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Le pistolet Taser, "arme à transfert d’énergie électrique", aurait fait au moins quarante morts
Par Jean-Marc Manach

Origine : http://www.radioairlibre.be/infos/usa_pistolet_taser.htm

Au mois d’avril, une enquête de la chaîne de télévision américaine CBS révélait que l’utilisation du pistolet Taser, "arme à transfert d’énergie électrique", aurait fait au moins quarante morts depuis son lancement en 2001. Ce à quoi la société incriminée répondait qu’en fait d’enquête, c’est elle qui avait fourni à CBS la liste des personnes décédées. Avec, dans une bonne partie des cas, l’indication des causes officielles de ces morts, qui jamais ne pointent du doigt la responsabilité directe de Taser. A l’en croire, ces personnes seraient mortes, pour la plupart, de crises cardiaques dues non pas à leur électrocution mais à une surdose de cocaïne!

En juillet, une enquête du New York Times révélait que le chiffre de cinquante morts avait été atteint et que les effets engendrés par le pistolet n’avaient jamais fait l’objet d’études indépendantes (mais payées par Taser, ou par les forces de l’ordre). Pis : la société s’était contentée de le tester sur un cochon et quatre chiens avant de le commercialiser. Ce que Taser n’a pas contesté, préférant citer plus de cinq cents témoignages de policiers selon lesquels Taser leur a permis de sauver des vies, ou encore le fait que, Taser ou pas, les arrestations entraînent toujours leur lot de morts.

En septembre, l’Arizona Republic, un quotidien américain, publiait une liste de 73 personnes décédées peu après avoir été touchées par un Taser. Huit d’entre elles seraient mortes en partie à cause des décharges. Le même jour, Taser lançait la version "grand public" de son pistolet électrique.

Alors que le ministère de l’intérieur britannique vient d’autoriser ses bobbies à s’équiper en pistolets Taser, et qu’ils sont testés depuis peu par la police française, force est de constater que, non létal ou pas, son succès augure de sombres perspectives. Interrogé par Le Parisien, Richard Trinquier, maire (UMP) de Wissous (Essonne), qui vient d’équiper sa police municipale de pistolets Taser, en parle ainsi comme d’"une arme idéale dans la mesure où les agents ne sont plus inhibés par la crainte de tuer quelqu’un". Le 12 septembre, un policier de la brigade anticriminalité de Lyon avertissait quant à lui un jeune homme, avant de l’électrocuter : "Je ne vais pas te tuer, mais tu vas avoir mal."

Un rapport de l’armée américaine révélait, pour sa part, l’an passé que des centaines de Taser avaient été confiés aux militaires américains envoyés en Irak. Et qu’ils avaient été d’autant plus efficaces lors des interrogatoires de prisonniers qu’ils rappelaient opportunément l’utilisation de la torture électrique sous Saddam Hussein.

De son côté, la société XADS (Xtreme Alternative Defence System) développe pour l’armée américaine un pistolet projetant des gaz ionisés (ou plasma) à même d’électrocuter plusieurs personnes d’affilée, à la manière d’une mitraillette. Plus fort encore, XADS planche également sur un bazooka permettant de projeter à plus de 100 mètres un laser permettant d’électrocuter des foules entières. Et ce ne sont que quelques-uns des produits "dérivés" que le succès de Taser a engendrés.

Jean-Marc Manach
Le Monde