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Origine : http://edc.revues.org/index265.html
Thomas Heller , « De l’anatomopolitique à la
psychopolitique », Études de communication, 28 | 2005,
L’analyse des modalités du gouvernement des individus
dans les organisations marchandes invite à penser qu’un
déplacement s’est opéré d’une action
sur les corps à une action sur la psyché. A une «
anatomopolitique » qui renvoie aux disciplines se substituerait
une « psychopolitique » qui renverrait aux dispositifs
post-disciplinaires. Ce texte décrit ce rapport entre psyché
et pouvoir, c’est-à-dire la façon dont l’âme
est investie par le pouvoir. Il met en évidence diverses
formes de cet investissement, apporte quelques nuances à
l’idée que cet investissement serait une particularité
du management moderne. Enfin, il met en évidence ce qu’il
y a de nouveau dans ce domaine, et souligne l’importance du
rôle de l’idéologie du soi dans ce rapport de
la psyché au pouvoir.
Les analyses portant sur le management des salariés dans
les organisations productives s’accordent en général
sur le constat de transformations caractérisées par
la prise en considération des désirs et de la subjectivité
des individus, et ce, donc, contre les disciplines.
De ce point de vue, l’œuvre de Michel Foucault constitue
une référence quasi-incontournable, le repère
analytique à partir duquel est donné à lire
toute l’ampleur des changements. Mais enfermé –
si je puis dire – dans les dispositifs disciplinaires, Foucault
est souvent délaissé comme penseur susceptible d’apporter
des éléments de compréhension du pouvoir dans
l’organisation devenue « post-disciplinaire ».
Il suffit pourtant de le suivre au-delà de Surveiller et
punir pour se rendre compte qu’une telle mise à l’écart
n’est guère fondée. Non que nous pensions qu’il
faille nécessairement en passer par Foucault pour appréhender
l’organisation contemporaine, mais qu’à tout
le moins, dans ce domaine, le cantonnement de sa pensée aux
disciplines relève de l’amputation. C’est qu’en
effet, certaines pratiques actuelles de management et de ressources
humaines trouvent à se réfléchir dans des objets
aussi lointain de l’univers des organisations marchandes que
la technique de l’aveu au Moyen Age, ou encore les pratiques
de soi dans l’Antiquité.
Plus généralement, ces pratiques auxquelles nous
faisons allusion invitent à considérer que ce n’est
plus tant sur les corps que s’exerce dorénavant le
pouvoir et la domination, mais sur la psyché ; à une
anatomopolitique, qui renvoie aux disciplines, se substituerait
une psychopolitique. Dans cet article, on propose de revenir sur
la signification d’une notion que nous avons déjà
utilisée (Heller, 2004 a-b), davantage pour sa force suggestive
qu’heuristique. Il s’agit donc, plus particulièrement,
de préciser le type de rapport psyché/ pouvoir qu’implique
une telle notion. Inspirée du concept d’anatomopolitique,
elle impose toutefois de se tourner vers les disciplines pour en
saisir la logique.
De l’anatomopolitique à la psychopolitique
?
Dans Surveiller et punir (S.P, 1975), on se souviendra que Michel
Foucault, partant d’une problématique relative aux
transformations d’un complexe judiciaire remarquable par la
disparition des supplices, en vient à décrire une
technologie de pouvoir qui ne se borne pas aux murs des prisons,
mais se trouve être au principe même du fonctionnement
d’autres organisations sociales : les disciplines.
Leur particularité est d’avoir le corps pour objet,
et d’agir sur lui pour le rendre à la fois docile et
utile ; cette articulation entre docilité et utilité
est essentielle dans la définition de ce pouvoir qui porte
sur le corps, et dans la définition du pouvoir comme technologie
; par ces techniques disciplinaires, utilité et docilité
se répondent, s’appuient l’une sur l’autre,
se renforcent. Les disciplines combinent, dans les manufactures,
des techniques qui soumettent les corps dans l’acte et les
conditions du travail (répartition dans l’espace, économie
positive du temps, combinaison des forces), et des techniques qui
touchent au contrôle des travailleurs (surveillance hiérarchique
et sanction normalisatrice notamment). De plus, par ces techniques,
le corps n’est pas seulement objet et cible d’un pouvoir
; il est aussi objet et cible d’un savoir qui l’analyse,
le décortique, savoir qui est ensuite réinvesti dans
le perfectionnement de ces techniques disciplinaires. Ce rapport
du pouvoir au savoir complète la définition des disciplines
comme technologie de pouvoir dont les implications sont à
la fois la majoration du corps comme force productive et sa minoration
comme force politique, technologie politique du corps ou encore
anatomopolitique (Foucault, 1976).
Si aujourd’hui bien des aspects des dispositifs disciplinaires
décrits par Foucault ont été abandonnés,
ces dispositifs sont loin d’avoir disparu, comme pourrait
le laisser entendre l’idée d’entreprise post-disciplinaire
: la rationalisation taylorienne et tayloro-fordienne, notamment,
a contribué au perfectionnement des disciplines ; par ailleurs,
n’est-ce pas sur l’inactivité du corps, celui
du travailleur devant son écran d’ordinateur, celui
du contrôleur des automates, qu’elles s’appliquent
aujourd’hui ? Un corps qu’il faut bien tenir en place.
N’est-ce pas aussi sur le corps comme signe ou comme texte
que se joue cette emprise ? que l’on pense aux préoccupations
d’image des organisations qui obligent les salariés
à en être les véhicules, dans leur manière
de se mouvoir, de s’habiller, de tendre la main, de sourire,
préoccupations qui exigent des exercices, des formations.
Mais il n’est pas certain que nous soyons ici dans le registre
exclusif de la discipline... Enfin, les possibilités de contrôle
via l’informatique et certaines techniques d’évaluation
maintiennent bien présentes la logique du panoptique. Mais
ce n’est pas l’hypothèse d’un renouvellement
des disciplines, fondé sur un usage renouvelé du corps,
qui est retenue pour traduire les transformations de l’exercice
du pouvoir dans les organisations, mais bien plutôt celle
d’un déplacement de son lieu d’application. Dorénavant,
c’est sur cette dimension moins aisée à cerner
ou à définir qu’on pourrait appeler l’âme,
que s’exerce le pouvoir, afin d’en tirer des effets
d’utilité, de docilité. L’âme, c’est-à-dire
« une réalité référence [sur laquelle]
on a bâti des concepts divers, et on a découpé
des domaines d’analyse : psyché, subjectivité,
personnalité, conscience, etc. et sur laquelle on a édifié
des techniques et des discours scientifique » (S.P, p. 38).
Cette âme objectivée, envisagée par un ensemble
de savoirs scientifiques et ordinaires, nous proposons de l’appeler
psyché ; il s’agit d’un sens plus large que celui
que la psychanalyse donne à ce terme.
Les recherches et réflexions sont aujourd’hui nombreuses,
dans le domaine des sciences sociales et humaines, qui mettent en
évidence la part importante du psychique/psychologique dans
les conditions actuelles de la mise au travail, et qui, sans nécessairement
que Foucault soit convoqué dans ces approches, invitent néanmoins
à penser ces conditions avec la notion de psychopolitique.
Parmi les auteurs qui se réfèrent au philosophe, c’est
à notre connaissance chez Vincent de Gaulejac qu’une
appréhension du gouvernement des individus en ces termes
(selon l’acception psychanalytique) est la plus explicite.
Ainsi, ce passage remanié de Surveiller et punir et son commentaire,
dans la société malade de la gestion (2005) :
C’est pour une bonne part, comme force productive que la
psyché est investie de rapports de pouvoir et de domination.
La psyché ne devient force utile que si elle est à
la fois énergie productive et énergie assujettie.
On peut reprendre presque mot pour mot l’analyse de Michel
Foucault en substituant la psyché au corps comme objet du
pouvoir dans les entreprises hypermodernes [...]. Il ne s’agit
plus de rendre les corps « utiles et dociles », mais
de canaliser le maximum d’énergie libidinale pour la
transformer en énergie productive (pp. 84-85).
Certes, le terme de psychopolitique, pour rendre compte de ce rapport
entre psyché et pouvoir, n’est pas employé,
mais la référence directe à l’anatomopolitique
impose d’une certaine manière de considérer
ce rapport ainsi. Toutefois, cette proposition appelle quelques
nuances.
La part de l’âme dans les dispositifs disciplinaires
Pour en rendre compte, on peut revenir un moment sur surveiller
et punir : c’est dans le domaine pénal, objet central
de l’ouvrage, que cette articulation de l’âme
au corps est la plus explicite ; d’une part, la modification
de l’âme du criminel devient, à partir du XVIIIe
siècle, l’objectif principal d’un nouvel art
de punir qui se substitue aux supplices, et se propose comme fin
d’agir « en profondeur sur le cœur, la volonté,
les dispositions » (S.P, 24). La discipline apparaît
ainsi comme le moyen de cette action. Certes, l’enjeu n’est
pas le même en ce qui concerne l’organisation productive
; il y a néanmoins une logique similaire. En effet, si les
disciplines portent sur le corps et font de lui l’objet d’un
pouvoir, ce qui est en jeu à travers elles, c’est la
formation d’un certain type de sujet, un sujet d’obéissance,
« plié à la forme à la fois générale
et méticuleuse d’un pouvoir quelconque » (S.P,
152). La transformation de l’âme, constitutive du sujet
obéissant, est ainsi l’effet de la mise en docilité
des corps.
Par ailleurs, dès lors que le châtiment a une visée
de correction et d’amélioration, la conséquence,
note Foucault, c’est que l’on juge non plus un délit,
un acte criminel, mais le criminel lui-même, son âme.
L’homme se trouve habité par une âme qui, en
tant qu’objet de savoirs détenus par des experts, devient
un élément dans la maîtrise que le pouvoir exerce
sur le corps.
Chez Foucault, il apparaît donc que la relation de l’âme
au pouvoir d’une part relève d’un effet qui résulte
des disciplines, et d’autre part renvoie à un savoir
réinvesti dans le perfectionnement de la pénalité
en l’adaptant à un cas singulier.
Certes, dans le domaine judiciaire, plus que dans celui de la production,
il y a une visée explicite de transformation de l’individu
par le biais des disciplines, si bien qu’on pourrait dire
aussi qu’elles sont un instrument de gestion de l’âme.
La question qui se pose néanmoins est celle d’une relation
de l’âme au pouvoir envisagée en dehors de la
centralité du corps sur lequel opèrent les disciplines.
Nous ne voulons pas dire un pouvoir qui exclut le rapport au corps,
ce qui serait un non sens, mais un pouvoir qui, pour diriger les
conduites, s’appuierait sur cette réalité-référence,
et en ferait l’instrument et la cible de son exercice et de
laquelle il tirerait des effets d’utilité/ docilité.
Une telle relation de l’âme au pouvoir est présente
dans l’analyse de Foucault ; elle est une piste cependant
peu développée, entre mise en suspens, et abandon
au nom de l’histoire : dans le contexte du XVIIIe siècle
de développement du capitalisme industriel et d’instauration
de nouveaux rapports de production, la question de la pénalité
ne se pose plus dans les termes de la vengeance, mais dans ceux
de l’utilité. Les réponses apportées
à ce changement, du point de vue des techniques punitives,
relèvent de deux logiques différentes. La première,
appelée logique de la représentation, repose sur l’établissement
d’une relation entre le délit et la peine qui soit
dissuasive pour les membres d’une société. Il
s’agit aussi, dans le cadre de la peine, d’agir sur
l’esprit pour que l’individu trouve la voie de la réinsertion
: « un travail sur l’âme du détenu doit
être fait aussi souvent que possible. La prison, appareil
administratif, sera en même temps une machine à modifier
les esprits » (S.P, 148). Dans cette logique, l’esprit
est envisagé comme « surface d’inscription pour
le pouvoir, avec la sémiologie pour instrument », soit
un pouvoir qui « vise la soumission des corps par le contrôle
des idées », en s’appuyant sur des « sémiotechniques
». Dans ce cas, le corps se trouve être tantôt
l’élément d’une sémiotique de la
peine, en particulier à destination de l’extérieur,
c’est-à-dire la population non carcérale, tantôt
du point de vue des conduites, l’effet d’un travail
sur l’esprit du condamné.
Mais, selon Foucault, c’est la deuxième logique, celle
des disciplines qui l’a emporté ; et même s’il
reconnaît que la logique des représentations n’est
pas complètement abandonnée, il ne s’attarde
guère sur elles, préférant réserver
aux disciplines un pouvoir d’assujettissement, constitutif
de l’âme moderne : « plutôt que de voir
en cette âme les restes réactivés d’une
idéologie, on y reconnaîtrait plutôt le corrélatif
actuel d’une certaine technologie du pouvoir sur le corps
» (S.P, 38).
On pourra regretter que Foucault n’ait pas davantage développé
cet aspect sémiotechnique de la mise en docilité et
utilité des corps, et même qu’il l’ait
abandonné à un sort historique discutable. Mais replacé
dans son contexte d’écriture, cet abandon est peut-être
à mettre sur le compte d’une volonté de proposer
un autre point de vue relatif à la constitution du sujet
qui ne passe pas, notamment, par les Appareils Idéologiques
d’État (L. Althusser). Peu importe. On retiendra ici
de surveiller et punir la complexité des rapports qui lient
le corps et l’âme au pouvoir, complexité qui
impose de nuancer une approche du pouvoir dans les organisations
dans les termes d’un passage du corps à la psyché.
Si la prison est le territoire principal de cette réflexion
sur ces rapports, il ne nous semble pas qu’elle perde de sa
pertinence si l’on se place sur le terrain de l’organisation
productive. D’une part, la mise au travail des individus dans
les manufactures a toujours été accompagnée
d’un travail sur les esprits, d’un effort de moralisation
des ouvriers et de justification du système – en particulier
capitaliste – régulant l’activité productive,
et participant de leur dressage.
D’autre part, si à la fin du XVIIIe siècle,
la réforme de la pénalité conduit la justice
à s’intéresser au criminel et induit le développement
d’un savoir scientifique pour le connaître et mieux
le condamner, un savoir sur le travailleur, sur son âme, fait
aussi l’objet d’un développement ; ce savoir,
à partir de la fin du XIXe siècle, apporte aussi sa
contribution au développement d’un pouvoir qui pourra,
le contexte culturel et économique aidant, progressivement
se détourner d’une action coercitive sur les corps.
Les recherches effectuées à la Western Electric Company
dans les années 1920 par Elton Mayo sont une référence
connue dont les implications en matière de gouvernement des
individus participent de ce développement et à l’ombre
des disciplines.
La captation des désirs en régime disciplinaire
Revenons aux propos de V. de Gaulejac : selon lui le pouvoir disciplinaire
est aujourd’hui remplacé par un pouvoir managérial
qui se caractérise par la captation des désirs des
salariés en vue de leur transformation en énergie
productive. Les techniques mises en œuvre pour assurer cette
transformation « s’étaient sur des processus
psychiques d’introjection, d’identification et d’idéalisation
– soit les mêmes processus que le lien amoureux »
(VdG, 2005, p. 95) ; celles-ci concernent notamment la production
d’un imaginaire qui, pour reprendre les termes de E. Enriquez,
« tente de prendre les sujets aux pièges de leurs propres
désirs d’affirmation narcissique dans leurs fantasmes
de toute puissance ou de leur demande d’amour » (E.E,
1990, p. 212).
L’auteur de ces propos précise toutefois que les entreprises
ont toujours été productrices de valeurs, ont toujours
cherché à donner sens à leur activité,
et ont toujours tenté de prendre les individus « dans
les mailles d’un imaginaire ». Pour appuyer sa proposition
il cite l’exemple de l’industrie minière, du
temps de sa splendeur, et fait référence à
la fierté d’appartenance du mineur au monde de la mine.
La différence, selon lui, avec la situation actuelle, est
qu’aujourd’hui les entreprises essaient, « consciemment
et volontairement, de construire de tels systèmes afin de
façonner les pensées, de pénétrer au
plus intimes de l’espace psychique, d’induire des comportements
indispensables à leur dynamique » (E.E, 1990, p. 214).
Cette affirmation appelle quelques remarques :
Si l’on considère que les entreprises ont toujours
cherché à prendre les individus dans les mailles d’un
imaginaire, quelle différence, en définitive avec
aujourd’hui ? Peut-on être sûr que cette quête
d’hier est si différente de celle d’aujourd’hui
?
L’exemple de la mine est intéressant parce que justement,
l’héroïsation du mineur a fait partie des moyens
de sa mise en soumission (B. Mattei, 1978). Par ailleurs, au sortir
de la seconde guerre mondiale, la bataille du charbon s’est
aussi jouée dans les têtes avec une action psychologique
d’envergure qui a mobilisé le mythe, l’engagement
d’un leader charismatique issu du rang en la personne du secrétaire
du Premier Parti de France, Maurice Thorez, le soutien des médias
nationaux et locaux. Cette action témoigne sinon de la volonté
de capter les désirs des mineurs, de transformer l’énergie
libidinale en force de travail, du moins de faire vibrer la corde
sensible de la reconnaissance aux fins d’une production nécessaire
au redressement économique du pays ; mais les mécanismes
psychiques ne sont certainement pas très éloignés
de ceux sur lesquels s’appuie aujourd’hui le pouvoir
managerial.
Aussi, la différence est certainement moins dans les processus
psychiques sous-tendus par certaines pratiques, que dans l’extension,
l’affinement, le primat (parfois) de ces pratiques de captation
du désir. Et si ces processus n’étaient pas
nécessairement pensés dans les termes de la psychanalyse,
il demeure néanmoins – en particulier pour le cas de
la mine – une intention d’agir sur certains ressorts
psychologiques pour obtenir un engagement personnel et collectif
à l’égard des exigences de production et une
plus grande productivité. En cela aussi une différence
tient à ce que depuis quelques années l’organisation
productive est appréhendée avec les concepts de la
psychanalyse.
Logiques de façonnement et d’exploitation
En regard de ces différentes remarques, il apparaît
donc que le rapport du pouvoir à la psyché n’est
pas une spécificité de l’entreprise hypermoderne
; on pourrait même dire, si l’on s’en tient à
l’idée d’effet psychologique du pouvoir, que
ce rapport est au principe même de son exercice ; dans ce
cas, il faut bien considérer que l’anatomopolitique
est aussi une psychopolitique, en tant qu’elle a comme projet
un individu docile. De ce point de vue, le travail, par exemple,
de Sylvie Monchatre (2004) sur la transformation des ouvriers en
opérateurs, décrit des dispositifs « psychopolitiques
». Elle montre, en effet, que le passage de l’ouvrier
à l’opérateur dans la sidérurgie ne relève
pas seulement d’un glissement sémantique, mais sous-tend
une véritable transformation corporelle et psychologique
que des dispositifs symbolique et technique, dans lesquels est pris
l’ouvrier, favorisent.
Mais en dehors de cette dimension des effets, les développements
qui précèdent donnent quelques indications d’un
rapport de la psyché au pouvoir en tant qu’instrument
et cible de son exercice. Il se dégage ainsi trois orientations
principales :
- Dans la première, et nous reprenons ici la proposition
de Foucault, l’esprit, dimension de l’âme, est
envisagée comme surface d’inscription qu’il s’agit
de façonner ; elle concerne les représentations, soit
ce par quoi nous donnons sens au monde, et qui intervient dans l’orientation
de nos actions. Ce façonnement repose sur des sémiotechniques,
des jeux de signes appliqués à de multiples supports
sous des formes aussi diverses que du texte, des images, l’organisation
d’espaces (de travail), des uniformes, etc. Elle concerne
la part idéologique, imaginaire, symbolique de la mise en
utilité/docilité.
- Dans la deuxième, la psyché est envisagée
comme le lieu du contrôle et de la régulation des comportements.
Dans cette orientation, la psyché est prise comme objet de
connaissance susceptible de révéler les secrets du
comportement humain, à partir desquels des actions sur lui
peuvent être envisagées. La question du rapport au
pouvoir pourrait se poser dans les termes suivants : qu’est-ce
qu’il est possible de tirer de la psyché, de ses spécificités,
des phénomènes qui la concernent, des processus ou
des mécanismes constitutifs de ces phénomènes
? Ce qui est visé dans ce rapport savoir/pouvoir, c’est
la prévisibilité du comportement, la possibilité
d’agir sur lui, de l’orienter, sans nécessairement
passer par les sémiotechniques (mais ce savoir peut alimenter
le travail des sémiotechniciens). Il s’agit d’un
vaste domaine de connaissances qui débouche sur des techniques
comportementales (dynamique de groupe, technique d’engagement,
de manipulation du comportement, de leadership, etc. etc.) Le courant
dit des relations humaines, évoqué précédemment
avec le nom de Elton Mayo, inaugure cette orientation. Par ailleurs,
les processus psychiques mis à jour par la psychanalyse peuvent
aussi alimenter une réflexion sur les moyens à mettre
en œuvre pour déclencher ces processus à des
fins économiques. Mais ce qu’il faut souligner ici,
c’est que la psychanalyse n’est pas la seule entrée
possible pour envisager le rapport psyché/pouvoir ; en cela,
si on ne peut pas reprocher à Vincent de Gaulejac d’envisager
ce rapport sous cet angle, on peut lui faire grief d’opérer
une fermeture en donnant à penser que ce rapport se réduit
aux phénomènes étudiés par la psychanalyse.
- Dans la troisième orientation, la psyché est envisagée
comme l’antre d’une personnalité, le lieu d’une
vérité sur ce que l’on est, sur nos tendances,
sur ce qui en nous détermine nos comportements ; c’est
ce à quoi Foucault fait référence lorsqu’il
évoque une pénalité qui ne se fonde plus sur
le jugement du délit, mais sur le jugement du criminel, appelant
à connaître ce qui en lui peut expliquer le délit.
La personnalité, objet de connaissance, renvoie à
tout un ensemble de techniques, qui visent à l’analyser,
à la cerner, à faire le portrait de l’individu
en quelques traits dont l’articulation permet de mettre à
jour des tendances comportementales. Sur cette analyse, des décisions
sont prises qui concernent le travailleur, son embauche, sa promotion,
qui font de cette connaissance un instrument du pouvoir. Mais aussi,
ce lien entre comportement et vérité sur soi, a permis
le développement de toute une technologie de la lecture du
soi, une sémiotique du soi, qui vise à améliorer
l’influence sur l’autre. On pense ici par exemple à
la PNL ou encore à l’Analyse Transactionnelle.
Il ressort de ces trois orientations que la psyché est d’abord
envisagée comme une ressource à exploiter, le lieu
d’une application technique qui se fait en définitive
sans l’individu, voire à son insu. Il y a ainsi dans
ces techniques une logique qui les rapproche des disciplines ; d’ailleurs
certaines de ces techniques peuvent être envisagées
comme un moyen de renforcer la docilité des salariés,
c’est-à-dire de renforcer leur disposition à
l’obéissance. Mais la docilité ne se réduit
pas à une disposition à l’obéissance,
qui suppose l’intervention directe d’une instance de
pouvoir ; elle concerne plus généralement une propension
à se soumettre ou à répondre aux exigences
du pouvoir, voire à prendre pour soi cette exigence. On pense
notamment à l’engagement ou à l’adhésion,
qui permettent de penser cette réponse dans les termes d’une
« soumission librement consentie » (Beauvois & Joulé,
1987). Toutefois, en dépit de l’intérêt
des phénomènes psychologiques et psychosociologiques
que cette notion décrit, l’exercice du pouvoir est
rapporté à des techniques dont l’individu fait
en définitive les frais.
Or, la ruse, la manipulation comportementale ou la séduction,
pas plus que les disciplines, ne sont les seuls moyens de la mise
en utilité et en docilité des individus.
Se construire, se soumettre
Le gouvernement des salariés dans les organisations marchandes
actuelles, du moins dans certains secteurs1, ne repose pas (ou plutôt
de manière différente) sur une imposition, une extraction,
un façonnement, mais sur des préoccupations personnelles
de construction, d’accomplissement, de réalisation
ou de développement de soi ; depuis quelques années,
d’ailleurs, la PNL et l’Analyse Transactionnelle auraient
cette vocation (Winkin, 2003).
De ce point de vue, gouverner consiste non pas à dresser,
mais plutôt à guider les individus ; en cela, la démarche
rappelle celle décrite par Foucault dans ces derniers travaux
: une exigence à se soucier de soi conduit, éventuellement
sous le regard bienveillant d’un guide, à la mise en
œuvre de techniques de soi. Ces techniques, en général
des pratiques ascétiques, visent une meilleure connaissance
de soi, un perfectionnement de soi, afin notamment de mieux se gouverner
et de mieux gouverner les autres. Là, évidemment doit
s’arrêter la comparaison avec le management : d’une
part parce que ce souci de soi, développé par Foucault,
ne relève pas d’une préoccupation de construction
et d’accomplissement personnel dans le sens psychologisant
où on l’entend aujourd’hui, et d’autre
part parce que cette préoccupation, dans le cadre de l’organisation
marchande, s’articule à des exigences de productivité,
d’efficacité économique. Les techniques de soi
consistent donc ici à assurer le lien entre ces deux dimensions
(pour soi et pour l’organisation). Celles-ci, d’ailleurs,
ne sont pas forcément antagonistes ; mais ce souci de soi
se trouve rabattu sur les exigences de l’organisation, et
ne peut avoir de sens que par rapport à elles. Aussi, par
cette demande qu’il adresse à l’entreprise, le
salarié porte le principe de sa propre mise en soumission
; On peut ainsi parler de gouvernementalité, terme qui désigne
chez Foucault l’articulation entre des techniques de soi et
des techniques de domination (Foucault, 1988).
La gouvernementalité s’appuie sur un certain nombre
de transformations culturelles et sociales : montée de l’individualisme,
crise des institutions traditionnelles, remise en cause de l’autorité,
fin des grands récits religieux et politique, qui s’accompagnent
d’une redéfinition de la place de l’individu
dans la société, et de nouvelles exigences et responsabilités
qui pèsent sur lui (se construire, se prendre en charge,
conduire sa vie...)2.
Mais la gouvernementalité peut être interprétée
aussi comme une réponse à ces transformations, et
une réponse à des bouleversements économiques
et techniques qui rendent problématiques la prescription
de nombreuses tâches (S. Bellier, 1998), et qui exigent un
salarié capable de réguler sa propre conduite (H.
Jorda, 1999), et sa conduite avec les autres dans le cadre des objectifs
de l’organisation.
De cette rencontre entre des préoccupations ou des inquiétudes
qui découlent du nouveau statut de l’individu dans
la société, et les exigences de l’organisation
productive dans un contexte également mouvant, on peut considérer
deux grandes orientations de la gouvernementalité des individus,
et deux grands types de dispositifs « psychopolitiques »,
fondés sur deux façons d’envisager le rapport
à soi : soit dans les termes de l’accomplissement ou
de la réalisation, soit dans les termes du développement
et de l’amélioration.
La première orientation renvoie à la thématique
de l’excellence. Elle se propose comme une réponse
de l’entreprise à la question posée à
l’homme par l’existentialisme sartrien « du sens
de son engagement existentiel et la nécessité de poursuivre
la réalisation de soi-même et de construire sa transcendance
dans l’ordre du quotidien et à l’échelle
de sa vie terrestre » (Aubert, 1997, 104). Dans un contexte
de crise des instances capables d’apporter une réponse
à cette « exigence intérieure d’engagement
existentiel et de dépassement de soi-même »,
c’est sur l’entreprise que se sont reportées,
dans les années 80, de telles attentes ; ou encore, l’entreprise
a su mettre à son profit celles-ci. Dans cette logique, l’investissement
dans le travail, dans des projets ambitieux, l’atteinte d’objectifs
toujours plus difficiles, sont autant de moyens de se réaliser
et d’approcher l’idéal d’excellence proposé
ou imposé par l’entreprise.
Dans la deuxième orientation, c’est l’individu
dans ses dimensions comportementales et personnologiques qui est
la cible d’une amélioration, en vue d’un certain
bien être, d’un meilleur rapport à soi et à
autrui. Elle se fonde sur un souci d’interprétation
de soi, de connaissance de soi. Elle renvoie aussi à cette
exigence qui pèse sur l’individu d’avoir à
se construire, à être responsable de lui-même,
et responsable de son propre développement, qui sous-tend
un rapport à soi sur le mode de la gestion. L’importance
de la communication dans le travail, l’individualisation du
rapport à celui-ci via la logique de compétence permettent
ainsi à l’entreprise de nouer gestion de la ressource
humaine et développement personnel.
Une caractéristique de ce gouvernement est de reposer sur
la relation entre des critères personnologiques, et des normes
souhaitées par l’entreprise (savoir-être) ; plus
l’individu s’investit dans une démarche d’amélioration
de lui-même, plus il répond à la norme édictée
par l’entreprise, puisque c’est elle qui valide cette
amélioration avec ses propres critères.
L’analyse des enjeux de l’usage d’un test psychologique
(performanse), mis en relation avec les critères d’évaluation
de « compétences comportementales » et les démarches
de coaching, nous avait amené à définir ce
type de gouvernement de pastoral, en référence aux
analyses de Foucault (1976) concernant ce type de pouvoir qui à
la fois relève du guidage (il s’agit du pouvoir du
prêtre qui a pour fin le salut de l’âme) et repose
sur la production d’une vérité sur l’individu
(Heller, 2004 a)3.
Toutefois, il faudrait nuancer l’idée que ces formes
de gouvernement des individus réfèrent à des
demandes des salariés ; tous n’envisagent pas l’excellence
productive comme un idéal de vie à atteindre ; tous
ne considèrent pas forcément que se développer
ça veut dire améliorer son savoir être ; mais
ils n’ont pas forcément la possibilité d’échapper
à ces dispositifs et d’échapper à ces
effets d’entraînement. Tout dépend en définitive
de la façon dont les salariés dans l’organisation
actualisent ces dispositifs, par des décisions, des actions,
des jugements, des évaluations, un regard des uns sur les
autres, etc.
La particularité du pouvoir managérial, à
travers ces deux formes de gouvernement est d’abord qu’il
se fonde sur une certaine conception de soi, du rapport à
soi, qu’il récupère. L’assujettissement
au pouvoir se double d’un assujettissement à la figure
de soi sur laquelle le pouvoir managérial concentre ses sollicitations,
un soi qui se décline en termes de réalisation, d’accomplissement
et de développement, et qui appelle non seulement des moyens
pour y parvenir, mais aussi un cadre d’action sur lequel il
peut s’étayer, voire une vérité sur le
soi qui lui serve de repère évaluatif. A partir de
là, on peut dire que le pouvoir managérial consiste
en une instrumentalisation du rapport à soi à des
fins de mise en utilité/docilité des individus, d’exploitation
économique, et de maintien de la domination sociale, laquelle
est subordonnée à un recentrage sur soi. Là
se situe sans doute la nouveauté d’un rapport de la
psyché au pouvoir. Si les disciplines caractérisaient
une technique de pouvoir constituant l’individu en sujet obéissant,
la gouvernementalité interroge le type de sujet dont elle
est l’enjeu. Selon certains auteurs (Martuccelli, 2004), les
formes actuelles de pouvoir et de domination n’engagent plus
des processus d’assujettissement. Ce n’est pas notre
point de vue, comme l’idée d’assujettissement
à la figure de soi, en témoigne. Ce que révèle
la gouvernementalité, c’est un pouvoir, qui, en fixant
les conditions de l’accomplissement et de l’amélioration
de soi, est à même d’en assurer la réalisation,
et est à même de répondre à des attentes
en ce sens.
Dans la vie psychique du pouvoir Judith Butler (2002) pose l’hypothèse
d’un attachement fondamental au pouvoir, en tant qu’il
constitue l’individu en sujet et le fait ainsi advenir à
l’existence. Il y a selon elle « un désir d’assujettissement
fondé sur l’aspiration à l’existence sociale
» (46), qui renvoie à une vulnérabilité
fondamentale de l’individu qui doit « se soumettre afin
d’être ». Mais en même temps, ajoute Butler,
et c’est toute l’ambivalence du sujet, le « ‘je’
émerge à condition de dénier sa formation dans
la dépendance, condition de sa propre possibilité
» (p. 33). Sur cette ambivalence du sujet, on voudrait avancer
une hypothèse concernant le management moderne, la difficulté
qu’il y a à l’appréhender selon un autre
point de vue que celui de la manipulation, ou de la soumission librement
consentie. Ce qui fait la différence entre le pouvoir disciplinaire
et la gouvernementalité, ce ne serait pas que l’un
assujettit et l’autre non ; ce serait plutôt que le
premier met en scène l’assujettissement, le rend visible
par la pression qu’il exerce sur les corps ; le déni
de la condition de sujet, alors, se joue dans l’opposition
ou l’intériorisation de la forme sujet définie
par les disciplines. Dans la gouvernementalité, c’est
le déni qui est mis en avant, mis en scène par la
fiction du soi, la fiction d’un attachement à soi détaché
de toute influence du pouvoir. La conséquence est que lorsque
le pouvoir abuse de cette vulnérabilité fondamentale
à des fins d’exploitation, la tendance est alors de
voir la cause se déplacer sur l’individu lui-même.
On parle ainsi d’auto-exploitation (Gaulejac, 2005). Il n’y
a pas d’auto-exploitation.
Conclusion
Avec la notion de psychopolitique, nous avons mis en évidence
trois manières d’envisager le rapport pouvoir/psyché,
trois formes psychopolitiques, chacun renvoyant à des dispositifs
particuliers, ou formant dans leur articulation le dispositif psychopolitique
d’une organisation :
Des dispositifs qui ont des implications ou qui sont porteurs d’un
enjeu de transformation psychologique et de formation d’un
sujet particulier.
Des dispositifs qui ont la psyché comme objet soit pour
la façonner, soit pour en utiliser les qualités, les
particularités, les mécanismes...
Des dispositifs engageant un rapport spécifique à
soi, ou dispositifs de « gouvernementalité ».
Dans la première partie de ce texte, nous avons signalé
le rôle de la rationalisation tayloro-fordienne dans l’affinement
des disciplines. Depuis que le travailleur est pensé du point
de vue de ses capacités de traitement d’information,
de production de significations, et d’adaptation à
son environnement, la psyché semble le lieu d’une nouvelle
forme de rationalisation (H. Jorda, 1999), de type cognitif, que
l’usage des techniques d’information et de communication
favoriserait (J. L. Bouillon, voir plus loin dans ce dossier). Il
faudrait voir dans quelle mesure cette rationalisation participe
d’un rapport pouvoir/psyché appréhendable dans
les termes de la psychopolitique.
Enfin, la particularité de la gouvernementalité est
de s’appuyer sur un ensemble de discours très présents
dans la société sur le soi, sur les rapports à
soi et à l’autre, sur la façon de se transformer
pour accéder à un sentiment de bien être, de
bonheur, à une certaine connaissance de soi. Elle s’étaie
donc sur ce qu’on pourrait appeler une idéologie du
soi, mais aussi des techniques de soi que l’organisation productive
récupère, adapte à son contexte et à
son profit. Cette articulation entre techniques de soi et domination
révèle une ambivalence de la fonction du pouvoir dans
son rapport au sujet, et oblige à un recadrage de l’analyse
critique de l’organisation en prenant en considération
la part positive de l’assujettissement, telle en tout cas
que l’appréhende Judith Butler. Il s’agit là
d’un défi pour la pensée critique, en particulier
dans ses implications éthiques et politiques.
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Notes
1 Les analyses portent essentiellement sur des organisations qui
impliquent des salariés qui occupent des fonctions de cadres.
En cela, c’est toujours un peu délicat d’envisager
le management moderne par rapport aux disciplines.
2 Pour une approche plus précises de ces transformations
et sur leurs conséquences psychologiques, on pourra se reporter
aux travaux de Alain Ehrenberg, de Christopher Lasch ou encore de
Marcel Gauchet.
3 Sur ce pouvoir « pastoral », voir V. Brunel : les
managers de l’âme (ouvrage tiré d’une thèse
dirigée par Vincent de Gaulejac paru en 2004, La Découverte).
Thomas Heller est maître de conférences en Sciences
de l’Information et de la Communication, et enseigne dans
le département GEA de l’IUT-A de L’Université
de Lille 1. Il est membre du groupe de recherche GERIICO de l’Université
de Lille 3, et membre du groupe d’études de la SFSIC
sur les communications organisationnelles Org & Co. Son travail
de recherche porte sur la communication managériale et sur
la représentation filmique du monde salarial.
Adresse électronique : thomas. Heller (at) univ-lille1.fr.
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