Message Internet le 12 Avril 2005
"Sur le sportisme" et ses lourds silences
Le monde (inquiétant) du silence.
Le numéro 3 de « La Lettre anti- olympique »
n'a entraîné à ce jour qu'une seule réaction
écrite argumentée et deux ou trois remarques verbales
sympathiques mais superficielles qu'on peut résumer ainsi
: «Nous sommes d'accord avec ce que vous écrivez ».
Or, la Lettre n°3 est un plagiat revendiqué d'un article
de l'historien Zeev Sternhell intitulé « Sur le fascisme
et sa variante française » paru dans la revue «
Le Débat » en novembre 1984. Le mot fascisme a été
remplacé par le mot sportiste ou olympico- sportiste sans
soulever ni l'indignation ni l'appétit de connaissance.
Devant silence, aveuglement, refus de savoir, et paraphrasant le
texte d'Alain Accardo, « De notre servitude involontaire »
j'affirme :
- Qu'en sport, on ne peut pas parler d'un débat en trompe-
l'oil puisqu'il n'y a pas de débat.
- Que limiter l'analyse du système sportif à ce qu'il
montre c'est ignorer tout ce qu'il occulte et est loin d'être
secondaire.
- Que quand bien même le pouvoir sportif changerait de mains,
le sport ne changerait pas de logique.
- Que le sport ne pourrait pas fonctionner sans un « esprit
du sport » c'est- à- dire sans une adhésion
subjective des individus, y compris celle des non- sportifs. De
même qu'il y a un « esprit du capitalisme », il
y a un « esprit du sport » qui engage au- delà
idées conscientes les aspects les plus profonds de la personnalité.
Le sport secrète ce consensus subjectif et donc la légitimité
dont il a besoin.
- Que parler d'incorporation du système sportif n'est pas
une simple métaphore. Les déterminations socio- sportives
que nous intériorisons deviennent véritablement chair
et sang. Le sport comme tout le social s'incarne en chaque individu
et ses déterminations une fois incorporées jouent
par rapport à notre façon d'être au monde le
même rôle indispensable que nos os et nos tendons jouent
dans notre locomotion.
- Que le système sportif fonctionne peu à la coercition
car il a façonné durablement corps et esprits.
- Que l'adhésion sportive (et son contraire, le refus de
voir le sport comme fait social total) c'est cette transformation
d'une nécessité d'origine externe en disposition personnelle
à agir (ou ne pas agir) spontanément dans une logique
donnée. Les sportifs et les non- sportifs sont disposés
à faire fonctionner le système de leur plein gré
en assurant ainsi sa longévité. Plus leur adhésion
(ou leur refus aveugle) est spontanée, moins ils ont besoin
de réfléchir pour obéir, et mieux le système
sportif se porte. M.C.
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(Je développerai les thèses d'Alain Accardo, parfaitement
applicables au sport, dans une prochaine lettre).
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