Origine : Site sur le harcélement http://www.harcelement.org/
Les techniques de harcèlement
La maltraitance dans les relations de travail
Extrait d'un article intitulé « La maltraitance dans
les relations de travail » paru le 6 octobre 2001 dans Le
Concours médical, une revue de formation continue lue par
les médecins généralistes.
Co-auteurs :, Marie-Christine Soula, Paul Bouaziz, Martine Imbeaux,
Catherine Roche, Nicolas Sandret, Sylvie Rondet.
http://www.harcelement.org/article57.htm
« Le suivi d'une centaine de patients a permis de répertorier
les mécanismes utilisés pour harceler.
Les techniques relationnelles
Elles assoient la relation de pouvoir : il s'agit de tutoyer sans
réciprocité, de couper la parole, d'utiliser un niveau
verbal élevé et menaçant, de faire disparaître
les savoir-faire sociaux (ni bonjour, ni au revoir, ni merci), de
critiquer systématiquement le travail ou le physique du salarié,
d'utiliser des injures publiques, sexistes, racistes, de cesser
toute communication verbale (Post-it, notes de service), de siffler
le salarié, de le regarder avec mépris, de le bousculer,
le frapper.
Les techniques d'isolement
Elles visent la séparation du sujet de son collectif de
travail par des changements d'horaires, l'omission d'information
sur les réunions, l'injonction faite aux autres salariés
de ne plus communiquer avec la personne désignée.
Les techniques de persécution
Elles passent par la surveillance des faits et gestes : contrôle
des communications téléphoniques par amplificateur
ou écoute, vérification des tiroirs, casiers, poubelles,
sacs à main du salarié, contrôle de la durée
des pauses, des absences, contrôle des conversations et des
relations avec les collègues, obligation de laisser la porte
du bureau ouverte « pour que je vous voie » ; enregistrement,
notations sur un cahier.
Les techniques d'attaque du geste de travail
Elles visent la perte du sens du travail.
Les injonctions paradoxales.
Faire refaire une tâche déjà faite, faire travailler
une secrétaire par terre, corriger des fautes inexistantes,
définir une procédure d'exécution de la tâche
et, une fois qu'elle est exécutée, contester la procédure,
déchirer un rapport qui vient d'être tapé car
devenu inutile, exiger de coller les timbres à 4 mm du bord
de l'enveloppe en s'aidant d'une règle, donner des consignes
confuses et contradictoires qui rendent le travail infaisable et
qui poussent à la faute, faire venir le salarié et
ne pas lui donner de travail.
La mise en scène de la disparition.
Supprimer des tâches définies dans le contrat de travail
ou le poste de travail, et notamment des tâches de responsabilité,
pour les confier à un autre sans avertir le salarié,
le priver de bureau, de téléphone, d'ordinateur, vider
les armoires du bureau.
La reddition émotionnelle par hyperactivité.
Fixer des objectifs irréalistes et irréalisables entretenant
une situation d'échec, un épuisement professionnel
et des critiques systématiques, déposer les dossiers
urgents cinq minutes avant le départ du salarié.
Les techniques punitives
Elles mettent le salarié en situation de justification constante
: notes de service systématiques (jusqu'à plusieurs
par jour), utilisation de lettre recommandée avec accusé
de réception, avertissements pour fautes montées de
toutes pièces, heures supplémentaires non payées,
indemnités d'arrêt maladie non payées, vacances
non accordées au dernier moment.
Ces mécanismes sont de véritables techniques altérant
le rapport du sujet au réel du travail et dont le but ultime
est la désaffiliation du collectif de travail. L'analyse
des décisions de justice sanctionnant la maltraitance recoupe
et confirme la typologie répertoriée dans notre série
clinique. Le juriste rattache les techniques à la violation
d'une règle de droit :
Le détournement du lien de subordination :
incivilité à caractère vexatoire, refus de
dialoguer, remarques insidieuses ou injurieuses, mots qui blessent,
dénigrement et volonté de ridiculiser, moqueries ;
Le détournement des règles disciplinaires
:
sanctions injustifiées fondées sur des faits inexistants
ou véniels ;
Le détournement du pouvoir de direction :
ne pas donner de travail, donner des objectifs irréalisables,
donner du travail inutile, isoler ;
Le détournement du pouvoir d'organisation :
modifier arbitrairement les conditions de travail ou les conditions
essentielles du contrat. »
Marie Grenier-Pezé, Marie-Christine Soula, Paul Bouaziz,
Martine Imbeaux, Catherine Roche, Nicolas Sandret, Sylvie Rondet
CASH Nanterre/Hôpital Raymond Poincaré, Garches/CIEAMT
Versailles/SOMIE Paris/CHU Créteil/DRTEFP Ile-de-France
Origine citée : Le Concours médical.
Origine : Site sur le harcélement http://www.harcelement.org/
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