bien intentionnées, rationnelles et rai-sonnables seraient
d'encourager l'un de parler lentement pour ne plus bégayer
et l'autre de se reposer et ne penser à rien pour dormir.
Dans ces deux cas de figure, le traitement paradoxal de ces thérapies
consiste à prescrire le symptôme en demandant au bègue
de bégayer encore davantage et à l'insomniaque de
surtout ne pas dormir. Le traitement paradoxal est une des armes
de l'arsenal des thérapies systémiques familiales
pour lutter contre ces tentatives rationnelles et raisonnables.
L'exercice thérapeutique est essentiellement centré
sur les tentatives de résolution déjà faites,
sur ce qui a été déjà entrepris pour
traiter les difficultés du "malade", plutôt
que sur les difficultés elles-mêmes. Comme l'explication
cybernétique est dite "négative" par rapport
à l'explication causale dite "positive", ce travail
thérapeutique est "a contrario " après l'observation
de ce qui n'est pas et des "terribles simplifications",
comme dans la dépression, le bégaiement et l'insomnie.
Il s'agit, alors, de prendre des mesures pour empêcher le
maintien, le développement et la reproduction des comportements
qui entretiennent le problème et de recadrer ou redéfinir
ce-lui-ci, ainsi que les buts que se sont fixés les personnes
impliquées dans ce problème et les points de vue qu'elles
ont jusqu'alors adoptés. Ce qui peut provoquer chez elles
des comportements complètement différents.
L'Histoire, la légende et la psychothérapie sont
remplies de ces "renversements", de telle manière
que la même situation apparaît de façon totalement
différente. La guerrilla ou "petite guerre des pauvres"
est un exemple illustratif de ce renversement, dans l'Histoire,
qui transforme la puissance militaro-industrielle en fragilité
des lignes de transport et des sources d'approvisionnement. La légende
de Carcassonne raconte qu'il ne reste à la ville-forteresse
assiégée qu'un bœuf et un sac d'avoine. Il a
été décidé de nourrir le bœuf avec
le sac d'avoine, de tuer le bœuf et de jeter la carcasse par
dessus la muraille, tout ce qui contraire au "bon sens"
et tout ce qui n'est pas rationnel et raisonnable, dans de "terribles
simplifications", pour une ville assiégée et
affamée. Lorsque les assiégeants découvrent
la carcasse du bœuf dont la panse est encore pleine d'avoine,
découragés de tant de peines inutiles pour affamer
la population de cette ville-forteresse, ils lèvent le siège
et s'en vont ailleurs et la carcasse sonne la libération
de cette ville-forteresse. Ainsi se fabrique une "réalité"
neuve, nouvelle et complètement différente de la même
situation d'une ville affamée par un siège qui, dès
lors et dans l'esprit des assiégeants, n'a plus la raison
d'être.
Ces "terribles simplifications" se rapportent au couple
action-réaction où pour résoudre ou "neutraliser"
un problème, il suffit de faire intervenir son contraire
et, par là, d'avoir de plus en plus de la même chose.
La "prohibition" de l'alcool des années 20 aux
États-Unis n'a pas résolu le problème de l'alcoolisme
et, au contraire, a créé un problème plus grave
de crimes organisés en "gangs" qui ont décomposé
et corrompu de larges secteurs de l'administration publique. Un
simple interdit ensevelit une difficulté mineure sous un
problème majeur qu'il crée. La vie familiale et l'éducation
des enfants fournissent une multitude d'exemples. Un traité
spécifique ne saurait couvrir en entier ce sujet de l'éducation
des enfants et de la vie familiale. Il suffit de démonter
le dispositif de la formation du problème.
La formation du problème suit une partition à deux
voies. L'une est l'ignorance du problème, aussi bien dans
la signification française de "ne pas savoir" que
dans la signification anglaise de "ne pas vouloir savoir",
et ceux qui veulent le révéler sont taxés de
"malveillants" ou "calomnieux". L'autre est
les tentatives inappropriées de le résoudre dans les
"terribles simplifications". La voie de l'ignorance permet
au problème de se développer et de s'envenimer tout
seul, en soi, et celle des tentatives inappropriées l'aide
à s'aggraver.
En effet, dans ces terribles simplifications, le problème
et sa solution, dans son contraire, sont dans une interaction symétrique
en escalade ou en surenchère, comme l'escalade de la course
aux armements où un bouclier plus épais conduit à
une flèche plus puissante et celle-ci à un bouclier
plus épais et comme la surenchère des vantardises
où un exploit imaginaire extraordinaire chez l'un amène
l'autre à présenter un exploit imaginaire aussi extraordinaire,
sinon plus. L'émulation présente aussi ce caractère
d'interaction symétrique où de bonnes performances
de l'un conduit l'autre à exhiber des performances au moins
aussi bonnes.
Deux aspects des thérapies systémiques familiales
donnent souvent lieu à des interprétations erronées.
Le premier aspect qui donne lieu à des interprétations
erronées est que les thérapies systémiques
familiales ne sont pas des thérapies de groupe, ni des thérapies
individuelles. Le terme de "thérapies interactionnelles"
serait peut-être plus éclairant. En effet, elles se
portent sur les interactions plutôt que sur les actants. Pour
modifier les interactions ou comportements, elles cherchent à
identifier et modifier les règles d'interaction au niveau
supérieur du contexte de ces interactions.
Ces thérapies systémiques familiales font partie
du monde perçu et conçu en termes de relations, plutôt
qu'en termes d'objets ou d'entités. Ce sont les relations
qu'elles cherchent à identifier et modifier, plutôt
que les individus eux-mêmes. Le deuxième aspect qui
donne lieu à des interprétations erronées est
que les thérapies systémiques familiales sont centrées
sur la formation ou la genèse du problème, plutôt
que sur le problème actuel lui-même, c'est-à-dire
sur les relations dans le processus qui a conduit d'une difficulté
mineure à un problème majeur.
Les thérapies systémiques familiales ne sont pas
des thérapies de groupe, leur caractère familial signifie
qu'elles tiennent compte de l'interaction de tous les membres qui
composent la famille, mais ne traitent pas tous les membres en groupe.
L'accent est mis sur la façon dont les autres personnes (par
rapport au "malade" désigné) entretiennent
un comportement perturbé. Ce qui ne veut pas dire qu'elles
peuvent en tirer un quelconque profit, mais seulement que les schémas
(patterns ) interactionnels, c'est-à-dire les règles
d'interaction, une fois établis, ont tendance, à cause
de leur fonction homéostasique, à s'autoperpétuer.
Autrement dit, ils maintiennent le système d'interactions
dans sa forme présente. Une approche systémique familiale
n'exige pas que toutes les personnes, composant le système
familial, assistent aux séances de thérapie. Un changement
approprié dans un sous-système entraîne souvent
une évolution majeure du système entier. Le "malade"
désigné, à la limite, peut ne pas assister
aux séances de thérapie.
Expériences cliniques
Les expériences clinique et familiale suggèrent que,
dans les systèmes fonctionnant mal, les schémas de
comportement existants, ici et maintenant, expriment souvent l'échec
des tentatives inappropriées de résolution d'une difficulté
mineure qui devient, alors, un problème majeur.
Le cas de la dépression est typique d'une difficulté
mineure de vie où un individu est las, triste, fatigué,
dégoûté de tout et de rien. L'entourage, bien
intentionné et plein de "bon sens", le sollicite
de tout bord, cherche à le motiver, à l'animer à
le faire agir ou à effectuer, à sa place, des tâches
qu'il néglige. Ce qui a pour résultat de le rendre
plus malheureux et plus incapable.
À partir de la typologie logique de la hiérarchie
de dépendance en niveaux de contrainte, de contexte ou d'ordres
de réalité de la Théorie des contextes d'Anthony
Wilden, ces thérapies systémiques cherchent à
intervenir au niveau de la commande ou de la gouverne plutôt
qu'au niveau où a lieu la difficulté elle-même,
niveau des tentatives inappropriées du type "de plus
en plus de la même chose qui a conduit la difficulté
mineure à devenir un problème majeur. En reprenant
les cas du bègue, de l'insomniaque et du déprimé
en exemples illustratifs, après vérification de leurs
situations anatomique et physiologique, il s'avère que leur
difficulté n'a pas de fondement organique. Le bégaiement,
l'insomnie et et la dépression sont d'origine psychique et
s'aggravent à travers des tentatives inappropriées
de résolution.
Le bégaiement, au départ, est une difficulté
mineure d'élocution où les mots se bousculent que
tout le monde peut éprouver à un moment ou l'autre
par un sentiment fort et intempestif de joie, de peine ou de peur.
En voulant corriger cette bousculade des mots au seul niveau de
la réalité physique où elle a lieu par l'attention
portée sur une élocution lente et mesurée,
cette attention devient rapidement une peur de bégayer qui
augmente le bégaiement.
Par difficultés, nous signifions des conditions gênantes
que l'on peut surmonter par quelque mesure de "bon sens",
comme s'alimenter ou boire lorsqu'on a faim ou soif ou s'habiller
davantage quand il fait plus froid, sans avoir recours nécessairement
à des techniques spéciales de résolution de
problème. Plus généralement, cette situation
vécue de difficulté, déplaisante, mais souvent
très répandue peut être mise en veilleuse en
l'absence de solutions immédiates disponibles.
Il s'agit pour la personne aux prises avec elle de s'en accommoder,
au moins pendant un certain temps. Par problèmes, nous désignons
des impasses, des situations inextricables, des dilemmes insupportables
et ainsi de suite, que l'on crée et fait durer, souvent,
en aggravant les difficultés initiales:
* 1) soit par l'ignorance (signifiant à la fois en franâis
"ne pas savoir" et en anglais "ne pas vouloir savoir")
de ces difficultés;
* 2) soit par la modification d'une difficulté inhérente
à la situation en gardant constante la situation;
* 3) soit par une erreur de type logique en agissant au mauvais
niveau, comme vouloir cesser de bégayer pour le bègue,
dormir pour l'insomniaque, être joyeux pour le dérimé,
alors que le bégaiement, le sommeil et la joie sont hors
de contrôle de la volonté.
L'insomnie, pour ceux qui ont la difficulté à s'endormir,
est un trouble banal, circonstanciel au départ, bien qu'irritant,
que nous connaissons tous. Ils prennent d'habitude- des mesures
stériles du même ordre de réalité pour
résoudre leur difficulté. L'erreur la plus répandue
chez les insomniaques consiste à s'efforcer de s'endormir
par un acte de volonté, pour découvrir finalement
qu'ils restent complètement éveillés durant
toute la nuit. Par sa nature, le sommeil est un phénomène
qui vient spontanément, mais il ne peut l'être s'il
est voulu. En voulant dormir, l'insomniaque se place dans une injonction
paradoxale qu'il a formulé lui-même pour lui.
Pourtant, c'est ce que fait, souvent, l'insomniaque dont le désespoir
grandit en même temps que s'amplifie le tic-tac du réveil
matin. Le traitement qu'il s'inflige pour résoudre une difficulté
circonstancielle arrive à devenir un problème structurel.
Pour l'insomniaque, les solutions de "bon sens" du type
"de plus en plus de la même chose", au niveau où
a lieu la difficulté, peuvent signifier changer de régime
alimentaire, se coucher plus tôt ou plus tard, prendre des
calmants ou des somnifères qui créeront une accoutumance,
point de départ à une toxicomanie. Ces mesures inappropriées,
loin de résoudre sa difficulté l’exaspère,
là où la solution d'une difficulté devient
elle-même un problème.
La dépression, au départ, est un état passager
de tristesse ou de mélancolie que tout le monde peut éprouver
à un moment ou l'autre et surtout au changement de saisons,
principalement en automne, lorsque les feuilles mortes se ramassent
à la pelle de la chanson de Prévert et l'arrivée
des nuits froides de l'oubli et de l'hiver. Alors, rien ne paraît
plus raisonnable et rationnel aux parents et aux amis que de "
remonter " une personne triste. Cette tristesse peut exprimer
quelque difficulté de vie momentanée.
Il est, alors, courant que la personne triste ne se sentira pas
mieux, mais au contraire s'enfoncera davantage dans sa tristesse.
Voyant cela, l'entourage redouble d'efforts pour lui faire voir
le bon côté des choses. Suivant la "raison"
et le "bon sens", ils ne peuvent pas se rendre compte
(la personne triste ne pouvant pas le leur dire, par bienséance,
par politesse ou par gratitude.
Conclusion
L'anthropologue Grégory Bateson a contribué à
la naissance de l'approche écosystémique. "Bateson
ne s’est pas demandé pourquoi cette personne-ci se
comporte de manière folle. Il s’est demandé
dans quel système humain, dans quel contexte humain, ce comportement
peut faire du sens." (Elkaïm, 1995, p. 161). Nathan Ackerman
(1954), psychiatre et psychanalyste New Yorkais, fut l’un
des tout premiers à inclure l’ensemble de la famille
dans le traitement de problèmes émotifs d’un
individu. Il était particulièrement intéressé
par les transferts, les projections entre les membres de la famille
ainsi que les rôles tenus par chacun. Un nouveau courant de
pensée et de méthodes thérapeutiques s’est
développé aux États-Unis. Murray Bowen, Ivan
Boszormenyi-Nagy, Carl Whitaker, Donald D. Jackson, Nathan Ackerman,
Salvador Minuchin, Virginia Satir et Jay Haley en furent les pionniers.
Mara Selvini Palazzoli a tenu le même rôle en Italie.
Les thérapeutes familiaux ont comparé analogiquement
les familles à des systèmes ouverts, en état
d’équilibre homéostasique et les symptômes
à ces rétroactions " négative" atténuatrices
des déviances et "positive", amplificatrice des
écarts. Les comportements symptomatiques des patients, ainsi
compris, purent désormais être décrits comme
des "tentatives de protection" d’un ensemble familial
trop peu flexible pour supporter le changement.
La famille a commencé à être perçue
comme un système relationnel qui a une organisation, une
structure, faite de triangles, de rôles, de règles,
de buts et de finalités. Il s’agit d’un système
capable d’autorégulation, constitué d’individus
ayant des échanges continuels et circulaires entre eux. Cette
conception est centrée sur des concepts d’homéostasie
et d’autocorrection et d’autorégulation. Les
thérapies systémiques familiales nous diisent que,
dans le modèle de l’homéostasie, tout changement
soit considéré comme une erreur à corriger
ou à freiner. Ceci est de règle, en particulier, dans
les familles rigides, les familles à transaction schizophrénique
et de façon plus générale encore, dans toute
famille dysfonctionnelle.
Cette nouvelle épistémologie implique une compréhension
différente de la pathologie. D’une lecture "linéaire"
où les symptômes étaient liés proportionnellement
à un traumatisme et une lecture "linéale"
(antériorité de la cause sur l’effet) ou à
un conflit venant du passé du patient et relégué
dans l’inconscient ou à un désordre organique,
nous découvrons une lecture circulaire nous montrant l’inter-influence
de la communication et du comportement de chacun sur chaque membre
du système.
Lynn Hoffman, dans son livre " Foundations of family therapy
", nous donne un bel exemple de la notion de circularité.
Elle compare ce qui se produit si l’on frappe une roche ou
si l’on frappe... un chien. La roche s’éloignera
d’une distance proportionnelle au coup reçu de façon
relativement prévisible. Si l’on frappe un chien, il
aura une réaction qui sera fonction de sa relation avec celui
qui le frappe et du sens qu’il donnera à ce geste.
Sa réaction sera différente selon qu’il voit
la situation comme un jeu ou comme une agression. Il pourra fuir,
mordre celui qui l’a frappé, aboyer ou jouer... Sa
réaction apportera une nouvelle information au sujet de la
relation. Cela aura, à son tour, une conséquence sur
le comportement ultérieur de l’homme. Mordu sérieusement
par exemple, il y pensera à deux fois avant de frapper un
chien. Conséquemment à ces idées nouvelles,
plusieurs cliniciens ont commencé à explorer les liens
entre la maladie mentale d’un individu et le système
relationnel de sa famille.
Donald D. Jackson a été un des penseurs les plus
influents dans le développement de la thérapie systémique
familiale. Il pensait que la maladie d’un individu pouvait
contenir la pathologie du système et protéger la santé
mentale de ses membres. Dans les années 1950, Donald D. Jackson
et Jay Haley ont remarqué que la diminution des symptômes
chez un membre de la famille pût être suivie par l'apparition
des symptôme chez un autre membre de la famille.
En 1954, Don Jackson rejoint l’équipe de Palo Alto
composée de Gregory Bateson, Jay Haley et John Weakland.
Ils se sont intéressés à la communication dans
les familles où un des membres était schizophrène.
Ils allaient jusqu’à hospitaliser des familles entières
le week-end pour observer leur mode de communication. De cette équipe
est née la théorie du double lien dans la schizophrénie.
Selon cette théorie, la présence d’une communication
paradoxale joue un rôle dans le développement de cette
pathologie tout en n’étant pas le seul facteur en expliquant
l’étiologie.
La communication paradoxale dans ces familles est faite de messages
à double contrainte. La double contrainte est définie
"comme une situation (1) où un sujet est confronté
à des messages paradoxaux, (2) non perçus comme tel
clairement, en raison de son déguisement, ou de son déni,
ou parce que les messages sont à des niveaux différents,
et (3) auquel il ne peut ni échapper, ni percevoir ou commenter
efficacement les absurdités" (John Weakland, 1960, p.
7)
Paul Watzlawick et ses collaborateurs formulent dans "Une
logique de la communication" les bases d'une axiomatique de
la communication:
Références bibliographiques
* Gregory Bateson, “Vers une écologie de l’esprit”,
t.ome 1, Seuil, Paris, Seuil, Paris,
* Gregory Batreson,”Vers une écologie de l’esprit”,
t.ome 2, Seuil, Paris, 1980.
* Gregory Bateson,”La nature et la pensée”,
Seuil, Paris, 1984.
* Gregory Bateson & Jürgen Ruesh, “Communication
et société”, Seuil, Paris, 1988.
* Paul Watzlawick, Janet Helmick-Beavin, Donald D. Jackson, “Une
logique de la communication”, Seuil, Paris, 1972.
* Paul Warzlawick,“La réalité de la réalité.
Confusion”, Seuil, Paris, 1978
* Paul Watzlawixk, “Le langage du changement”, Seuil,
Paris, 1980.
* Paul Watzlawick & John Weakland (dir), “Sur l'interaction”,
Seuil, Paris, 1981.
* Paul Watzlawick, John. Weakland, R.ichard Fisch, Changements,paradoxes
et thérapie”, Seuil, Paris, 1975
Liens externes
http://fr.wikipedia.org/wiki/Psychoth%C3%A9rapie#La_th.C3.A9rapie_familiale
http://psychiatriinfirmiere.free.fr/infirmiere/formation/psychiatrie/adulte/therapie/systemique.htm
http://www.systemique.levillage.org
http://mhsrvweb.medhyg.ch/revues/r_premiere.php4?revue=3
Revue francophone "Thérapie familiale" de Genève,
CH.
http://mhsrvweb.medhyg.ch/revues/r_revues.php4?revue=3
http://www.mri.org/ Mental research Institute,
Palo Alto, CA, lieu d'origine.
http://membres.lycos.fr/therapiebreve/familiale.html
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