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Quelques mythes concernant la prise de décision par consensus

Origine :Site du Reseau Sans Titre Fiches techniques
http://www.under.ch/SansTitre/Textes/Textes.Frame.htm

- Il est Orwell Moins le quart.
- Nan, il est Orwell passé.


Quelques mythes concernant la prise de décision par consensus.

Comme point de départ, j'ai choisi un extrait du livre, Politique de l'Ecologie Sociale de Janet Biehl, intitulé "Les Processus de Prise de Décision". Ensuite, j'ai demandé à deux personnes actives en ce domaine de commenter l'extrait en question. Le texte d'origine s'attaque frontalement à la prise de décision par consensus; les deux commentateurs apportent un éclairage supplémentaire à la question et ce faisant déconstruisent certains mythes qui entourent la prise de décision consensuelle. A noter que les commentaires se réfèrent toujours au texte d'origine : Starhawk et Chris ne dialoguent pas ensemble, même si leurs remarques semblent parfois se recouper.

J'espère que les éléments ci-dessous faciliteront notre débat au sujet du mode de prise de décision et qu'ils nous permettront de déterminer la valeur à attribuer à chacun des modèles.

Texte d'origine :
Dans la mesure où la prise de décision par consensus exige l'unanimité, soit elle intensifie les conflits au point de créer des scissions, soit elle réprime toute dissension. Au lieu de valoriser les minorités, elle les rend muettes. Une approche plus honorable et plus saine, d'un point de vue éthique, est de permettre aux dissidents de voter ouvertement selon leurs convictions. Cela leur ouvre la perspective de pouvoir renverser à une date ultérieure la décision avec laquelle ils sont en désaccord et par là de faire progresser le développement politique de l'ensemble du groupe.

Starhawk :
Je n'ai rien contre le vote, si cette méthode de prise de décision correspond à volonté générale d'un groupe mais je ne veux pas qu'on vote parce qu'on comprend mal ce qu'est la prise de décision par consensus. Comme nous avons pu le constater lors des dernières élections présidentielles américaines, le vote n'apporte en lui-même aucune garantie d'équité. Je répète : si le débat est respectueux, si chacun essaie d'écouter le point de vue de l'autre et si l'on tient en compte les préoccupations de chacun, les deux modes de prise de décision se valent. Dans le cas d'un groupe peu homogène, sans valeurs communes, la prise de décision par vote peut sembler la meilleure solution. Mais il faut savoir qu'il existe aussi une diversité de modes de prise de décision par consensus, appelés "consensus modifié".
Enfin, je sais par expérience qu'une fois qu'un groupe a réellement intégré la notion de consensus, cela représente une évolution dans sa réflexion : une nouvelle approche. Au lieu de se demander comment ils vont "gagner", les gens commencent à se dire "Que pensons-nous en tant que groupe ? Quelle est la palette de nos points de vue sur le sujet en question et comment pouvons-nous arriver à une synthèse créative de l'ensemble de ces points de vue ?".

Texte original :
La prise de décision par consensus a des atouts. Elle peut convenir à de petits groupes bien rodés. Mais lorsque des groupes plus grands ou plus hétérogènes essaient d'arriver à des décisions par consensus, alors de graves problèmes surgissent. En mettant l'accent sur la volonté de chaque individu, la prise de décision par consensus permet à de petites minorités, parfois des minorités d'une seule personne, d'entraver une résolution majoritaire.

Starhawk :
Encore une fois, il est vrai que la prise de décision par consensus peut susciter de gros problèmes lorsque les gens se réunissent en nombre, mais selon mon expérience, il s'agit rarement d'un blocage individuel, mais plutôt d'une opposition tranchée entre différentes factions qui représentent des valeurs ou des intérêts incompatibles. Cette situation existe aussi lorsque les décisions sont prises en votant. Le simple fait de procéder à une prise de décision majoritaire ne résout pas la difficulté, si elle laisse de côté une importante minorité insatisfaite.

Texte original :
Et les individus se retrouveront forcément en situation de dissidence, car il est impensable que tous les membres d'un groupe puissent être d'accord avec toutes les décisions arrêtées. Ce serait même malsain. Le débat politique est conflictuel par essence. Le conflit est sa raison d'être. Il y a toujours des dissidents et il est heureux qu'il en soit ainsi. Certains individus vont toujours trouver que telle décision est contraire à leurs intérêts voire contraire au bien commun.

Starhawk :
Là où la prise de décision est consensuelle, les points de vue dissidents sont entendus et l'on essaie de les prendre en compte. Et dans le cas où une situation se montre définitivement polarisée, l'on demande aux deux factions de se réunir en aparté, de façon à ce qu'elles arrivent à un compromis.

Chris :
Je conviens que la prise de décision par consensus n'est pas toujours la meilleure méthode. Par exemple, je ne voudrais pas devoir arriver à des décisions consensuelles en situation militaire. Je serais mort longtemps avant que mes camarades aient pu lever la main. Mais dans le cas d'une organisation médiatique comme Indymédia, je ne vois aucune raison de se résigner à appliquer un mode de prise de décision majoritaire. Les groupes affinitaires sont très efficaces à partir du moment où chacun reçoit une formation efficace. Aussi, on n'accorde pas un droit de veto à chacun. On donne à chacun la capacité de formuler un point de vue politique individuel au sein du groupe et cela renforce le groupe, parce qu'il arrivera ainsi à des décisions meilleures. Le consensus apporte un critère de qualité dans les décisions, et non de quantité.
T
exte original :
Dans une société libre, il y aura toujours des dissidents et c'est une bonne chose car cela empêché la stagnation. La question est de savoir si l'on permet à ces dissidents d'exprimer leur point de vue. Une prise de décision démocratique, selon le voeu de la majorité, garantit le droit à la dissidence en inscrivant le point de vue dissident dans les annales du groupe où il témoigne ouvertement de l'existence d'une alternative.

Chris :
Nous pouvons parfaitement formaliser l'existence de points de vue dissidents. Plus on pratique la prise de décision par consensus et plus les médiateurs se montrent expérimentés, plus les points de vue dissidents se manifesteront de manière formelle. Aussi, si l'on permet à chaque individu d'acquérir la capacité d'assumer sa propre puissance, alors chacun saura d'autant mieux exprimer de manière formelle la nature de son désaccord. Dans le cas contraire, les dissidents finiront par abandonner le champ politique, comme cela est déjà arrivé au sein du système électoral américain. La prise de décision par consensus possède au moins ce mérite, d'offrir une plate-forme aux dissidents les moins expérimentés, de manière à ce qu'ils