Origine :
http://www.scienceshumaines.com/-09-09-09les-fondements-de-l-autorite-09-09_fr_1412.html
L'autorité est souvent assimilée à un pouvoir
devant lequel on s'incline, par crainte ou par respect, sans que
son détenteur soit contraint d'employer la force. On la considère
aussi aujourd'hui sous l'angle des relations entre personnes.
LES FORMES DU POUVOIR
Pour les sciences sociales, le pouvoir se caractérise par
des processus d'interactions entre les individus au sein de la société.
Le politologue américain Robert Dahl, dans Qui gouverne ?
, a fourni une définition devenue aujourd'hui canonique :
un individu (seul ou représentant d'une organisation, d'un
Etat...) exerce un pouvoir sur un autre individu, dans la mesure
où il obtient de ce dernier des comportements, des actions,
voire des conceptions que celui-ci n'aurait pas eu sans son intervention.
Le pouvoir ne se confond pas avec la force, quoiqu'il lui soit
souvent lié. Il suppose surtout la volonté d'agir
en direction de buts reconnus. Ceux qui détiennent le pouvoir,
les élites politiques par exemple, usent de la puissance,
ont besoin d'autorité. Ils recherchent le prestige, l'un
des attributs fondamentaux de l'autorité et du pouvoir. Le
pouvoir est classiquement associé à la domination,
qui suppose une emprise exercée par un individu, un groupe
ou une institution sur d'autres individus. Plus que la notion de
pouvoir, celle de domination évoque une relation de commandement,
de maîtrise, et réciproquement d'obéissance,
de soumission.
Les formes de pouvoir non hiérarchique (l'influence) sont
particulièrement étudiées en sciences humaines.
La psychologie sociale distingue de multiples champs et moyens d'influence.
La plus répétée est celle qu'exerce l'environnement
social (famille, institutions, sociabilités) sur l'individu,
par effet de conformisme ou de différenciation. Dans les
rapports interpersonnels, la séduction, la confiance, la
culpabilisation, le chantage, l'appel à l'autorité,
la gestion de l'information, l'appel à la raison, etc., sont
quelques-uns des outils utilisés couramment pour influencer
les autres.
LES CARACTÉRISTIQUES DE L'AUTORITÉ
L'autorité peut être attachée à la fonction
(représentant de l'Etat, prélat...), mais elle peut
découler de la capacité individuelle. Le chef d'une
Eglise, le roi ou le père de famille ont incarné ce
pouvoir dans les sociétés anciennes et modernes. Une
abondante littérature s'est penchée sur la capacité
d'un détenteur de pouvoir d'entraîner l'adhésion
de ses subordonnés. Nommée leadership par les sciences
humaines, cette aptitude fait implicitement référence
aux mécanismes d'identification positive, voire de projection
des subordonnés sur le leader. L'autorité est en moyenne
aujourd'hui plus partagée et plus diffuse dans la société,
les institutions et la famille. Les sciences humaines distinguent
quelques caractéristiques fondamentales de l'autorité.
SAVOIR
Le savoir est une ressource relative selon le type d'autorité.
C'est par exemple la capacité d'agir face au danger qui fonde
l'autorité et le prestige des chefs militaires. Dans la forme
« légale rationnelle » d'autorité propre
à la société industrielle, la connaissance
scienti- fique et administrative est essentielle. Aujourd'hui, l'alliance
de connaissances scientifiques, relationnelles ou autres, constitue
la condition d'un bon exercice de l'autorité.
LÉGITIMITÉ
Schématiquement, trois formes principales de légitimité
du pouvoir se sont succédé historiquement. La légitimité
sacrée ou guerrière fondait le pouvoir des rois et
chefs des sociétés traditionnelles. La légitimité
étatique et scientifique s'est substituée à
ce modèle. Un nouveau principe de légitimité
« rationnelle négociée », fondée
sur la compétence des individus et leurs négociations,
s'est ajouté aux précédents dans la société
contemporaine.
reconnaissance
La reconnaissance par les subordonnés de la légitimité
du pouvoir et de son exercice est l'une des conditions de l'autorité.
Actuellement, la reconnaissance de l'autorité fait problème.
Elle ne découle plus naturellement du statut ou de la position
professionnelle. Elle s'ancre sur la compétence du détenteur
de l'autorité et fait l'objet de négociations permanentes.
SOUMISSION
La soumission à l'autorité a été étudiée
par la psychologie sociale. Une célèbre expérience
de Stanley Milgram dans les années 60 a montré que
les deux tiers des gens pouvaient administrer des punitions potentiellement
mortelles, parce qu'un chercheur en blouse blanche le leur demandait
(voir l'article de Gaëtane Chapelle, p. 34).
THÉORICIENS
Max Weber (1869-1924)
Dans Economie et société, le sociologue allemand
analyse les types d'autorité et de domination qui sont pour
lui des formes de légitimation du pouvoir :
- La forme traditionnelle repose sur le respect sacré des
coutumes et de ceux qui détiennent du pouvoir en vertu de
la tradition.
- La forme légale se fonde sur la validité de la
loi, établie rationnellement par voie législative
ou bureaucratique.
- La forme charismatique repose sur le dévouement des partisans
pour un chef en raison de ses talents exceptionnels.
Ces trois types de légitimité/autorité sont
dans la réalité juxtaposés et enchevêtrés.
Kurt Lewin (1890-1947)
Kurt Lewin a mesuré en 1938-1939, avec R. Lippit et R.W.
White, l'impact des styles de leadership sur le comportement des
enfants, leur productivité, et l'atmosphère du groupe.
Ces expérimentations montrent la supériorité
du style démocratique sur le laisser-faire total ou sur le
style autoritaire en ce qui concerne l'efficacité des groupes.
Les travaux de Lewin sur l'influence sociale, l'autorité
et le leadership ont particulièrement inspiré les
théoriciens des organisations.
Hannah Arendt (1906-1975)
Pour Hannah Arendt, le pouvoir est une propriété
des organisations et l'autorité des individus en découle.
Elle s'interroge sur les moyens de concilier la démocratie
et la soumission à une autorité parce que la forme
« légale-rationnelle » des Etats modernes s'est
avérée impuissante face aux totalitarismes. Elle rejoint
les réflexions de Rousseau et de Durkheim, pour qui la soumission
à la loi du plus grand nombre n'est pas une garantie suffisante
empêcher une minorité d'étendre son emprise
et sa domination.
Note du gestionnaire du site :
Une autre façon de comprendre le pouvoir est celle de Michel
Foucault pour qui le pouvoir est une relation entre des
forces en constantes interactions
http://1libertaire.free.fr/Foucault.html
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