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Origine : http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=64390
Lilian Thuram a déclaré dans les Inrockuptibles qu'"on
parle de la lepénisation des esprits, mais qu'il y a aussi
une sarkoïsation des esprits". Pensez-vous que ce phénomène
existe ? Si oui, quelles en sont les particularités ?
Ce que Lilian Thuram appelle la "sarkoïsation" des
esprits va bien au-delà : ce que cherche Nicolas Sarkozy
c'est de sarkoïser la société française,
il veut qu'elle pense à lui en permanence et pense comme
lui. Il a construit un stupéfiant culte de la personnalité
autour de lui, comme il en a existé autrefois dans certains
pays totalitaires. Exhiber sa personne ne suffit pas, il lui faut
manier aussi des "idées". Un culte de la personnalité
ne peut en effet se construire durablement sans un socle idéologique,
fut-il sommaire. Ainsi crée-t-il l'illusion de lancer et
d'animer des débats. Il l'a déjà déclaré
il veut que tout débat s'organise autour de lui. Mais peut-on
parler de débat quand on voit le peu de substance qui s'en
dégage ? Sarkozy ne s'intéresse qu'à l'écume
des choses. On pourrait le démontrer par mille exemples.
Un suffira. Les spécialistes savent qu'en matière
d'immigration choisie la France n'est plus un phare depuis des années
déjà et que les élites africaines vont désormais
se former aux Etats-Unis, c'est un phénomène de "masse"
qui s'amplifie d'année en année. Alors de quoi parle-t-on
? Et où veut-on en venir ? L'expression "immigration
choisie" a donné l'illusion d'une certaine profondeur.
Or il ne s'agit même pas d'un débat d'arrière
garde mais d'un débat sans réalité. Il n'y
a que les élites françaises "sarkoïsées"
pour alimenter ce débat irréel. C'est ça la
France sarkoïsée : des débats artificiels et
une absence totale de perspective et de profondeur.
Le footballeur attaque aussi Nicolas Sarkozy sur la question de
l'expulsion des immigrés. Que cherche le ministre de l'Intérieur
en s'attaquant à ce problème, et particulièrement
en ce moment ?
Pour Sarkozy, cela relève avant tout d'un double jeu tactique
: la gauche est divisée de fait sur ces questions. Il en
profite et enfonce le clou là où ça fait mal
; il fixe par ailleurs l'attention d'un électorat sans état
d'âme dans l'espoir de l'arrimer à son pavillon. Toute
polémique sur le sujet lui est favorable, il le sait. Il
sait aussi que sa victoire est loin d'être acquise et qu'il
doit se centrer d'abord sur le match qui l'opposera au premier tour
à Jean-Marie Le Pen. Enfin, le bilan sécuritaire de
Sarkozy ne plaidant guère en sa faveur, le thème de
l'immigration illégale fait diversion. Pasqua avait fait
à peu près la même chose entre 1986 et 1988.
C'était l'époque où Chirac évoquait
les odeurs et la famille polygame africaine. Sarkozy a retenu la
leçon. Rien de bien nouveau donc.
Avec des réactions comme celle de Lilian Thuram, n'est-ce
pas finalement, pour Nicolas Sarkozy, un jeu dangereux de ratisser
ainsi sur le terrain de l'extrême-droite ?
D'abord, je crois que Nicolas Sarkozy est sur ce sujet sans état
d'âme comme il l'a toujours été d'ailleurs.
Ce fils d'immigré est en phase avec lui-même. Il est
dur et exigeant avec les nouveaux migrants. Ensuite, il n'a pas
le choix car s'il veut accomplir son destin il devra terrasser Le
Pen au premier tour, ce qui est loin d'être joué. Pour
l'instant, Le Pen est son principal adversaire. Il doit donc aller
de l'avant sur ce sujet. Enfin, Sarkozy table sur les divisions
de la gauche, qu'il cherche à aggraver en installant ce débat
rampant sur l'immigration comme Chirac les a stimulées en
2002 sur les questions de sécurité. Dans la perspective
du premier tour, ce jeu n'est pas dangereux pour Sarkozy. Il n'a
pas d'autre alternative que ce "jeu", de fait inévitable.
anonyme article:64390
le mardi 18 juillet 2006 à 20h28
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