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Origine : liste Internet
ou
http://lists.indymedia.org/pipermail/imc-france-paris/2004-September/0917-8r.html
http://jccabanel.free.fr/th_sans_voile.htm
http://www.manifeste.org/article.php3?id_article=73
http://www.triplov.com/problemas/sans_voile.htm
À ceux qui par leur silence complice ou leur soutien au voile
dans les services publics utilisent leur bonne conscience et leur
" tolérance " comme cache-sexe de leurs erreurs
et de leurs abdications passées.
Ils connaissent et reconnaissent si peu nos combats de femmes issues
des migrations, de celles qui depuis leur enfance ont eu à
subir ce qu'ils ne veulent pas savoir, parce qu'il est plus simple
de tricoter de l'idéologie et des concepts à la tribune
des conférences que d'être confronté aux cris
et au sang des tribunaux pour enfants, aux mots qui défilent
dans nos gorges en colliers de sanglots.
Dans le passé, ils disaient et soutenaient le mot d'ordre
: " Mon corps m'appartient ". Certains n'ont pas vu le
temps passer et l'utilisent encore (si, si !) comme justifications
de leurs petites pulsions.
Quand je dis que mon corps m'appartient, c'est que je sais dans
mon corps et dans ma mémoire ce que cela signifie ! De générations
en générations, les femmes de nos familles nous ont
transmis leur aliénation derrière leurs silences et
leurs paupières baissées, dans leurs pudeurs de femmes
battues et polygamisées, contrôlées dans leurs
déplacements, faits et gestes disséqués par
le regard patriarcal. Tous les hommes sont nos pères quand
il s'agit d'oppresser, de dénoncer cette jupe trop courte,
ces longs cheveux au vent, les vibrations de nos corps et les marches
rythmées de nos hanches dans les rues de Paris.
Vous défendez les droits de celles qui se soumettent librement
à des pratiques archaïques et rétrogrades. Vous
êtes même soutenus par les pays musulmans les plus antidémocratiques,
ceux qui instituent la charia et la sunna comme pratiques législatives.
Et si nos combats contre le voile dérangeaient ces pays,
si nos combats étaient soutenus par les femmes à qui
on impose le voile là-bas ? Vous n'en reviendriez pas, encore
une fois, comme ce fut le cas le 21 avril.
Vous avez, sous prétexte d'antiracisme et d'anti-néocolonialisme,
apporté un soutien aux plus obscurantistes des musulmans,
alors que la majorité non voilée, athée, agnostique,
voire croyante, pensait pouvoir compter sur vous pour une société
de progrès. Vous retournez vos gants pour défendre
le contraire de ce que vous défendiez dans le passé.
Votre nouveau mot d'ordre est : " Liberté Égalité
Fraternité pour les voilées ! ".
Que chacun reste à sa place et les idéologies seront
bien gardées ! C'est épuisant, ces féministes
qui veulent à tout prix préserver leur dignité
et affirmer la constance de leur libération !
Notre parole serait moins audible que la parole de celles qui se
soumettent aux dogmes religieux et cachent leurs cheveux et leur
corps ? C'est tellement émouvant et rafraîchissant
pour vous d'avoir un nouveau combat à soutenir, et qui plus
est celui de " jeunes filles " voilées !
Notre féminité affirmée et visible est aussi
le résultat de vos combats passés : planning familial,
droit à l'avortement, à la contraception, à
la protection judiciaire.
Vos mémoires seraient-elles défectueuses ? Pourquoi
ne faites-vous pas le lien entre vos revendications passées
et ce que la majorité d'entre nous sommes devenues ? Vous
nous trahissez encore une fois sous prétexte que la loi exclut
et serait raciste et colonialiste. Je suis arabo-berbère
et mon père a été torturé par les militaires
français !
Que savez-vous de l'islam ? Que savez-vous de pratiques qui ne trouvent
leurs sources dans aucun texte et qui datent des temps préislamiques.
Depuis les années 1970, vous disiez vouloir des femmes libres,
vous vouliez changer le monde. Nous sommes des femmes libres et
souhaitons encore, nous, enfants des deux rives, changer le monde
et tout particulièrement celui de nos s¦urs qu'on
insulte tous les jours en France si elles n'intègrent pas
les codes de l'oppression. Et parce qu'il n'y a pas de frontière,
nous combattons le code de la famille en Algérie qui institue
depuis vingt ans un statut de mineures à vie pour les femmes.
Je ne doute pas que vous serez pour ce combat- là. Mais il
y a la Méditerranée pour vous protéger de la
confrontation possible et directe entre les principes et les actes.
Nous voulons tisser l'avenir avec le politique et non avec le culte.
Vos comités de vigilance contre les partis d'extrême-droite
et les intégrismes religieux sont bien silencieux devant
les manipulations dogmatiques.
Vous pensez que les filles voilées sont des boucs émissaires,
mais que savez-vous des fausses victimes qui sont de vrais bourreaux,
ou tout au moins qui contribuent à soutenir les dictateurs
qui appliquent les codes religieux jusque sur nos terres ? Derrière
le voile, il y a le refus de la mixité, le mépris
des femmes.
Vous pensez que l'école laïque offre des chances d'égalité
alors que pendant des dizaines d'années vous n'avez jamais
transmis dans vos classes la beauté, le savoir, la culture
arabo-berbère. Si ces jeunes femmes fréquentaient
Saint-Nicolas-du-Chardonnet, vous seriez déjà des
milliers dans la rue à défendre la laïcité,
alors que nous qui pratiquons la liberté absolue de conscience
sommes à vos yeux les intégristes d'une République
qui serait raciste et néo-colonisatrice.
Alors, comme l'ont fait dans le passé les " salopes
" qui déclaraient avoir avorté, j'affirme que,
moi et mes amies, nous sommes les " nouvelles salopes "
non voilées qui fréquentons tous les lieux mixtes
sans que cela pèse sur nos consciences. Je me battrai encore
et toujours avec la majorité des enfants de migrants qui
refusent d'être désignés par une appartenance
cultuelle, réelle, présumée ou reconstruite
au gré de vos lâchetés. Nous, les " nouvelles
salopes ", heurtons vos habitudes et vos convictions parce
nous déclarons que nos corps nous appartiennent.
L'avenir sera celui de la réaffirmation de l'égalité
des droits pour une République démocratique, laïque
et sociale, et nous en serons les Mariannes à la peau mate,
celles qui sont la cible du FN, enfants de la guerre de Libération,
de toutes les libérations.
(communiqué par Bernardgil)
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