Origine Réseau Sans titre : http://www.under.ch/SansTitre/SansTitre/Bulletins/Bulletin11/AmourDesReunions.htm
Les gentilles c'est nous les méchantes c'est les autres
Fiches autogestionnaires
Quels moments de discussions/décisions collectives ?
OU IL EST QUESTION DE NOTRE AMOUR DES REUNIONS
Faut-il faire des réunions ?
• Certains lieux collectifs disent ne pas avoir besoin de
réunions : ils sont tournés uniquement vers l'habitation,
ils sont petits (moins de 5 personnes...), les gens se croisent
sans arrêt, tout le monde semble ouvert aux discussions, et
du coup le débat paraît spontané et permanent.
• D'autres lieux sont plus gros (20 personnes...), ils autogèrent
des activités publiques, il y a des déséquilibres
entre leurs participant-e-s (certain-e-s personnes sont prépondérantes,
plus expérimentées, plus souvent présentes...).
Souvent le besoin de réunions y paraît plus évident.
Les réunions sont des discussions à plein, nous n'y
sommes pas toujours habitué-e-s et la communication n'y est
pas facile. Des règles sont parfois mises en place pour faciliter
cette communication collective simultanée, pour faire en
sorte qu'elle soit une vraie communication, égalitaire, équilibrée,
et non des tribunes où les grandes gueules monopolisent la
parole, ni des tripots où la discussion part dans tous les
sens.
Règles pour de meilleures réunions
La réunion pourrait être vue comme un jeu collectif
qui, comme tout jeu, a ses règles (oh le mot tabou). Le but
du jeu est d'atteindre un objectif (une réflexion collective,
une prise de décision sur tel ou tel sujet...) en étant
attentifs-ves à ce que tou-te-s celleux qui le souhaitent
puissent s'exprimer, et soient écouté-e-s. Voici différentes
idées de règles, qui sont appliquées dans différents
lieux :
• Afficher l'ordre du jour de la prochaine réu plusieurs
jours à l'avance, pour que chacun-e puisse le compléter,
et mûrir son avis sur les différents points.
• Celleux qui proposent des points à l'ordre du jour
devraient le faire sous forme de questions claires et précises,
et pas juste sous celle de « points dont il faudrait parler
» style « le prochain concert ». Sinon le débat
part parfois trop dans toutes les directions.
• Faire circuler des écrits (argumentaires, schémas
techniques...) avant la réunion pour que tout le monde ait
le même niveau d'information et puisse se faire sa propre
idée sur tel ou tel point.
• Lire l'ordre du jour au début de la réunion,
éventuellement le compléter à ce moment-là.
• Décider d'un ordre d'abordage des différents
points, en commençant par les questions les plus importantes.
Comme ça on les aborde avec l'esprit frais. Les points relégués
en fin de réu sont souvent bâclés, voire zappés.
C'est pas grave s'ils sont peu urgents, ils peuvent sans doute être
repoussés ou discutés sur le mode informel.
• Limiter au maximum les interventions purement informatives,
pour gagner du temps. Si l'on veut informer le collectif, pourquoi
ne pas préférer les infos écrites, par exemple
sur un panneau.
• Pour alléger les réunions, déplacer
autant que possible les thèmes qui ne regardent pas tout
le monde, en programmant des réunions spécifiques
à ces thèmes, où viendront celleux qui voudront.
• Se fixer une heure de fin. Par exemple l'heure du dîner.
• A la fin de la réu, réserver un moment pour
ranger et nettoyer ensemble la pièce : on s'autogère
jusqu'au bout.
• Fixer une date régulière pour les réunions
(tous les lundis, etc). Il est souvent long et infructueux de changer
la date à chaque fois, selon les disponibilités des
un-e-s et des autres... Et une date régulière constitue
un repère qui prend plus en compte les personnes moins présentes.
• Pour chaque prise de décision, respecter différents
temps du débat. Par exemple :Commencer par noter ensemble
les différentes possibilités de réponse à
la question (les propositions), entre lesquelles il faudra choisir.
Débattre.
• Pour marquer une étape dans le débat, visibiliser
les avis. Formuler clairement la proposition qui semble la plus
sollicitée, et tout le monde exprime son approbation ou sa
désapprobation, par exemple, si l'on est nombreuxses, par
un système de gestes (pouce vers le haut ou vers le bas,
mains agitées en l'air...).
• Si la proposition ne remporte pas l'unanimité, demander
aux réfractaires d'expliquer leurs réticences. Débattre
encore.
• Si le débat devient chaud, instaurer des tours de
paroles, ou des bâtons de parole (qui empêchent de se
couper la parole), voire des limitations de temps de parole...
• Si vraiment aucun compromis ne semble pouvoir être
atteint, voter ?... (Le problème c'est de savoir comment
on détermine le moment où il faut voter...)
• Demander qui a la force et la motivation d'assumer les
efforts qu'impliquent la proposition adoptée, pour éviter
les ambiguïtés et les rancunes... Plutôt que de
se dire vaguement « on le fera » et qu'au bout du compte
on le fasse à l'arrache parce qu'on pensait tou-te-s que
les autres s'en chargeaient.
Au sujet des prises de parole pour ceux qui parlent moins :
• Se dire que chaque parole est riche dans le sens où
elle reflète une autre perception des choses. Il y a autant
de perceptions qu'il y a d'individus.
• Ne pas hésiter au départ à prendre
la parole même pour simplement reformuler une intervention,
ou pour la compléter légèrement. Petit à
petit, la parole se fera plus claire et l'intervention plus facile.
• Ne pas hésiter à exprimer son ressenti. Même
si tous les arguments semblent avoir été donnés,
reste la dimension du ressenti qu'on a trop tendance a oublier et
qui enrichit souvent la réflexion et les actes.
• Prendre des notes au préalable sur ce qu'on a envie
de dire. En prenant la parole, on se sent plus à l'aise lorsque
notre discours est construit et qu'on est sûr-e de ne rien
oublier en route.
Pour ceux qui parlent plus, c'est presque le contraire
(p't êt' que comme on se sent plus concernés, on a
plus développé) :
• Se poser la question de l'utilité de prendre la
parole, à chaque fois qu'on en est tenté. Certaines
prises de parole n'apportent rien au débat, et ne font que
le rallonger. Il est peut-être aussi intéressant de
s'attacher à la substance d'une intervention plutôt
que de s'arrêter et réagir sur des détails.
Mieux vaut souvent le faire en tête-à-tête, une
fois la réunion terminée.
• Tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de prendre
la parole. Penser aux mots qui exprimeront notre avis de la manière
la plus claire (pour bien se faire comprendre) et synthétique
(pour ne pas appesantir la réunion).
• Laisser toujours un silence avant de prendre la parole,
le temps que se manifestent les différentes personnes qui
ont envie de parler. Le climat où, quand quelqu'un-e a fini
de parler, tout le monde essaye d'enchaîner plus vite, peut
être dur, oppressant et épuisant.
• Dans le débat, ne pas mettre en jeu des histoires
d'ego, mais des arguments détachés de nous. Ca arrive
de dire une bêtise devant tout le monde en réunion,
et de s'en rendre compte à l'intervention suivante, qui démolit
nos arguments. Il n'y a pas lieu d'être blessé ! Ce
qui est contesté, c'est nos arguments, pas notre personne,
pas notre intelligence : cela pourrait être clair pour tout
le monde, pour la personne « contestée » comme
pour celle « contestatrice ». L'important c'est que
le débat avance, pas que le groupe nous apporte sa reconnaissance.Reprendre
la parole, dans des situations comme ça, ne doit pas servir
à se rattraper, se justifier ou se défendre, mais
à préciser son argument si l'on sent qu'il n'a pas
été bien compris.
L'arbitre
(ou président-e de séance, ou maître-sse
de cérémonie, ou médiateurice, ou modérateurice...)
C'est la personne qui cadre la réunion, en s'assurant que
les différentes règles sont bel et bien appliquées.Elle
annonce et clôt les différents points à l'ordre
du jour, elle surveille l'heure, elle recentre les débats
s'il le faut... C'est un pouvoir relatif puisqu'il sert à
limiter les prises de pouvoir dans les réunions, à
donner du pouvoir aux plus faibles et à renforcer le processus
collectif de réunion. Mais c'est un pouvoir quand même,
qui ressemble à l'autorité morale du « sage
», du prof ou du chef charismatique... C'est donc un rôle
à faire tourner ; s'il n'est pas prévu et formalisé,
il est souvent assumé implicitement par une ou deux personnes
du collectif, et ne tourne pas.
Une autre raison de le faire tourner, c'est qu'il peut constituer
un bon apprentissage : au bout d'un certain temps, peut-être
que tou-te-s celleux qui l'auront assumé auront acquis des
habitudes et des attentions qui le rendront obsolète. Chaque
participant-e à la réunion saura prendre la parole
et respecter celle des autres (notamment des plus faibles, des moins
expérimenté-e-s), garder les objectifs de la réunion
en tête et parler à l'essentiel, et enfin, proposer,
introduire ou conclure les différents points à l'ordre
du jour, c'est-à-dire prendre des responsabilités
et des initiatives dans le déroulement de la discussion.
Origine Reseau Sans titre : http://www.under.ch/SansTitre/SansTitre/Bulletins/Bulletin11/AmourDesReunions.htm
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