Origine : http://claudeguillon.internetdown.org/article.php3?id_article=142
Le capitalisme en crise cherche à détruire le droit
du travail, compromis résultant des luttes ouvrières
des XIXe et XXe siècles dans les pays industrialisés.
Par la même occasion, il veut sauter cette étape du
développement dans les pays dits « émergents
» comme la Chine.
L’idéal des patrons, c’est d’égaliser
par le bas les conditions de travail sur toute la planète
en les ramenant à la condition du journalier agricole, embauché
le matin, remercié le soir, ce que les ministres appellent
« égalité des chances ».
Le capitalisme tend donc à réaliser - pour son propre
compte - le mot d’ordre d’abolition du salariat qui
était celui de l’Internationale ouvrière. Mais
bien sûr, ce qu’il veut abolir ce sont les garanties
liées au salariat. Cette blague ! Ils ne vont pas supprimer
l’exploitation du travail, c’est de ça qu’ils
vivent !
Et nous, ce que nous voulons, c’est abolir toute exploitation,
et le travail comme activité séparée de la
vie, travail vendu en échange d’un droit de vivre précaire.
Il sera bien moins difficile - et mille fois plus passionnant !
- de changer le monde que d’essayer de faire changer d’avis
les patrons et les ministres ! Leur boulot, c’est de faire
marcher le système, pas de nous rendre service.
La patronne du medef Laurence Parisot entonne le vieux refrain
de la morale libérale (et religieuse) : les pauvres sont
pauvres parce que c’est la nature des choses. Elle déclare
: « La vie, la santé, l’amour sont précaires,
pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? »
[Le Figaro économie, 30 août 2005]
Le flic de la bande, lui, avoue plus crûment la régression
sociale nécessaire. Dans une parodie de langage contestataire,
Sarkozy parle de « rupture », assure qu’«
une autre réalité est possible »...
L’« autre réalité » qu’il
contribue à bâtir, c’est celle d’une société
policière : vidéosurveillance et biométrie
; harcèlement raciste des jeunes et des immigrés ;
justice « voiture-balais » de la police (on l’a
vu après le mouvement lycéen du printemps 2005 et
plus sauvagement encore contre les émeutiers de novembre)
; tracasseries racistes contre les couples « mixtes »
qui se marient oui reconnaissent un enfant ; dépistage et
psychiatrisation des enfants rebelles dès l’école
primaire ; répression de toute contestation sociale sous
couvert d’« antiterrorisme »...
Les figures épouvantails de l’étranger, du
pauvre, du jeune sont remises au goût du jour et croisées
avec celle du « terroriste ». Le capitalisme met en
scène l’insécurité qu’il a créée.
Il fait en sorte que les institutions crées pour atténuer
les effets de la précarité aient désormais
pour effet de la renforcer et de l’encadrer. Le flicage ASSEDIC
des chômeurs comme les emplois corvéables CNE et CPE
sont des pièces de ce dispositif.
Le PS, qui se donne des airs contestataires à propos du
CPE, n’a rien à dire contre l’exploitation capitaliste.
Par ailleurs, il a laissé voter (ses députés
se sont abstenus !) la loi « antiterroriste » du 23
janvier 2006 qui permet aux flics de tirer lors des contrôles
routiers (art. 4), allonge encore la durée de la garde à
vue et créé une cour d’assises spéciale
en matière de terrorisme pour les mineurs (art. 15).
Les sociétés humaines n’en sont qu’à
la préhistoire capitaliste : il n’est écrit
dans aucun ciel, dans aucun traité de magie que l’histoire
humaine doit s’arrêter aux start up, aux centrales nucléaires
et à François Hollande.
Face au raidissement autoritaire des gestionnaires capitalistes,
de « droite » ou de « gauche », le seul
parti pris raisonnable est d’imaginer une autre forme de vie
sociale fondée sur la solidarité, qui exclue l’exploitation,
organise les activités socialement indispensables, et permette
à chacun(e) de vivre sa différence parmi ses semblables
humains.
Il y a tant de choses passionnantes à vivre, à inventer
; tellement de gens à rencontrer, à aimer, à
enseigner, à écouter ; tellement d’enfants à
regarder grandir, à bercer, à nourrir... Allez ! la
vie est trop courte pour la laisser boulotter par le travail !
Pour que l’utopie soit la sœur de l’action, il
est possible de commencer tout de suite, dans chaque mouvement de
résistance sociale, à expérimenter de nouveaux
rapports : se réunir sans les vieilles organisations, occuper
des lieux privés ou publics et en faire des lieux de vie
et de libre expression, vérifier dans les risques partagés
et les victoires communes que l’on gagne à se connaître.
Déjà, des expulsions de sans-papiers ont été
empêchées, des gamins tirés des griffes des
flics, des vidages de squats et des rafles empêchés
ou sabotées. N’oublions pas non plus que le CIP de
1994 a été retiré, parce que le gouvernement
de l’époque a craint une extension du mouvement, l’union
des précaires, chômeurs et jeunes scolarisés
dans les universités occupées et dans les émeutes.
Il n’y a pas de fatalité historique : sinon, la Bastille
serait encore une prison !
Ne laissons pas aux publicitaires de supermarché
le soin d’« augmenter le goût de la vie »
!
ANPE-ASSEDIC-CNE-CPE-UMP-PS-ÉTAT-TAF
: Radions-les tous !
Impossible de faire l’économie d’une
révolution dans un monde où l’injustice est
monnaie courante Comité Pour l’Extension des Émeutes
(CPEE)
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