Mes cher-e-s ami-e-s
J’ai décidé de me mettre en grève de la
faim et ce pour une durée illimitée.
J’entends déjà toutes vos protestations mais :
Je ne peux continuer à vivre comme en ce moment cela dépasse
de loin la limite de ce qui est supportable
Laïla est ma fille, ce n’est pas une cause lointaine ou une
simple question de principe. Il m’est donc difficile de m’investir
en tant que seulement militante ou observatrice.
Je suis persuadée que tous nos investissements et qui représentent
jusqu’à maintenant un paquet d’idées, d’actions,
de temps …bien que considérables n’aient pas abouti
à un renversement des rapports de force : face à
la Charia nous ne pouvons que brasser du vent.
La grève de la faim est l’arme des désespéré-e-s,
c’est la dernière carte. Je dois à ma fille ce dernier
combat même s’il restait sans résultat au moins j’aurais
tout fait.
La grève de la faim comporte des risques de séquelles
… je le sais, mais ma vie actuelle ne rime trop à rien :
je suis incapable de chercher un emploi, de m’occuper convenablement
de mes enfants, de dormir, de rire ou d’aimer sans cet arrière
goût amer, sans penser tous les jours au suicide. Je n’ai
pas mérité cette injustice ;
Je veux que ma colère ne se transforme pas en silence mais en
combat pour ma fille, pour moi et pour toutes ces femmes immigrées
non affranchies de la Charia, code de la famille ou statut personnel.
Je veux devenir votre arme que vous utiliserez pour dénoncer
les violences que je subis comme toutes les femmes arabes et africaines
Je veux construire ma vie et non la subir
Cette action sera pour moi la dernière parce que je veux pouvoir
tourner la page tout en pouvant me regarder dans une glace sans avoir
trop honte de moi !
Je vous demande donc de me comprendre
Je vous demande de continuer à être solidaires, jusqu’à
maintenant c’est cette solidarité qui m’a aidé
Cette action facilitera peut-être la médiatisation des
actions. Ne me tournez pas le dos et n’essayez surtout pas de
me convaincre que tout n’a pas été fait. Vous êtes
face à une femme qui souffre terriblement mais qui refuse de
souffrir en silence. Une femme déterminée.
Je suis persuadée que vous respecterez le mode d’action
que j’ai choisi, l’ai-je vraiment choisi ? En tout
état de cause c’est celui qui s’impose à moi !
Campagne de soutien à Sérénade CHAFIK
Sérénade Chafik est en grève de la faim depuis
le vendredi 21 février 2003.
En octobre 1998, informée des risques d’excision encourus
par sa fille Laïla, vivant avec son père en Egypte, Sérénade
saisit la justice française pour la préserver de cette
mutilation sexuelle (coutume pratiquée en Egypte sur 90% des
femmes). Sous la pression de la diplomatie égyptienne, le tribunal
des Affaires Familiales en France l’a d’abord déboutée
en s’appuyant sur le code de la famille égyptien qui ne
reconnaît aucun droit aux femmes. Soutenue par de nombreuses associations
et personnalités ainsi que l’opinion publique, elle décide
de mener une lutte pour faire valoir ses droits et préserver
l’intégrité physique de sa fille. Le 12 mars 1999,
la justice française accordait un droit d’hébergement
à Sérénade pour la période des vacances
d’été, à appliquer en France dès l’année
2000.
Devant ce tribunal, le père de Laïla s’est engagé
à respecter cette décision. Mais aussitôt que les
autorités françaises lui eurent livré Laïla,
le 22 mars 1999, celui-ci l'emmena en Egypte sans que la Justice et
le Ministères des Affaires Etrangères, qui était
intervenu tout au long de la procédure, ne s’assurent ni
de la sécurité de l'enfant, ni de l’application
du droit d’hébergement de la mère.
Depuis 4 ans, comme le craignait Sérénade, Laïla
n'a pu quitter l'Egypte et revoir sa mère en France. En mai 2002,
le tribunal a condamné le père à 2 ans de prison
ferme pour non-présentation d'enfant. Mais ce jugement n'a rien
changé puisque l’Egypte, sous couvert d’une décision
judiciaire rendue le 13 janvier 2003, refuse l’application de
la convention franco-égyptienne, en faisant primer le droit coutumier
sur le droit national et international. Ce verdict, qui ne semble guère
émouvoir les autorités françaises, soumet de fait
Sérénade à la Charia (loi islamique) et ne lui
concède qu'un "droit de visite" virtuel limité
à un mois en Egypte en lieu et place des trois mois et demi auquel
la Justice française s'était engagée. Pour obtenir
le droit de garde accordé par la justice française, Sérénade
a fait appel du jugement égyptien. Le père de Laïla
fait lui aussi appel aujourd’hui afin que Laïla ne revoit
plus du tout sa mère.
Actuellement, Sérénade n’a plus de nouvelles de
sa fille, chaque recours en justice se heurtant à l'inertie de
la diplomatie française et au mutisme des responsables nationaux.
Leur silence persistant les rend complice de la négation quotidienne
des droits maternels les plus élémentaires de Sérénade.
Celle-ci a engagé une somme colossale pour tous ses frais de
justice, elle vient de perdre son travail et, par désespoir,
a entamé une grève de la faim. Nous regrettons qu’une
femme mette sa vie en danger pour être enfin entendue. Il est
urgent de lui apporter notre soutien.
Pour les messages de soutien :
serenade.chafik2@tiscali.fr
Pour tout contact : vince.delphine@wanadoo.fr
Site Internet : http://perso.wanadoo.fr/serenade.laila/
Soutien Financier : chèque à l’ordre de Sérénade
CHAFIK, à envoyer à
Comité de soutien à Sérénade, C/O Belami
17
17, rue Paul Bellamy
44000 Nantes
Comité de soutien à Sérénade et Laïla :
Collectif « Encore Elles ! »,
MFPF,
ANCIC,
AC !,
CGT UD 44,
CGT Commission « Mixité-Egalité »,
GASPROM ASTI,
G10-Solidaires,
Ecole Emancipée,
LCR,
LDH,
les Alternatifs,
Espace Simone de Beauvoir,
COLIF,
Femmes Solidaires,
SUD Caisse d’Epargne,
L es Verts,
SUD Education Pays de la Loire,
CNL,
St Herblain Autrement,
SNUipp,
FSU 44,
SOS Femmes Nantes,
Le NID 44,
PCF,
MRAP,
…
APPEL SOUTENU PAR :
Gilles Retière, Maire de Rezé
Marie-Françoise Clergeau, Conseillère municipale de Nantes
Jean-Pierre Le Ridan, Député
Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR
Alain Krivine, Député au Parlement Européen
Roseline Vachetta, Députée au Parlement Européen
C Gobin, Conseiller général
Louisette Guibert, Conseillère municipale de Nantes
Jean Caroti, Conseiller municipal de Vertou
Gérard Bohner, Conseiller municipal de Clermont Ferrand
Fatima Chennouf Terrasse, Conseillère municipale de Clermont
Ferrand
Alain Laffont, Conseiller municipal de Clermont Ferrand
Daniel Bensaïd, Philosophe
Catherine Piau, Conseillère municipale de Nantes
Marie-Claude Droal, Action Catholique Générale Féministe
Maya Surduts, Présidente de la CADAC
Peter Dontzow, militant CGT
Jean-Marc Ayrault, Député-Maire de Nantes
Marie Georges Buffet, Première Secrétaire nationale du
PCF
Hélène Defrance, Conseillère municipale de Nantes
Catherine Touchefeu, Conseillère municipale de Nantes
Geneviève Fraisse, Députée au Parlement Européen
Claire Marie-Neufvile, Conseillère d’arrondissement Paris
IIIème
Martine Billard, Députée de Paris
Mylène Stambouli, Maire Adjointe de la ville de Paris
Janine Mossuz-Lavau, Directrice de Recherche au CNRS
Anne Le Strat, Conseillère municipale de Paris
Christophe Najdovski, Conseiller municipal de Paris
Mouloud Aounit, Président du MRAP
Nicole Savy, membre de la LDH
Serge Jakobowicz, membre de la LDH
Radgi Forizo, APEL (Association pour l’Egalité)
Nadia Amiri, Chercheuse
Alain Lipietz, Député au Parlement Européen
Hélène Luc, Sénatrice du Val-de-Marne
Muguette Jacquaint, Députée
Nicole Borvo, Sénatrice
Ita Malot, Présidente de l’ADIEF (Association pour le Développement
des Initiatives Economiques par les Femmes)
Denise Fuchs, Membre du CNIS (Conseil national de l’Information
Statistique)
Christian Baudelot, Enseignant-chercheur à l’ENS
Lettre ouverte à
Monsieur le Président de la République,
Nous venons d'apprendre que Sérénade CHAFIK a pris la décision
d'entamer une grève de la faim et nous regrettons qu'une femme
mette sa vie en danger pour être enfin entendue.
En Octobre 1998, informée des risques d’excision encourus
par sa fille Laïla, Sérénade CHAFIK saisit la justice
française pour la préserver de cette mutilation sexuelle
(coutume pratiquée en Egypte sur 90% des femmes). Sous la pression
de la diplomatie égyptienne, le Tribunal des Affaires Familiales
en France l’a d’abord déboutée en s’appuyant
sur le Code de la Famille égyptien qui ne reconnaît aucun
droit aux femmes. Soutenue par de nombreuses associations et personnalités
ainsi que l’opinion publique, elle décide de mener une lutte
pour faire valoir ses droits et préserver l’intégrité
physique de sa fille.
Le 12 mars 1999, La justice française lui accorde un droit d’hébergement,
pour la période des vacances d’été, à
appliquer en France dès l’année 2000. Les juges ont
estimé que c’était une garantie suffisante contre
le danger que représente l’excision.
Devant le tribunal, le père de Laïla, accompagné par
le Consul d’Egypte en France, s’était alors engagé
à respecter cette décision. Or, depuis 4 ans, au nom de
la Charia (loi islamique), le père se moque de ses engagements.
Le 14 mai 2002, suite à une plainte déposée par Sérénade
CHAFIK, le Tribunal Correctionnel a condamné le père de
Laïla à deux ans de prison ferme, donnant alors raison au
combat mené par la mère et reconnaissant la responsabilité
du Parquet dans cette injustice
Maintes fois sollicités par la mère et à travers
des actions de soutien, ( pétitions de plusieurs milliers de signataires,
rassemblement devant l’Elysée…),les Ministères
des Affaires Etrangères et de la Justice semblent frappés
de mutisme. Or, ceux-ci n’avaient pas hésité le 22
mars 1999, sous la pression du président égyptien, à
renvoyer Laïla en Egypte sans assurer ni sa sécurité
ni l’application du droit d’hébergement de la mère.
En 2000, parallèlement à son combat mené en France,
Sérénade CHAFIK a fait une demande d’exequatur devant
la justice égyptienne, au regard de la convention franco-égyptienne.
En janvier 2003, l’Egypte vient de refuser l’application de
ladite convention refusant ainsi de coopérer avec la France
! Pire, dans sa décision, elle fait primer la charia - droit coutumier
musulman - sur le droit national et international… Ainsi, nous devrions
accepter qu'une citoyenne française, défendant entre autres
la laïcité - valeur éminemment républicaine
- soit soumise à un droit religieux tournant le dos au droit international.
Assez de tergiversation ! Il est temps d’appliquer les conventions
internationales des droits de l’Homme, des droits des Femmes, ainsi
que les droits de l’Enfant.
Nous attendons de vous, Monsieur le Président, garant du respect
des conventions bilatérales, que vous interveniez auprès
du gouvernement égyptien afin que celui-ci honore ses engagements;
afin, également, que les décisions de la justice française
puissent être respectées et appliquées.
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