Lorsque l'on parle de soumission en psychologie sociale c'est pour
faire référence au comportement de quelqu'un devant une
exigence visant à obtenir de lui soit une approbation, soit un
comportement, soit un changement cognitif ou perceptif, l'exigence,
implicite ou explicite, pouvant provenir d'un individu ou d'un groupe.
Pour illustrer ce champ de recherche, on ne peut manquer de citer la
célèbre expérience de Milgram, réalisée
en 1964 aux Etats-Unis.
Dans cette expérience des sujets "tout venant", des citoyens
"ordinaires" sont amenés à commettre des actions
meurtrières par la seule présence d'une "autorité
supérieure".
Sous prétexte d'une expérience visant à étudier
les effets de la punition sur le processus d'apprentissage, l'expérimentateur
demande au sujet de prendre le rôle de professeur et de punir,
à chaque erreur, une personne qui tient le rôle de l'élève.
A chaque erreur, le sujet doit envoyer une décharge électrique
à l'élève et augmenter celle-ci de 15 volts. La puissance
des décharges s'échelonne de 15 volts à 450 volts.
L'élève est en réalité un acteur simulant
la douleur provoquées par les soi-disant chocs éléctriques.
Lorsque le sujet souhaite arrêter l'expérience, l'expérimentateur
dispose de 4 injonctions pour pousser le sujet à continuer.
Au premier refus du sujet, l'expérimentateur rétorquait
: "je vous prie de continuer" ; au second refus, l'injonction
était "l'expérience exige que vous continuiez"
; au troisième refus l'injonction était "il est absolument
indispensable que vous continuiez" et en dernier lieu "vous
n'avez pas le choix, vous devez continuer".
Si cette dernière injonction échouait l'expérience
se terminait et était noté le choc maximal délivré
par le sujet. Sinon l'expérience se termine aprés l'administration
à trois reprise de la décharge maximale soit 450 volts.
Précisons qu'un tel choc électrique est mortel.
65% des sujets ont été jusqu'au choc maximal.
Pour rendre compte de cette soumission Milgram fait l'hypothèse
d'un état particulier de la personnalité dans lequel le
sujet est en position d'exécutant, déresponsabilisé
face aux exigences de l'autorité.
Un tel état serait appris dans les instances de socialisation
(famille, école, etc.) et s'opposerait à l'état
d'autonomie.
L'ouvrage:
La traduction du livre de S. Milgram : Soumission à l'autorité
(Calmann-Levy, 1974).
Ouvrages plus récents dans la continuité : (merci à
Luc Racine et P.Georget)
- Blass, T. (Ed.), (2000). Obedience to autority. Current perspectives
on the milgram paradigm. London, Laurence Erlbaum.
Il est bien écrit et très accessible
. Voici par exemple le titre d’un de ses chapitres : « The
milgram paradigm after 35 years : some things we now know about obedience
to autority ». On y trouve aussi un chapitre de P. Zimbardo, à
propos de ses expériences sur la simulation des prisons à
l’Université de Stanford.
- Kelman, H.C. et V.L. Hamilton (1989). Crimes of obedience. New Haven:
Yale University Press
- Meeus, W.H.J. et Q.A.W. Raaijmakers (1986). “Administrative
obedience: carrying out orders to use psychological-administrative violence”,
European Journal of Social Psychology, 16:311-324.
- Meeus, W.H.J. et Q.A.W. Raaijmakers (1987). “Administrative
obedience as a social phenomena”, dans W. Doise et S. Moscovici
(éd.), Current issues in european social psychology, Cambridge,
Cambridge University Press: 183-230.
- Meeus, W.H.J. et Q.A.W. Raaijmakers (1995). “Obedience in modern
society: the Utrecht studies”, Journal of Social Issues, 51(3):
155-175.
- Tout le numéro de Journal of Social Issues, 51(3) est consacré
aux prolonfements des études à la Milgram.
- Et, sur l'histoire de la recherche de Milgram :
Miller, A.G. (1986). The obedience experiments. A case study of controversy
in social science. New York: Praeger.
- La soumission librement consentie. Comment amener les gens à
faire librement ce qu'ils doivent faire ? Joule, R.-V. et Beauvois,
J.-L. (1998). 118F Prix éditeur.
le lien d'origine : http://membres.lycos.fr/psychosociale/Champs/champs-sa.htm