L'autonome qui s'annonce risque de voir le problème de la mobilité
des personnes et de l'accès au transports collectifs se poser une
fois de plus sous le seul angle que les pouvoirs publics pour l'instant
arrivent à développer : celui de la répression et
de l'occultation du débat public.
En effet, avec l'application de la Loi sur la Sécurité
Quotidienne (L.S.Q.) votée il y a un an, une série de
procès vont avoir lieu concernant "des fraudeurs habituels",
c'est-à-dire des personnes ont pris plus de dix fois le train
sans titre de transport. Plusieurs personnes sont déjà
passées au tribunal correctionnel en comparution immédiate
pour avoir voyagé gratuitement en train plus de dix fois et ont
écopé de la prison ferme (1 et 2 mois). Les procès
vont se multipliés. On sait déjà que deux autres
personnes passent en procès à Rouen le 7 octobre prochain
pour une affaire similaires. La aussi, ils risquent, depuis la L.S.Q.,
jusqu'à six mois d'emprisonnement et 7 500 Euros d'amendes. De
même, au tribunal correctionnel de Bordeaux, un autre procès
est prévu toujours pour ce "délit d'habitude"
le 12 novembre 2002.
Le retour de la droite aux affaires et sa volonté de résoudre
les problèmes sociaux par des réponses ultra répressives
(création d'une police régionale des transports de 1500
fonctionnaires spécialisés en Ile-de-France, projet de
loi sur la sécurité de Sarkozy...) ne peuvent en aucun
cas nous rassurer…
Les pouvoirs publics en individualisant des réponses répressives
essaient de nier la dimension sociétale de cette question. Car
cette question va bien au-delà de conduites purement individuelles.
D'ors et déjà, la SNCF a déposé 650 plaintes
pour des affaires similaires et on a estimé à 35 000 le
nombre de personnes potentiellement concernées. Il suffit de
mettre ce chiffre avec les 11 000 nouvelles places que le gouvernement
veut construire dans les prisons pour voir le non-sens et l'inconséquence
de ces mesures répressives concernant les "libres voyageurs".
Le débat de la mobilité des personnes : en prison ou
dans l'espace public ?
Mais que reproche-t-on exactement à ces "voyageurs libres"?
Quels dangers ou quelles violations sont-ils porteurs pour risquer jusqu'à
six mois d'emprisonnement et 7500 Euro d'amende ? Quel est le problème
de fond qui justifie de faire passer la non possession d’un titre
de transport d’une simple amende au tribunal correctionnel ?
L'extraordinaire distorsion entre les faits réprimandés
et la réponse répressive ne peut se comprendre qu’en
se tournant du coté des pouvoirs publics : cette fuite en
avant n’est que l’interface du refus de mettre en débat
les problèmes sociaux de fond et précisément ici,
celui de la mobilité des personnes.
Car ce que l’on reproche à ces personnes qui vont passer
en procès, ce n’est pas tant les préjudices économiques
qu’ils pourraient éventuellement créer à
la collectivité mais simplement leur affirmation, dans leurs
pratiques quotidiennes, d’un droit à la mobilité
non soumis à des logiques économiques et/ou sécuritaires.
Et c’est bien à cette affirmation que la SNCF veut mettre
un terme par ces procès exemplaires. Et c’est bien ce droit
à la mobilité passant par l’accès libre et
gratuit aux transports collectifs que vous voulons porter dans l’espace
public.
Notre mobilité contre la leur !
Nous refusons de voir le problème de la mobilité se cantonner
à une vision où se déplacer est réduit à
un service marchand, où la capacité à se déplacer
dépend de ses revenus ou du lien à l’emploi des
personnes. Nous refusons également que ce droit à la mobilité
soit soumis à des considérations de contrôle des
populations que ce soit les sans-papiers ou bien les populations stigmatisées
(jeunes, habitants des zones périurbaines...). A ces visons restrictives
et étriquées de la mobilité, nous affirmons que
la possibilité de se déplacer librement sur le territoire
est potentiellement source d’une extraordinaire richesse sociale,
d’une intensification de la coopération entre individus
et groupes, d’une socialité diversifiée et multiples
et qu’à ce titre elle doit trouver sa juste place dans
l’espace public à coté des problèmes de la
santé, de l’enseignement etc. ainsi qu’une véritable
politique des transports garantissant ce droit effectif à la
mobilité.
Le premier pas dans cette direction est la fin de la politique répressive
dans le domaines des transports collectifs avec :
La relaxe des personnes poursuivies,
L’arrêt immédiat des poursuites contre les “ voyageurs
libres ” ,
L’abrogation des lois répressives concernant la questions
des transports (L.S.Q., , je ne me souviens plus des autres etc.),
Nous appelons en outre toutes les personnes solidaires à venir
manifester leur soutien lors des procès en cours....
Ce texte a été transmis par le groupe TGV Nantes (Train
Gratuits Vite). On peut joindre ce groupe àl'adrese suivante
:
TGV, C/O Belami17, 17 Rue Paul Bellamy, 44000 Nantes