Origine : http://www.hns-info.net/article.php3?id_article=12728
http://www.raidh.org/L-ONU-condamne-le-Taser-la-France.html
A l’heure où le Comité contre la Torture de
l’ONU demande à un Etat partie de renoncer à
l’usage du Taser X26, le Ministère de l’Intérieur
français s’apprête à autoriser l’équipement
de la police municipale en pistolets à électrochocs.
Le Comité contre la torture de l’ONU vient de demander
ce vendredi 23 novembre au Portugal de renoncer à l’usage
des armes électriques « Taser X26 ». Le Comité
déclare sans son rapport que « l’usage de ces
armes provoque une douleur aigue, constituant une forme de torture,
et que dans certains cas, il peut même causer la mort, ainsi
que l’ont révélé des études fiables
et des faits récents survenus dans la pratique ».
Une intervention de la police canadienne contre un touriste polonais
non armé [1] avait déjà récemment mis
en exergue, une nouvelle fois, les risques dénoncés
par le Réseau d’Alerte et d’Intervention pour
les Droits de l’Homme (RAIDH) quant à l’usage
des pistolets à électrochocs de type TASER, devant
le nombre croissant de décès rapportés suite
à leur utilisation [2].
RAIDH souligne depuis le lancement de sa campagne « Non au
Taser » [3] la dangerosité de ces armes, que le constructeur
américain lui-même n’ose désormais plus
présenter comme "non-létales" depuis l’intervention
des autorités judiciaires américaines [4].
Malheureux hasard des calendriers, la Ministre de l’Intérieur
vient d’indiquer son intention d’autoriser les maires
à en équiper leur police municipale. Le Ministère
s’apprête en effet à modifier le décret
du 24 mars 2000 qui dresse la liste des armes dont peuvent être
dotés les policiers municipaux et qui jusqu’à
présent interdit le Taser.
RAIDH note que ce revirement est en contradiction avec les rappels
à l’ordre de préfets à l’encontre
de maires ayant illégalement équipé leurs policiers
municipaux :
« Je vous invite à restituer au plus vite ces armes
et j’attire votre attention sur certains risques de dangers
liés à l’utilisation de cette arme et sur le
caractère non approprié de l’utilisation de
telles armes dans des missions de surveillance des voies et lieux
publics. » rappelait récemment l’un d’entre
eux [5].
Le gouvernement français semble préférer étendre
l’usage d’une arme que le Ministère de l’Intérieur,
lui-même, a pourtant choisi de classer en 4ème catégorie
[6], au même titre que les 357 magnum ou les fusils à
pompes. Plus de 3000 policiers et gendarmes en sont déjà
équipés, 1200 de plus viennent d’être
commandés, et 4000 sont programmées pour doter les
seuls policiers nationaux à l’avenir.
RAIDH a rencontré le 5 novembre dernier un représentant
du cabinet du Ministre de l’Intérieur pour lui faire
part de ses préoccupations et recommander de limiter le port
des pistolets à électrochocs aux unités d’élites
de la police et de la gendarmerie.
RAIDH s’inquiète que 17 000 policiers municipaux en
contact permanent avec la population soient potentiellement dotés
d’une arme permettant d’adresser une décharge
de 50 000 volts et invite les parlementaires à légiférer
le plus rapidement possible en la matière.
RAIDH est poursuivi par la société SMP Technologies,
distributeur du Taser en France devant le TGI de Paris pour «
dénigrement fautif de marque » et « dépassement
des limites de la liberté d’expression » pour
avoir indiqué que « l’usage du Taser présente
un risque très important pour la santé et la vie des
personnes ».
RAIDH se félicite de la recommandation du Comité
contre la torture qui sera portée à la connaissance
des juges dans l’affaire qui l’oppose au distributeur
du Taser en France.
Au-delà, nous attendons de la France qu’elle prenne
acte de cette décision et se mette en conformité avec
les recommandations des Nations unies dans les plus brefs délais.
La citation in extenso du rapport sur le Portugal du Comité
contre la torture rendu ce vendredi 23 novembre 2007 :
"Utilisation d’armes « Taser X26 »
Le Comité est vivement préoccupé par l’acquisition
récente par l’Etat partie d’armes électriques
« Taser X26 » devant être distribuées au
Commandement Métropolitain de Lisbonne, au Corps d’Intervention,
au Groupe d’Opérations Spéciales et au Corps
de Sécurité Personnelle. Le Comité s’inquiète
de ce que l’usage de ces armes provoque une douleur aigue,
constituant une forme de torture, et que dans certains cas, il peut
même causer la mort, ainsi que l’ont révélé
des études fiables et des faits récents dans la pratique
(articles premier et 16)
L’Etat partie devrait envisager de renoncer à l’usage
des armes électriques « Taser X26 » dont les
circonstances sur l’état physique et mental des personnes
ciblées serait de nature à violer les articles premier
et 6 de la Convention. "
RAIDH - Réseau d’Alerte et d’Intervention pour
les Droits de l’Homme - www.raidh.org
RAIDH, Réseau d’Alerte et d’Intervention pour
les Droits de l’Homme est une jeune association de défense
des droits de l’Homme, mobilisée autour de la promotion
des droits humains, parmi lesquels le droit à la sûreté,
le droit de ne pas se faire arrêter ou brutaliser de manière
arbitraire.
[1] Le Monde, 16 novembre 2007, <html>[<a href="#nh2"
name="nb2" class="spip_note">2</a>"
class="spip_out">La mort d’un homme relance le
débat sur l’utilisation du pistolet Taser The Arizona
Republic, Taser : Special Report, 5 Janvier 2006, traduction en
français
[3] http://www.raidh.org/...
[4] Communiqué du Procureur general de l’état
d’Arizona, “Taser Agrees to Qualify Safety Claims, Clarify
Product Warnings at Attorney General’s Request”, 22
décembre 2005, http://www.azag.gov/...
[5] Lettre du Préfet de la Seine et Marne, 13 décembre
2005, http://www.raidh.org/...
[6] Arrêté du 22 août 2006 relatif au classement
d’armes, http://www.raidh.org/...
Source/auteur : http://www.raidh.org/
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