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Le syndrome de la victime et ses dangers


Origine : http://quebec.indymedia.org/fr/node.php?id=17432

Le syndrome de la victime
Rioux Yves / Bleuler
samedi, 03/07/2004

Le syndrome de la victime est une configuration cognitive, affective et émotionnelle particulière qui se développe chez des personnes qui ont été victimes d'abus ou de négligences sévères et qui n'ont jamais reçus d'attention qu'en rapport avec leur état de victime.

Ce syndrome conduit les personnes qui en souffrent à percevoir rétrospectivement leur histoire personnelle uniquement en fonction d'un schème cognitif, d'un scénario, où elles sont le personnage principal d'un drame : J'ai été victime! La conclusion que retiennent les personnes atteintes de ce syndrome n'est pas fausse. La conclusion contient une part importante de vérité. Mais cette vérité est tordue, dramatisée jusqu'à la caricature. Cette vérité est surtout cultivée comme réalité unique. La victime ne se rappelle plus que ce qui correspond à son schéma. Si ces victimes pathologiques ont été parfois traitées avec justice ou compassion, elles ont tendance à l'oublier ou à le négliger dans le bilan de leur vie.

La configuration conduit également ces pauvres personnes à lire leur situation actuelle et à envisager leur avenir en fonction de ce scénario de victime : "Les gens que j'aime m'ont toujours abandonné, je serais toujours abandonné!" ou "J'ai toujours été mal traité, je serais toujours maltraité!"

Les enfants de Duplessis présentent souvent ce profil.

Le syndrome de la victime conduit les personnes qui en souffrent dans une impasse. Elles se déresponsabilisent de leur vie. Elles expliquent tous leurs échecs par leur état de victime : "J'ai raté ma vie amoureuse, familiale et professionnelle parce que je suis un orphelin abandonné!" Encore ici, la conclusion n'est pas fausse. Mais cette conclusion néglige de tenir compte du rôle transitif de la personne elle-même.

Les personnes atteintes de ce syndrome ne sont pas très persévérantes dans leurs entreprises. Elles ne persévèrent vraiment que dans deux types d'actions : Se "plaindre" d'être des victimes et demander "réparation". Si d'aventure elles obtiennent justice et réparation, elles cherchent simplement un nouvel objet de plainte et une nouvelle demande de réparation. Le schéma se répète sans fin. C'est leur mode de relation au monde. De toutes les conséquences psychologiques fâcheuses d'un abus ou d'une négligence, le syndrome de la victime est peut-être la pire.

Il y a, bien sûr, des facteurs socio-culturels qui jouent un rôle. Certaines sociétés valorisent beaucoup les victimes. La société québécoise en est un exemple.

Le racisme et le sexisme existent. Ces formes de discrimination font de véritables dégâts. Mais il y a aussi des personnes qui, tout en ayant été de vraies victimes de discrimination, ont tendance à dramatiser leur histoire personnelle en fonction d'un schéma déformant très pathologique. On a généralement bien de la sympathie pour ces personnes jusqu'au jour où elles se disent victimes de vous. Là on mesure mieux le caractère déformant des schémas pathologiques. On fait mieux la part entre le réel et l'imaginaire.


Origine : http://quebec.indymedia.org/fr/node.php?id=17432