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Origine
http://squat.net/fr/news/squinternet250901.html
Bien que tout squat soit "politique", dans la mesure
ou --même de manière involontaire--, il critique en
actes la propriété privée, la particularité
de nombre d'entre eux est de sciemment se définir comme tel.
Le squat est alors vécu comme un lieu de rupture avec l'ordre
social et les institutions, comme le refus de la société
capitaliste et de l'État, auxquels squatteuses et squatteurs
s'attaquent en niant par leur action la valeur de la propriété
privée. Cependant, les squats ne se contentent souvent pas
de critiquer la société, mais se proposent également
de mettre en pratique des alternatives. Au sujet de l'organisation
collective comme des rapports inter-individuels, les squats fourmillent
de remises en question et d'expérimentations. Avec pour bases,
bien souvent, une critique du patriarcat, du capitalisme, de l'élitisme
et de la hiérarchie, avec la volonté de briser la
spécialisation et l'atomisation des individus, de se libérer
des carcans moraux, de l'individualisme forcené, des conditionnements
sociaux, pour essayer de vivre en cohérence avec ses idées
et de s'épanouir. Plus qu'un simple constat critique, les
squats sont la réalisation (forcément partielle, car
immergée dans un "vieux monde" qui perdure) de
ce que certain-e-s ne font que théoriser. Le mythe du grand
soir est brisé, car c'est alors tous les jours que se construit
la révolution, par une transformation individuelle et collective.
Ce qui n'exclut pas des moments de confrontation violente avec le
système, qui ne saurait accepter de voir éclore quelques
îlots de liberté...
Médias
En tant qu'espaces contre-culturels, les squats sont non seulement
victimes de la répression institutionnelle, légale
et policière, mais aussi de la désinformation ou de
l'ignorance des médias officiels à leur sujet. En
conséquence, on trouve dans les squats la volonté
de créer des médias alternatifs, autonomes, se faisant
réellement l'écho des militant-e-s. Historiquement,
mais intrinsèquement surtout, les squats sont très
liés au militantisme anarchiste et de gauche radicale. En
ce qu'ils catalysent les luttes contre tous les éléments
du système, les squats sont confrontés aux mêmes
problématiques que les mouvements révolutionnaires
(auxquels souvent ils appartiennent), en ce qui concerne -entre
autres-- la répression, l'expression publique, la communication,
le rapport aux médias.
Réaction
En conséquence, les squatteurs produisent leur propre information,
de manière alternative (fanzines, journaux, brochures, tracts
& affiches, bombages), qui peinent cependant à dépasser
le niveau local. Dans certains pays comme la Hollande, où
les squatteureuses sont particulièrement organisé-e-s
(le mouvement squat y a été très fort dans
les années 70/80, et a accumulé de nombreux acquis
au cours d'années de luttes parfois très dures contre
le pouvoir), on trouve des radios pirates, des télévisions
alternatives, entre autres grosses structures (c'est aussi le cas
en Italie, en Espagne...). L'étape suivante, dans la volonté
de communiquer de manière plus large, s'est logiquement trouvée
être internet.
Internet
Certain-e-s squatteureuses se sont donc orienté-e-s vers
l'utilisation d'outils de communication "modernes" et
alternatifs, directs et difficiles à censurer comme internet,
et ce dès ses débuts. En témoigne le site squat!net,
en ligne depuis 1999 (précédé par les Nadir
Archives), qui héberge quantité de pages de squats,
de squatteuses et squatteurs, ou autres groupes politiques, initiatives
alternatives lié-e-s aux squats. Très visité,
ce site offre aux squats la possibilité de communiquer au
delà du cadre restreint de leur environnement immédiat,
ce qui outre la stricte diffusion de l'information peut constituer
un instrument de pression supplémentaire dans la création
de rapports de force entre les occupant-e-s et les autorités.
Ses volumineuses archives de documents (tracts, brèves, livres,
essais, etc.) permettent également à qui en a la curiosité
de découvrir les squats hors des clichés dans lesquels
ceux-ci sont généralement enfermés. Internet
donne également une autre dimension aux initiatives orientées
vers le local : aux textes mis en ligne, les squatteureuses d'Amsterdam
ont ajouté les émissions de leurs radios et les programmes
de leurs télés pirates, disponibles en direct. En
France, les squats de Dijon rendent compte de leur actualité,
entre autres actions militantes, par le biais d'une liste de diffusion
(la malokaliste) et d'un site web. La page des squatteureuses de
Lille, quant à elle, propose notamment un historique des
occupations lilloises ainsi qu'un guide du squat.
Bien-sûr, internet est aussi un outil de communication entre
squats. Squat!net et d'autres serveurs alternatifs hébergent
des dizaines de listes de discussion et de diffusion permettant
la coordination de groupes et l'échange d'infos. En France,
où le réseau squat est bien moins développé
et organisé que dans d'autres pays européens, des
initiatives de connexion intersquat voient le jour, et sont concrétisées
en partie grâce à internet. C'est le cas de l'intersquat
francophone, qui fédère des squats de toute la France,
de Suisse et d'ailleurs, autour d'un espace de débat, de
communication et de solidarité utilisant internet comme instrument
de liaison.
Problèmes
- Sécurité : internet a un statut assez particulier
dans la communication alternative. Ce peut être un formidable
moyen d'échange libre, mais dont les militant-e-s ne peuvent
avoir de "maîtrise" que partielle. Aussi retrouve-t-on
de plus en plus la contestation radicale (squatteureuses inclus-es)
dans les mouvements de lutte contre "big-brother" et le
contrôle des télécommunications. Des sites comme
squat!net ou TAO mettent l'accent sur la sécurité
informatique, comme moyen de résister à l'espionnage
systématique des communications électroniques et au
fichage intensif qui en découle. Confronté-e-s à
la répression depuis toujours, les squatteureuses "branché-e-s"
doivent donc s'orienter vers le cryptage des données et autres
connexions sécurisées. Internet devient un autre environnement
à squatter, à occuper et à défendre,
contre le pouvoir grandissant que les censeurs y exercent.
- Élitisme : l'outil informatique, s'il permet une communication
large et instantanée, n'en reste pas moins peu accessible
pour nombre de personnes à l'heure actuelle. Au risque de
voir émerger de nouvelles hiérarchies plus ou moins
formelles, relatives au degré de connaissance et de maîtrise
informatique, qui sont peu compatibles avec les volontés
égalitaristes et exigences de non spécialisation du
milieu. Face à cela, certain-e-s squatteureuses refusent
d'abandonner le net aux flics et publicitaires, et tentent au contraire
d'en favoriser l'accès. En Hollande, des cybercafés
squattés comme ASCII à Amsterdam ou PUSCII à
Utrecht mettent gratuitement à disposition des squatteureuses,
militant-e-s et autres intéressé-e-s des connexions
internet. On peut également y apprendre quelques bases en
informatique, des langages de programmation, comment réaliser
des pages web et diffuser ses infos sur le réseau, y découvrir
des alternatives à la domination de Microsoft... par le biais
d'ateliers (échange de savoir), d'actions (install-parties),
de conférences-débats. Les machines utilisées
proviennent de dons, de récupérations diverses, de
l'assemblage de matériaux considérés obsolètes
par la société de consommation mais parfaitement fonctionnels.
Il est parfois possible d'y acquérir un ordinateur gratuitement,
ou presque. D'autres projets similaires existent : dans le squat
Egocity à Zurich, dans des squats à Barcelone, ou
encore à Berlin (LOTEC). En Espagne, le serveur Sindominio,
géré par des squatteureuses, constitue un véritable
portail vers les luttes sociales autonomes. En Italie, militantisme
et hacking se rencontrent et se mêlent régulièrement
(HackLabs) dans des centre sociaux squattés. De plus, ces
différentes initiatives tendent à se connecter entre
elles, comme en témoigne le "congrès" Plug'n'Politix
qui se tiendra à Zurich en octobre prochain, et rassemblera
divers "cafés-internet" squattés. A noter
que le réseau de médias indépendants Indymedia
est aussi lié aux squats par certain-e-s de ses participant-e-s.
- Technique : internet -de même que l'informatique en
général-- pose le problème de l'utilisation
d'outils conçus par et pour les dominants. C'est notamment
le cas des produits Microsoft, qui s'imposent tous azimuts, et manifestent
la volonté de contrôler internet et tout le monde de
l'informatique. Pour les squatteureuses et autres militant-e-s libertaires,
il s'agit donc aussi de lutter contre le terrorisme et l'arrogance
de ces multinationales du logiciel, en se dotant d'outils "libres"
et indépendants comme GNU/Linux (système d'exploitation
gratuit, libre et transparent, développé par une communauté
de plusieurs milliers d'utilisateurs et d'utilisatrices de part
le monde). Si les contestataires ont tout à y gagner (sécurité,
efficacité, éthique, liberté, évolutivité),
la pratique nécessite des connaissances informatiques parfois
non-négligeables. Pour palier à ce problème,
les militant-e-s d'une informatique libre tentent d'en vulgariser
les concepts et l'utilisation. Formations, coups-de-main & assistance,
ateliers divers. Il s'agit de prendre le contrôle de son ordinateur,
de ne plus dépendre des standards imposés (bourrés
de bugs, d'espions et conditionnés par une logique commerciale).
Unanimité ?
Dans le développement d'internet, les squatteureuses ne
sont donc pas en reste, loin de là. Bien que soumise à
un certain nombre de contraintes, l'utilisation d'internet s'est
imposée à nombre de contestataires, et les efforts
semblent plus tournés vers sa "démocratisation"
que vers son rejet. De puissants outils de communication existent
d'ores et déjà, qu'il convient d'utiliser. La société
a beau complexifier ses instruments, elle n'a pas encore su damer
le pion aux révolutionnaires...
Cependant, l'usage d'internet et des nouvelles technologies ne
va pas de soi pour tou-tes les squatteureuses. Si certain-e-s y
voient des perspectives intéressantes, cherchant à
renverser des préjugés et à reconsidérer
le rapport à l'ordinateur (la technologie au service de la
collectivité, l'informatique comme vecteur de création,
support d'une expression personnelle singulière, nouveau
terrain d'action et outil d'une subversion moderne), d'autres tendent
à envisager son utilisation comme purement contextuelle,
et posent la question de la comptabilité entre informatique
et "société libérée" (l'industrie
moderne comme condition nécessaire à la production
d'ordinateurs, fonction sociale de l'informatique, mais aussi nécessité
d'autonomie face au pouvoir et à ses outils, etc.).
Note
Le terme "squatteur" a ici été remplacé
par "squatteureuse", contraction de "squatteur"
et "squatteuse", dans le soucis de visibiliser la présence
des femmes dans les squats. Cela me semble d'autant plus important
que l'informatique est "traditionnellement" associée
aux hommes. Si cela reste malheureusement souvent une réalité
(au sein même des squats, les hommes ont plus tendance que
les femmes à maîtriser l'outil informatique), ce n'est
pour autant pas du tout systématique. Le collectif hollandais
"genderchangers", par exemple, est uniquement constitué
de femmes, qui montrent que l'informatique n'est pas et ne doit
pas être l'apanage de mecs, en mettant en relation féminisme
et informatique alternative, dans le cadre d'ateliers de formation
et d'échange non-mixtes. A noter également, l'existence
d'un groupe non-mixte femmes au sein de LOTEC, autre espace d'informatique
libre installé dans un ex-squat berlinois.
Liens
Squat!net https://squat.net
LOTEC https://squat.net/lotec
ASCII https://squat.net/ascii
PUSCII https://squat.net/puscii
PRINT - https://squat.net/print
Plug'n'Politix https://squat.net/pnp
Egocity http://egocity.net
Sindominio http://sindominio.net
TAO Communications http://tao.ca
(http://security.tao.ca pour
les pages consacrées à la sécurité)
Indymedia Network http://www.indymedia.org
Maloka http://www.chez.com/maloka
Squattalille http://squattalille.f2s.com
Genderchangers http://www.genderchangers.org
LOA HackLab Milano http://www.genderchangers.org
Canal #squat sur IRCNet
août 2001, darkveggy
darkveggy (at) squat.net
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